Stop au génocide à Gaza!

Lettre ouverte au Conseil fédéral

Oberrohrdorf-Staretschwil, le 3 janvier 2025

Mesdames et Messieurs les Conseillers fédéraux

Le dernier jour de l’année 2024, la «Neue Zürcher Zeitung» a publié, à la une, un article sur la guerre de Gaza intitulé «Le dernier hôpital doit cesser son activité». La journaliste y relate des conditions dans le nord de la bande de Gaza qui font frémir et bouleversent profondément toute personne normalement constituée quant à sa faculté de compassion. Il est ainsi rapporté que l’armée israélienne a ordonné l’évacuation de l’hôpital Kamal Adwan. Il n’y aurait donc plus d’hôpital fonctionnel dans le nord de Gaza. L’hôpital était la dernière station sanitaire d’urgence pour les blessés et les malades. Ainsi, selon la journaliste, «les conditions de vie deviennent chaque jour de plus en plus insupportables». Selon l’armée israélienne, l’hôpital était un «bastion du Hamas», alors qu’il y a moins d’un an, elle a communiqué avoir «libéré» tout le nord de Gaza du Hamas, lors des combats dans et autour de l’établissement. Lors des combats  autour de l’hôpital et ciblé sur la station, cinq employés de l’hôpital ont été tués.
    Israël s’est laissé entraîner dans une guerre épuisante. L’adversaire, qui agit de manière décentralisée et flexible au moyen d’un système de tunnels, ne peut jamais être vaincu. Et ce, bien que le gouvernement israélien ait fait massacrer tous les dirigeants du Hamas. Israël refuse toujours de concevoir ni la nature de cette guerre ni la structure interne du Hamas. La violence brute des deux côtés se poursuit sans relâche et prend des proportions de plus en plus graves.
    Les pactes sur les droits de l’homme, toutes les conventions de droit international et le droit international humanitaire sont complètement ignorés. La situation est précaire depuis longtemps. Combien de temps allons-nous encore  rester spectateurs?
    Ce sont les habitants de la bande de Gaza qui supportent ce fardeau inouï. Les livraisons d’aide et les soins médicaux y sont quasiment inexistants. 90 pour cent des 2,2 millions d’habitants de Gaza ont été déplacés pendant la guerre, vivant désormais sous des tentes. Les images satellites montrent, de manière effrayante, la destruction complète de la quasi-totalité de la bande de Gaza. L’ agriculture est à l’agonie et il n’y a plus rien à cultiver. Même dans la zone dite humanitaire, au sud de la bande côtière, les attaques se succèdent– et à toute cette détresse s’ajoute désormais le froid hivernal. Rien que la semaine passée, six enfants en bas âge sont morts d’hypothermie. La «Neue Zürcher Zeitung» rapporte: «Actuellement, les températures dans la bande de Gaza descendent régulièrement en dessous de dix degrés la nuit, et il y a de forts vents et de la pluie. Des centaines de milliers de personnes doivent supporter ces conditions difficiles dans des tentes de fortune.
    Selon les données de l’ONU, au moins un million de personnes se voient exposer à passer l’hiver sans abri adéquat». Et de poursuivre: «Selon le Programme alimentaire mondial, depuis le début de la grande offensive israélienne dans le nord de la bande de Gaza, le 6 octobre [2024] jusqu’à fin décembre, seules 3 des 101 livraisons d’aide demandées dans le territoire ont été effectuées. La ville de Beit Hanun a donc été complètement coupée de l’aide pendant 75 jours». Pourquoi Israël interrompt-il cette aide?
    Pour nous, ce qui est planifié et en cours d’exécution est de toute évidence un génocide à grande échelle. Ce génocide envisagé est confirmé par de nombreuses déclarations officielles prononcées par des membres du gouvernement israélien. «Médecins sans frontières»  insiste dans ces termes: «L’attaque contre la clinique Kamal Adwan ressemble à un modèle d’attaques répété des troupes israéliennes contre les infrastructures de santé.» Et ce, toujours avec l’excuse de la poursuite et de la lutte contre les terroristes.
    Avec Gaza, nous vivons un deuxième Vietnam qui se déroule sous nos yeux, une guerre sans fronts. Après la guerre du Vietnam, des sources fiables ont révélé que le massacre de My Lai n’était pas un cas isolé, mais que l’armée américaine, dirigée par les plus hautes autorités militaires et politiques, avait commis un génocide systématique contre la population vietnamienne, à l’instar de ce que fait aujourd’hui l’armée israélienne à Gaza.
    Or, nous trouvant face à des nourrissons et jeunes enfants morts de froid, face à l’affamation de civils, à la destruction ciblée de maisons, de champs et d’infrastructures et face à l’aide humanitaire délibérément empêchée – une question s’impose, notamment à nous autres Suisses: «Combien de temps ce génocide devra-t-il encore durer avant que la Suisse n’élève enfin sa voix officielle et se laisse enfin secouer et éveiller de sa léthargie diplomatique intenable? Nous ne pouvons pas aborder la nouvelle année de cette manière, en continuant à pratiquer le mutisme officiel face à de telles atrocités. L’interdiction du Hamas par le Parlement suisse est une chose, mais quelles sont les raisons qui l’empêchent de condamner, avec autant de fermeté, Israël et les Etats-Unis, fournisseurs d’armes? La Suisse se doit d’agir! En tant qu’Etat dépositaire des Conventions de Genève, elle détient, avec le CIC, en tant qu’institution humanitaire internationale primordiale, un mandat impératif pour intervenir. Quant au Conseil fédéral suisse, il lui revient de  critiquer enfin et ouvertement le gouvernement israélien, même s’il brandit aussitôt la massue de l’antisémitisme pour écraser tout débat raisonnable.
    Les otages ne reviendront vivants que si des négociations sérieuses aurant abouti aux résultats.
    Une Suisse exigeant avec tenacité, dans le cadre de l’ONU, l’arrêt immédiat de toutes les livraisons d’armes américaines à Israël et l’autorisation urgente de débloquer enfin l’aide humanitaire globale nécessaire en faveur de la population civile palestinienne – cette Suisse-là verrait peut-être un peu  la restauration du  blason terni de la Suisse auprès de l’opinion publique mondiale.
    Nous vous demandons donc instamment, Madame la Conseillère fédérale, Monsieur le Conseiller fédéral, de vous engager enfin sans équivoque en faveur de la paix. Ayez le courage de vous redresser et d’élever à nouveau clairement la voix de la Suisse officielle en faveur de la raison et de l’humanité, même si vous vous trouviez ainsi à contre-courant de certaines puissances. Prenez exemple sur l’Irlande ou l’Afrique du Sud, acceptez ainsi à reprendre vous-même l’exemple de leur modèle. La Suisse ne doit pas choisir «un camp», mais s’engager, en tant que pays neutre crédible face à la folie de la guerre, pour un cessez-le-feu et la paix. N’hésitez pas!

Elfy et René Roca,

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