Ne pas ouvrir grand les portes à la sélection d’êtres humains!

Ne pas ouvrir grand les portes à la sélection d’êtres humains!

Conférence de presse du comité «Non au DPI» (Diagnostic préimplantatoire) en vue de la votation fédérale du 14 juin 2015

thk. Le 31 mars, le Comité national «Non au DPI» a invité au Centre de presse du Palais fédéral à Berne pour le lancement de la campagne. Le comité national «Non au DPI» s’est prononcé claire contre l’introduction du diagnostic préimplantatoire (DPI) et contre la modification nécessaire de la Constitution le 14 juin. Cette modification constitutionnelle prétendue inoffensive (art. 119, alinéa 2c) ouvrait grand les portes à la sélection ciblée d’êtres humains. La révision de la Loi sur la procréation médicalement assistée, LPMA (loi d’application de l’art. 119 de la Constitution fédérale) approuvée déjà en décembre 2014 par le parlement, ne pourra entrer en vigueur que lorsque le peuple et les cantons auront approuvé la modification nécessaire de la Constitution. La révision de la loi, hautement problématique, permet le diagnostic préimplantatoire, tout comme l’analyse d’embryons pour des anomalies chromosomiques de toutes sortes (screening chromosomique) et la congélation des embryons surnuméraires. Le comité interpartis «Non au DPI» refuse catégoriquement cette modification ainsi que ses conséquences. C’est pourquoi il s’engage contre la modification de la Constitution le 14 juin.
Les représentants de différents partis étaient réunis sur le podium. L’alliance est parfaite de la gauche à la droite, comme l’a souligné Marianne Streiff, conseillère nationale (PEV) lors de la conférence de presse car pour elle ce n’est même pas une question politique mais une question d’éthique. «Le comité national se compose de représentants du PBD, du PDC, du PEV, de l’UDF, du PS et de l’UDC.» A la conférence de presse étaient présents les conseillères et les conseillers nationaux Christine Bulliard-Marbach (PDC), Christian Lohr (PDC), Marianne Streiff (PEV), Dominique de Buman (PDC) et Silvia Flückiger-Bäni (UDC). Marianne Streiff a attiré l’attention sur le fait qu’avec la modification constitutionnelle de l’article 119 on pourrait développer plus d’embryons que nécessités pour une grossesse après une fécondation in vitro. Cela veut dire qu’il y aurait un surplus d’embryons dont l’utilisation serait incertaine. Les membres du comité du Non craignent qu’on puisse les congeler ou en abuser pour la recherche.
Le Parlement (Conseil national et Conseil des Etats) a modifié la proposition du Conseil fédéral pour la révision de la Loi sur la procréation médicalement assistée qui permet le DPI uniquement pour des parents porteurs d’une maladie héréditaire grave. Selon le parlement tous les embryons nés d’une insémination artificielle peuvent être examinés sur le plan génétique, inclus les anomalies chromosomiques (par exemple la trisomie 21). Le comité du Non estime qu’alors des barrières éthiques seraient abolies, ce qui reviendrait à un changement de paradigme en médecine. «Nous voulons empêcher qu’on ouvre les portes à la sélection ciblée d’êtres humains.» Pour Marianne Streiff le DPI «est clairement un instrument de sélection des êtres humains, ceux qui sont ‹dignes de vivre ou ne le sont pas’». Même le conseiller fédéral Alain Berset a mis en garde les deux chambres contre le danger de la «sélection» et de la «tendance eugéniste» de ces méthodes d’examens.
Pour le conseiller national Dominique de Buman l’élargissement de l’article 119 de la Constitution fédérale est un pas de plus vers une procréation médicalement assistée sans limites. Considérant les pratiques américaines il déclare: «Lorsque le DPI est autorisé, il ne reste plus qu’un petit pas à faire pour autoriser l’enfant à la carte», voire la sélection du sexe, de la couleur des cheveux et des yeux ainsi que d’autres propriétés physiques et intellectuelles. Des soi-disant «bébés sauveurs» ont déjà été sujet de discussions en Suisse.
La conseillère nationale Silvia Flückiger-Bäni est alarmée: «Cette modification de la Constitution conduit à ce que les embryons ne bénéficient presque plus de protection.» Avec la loi d’application qui sera en vigueur après la modification constitutionnelle et qui supprimerait l’interdiction de congélation d’embryons, des milliers d’embryons en surplus pourraient être congelés. Silvia Flückiger-Bäni s’y oppose, car «la vie humaine est un miracle et ne doit jamais devenir une fin qui justifie les moyens».
La conseillère nationale Christine Bulliard-Marbach critique le DPI qui n’apporte pas de progrès à la médecine, bien au contraire. «Au lieu de rechercher de nouvelles thérapies on élimine purement et simplement handicapés et malades.» Elle donne également à réfléchir que le DPI «ne pourra jamais tester tous les défauts génétiques connus».
Le conseiller national Christian Lohr met en garde contre les conséquences discriminatoires du DPI pour les êtres humains porteurs de handicaps. «Si l’on poursuit cette voie, les êtres humains porteurs de handicap seront à l’avenir étiquetés comme ‹indignes de vivre’». Des personnes avec des handicaps seraient à l’avenir considérées comme indésirables et comme des charges et cela aurait des conséquences graves pour la cohabitation au sein de la société. D’après lui, le DPI exercerait une forte pression sociale sur les futurs parents, soucieux d’empêcher la mise au monde d’une vie porteuse d’un handicap.
Cette conférence de presse a été l’ouverture d’un débat qui doit être mené d’urgence parmi les citoyennes et les citoyens de notre pays. La question éthique doit occuper le devant de la scène, comme l’a souligné la conseillère nationale Streiff au début de la conférence de presse.
Dans les deux interviews suivantes la conseillère nationale Christine Bulliard-Marbach et la conseillère nationale Marianne Streiff présenteront leurs raisons de s’engager contre l’introduction de ce nouvel article constitutionnel. Horizons et débats accompagnera ce débat de toute urgence sur le DPI en publiant d’autres articles.    •

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