Jour-J 2024 – un renversement d’alliances?

par Diana Johnstone, Paris

Avec le recul, il apparaît clairement que la «menace communiste» de la Guerre froide n’était qu’un prétexte pour les grandes puissances à la recherche davantage de pouvoir.

Des cérémonies ont eu lieu la semaine dernière pour commémorer le 80e anniversaire de l’opération Overlord, le débarquement anglo-américain sur les plages de Normandie qui a eu lieu le 6 juin 1944, plus connu sous le nom de Jour-J. Pour la première fois, les Russes n’ont ostensiblement pas été invités à participer à ces commémorations.1
    Cette absence de la Russie modifie symboliquement la portée des festivités. Certes, la signification de l’opération Overlord, première étape de la domination de l’Europe occidentale par le monde anglophone, est plus que jamais d’actualité. Mais sans la Russie, l’événement a symboliquement été retiré du contexte original de la Seconde Guerre mondiale.
    Le Président ukrainien Volodimir Zelenski a été invité à prononcer un discours vidéo devant le Parlement français en l’honneur de cet événement. M. Zelenski a utilisé toutes les ressources de la rhétorique pour diaboliser Vladimir Poutine, décrivant le président russe comme «l’ennemi commun» de l’Ukraine et de l’Europe.
    La Russie, a-t-il affirmé, «est un pays où la vie n’a plus de valeur… C’est le contraire de l’Europe, c’est l’anti-Europe».
    Ainsi, après 80 ans, le Jour-J a symboliquement célébré une nouvelle alliance et une nouvelle guerre – ou peut-être la même vieille guerre, mais en essayant d’en changer le dénouement.
    Il s’agit d’un renversement d’alliances qui aurait plu à une bonne partie de la classe supérieure britannique d’avant-guerre. En effet, dès sa prise de pouvoir, Adolf Hitler a eu de nombreux admirateurs dans l’aristocratie britannique et même dans la famille royale. Beaucoup voyaient en Hitler l’antidote efficace au «judéo-bolchevisme» russe.
    A la fin de la guerre, certains auraient voulu «finir la besogne» en se retournant contre la Russie. Il aura fallu 80 ans pour que cela se concrétise. Toutefois, les éléments déclencheurs de ce retournement ont toujours été présents.

Le jour-J et les Russes

En juin 1941, sans même un prétexte ou une attaque sous faux drapeau, l’Allemagne nazie envahit massivement l’Union soviétique. En décembre, les Etats-Unis furent entraînés dans la guerre par l’attaque japonaise sur Pearl Harbor.
    Alors que la guerre faisait rage sur le front oriental, Moscou supplia ses alliés occidentaux, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, d’ouvrir un second front afin de diviser les forces allemandes. Lorsque les Alliés occidentaux débarquèrent en Normandie, l’Armée rouge avait déjà remporté une victoire décisive sur les envahisseurs nazis en Russie et était sur le point d’ouvrir un front gigantesque en Biélorussie soviétique, qui éclipserait la bataille de Normandie.
    L’Armée rouge déclencha l’opération Bagration le 22 juin 1944 et, le 19 août, avait déjà détruit 28 divisions allemandes sur 34, réduisant ainsi à néant la ligne de front ennemie. Ce fut la plus grande défaite de l’histoire militaire allemande qui se solda par quelque 450000 pertes humaines. Après avoir libéré Minsk, l’Armée rouge poursuivit son avance victorieuse en Lituanie, en Pologne et en Roumanie.
    L’offensive de l’Armée rouge à l’Est a sans aucun doute assuré le succès des forces alliées anglo-américano-canadiennes face à des forces allemandes beaucoup plus faibles en Normandie.

