Si Scholz cède au chantage, l’Allemagne se retrouve en guerre

par le Prof Eberhard Hamer, Deutsches Mittelstandsinstitut Hannover

Personne ne voudrait être dans la peau du Chancelier Scholz. Non seulement il se fait vilipender par les bellicistes dans l’opposition, mais il est encore plus malmené par ceux de sa propre coalition, l’OTAN, l’UE et les Etats-Unis. Comme par le passé Scholz a toujours cédé à la pression médiatique de ces bellicistes – Leopard-Panzer, premier fournisseur d’armes, de loin le plus gros contributeur de tous les pays européens à l’Ukraine – Zelenski et ses amis bellicistes pensent pouvoir également faire chanter Scholz pour qu’il déploie des missiles Taurus accompagnés de troupes allemandes en Ukraine. Une campagne de communication permanente pour obtenir ces livraisons devrait enfin porter ses fruits.
    Il y a deux ans déjà, Poutine avait averti Scholz que franchir la ligne rouge d’une éventuelle participation à la guerre réactiverait automatiquement une situation de guerre entre l’Allemagne et la Russie, puisque jusqu’à présent, il n’y avait jamais eu de signature au bas du traité de paix. Scholz est conscient de ce danger et l’a jusqu’à présent évité avec détermination, et cela même quand Baerbock a imprudemment déclaré que nous étions «en guerre avec la Russie, que celle-ci ne devait en aucun cas l’emporter ni même, à plus long terme, remonter la pente. Von der Leyen (UE) et Stoltenberg (OTAN) ont également tenu le même discours.
    La situation économique est en revanche très différente. L’Ukraine ne encore que grâce aux dons de l’Allemagne, de l’Europe et des organisations financières internationales. Les Etats-Unis s’étant retirés du financement à long terme, l’Europe doit continuer à financer seule la guerre (à cause du duel électoral Trump/Biden). Quoi qu’il en soit, nous nous trouvons, que ce soit au travers des sanctions contre la Russie, de la raréfaction du gaz russe, de la confiscation des biens et du gel des avoirs russes ordonnés par l’UE (au final, par les Etats-Unis), dans une situation de guerre économique larvée avec la Russie. L’Ukraine est économiquement en faillite, détruite et prête à s’écrouler, elle ne pourrait même pas tenir un mois sans aide.
    Pour Poutine, le véritable adversaire n’est pas l’Ukraine, mais les Etats-Unis, ce pourquoi il ne veut pas discuter paix «avec le serviteur, mais avec le maître». Les Etats-Unis ont toutefois exclu toute possibilité de négociations de paix en mars 2022 et réitéré cette décision il y a quelques semaines. La guerre d’Ukraine semble donc devoir se poursuivre «jusqu’au dernier Ukrainien». Cependant, la situation militaire en Ukraine est désespérée. Plus de la moitié des effectifs de l’armée ukrainienne étant tombés au combat ou se trouvant gravement blessés, il faut à présent pour les remplacer recourir aux recrutements forcés.
    Plus important encore, la corruption liée au trafic d’armes est florissante en Ukraine. Selon la CIA, plus de la moitié des armes américaines «n’ont pas atteint le front», mais se sont retrouvées sur le marché mondial. La guerre a appauvri le peuple ukrainien mais enrichi ses oligarques, dont son président autocrate. Mais le ravitaillement en armes ne stagne pas seulement du fait du manque de fonds et de la corruption, mais aussi parce que les réserves des pays de l’OTAN sont épuisées. Et si le front manque non seulement de soldats mais aussi d’armes, cela signifie que le retrait et la fin de la guerre sont inévitables.
    Selon certains éléments de l’armée américaine, l’Ukraine aurait déjà perdu la guerre. La bande à Zelenski est dos au mur, mais continue à claironner sur la conquête de la Crimée et la «victoire finale» (cette formule-là, on connaît, au moins ma génération, merci!).
    Face à cette situation désespérée, l’armée de l’air allemande débat de la manière dont elle pourrait secrètement déployer des missiles Taurus accompagnés de forces armées allemandes en Ukraine et de leurs cibles potentielles.
    Scholz se justifie en affirmant que les Britanniques ont eux aussi, et depuis longtemps, engagé des forces en Ukraine, où elles assurent localement l’ensemble de la coordination des objectifs – notamment des frappes dirigées contre la flotte russe en mer Noire.
    Et Macron parle d’un engagement ouvert des troupes françaises, certains éléments participant secrètement depuis longtemps déjà en Ukraine, 80 Français ayant par ailleurs été tués dans une attaque de missiles. D’autres pays de l’OTAN y prennent également part, directement ou indirectement, en Ukraine. Et moins l’Ukraine est en mesure de se défendre par elle-même, plus les Européens doivent et veulent se battre – poussés par les lobbyistes de l’armement Strack-Zimmermann (FDP), Röttgen, Merz (CDU) et surtout par les Verts, jadis pacifistes.

