La Serbie doit rester ferme sur ses positions

par Živadin Jovanović, président du Forum de Belgrade pour un monde égalitaire

hd. Des tensions palpables se sont signalées dans la région du nord-Kosovo le 31 juillet dernier à la frontière entre la Serbie et le Kosovo, où la population majoritairement d’origine serbe avait érigé des barrages et où on aurait même entendu des coups de feu. Živadin Jovanović, ancien ministre des Affaires étrangères de Yougoslavie (1998–2000), nous livre ci-dessous ses commentaires sur les événements.

La raison officielle de ces derniers évènements serait attribuée à la volonté de Pristina de supprimer l’attribution de documents d’identité personnels et de plaques d’immatriculation serbes, que les autorités serbes délivraient auparavant à ceux de leurs concitoyens vivant dans le Nord-Kosovo. Afin d’imposer ces mesures par la force, Pristina procède au déploiement de forces armées aux différents points de passage des frontières administratives. La réaction immédiate des Serbes du Kosovo et de la Métochie: ils ont bloqué hier les routes principales et les points de passage administratifs, en les obstruant avec des camions et des engins de chantier ainsi qu’en organisant des manifestations massives, principalement dans le nord de la province, là où vivent la majorité des 130 000 Serbes encore présents sur le territoire. Avant le nettoyage ethnique de 1999–2003, la province comptait environ 300 000 Serbes.
    Une autre réaction, celle des officiels serbes, consistait à décrire l’actuelle situation, provoquée par les mesures hors-la-loi en même temps qu’illégitimes, comme «la pire qu’on ait observé depuis des décennies» et que l’objectif (des autorités kosovares) était de finaliser le nettoyage ethnique de tous les Serbes. Ils ont également affirmé que la Serbie protégerait ses ressortissants pour qu’ils ne soient pas victimes d’un nouveau pogrom, similaire à celui de 1995 en Croatie, dit «La tempête». La Serbie a demandé aux puissances occidentales d’exercer leur influence sur Pristina afin d’éviter le pire.
    L’ambassadeur des Etats-Unis à Pristina a rapporté la proposition du gouvernement américain de reporter de 30 jours l’application des mesures mises en œuvre par Pristina, tout en précisant que cela ne signifiait pas l’annulation de ces dernières.
    Les Etats-Unis, selon moi, ne soutiennent les mesures prises par Pristina que pour la seule et unique raison qu’ils ont été les artisans de l’agression de l’OTAN en 1999, de la partition illégale décrétée en 2008 et de la reconnaissance qui s’en est suivie par les pays membres de l’UE et de l’OTAN, ainsi que par certains gouvernements amis. Les évènements actuels font partie des pressions conjointes exercées par les Etats-Unis, l’OTAN et l’UE à l’encontre de la Serbie pour l’obliger à appliquer les sanctions envers la Russie, à rompre son partenariat stratégique avec la Russie et la Chine, à reconnaître la partition illégale et criminelle de la province du Kosovo-et-Métochie et à accepter de devenir membre de l’OTAN. Tout cela fait partie de l’expansion des Etats-Unis et de l’OTAN vers l’Est et de l’escalade contre la Russie et la Chine. La résistance opposée par la Serbie aux sanctions antirusses, les succès diplomatiques remportés, en particulier dans les régions arabes et africaines, ainsi que l’amélioration de la coopération avec la Chine ont peut-être joué un rôle dans le renforcement des pressions et du chantage exercés sur la Serbie par les Etats-Unis, l’OTAN et l’UE.
    La Serbie doit continuer à défendre sa souveraineté, son intégrité territoriale, sa neutralité militaire et son indépendance en matière de politique étrangère. Le statut de la province du Kosovo et Métochie ne peut être résolu que dans le cadre du droit international et de la résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations unies. La Serbie ne se rendra pas et ne se soumettra pas à la géopolitique de ceux qui tentent de compenser les pertes en Ukraine, ou de renforcer les positions de négociation avant les inévitables négociations mondiales sur le nouvel ordre mondial européen et mondial post-guerre d’Ukraine.

(Traduction Horizons et débats)

 

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