Le Jour-J et les Français

Comme en avaient décidé les Anglo-Américains, le seul rôle des Français dans l’opération Overlord était celui de victimes civiles. En préparation du débarquement, les bombardiers britanniques et américains pilonnèrent les villes d’aiguillages ferroviaires et les ports maritimes français, causant des destructions massives et des dizaines de milliers de victimes civiles françaises.
    Au cours des opérations en Normandie, de nombreux villages, la ville de St Lô et la ville de Caen furent détruits par l’aviation anglo-américaine.
    Les forces armées de la France libre, placées sous le commandement suprême du général Charles de Gaulle, furent délibérément exclues de l’opération Overlord. De Gaulle rappela à son biographe Alain Peyrefitte comment il en avait été informé par le Premier ministre britannique Winston Churchill:
    «Churchill me convoqua à Londres le 4 juin, comme un châtelain convoquant son majordome. Et il me fit part du débarquement, sans qu’aucune unité française n’ait été programmée pour y participer. Je lui reprochai de prendre ses ordres auprès de Roosevelt, au lieu de lui imposer une volonté européenne. Il se mit alors à hurler de toutes ses forces: ‹De Gaulle, vous devez comprendre que lorsque j’aurai à choisir entre vous et Roosevelt, je préfèrerai toujours Roosevelt. Quand nous aurons à choisir entre les Français et les Américains, nous préférerons toujours les Américains.›»
    En conséquence, de Gaulle refusa toujours catégoriquement de participer aux cérémonies commémoratives du Jour-J. «Le débarquement du 6 juin est une affaire anglo-saxonne dont la France est exclue. Ils étaient bien décidés à s’installer en France comme s’il s’agissait d’un territoire ennemi! Comme ils venaient de le faire en Italie et s’apprêtaient à le faire en Allemagne!.... Et vous voulez que j’aille commémorer leur débarquement, alors qu’il était le prélude à une seconde occupation du pays? Non, non, ne comptez pas sur moi!»
    Exclue de l’opération de Normandie, la Première Armée française libre se joignit en août à l’invasion alliée du sud de la France.
    Les Américains avaient prévu d’imposer un gouvernement militaire à la France, par le biais de l’AMGOT (Allied Military Government of Occupied Territories).
    L’obstination de de Gaulle, qui avait ordonné à la Résistance de rétablir des structures politiques indépendantes dans toute la France, évita ce scénario. Il réussit à persuader le commandant suprême des forces alliées, le général Dwight Eisenhower, de laisser les Forces françaises libres et une insurrection menée par la Résistance libérer Paris à la fin du mois d’août 1944.

Le Jour-J à Hollywood

La France a toujours célébré le débarquement de Normandie comme une libération. Les sondages montrent cependant que la perception de son importance a évolué au fil des décennies. Peu après la fin de la guerre, l’opinion publique était reconnaissante envers les Anglo-Américains, mais attribuait massivement la victoire finale de la Seconde Guerre mondiale à l’Armée rouge.
    De plus en plus, l’opinion se mit à pencher en faveur de l’idée que le Jour-J avait été la bataille décisive et que la guerre avait été gagnée principalement par les Américains, avec l’aide des Britanniques.2 On peut attribuer en grande partie cette évolution à Hollywood. Le plan Marshall et l’endettement de la France ont créé un contexte propice à la conclusion d’accords commerciaux d’après-guerre comportant des aspects à la fois financiers et politiques.    Le 28 mai 1946, James Byrnes, secrétaire d’Etat américain, et Léon Blum, représentant de la France, ont signé un accord concernant la production cinématographique. L’accord Blum-Byrnes stipule que les cinémas français ne sont tenus de projeter des films français que pendant quatre semaines sur treize, les neuf semaines restantes étant ouvertes à la concurrence étrangère, en pratique essentiellement occupée par des productions américaines.
    Hollywood disposait d’un énorme carnet de commandes, déjà amorti sur le marché intérieur et donc bon marché. Ainsi, au cours du premier semestre 1947, 340 films américains ont été projetés contre 40 films français.
    La France a retiré des avantages financiers de cet accord sous forme de crédits, mais l’afflux de productions hollywoodiennes a fortement contribué à une américanisation culturelle, influençant à la fois le «mode de vie» et les réalités historiques.
    Le débarquement de Normandie fut en effet une bataille dramatique, susceptible d’être représentée dans de nombreux films. Cependant, la focalisation cinématographique sur le Jour-J a inévitablement favorisé l’impression répandue que les Etats-Unis, et non l’Union soviétique, ont vaincu l’Allemagne nazie.