La jeune génération ne sait plus
ce que signifie la guerre

La jeune génération a oublié qu’elle n’apporte que mort et désolation. La dernière génération à avoir vécu la guerre en Allemagne est à présent très clairsemée ; ceux qui en faisaient partie s’étaient pourtant juré que plus jamais le théâtre d’un conflit ne se réinstalle sur le sol allemand. En revanche, la génération d’après-guerre et ses partis politiques prennent à nouveau le risque d’une guerre au niveau européen, car «l’Ukraine ne doit pas être défaite» (Baerbock, Merz etc.).
    En effet, si l’Ukraine perdait la guerre contre la Russie,

  • la finance mondiale anglo-saxonne subirait 300 à 400 milliards de pertes sur les actifs qu’elle détient en Ukraine;
  • les Etats-Unis perdraient également leur position de puissance mondiale ;
  • plus de 100 millions d’aides allemandes (à titre gracieux) seraient perdues (au total, plus de 250 milliards de dollars provenant de l’OTAN);
  • cela modifierait de manière décisive la structure de sécurité de l’Europe et du monde tandis que les rêves d’adhésion de l’Ukraine à l’UE et à l’OTAN seraient pour le moment anéantis.

Mais Trump a également raison de dire qu’une victoire de la Russie en Ukraine ne serait pas dans l’intérêt des Etats-Unis, car elle risquerait de faire sortir l’Europe de la sphère d’influence américaine. La promesse de Trump de mettre fin à la guerre dès le premier jour de sa présidence est donc toujours d’actualité.
    La situation militaire critique de l’Ukraine, sa faillite économique, les problèmes de réarmement de l’OTAN et des Etats-Unis ainsi que les coûts croissants induits par un nouveau conflit, ainsi que par la maintenance de l’Ukraine, tout cela face à une prochaine récession mondiale, mais également une résistance croissante à la guerre au sein de la population russe, amènent donc toutes les parties à s’engager dans un cessez-le-feu et des négociations de paix.
    Pour cela, il faudrait d’abord remplacer le cercle de fanatiques et de corrompus autour de Zelenski – ce qui semble déjà se profiler, et dans le même ordre d’idées, éviter également toute escalade guerrière de la part des pays de l’OTAN (par ex. livraison de Taurus).
    Actuellement l’Ukraine se trouve dans la même situation que l’Allemagne vers la fin de la dernière guerre mondiale. Si à l’époque notre pays avait su mettre fin plus tôt à laguerre, il en serait résulté un tiers de destructions et de victimes en moins. Il est plus sage de stopper un conflit à temps que de laisser la défaite devenir totale. Si des négociations de paix s’ouvraient donc dans les prochains mois, l’attitude de désescalade de Scholz en serait confortée par rapport à celle des bellicistes. D’ici là, on ne peutque lui souhaiter: Scholz, tiens bon!

(Traduction Horizons et débats)

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