En Allemagne, le climat intellectuel est devenu étroit et étouffant

En Allemagne, le climat intellectuel est devenu étroit et étouffant

km. Sans tenir compte du développement économique et politique au sein de l’Union européenne, le nouveau gouvernement allemand a mis des accents forts dans son contrat de coalition: «L’effort d’unification européenne reste la tâche prioritaire pour l’Allemagne». Voilà la première phrase du chapitre sur l’Union européenne, où l’on met une fois de plus faussement l’UE au même niveau que l’Europe afin de créer volontairement la confusion. L’Allemagne avait «une responsabilité en politique européenne» et elle voulait une «Europe démocratique».
Peu après, l’acceptation du contrat de coalition, les députés critiques quant à la direction donnée en politique européenne par la CDU, ont perdu leurs fonctions dans les commissions parlementaires, bien qu’ils aient été réélus au Bundestag. Le 30 décembre, la «Frankfurter Allgemeine Zeitung» a titré «La CDU punit les esprits critiques envers l’Europe siégeant au Bundestag». Les politiciens de la CDU qui avaient émis des critiques envers la politique européenne du gouvernement lors de la dernière législature ont été carrément «mis de côté au Bundestag». Deux députés CDU ont perdu leur siège dans la Commission des budgets, l’un des deux même sa fonction de président du groupe parlementaire. Une députée a perdu sa place dans la commission traitant des questions européennes. Cette façon de faire va à l’encontre du comportement habituel au sein du Parlement.
Le journal exprime les réflexions de l’ancien président de la Commission des budgets de la manière suivante: «Etant donné qu’un tiers du groupe parlementaire de la CDU sont actuellement des novices, il semble qu’on ait voulu marquer les limites imposées aux dissidents. On lui aurait fait comprendre que celui qui sort du rang, ne peut espérer garder son poste.»
L’article 38 de la Loi fondamentale précise que les députés du Bundestag allemand sont élus par les citoyens – et non pas par les partis! – et qu’ils «[…] ne sont liés ni par des mandats ni par des instructions et ne sont soumis qu’à leur conscience». Il semble bien que le manque de respect envers la Constitution augmente massivement au sein de la politique allemande. L’Allemagne est dirigée de plus en plus comme un pays en «état d’urgence».
La façon de traiter celles et ceux qui s’opposent à la mise au pas en ce qui concerne l’UE et l’euro s’aggrave constamment. Le terme de «populisme» en n’est que l’expression la plus bénigne. Le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, a estimé, lors d’une interview accordée au magazine Spiegel, qu’il y avait en Allemagne une «peur perverse (!) que les choses tournent mal». Draghi trouve, lui, que tout va pour le mieux. La «Frankfurter Allgemeine Zeitung» a même titré dans son édition du 9 janvier «La Grèce arrive au bout de la crise».
Herfried Münkler, l’un des professeurs préférés de l’élite politique allemande, a estimé, lors d’une interview accordée au Deutschlandfunk le 30 décembre 2013, devoir mentionner le centenaire du début de la Première Guerre mondiale pour exprimer un reproche massif contre les voix critiques face à l’UE: ce sont elles qui représenteraient actuellement le plus gros danger de guerre en Europe. Mais en même temps, à quelques mois des élections pour le Parlement européen en mai prochain, on tente par tous les moyens de déstabiliser le nouveau parti «Alternative für Deutschland», ce qui amène à se rappeler la directive 1/76 de la Stasi [Sécurité de l’Etat de l’ancienne RDA].
On peut se demander à quel point les partisans de l’UE et de l’euro sont sûrs de leur affaire pour qu’ils en viennent à utiliser de telles méthodes. Ulrich von Suntun, directeur du «Centrum für angewandte Wirtschaftsforschung» de l’Université de Münster, a démontré en tout cas une fois de plus, dans la «Frankfurter Allgemeine Zeitung» du 3 janvier 2014, que le professeur Hamer était, avec son analyse, plus proche de la réalité. On y trouve, en effet, quelques remarques intéressantes: «La zone euro se retrouve, 15 ans après l’introduction de la monnaie unique, dans des difficultés existentielles. Il ne reste plus grand-chose des accords de stabilité de l’époque: prise de responsabilité envers les dettes nationales, interdiction du financement étatique monétaire, frein à l’endettement selon Maastricht – tout cela n’est plus que du vent.» «La Banque centrale, cette institution indépendante dédiée uniquement à la politique monétaire, est devenue une institution fiscale qui achète en grand des titres de créance des Etats membres les plus faibles sans tenir compte de la solvabilité.» La BCE se contente de «créer de la monnaie sans contrepartie réelle.» L’euro risque de «devenir une monnaie inflationniste et d’endettement». «[…] Les difficultés fondamentales de la zone euro […] ne sont pas résolues, bien au contraire.» «Les contribuables seront priés de passer à la caisse dès que les titres à problèmes de la BCE et du Fonds européen de stabilité devront être officiellement amortis.»    •

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