Renversement d’alliance (1) – Les Anglais

En juin 1944, alors que l’Armée rouge est en passe de vaincre la Wehrmacht de manière décisive, l’opération Overlord est saluée par les dirigeants soviétiques comme un précieux deuxième front. Pour les stratèges anglo-américains, il s’agissait également d’un moyen de bloquer l’avancée soviétique vers l’ouest.
    Les dirigeants britanniques, et Churchill en particulier, envisageaient en fait de se tourner vers l’Est contre l’Armée rouge une fois la Wehrmacht vaincue.
    Il convient de rappeler qu’au 19e siècle, les impérialistes britanniques considéraient la Russie comme une menace potentielle pour leur domination sur l’Inde et leur expansion en Asie centrale, et qu’ils avaient élaboré une planification stratégique fondée sur le concept de la Russie comme leur principal ennemi sur le continent eurasien. Cette attitude a perduré.
    Au moment même de la défaite de l’Allemagne en mai 1945, Churchill a ordonné à l’état-major interarmées des forces armées britanniques d’élaborer des plans en vue d’une attaque surprise anglo-américaine contre les forces de leur allié soviétique en Allemagne. «Top secret» jusqu’en 1998, les plans prévoyaient même un réarmement des troupes vaincues de la Wehrmacht et de la SS pour leur permettre de participer à l’opération. Cette chimère portait le nom de code «Operation Unthinkable»3 (Opération impensable), ce qui coïncide avec le jugement des chefs d’état-major britanniques, qui la rejetèrent étant irrecevable.
    Trois mois plus tôt, lors de la réunion de Yalta en février, Churchill fit l’éloge du dirigeant soviétique Joseph Staline le qualifiant d’«ami digne de notre confiance». L’inverse n’était certainement pas vrai. On peut supposer que Franklin D. Roosevelt aurait écarté tout projet de ce type s’il n’était pas décédé en avril. Roosevelt semblait convaincu que l’Union soviétique épuisée par la guerre ne représentait pas de menace pour les Etats-Unis, ce qui était effectivement vrai.
    En fait, Staline a toujours respecté scrupuleusement les accords sur la sphère d’influence conclus avec les alliés occidentaux, refusant de soutenir le mouvement de libération communiste en Grèce (ce qui a provoqué la colère de Josip Broz Tito et contribué à la scission de Moscou avec la Yougoslavie) et exhortant constamment les puissants partis communistes d’Italie et de France à assouplir leurs exigences politiques. Alors que ces partis étaient considérés être de dangereuses menaces par la droite, ils furent farouchement contestés par l’extrême-gauche pour être restés dans le système plutôt que d’avoir poursuivi la révolution.
    Les dirigeants soviétiques et russes souhaitaient réellement la paix avec leurs anciens alliés occidentaux et n’ont jamais eu l’ambition de contrôler l’ensemble du continent. Ils considéraient que les accords de Yalta les autorisaient à exiger une zone tampon défensive sur la chaîne d’Etats d’Europe de l’Est libérés du contrôle nazi par l’Armée rouge.
    La Russie avait déjà subi plus d’une invasion dévastatrice en provenance de l’Ouest. Elle réagit par une défense répressive que les puissances atlantiques, désireuses de pouvoir accéder à tous les pays, considérèrent comme potentiellement agressive.
    La répression soviétique à l’égard de leurs satellites ne fit que se durcir en réponse au défi occidental annoncé avec éloquence par Winston Churchill dix mois après la fin de la guerre. L’étincelle était allumée pour une dynamique d’hostilité vaine et sans fin.
    Churchill fut écarté du pouvoir par une victoire écrasante du parti travailliste en juillet 1945. Mais son influence en tant que chef de guerre demeura écrasante aux Etats-Unis. Le 6 mars 1946, Churchill prononça un discours historique dans un petit collège du Missouri, l’Etat d’origine du successeur sans grande expérience et ayant été facilement influençable de Roosevelt, Harry Truman.
    Ce discours visait à renouveler l’alliance anglo-américaine du temps de la guerre, cette fois dirigée contre le troisième grand allié du temps de la guerre, la Russie soviétique.
    Churchill intitula son discours «The Sinews of Peace» (Le nerf de la paix). En réalité, il annonça la guerre froide par cette phrase historique: «De Stettin dans la Baltique à Trieste dans l’Adriatique, un rideau de fer est tombé sur le Continent.»
    Le rideau de fer désigne la sphère soviétique, essentiellement défensive et statique. Le problème pour Churchill était la perte d’influence dans cette partie du monde. Un rideau, même s’il est «de fer», est essentiellement défensif, mais ses paroles ont été interprétées comme une mise en garde contre une menace, comme il le souligne par dire: «Personne ne sait ce que la Russie soviétique et son organisation communiste internationale ont l’intention de faire dans l’avenir immédiat, ni quelles sont les limites, s’il en existe, de leurs tendances expansionnistes et prosélytes.» (Et ce, bien que Staline ait dissous l’Internationale communiste le 15 mai 1943.) Aux Etats-Unis, cette incertitude s’est rapidement transformée en une omniprésente «menace communiste» qu’il fallait traquer et éradiquer, au Département d’Etat, dans les syndicats et à Hollywood.

