Courier au lecteurs

Conséquences négatives de théories pédagogiques inappropriées et effets positifs de l’approche personnalisée – deux exemples

L’article du Dr Eliane Perret intitulé «L’image de l’homme est décisive – psychiatrie vs pédagogie), paru dans Horizons et Débats n° 5 du 12 mars 2024, expose brillamment l’arrière-plan théorique de la détérioration dramatique de ce qu’on appelle de nos jours le «rendement» pédagogique des écoles. Il est parfaitement choquant de lire une étude qui documente une fois de plus à quel point sont mauvaises les performances réelles des élèves dans l’espace germanophone. Mais où sont donc les enquêtes sérieuses ciblées exactement sur les véritables causes de cette nullité?
   Prenons l’exemple de deux classes d’école primaire dans la même école, en observation parallèle sur une année scolaire et demie des évolution en classe.
    Première classe:
    Les cours ont lieu dans une salle conçue pour créer une atmosphère de travail calme grâce à des cloisons et des tables séparées. Des cloisons de séparation, comme dans un laboratoire de langues, et des écouteurs, comme il est d’usage dans un atelier, sont à disposition. Après avoir attentivement observé les enfants, l’enseignante constate que nombre d’entre eux ne sont pas suffisamment préparés à suivre l’enseignement. Par exemple, elle comprend rapidement que le comportement de Mario est trop infantile. Elle met tout en œuvre pour que cet enfant bénéficie le plus rapidement possible d’un assistant d’apprentissage, sans lequel, elle en est sûre au bout d’une semaine, Mario ne fera aucun progrès. Elle fait de son mieux pour exercer une influence positive dans le cadre de l’enseignement. Elle interprète le comportement de Mario comme un «trouble de la perception» et se montre moins exigeante envers lui. Les pédagogues de l’enseignement spécialisé, qui sont parfois présents en classe, accordent également une attention particulière à cet enfant. L’enseignante entretient des contacts intensifs avec les parents et leur conseille de faire procéder à des examens en demandant l’aide de spécialistes. Les parents qui refusent d’admettre que «quelque chose ne va pas» chez leur enfant sont ressentis comme un problème, tandis que les parents «coopératifs» se rendent, sur le conseil de l’enseignante, chez l’ergothérapeute pour un dépistage du TDAH, du LRS, de l’autisme, de la dyscalculie, etc.
    Résultat:
    Sur un total de 18 élèves, quatre ont maintenant redoublé. Deux autres élèves ont dû retourner en 1er année au milieu de la 2e année.
    Seconde classe:
    L’enseignante a disposé toutes les tables de manière à ce que tout le monde puisse voir tout le monde et elle fait classe à tous les élèves en même temps et ensemble.
    Cette enseignante constate également des déficits chez plusieurs des enfants scolarisés et tente de les comprendre sur la base de leur environnement familial et social ainsi que par leur devenir.
    Prenons le cas de la petite Alexandra: en classe elle regarde fixement devant elle, n’enregistrant ainsi rien de ce qui se passe. L’enseignante retrouve sa très jeune mère – mère célibataire de deux enfants et elle-même encore en formation. L’entretien révèle que la jeune maman «parque» littéralement sa fille aînée devant l’écran parce qu’elle se sent débordée. Cependant, après un échange sur les conséquences de cette conduite sur l’enfant et son apprentissage et une revue concertée des alternatives possibles, tout change et Alexandra commence à s’épanouir. Au milieu de la deuxième année scolaire, elle lève régulièrement le doigt en classe et elle se reconnecte à l’enseignement.
    Résultat: Après une année et demie de scolarité, l’ensemble des 21 élèves de cette classe atteignent le niveau ciblé.
    Le drame, c’est qu’un enseignant réellement pédagogue doit aujourd’hui se justifier du fait qu’il ne convoque pas toute l’armada de «spécialistes» au moindre manquement d’un élève. L’observateur superficiel ne perçoit pas la complexité du travail relationnel quotidien et ne peut mesurer à quel point l’attitude de l’enseignant, sa vision de l’être humain et son empathie sont déterminantes pour le développement de l’enfant.

Sigrid Brandt, Hambourg

(Traduction Horizons et débats)

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