Le mouvement anti-guerre se manifeste à nouveau

Le 19 février, le plus grand rassemblement anti-guerre depuis 20 ans s’est tenu sur le «National Mall» de Washington. La liste des orateurs, large et variée, comprenait quatre anciens candidats à la présidence américaine et une multitude de militants anti-guerre de gauche à droite.
    Le rassemblement, nommé à juste titre «Rage Against War Machine» (notre colère contre la machinerie de guerre)¹, a attiré des milliers de participants. Dans les commentaires, de nombreux partisans, manifestement sympathisant à  la partie belliciste, se sont empressé de montrer du doigt le nombre de participants qui n’é tait pas comparable à certains des plus grands rassemblements contre la guerre en Irak, il y a 20 ans.
    A cela, je réponds: mais qui s’en é tonne? Les médias grand public américains font de la propagande de guerre continuelle, à l’exception de Tucker Carlson de «Fox News». Ce qui fait qu’on frôle le miracle si tant d’individus ont eu le courage de se rendre au cœur de la machinerie de guerre, à Washington D. C., pour se faire entendre! Nous n’avons pas besoin d’une majorité pour nous défendre – une minorité éduquée et engagée suffit amplement. Et c’est ce que nous a offert cette manifestation!
    Assis au «Green Room» en attendant mon discours, j’ai eu l’occasion de parler avec les anciens candidats démocrates à la présidence, Tulsi Gabbard et Dennis Kucinich, ainsi qu’avec l’ancienne candidate du Parti vert, Jill Stein. Nous nous trouvions en compagnie des commentateurs politiques Jimmy Dore et Chris Hedges ainsi que de nombreux leaders et bons communicateurs de premier plan, proches de la mouvance libertaire. Toutes ces personnalités, en coulisse, défendaient le même message: nous devons mettre de côté nos différences pour former une nouvelle et large coalition contre cette guerre!
    Je pense que le mouvement anti-guerre est en train de prendre de l’ampleur, tant chez nous qu’à  l’é tranger. Le rassemblement de Washington a été suivi par d’autres rassemblements anti-guerre d’envergure, plus grands encore, à Paris, à  Berlin, à  Londres et ailleurs.
    Plusieurs sondages récents, notamment ceux de «Pew»et d’«AP», montrent que le soutien des Américains à l’Ukraine ne cesse de s’effriter. Dans l’UE également, de nouveaux sondages montrent que l’opinion publique s’oppose clairement au soutien de la guerre par ses gouvernements. Selon un récent sondage d’«Ipsos», moins de la moitié des Allemands continue à approuver la poursuite des livraisons d’armes à l’Ukraine. Il y a du changement dans l’air.
    Le rassemblement à Washington s’est déroulé dans le contexte du rapport d’enquête explosif de Seymour Hersh, montrant comment le gouvernement américain a fait exploser les gazoducs Nord Stream et comment les médias mainstream tentent désespérément d’é touffer l’affaire. La vérité éclate et elle est encore plus laide que ce que nous avions imaginé.
    Les médias mainstream américains deviennent manifestement nerveux de perdre le contrôle sur la couverture médiatique. Comment savons-nous qu’ils sont nerveux? Eh bien, ils ont considérablement augmenté le volume sonore des mensonges et des calomnies qu’ils diffusent professionnellement sur les mouvements pour la paix et les voix anti-guerre.
    Rachel Maddow par exemple a nourri l’Amérique d’un flot continu de mensonges sur le «Russiagate» au cours des six dernières années et a lâché un verbiage insultant sans fin sur le rassemblement «Rage Against the War Machine». Littéralement tout ce que Maddow a débité dans sa tirade après le rassemblement était objectivement faux, et sa qualification des participants au rassemblement comme étant «bizarres» était aussi déplacée que sournoise. Son aveuglement l’a poussée à prétendre que le rassemblement aurait débordé de «suprémacistes blancs», de «proud boys» et de «conspirationnistes anti-vaccins».
    Aucune des personnes présentes au rassemblement aurait pu deviner de quels événements réels la dame parlait. Mais sa besogne n’é tait pas de décrire la manifestation, mais de la diffamer. La perte totale des réalités dont Rachel Maddow a fait preuve à propos de la manifestation à Washington D. C. ne dit rien sur l’é vénement mais montre de toute évidence à quel point ils sont nerveux. Elle montre que les médias mainstream, disposant d’un pouvoir à dimension presqu’absolue, ont peur. Ils ont peur de perdre la guerre des «narrations». C’est une bonne chose. Il était temps. Espérons que davantage d’Américains commencent à se mettre en colère contre la machinerie mensongè re! Et contre la machinerie de guerre surtout! •

¹ cf. Horizons et débats n° 4 du 28 février 2023 (n.d.r.)
Source: http://ronpaulinstitute.org/archives/featured-articles/2023/february/27/the-antiwar-movement-roars-back-to-life/  du 27/02/23
(Traduction Horizons et débats)