Renversement d’alliance (2): les Américains

La prétendue nécessité à endiguer la menace soviétique a servi d’argument aux planificateurs du gouvernement américain, notamment Paul Nitze dans le document 68 du Conseil national de sécurité (NSC-68)4, en faveur du renouvellement et de l’expansion de l’industrie américaine de l’armement, ce qui présentait l’avantage politique de mettre un terme décisif à la dépression économique planant dès les années 1930.
    Les collaborateurs nazis de toute l’Europe trouvaient ainsi accueil aux Etats-Unis où des intellectuels devinrent d’éminents «experts de la Russie». La russophobie a ainsi été institutionnalisée, les diplomates, rédacteurs et universitaires WASP (anglo-saxons protestants blancs) de la vieille école, ne nourrissant rien de particulier contre les Russes, cédant la place à de nouveaux venus animés par de vieilles rancunes.
    Parmi ces vieilles rancunes, aucune n’était plus véhémente et persistante que celle des nationalistes ukrainiens de Galicie, à l’extrême ouest de l’Ukraine, dont l’hostilité à la Russie avait été encouragée à l’époque où leur territoire était gouverné par l’empire des Habsbourg. Fanatiquement attachés à réfuter les liens historiques profonds de leur pays divisé avec la Russie, les ultranationalistes ukrainiens ont été soutenus pendant des décennies par la C.I.A. en Ukraine même et au sein de l’importante diaspora nord-américaine.5
    Nous avons vu culminer ce processus lorsque le talentueux comédien Volodimir Zelenski, dans son plus grand rôle de tragédien, s’est proclamé «héritier de l’invasion normande» et décrivant Poutine comme la réincarnation d’Adolf Hitler, parti à la conquête du monde – ce qui était déjà exagéré concernant Hitler qui voulait surtout conquérir la Russie. Ce que les Etats-Unis et l’Allemagne veulent apparemment faire aujourd’hui.

