Ukraine – il faut une neutralité permanente

par Heinrich Wohlmeyer

Je viens de la famille de ceux qui faisait confiance et qui faisait preuve de com­préhension pour «l’ours russe gravement blessé» pendant la Seconde Guerre mondiale, bien que la «guerre froide» semblait rendre impossible toute solution. Mon oncle, l’historien Heinrich Raab (il vivait en Suisse) et le politicien Julius Raab mentionnaient toujours que la neutralité permanente était un instrument de décrispation. Le résultat fut le «Staatsvertrag» autrichien de 1955.
Joannes, mon frère décédé depuis, fit sortir en cachette de Suisse les premières lettres à ce sujet en contournant les contrôles et la censure des Alliés.
Je pense que la prochaine visite bienvenue de Poutine à Vienne – accompagnée d’entretiens avec ceux qui «encerclent» la Russie – devrait être utilisée à préparer pour l’Ukraine une neutralité permanente garantie au niveau international selon le modèle suisse. En parallèle, il faudrait créer une réelle structure d’Etat fédéral, afin d’éliminer la peur de tous les groupes ethniques d’être dominés par une force étrangère.
Pour cela, les dirigeants de Kiev, eux-mêmes venus au pouvoir par un coup d’Etat avec de l’aide étrangère, devraient s’entretenir avec les insurgés en Ukraine orientale. Jusqu’à présent, ils le refusent.
En outre, il faudrait accorder pour toujours aux Russes leur port de guerre dans la mer Noire.
Je sais que cela va à l’encontre des intérêts de l’économie internationale de l’armement (des «géopoliticiens») – avant tout des Etats-Unis – mais nous devons le risquer pour empêcher davantage de souffrance indicible notamment sur sol européen.
Pendant les dernières réunions diplomatiques auxquelles j’ai participé, j’ai été confronté avant tout à de l’incitation unilatérale à la guerre, liée à un appel au réarmement et au «paiement de protection» à l’hégémonie subsistante des pays occidentaux dont les difficultés financières sont évidentes.    •
(Traduction Horizons et débats)