Renversement d’alliance (3) – l’Allemagne

Alors que les Russes et les Anglo-Américains se sont associés à la condamnation des plus hauts dirigeants nazis lors des procès de Nuremberg, la «dénazification» s’est déroulée de manière très différente dans les zones respectives occupées par les puissances victorieuses.
    Dans la République fédérale établie dans les zones occidentales, très peu de fonctionnaires, d’officiers ou de juges ont été réellement sanctionnés pour leur passé nazi. La repentance officielle s’est concentrée sur la persécution des Juifs, exprimée par des compensations monétaires aux victimes individuelles et surtout à Israël.
    Alors que juste après la guerre, c’était la guerre elle-même qui était considérée comme le principal des crimes nazis, au fil des années, l’impression s’est répandue en Occident que le pire des crimes et même l’objectif premier du régime nazi avait été la persécution des Juifs. L’Holocauste, la Shoah étaient des noms à connotation religieuse qui les démarquaient du reste de l’histoire. L’Holocauste est le crime impardonnable, reconnu par la République fédérale avec tant d’insistance qu’il tend à effacer tous les autres. Quant à la guerre elle-même, les Allemands pouvaient aisément la considérer comme leur propre malheur, puisqu’ils avaient perdu, et limiter leurs regrets les plus sincères à cette perte.
    Ce ne sont pas les Allemands, mais les occupants américains qui ont décidé de créer une nouvelle armée allemande, la Bundeswehr, bien implantée dans une alliance sous contrôle américain. Les Allemands eux-mêmes en avaient assez. Mais les Américains étaient déterminés à consolider leur contrôle sur l’Europe occidentale par le biais de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord.
    Le premier secrétaire général de l’OTAN, Lord Ismay – qui avait été le conseiller militaire en chef de Churchill pendant la Seconde Guerre mondiale – définissait succinctement la mission de l’Alliance: «maintenir les Américains dedans, les Russes dehors et les Allemands en bas».
    Le gouvernement américain n’a pas tardé à recruter des Allemands qualifiés susceptibles de participer à leur propre renversement d’alliance. Les experts allemands qui avaient recueilli des renseignements ou planifié des opérations militaires contre l’Union soviétique au nom du Troisième Reich furent invités à poursuivre leurs activités professionnelles, désormais au nom de la démocratie libérale occidentale.
    Le major général de la Wehrmacht Reinhard Gehlen, qui avait été chef du renseignement militaire sur le front de l’Est, est l’exemple même de cette transformation. En juin 1946, les autorités d’occupation américaines ont créé à Pullach, près de Munich, une nouvelle agence de renseignement employant d’anciens membres de l’état-major de l’armée allemande et dirigée par Gehlen, afin d’espionner le bloc soviétique.
    L’Organisation Gehlen recrutait ses agents parmi les organisations d’émigrés anticommunistes d’Europe de l’Est, en étroite collaboration avec la CIA. Elle employait des centaines d’anciens nazis. Elle intervenait sur la scène politique intérieure ouest-allemande en faisant la chasse aux communistes (le Parti communiste allemand était interdit).
    Les activités de l’Organisation Gehlen furent placées sous l’autorité du gouvernement de la République fédérale en 1956 et absorbées par le Bundesnachrichtendienst (BND6, Service fédéral de renseignement), que Gehlen dirigea jusqu’en 1968.
    En somme, pendant des décennies, sous l’occupation américaine, la République fédérale d’Allemagne a soutenu les structures de l’inversion de l’alliance, dirigée contre la Russie. L’ancien prétexte était la menace communiste. Mais la Russie n’est plus communiste. L’Union soviétique s’est dissoute de manière surprenante et s’est tournée vers l’Occident à la recherche d’une paix durable. Rétrospectivement, il est évident que la «menace communiste» n’était en fait qu’un prétexte pour les grandes puissances à la recherche de davantage de pouvoir, suivant la devise «plus de terres, plus de ressources».
    Le dirigeant nazi Adolf Hitler, tout comme les libéraux anglo-américains, considérait la Russie à la manière avec laquelle les alpinistes regardent proverbialement les montagnes. Pourquoi faut-il escalader cette montagne? Parce qu’elle est là. Parce qu’elle est trop grande aussi, qu’elle dispose de cette immensité d’espace avec toutes ces ressources. Et bien sûr, nous devons défendre «nos valeurs».
    Cela n’a rien de nouveau. La dynamique est profondément institutionnalisée. C’est essentiellement cette même vieille guerre, basée sur des illusions, des mensonges et des haines fabriquées, qui nous mène aujourd’hui à un désastre encore plus grand. 
    Est-il trop tard pour arrêter tout cela?

1https://www.rfi.fr/en/france/20240531-russia-not-invited-to-d-day-80th-anniversary-commemorations-in-france 
2 https://skeptics.stackexchange.com/questions/44150/did-57-of-people-in-france-believe-that-the-ussr-contributed-the-most-to-the-de 
3 https://www.nationalarchives.gov.uk/education/resources/cold-war-on-file/operation-unthinkable/ 
4 https://history.state.gov/milestones/1945-1952/NSC68#:~:text=NSC%2D68%20outlined%20a%20variety,the%20United%20States%20to%20attain 
5 https://consortiumnews.com/2024/06/10/using-ukraine-since-1948/ 
6 https://en.wikipedia.org/wiki/Federal_Intelligence_Service 

Source: Consortium News du 14 juin 2024, avec l’aimable autorisation de l’auteur.

(Traduction de l’anglais Horizons et débat)


* Diana Johnstone, née en 1934, a étudié les langues et la littérature slaves quittant ses études par le doctorat en littérature française. Elle vit depuis de nombreuses années à Paris en tant que journaliste indépendante pour différents médias américains et internationaux. Elle est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont «The Politics of Euromissiles: Europe’s Role in America’s World», «Fool’s Crusade: Yugoslavia, Nato, and Western Delusions», «Queen of Chaos: The Misadventures of Hillary Clinton». Plus récemment, elle a préfacé et commenté les mémoires de son père, le Dr Paul H. Johnstone, ancien analyste en chef du Strategic Weapons Evaluation Group (WSEG) au Pentagone, intitulé «From Mad to Madness».

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