L’OTAN souhaite vivement une intervention de la Russie en Ukraine orientale

L’OTAN souhaite vivement une intervention de la Russie en Ukraine orientale

par Willy Wimmer, ancien secrétaire d’Etat au ministère de la Défense fédérale allemande

Ces derniers jours, il est flagrant de constater comment les médias d’Etat allemands restent à la traîne des événements. Chaque soir, l’arsenal des opinions médiatiques est moralisateur, ennuyeux, toujours politiquement correct. Si l’on regarde au-delà des frontières de son propre pays, il existe un secret de polichinelle. Soit les négociations avec l’Iran sur la question nucléaire, prévues de se terminer entre les 18 et 24 novembre, réussissent à désamorcer les conflits régionaux, soit nous devons nous résigner – malgré nous – à voir apparaître la mèche allumée du prochain grand conflit global.
Il y a des développements que nous préférerions et d’autres, à quelques heures de vol de chez nous, semblant éventuellement pouvoir limiter le conflit. La rencontre des pays riverains de l’Asie-Pacifique dans la capitale chinoise de Pékin nous a clairement montré qu’une limitation des dégâts serait possible.
Soit on donne une chance à la raison et au respect du fléau de la guerre, soit on laisse mûrir les choses pour les «résoudre» par les armes. Depuis des décennies, le monde ne s’est plus trouvé dans une situation aussi dramatique et qui pourrait se poursuivre jusqu’à la fin de l’année 2014.
Nous autres Européens, ainsi ceux qui se rangent du côté de l’«Occident», ne devraient pas oublier la situation morale, économique, financière et politique présente à la fin de la guerre froide et de la réunification allemande. Et aujourd’hui? On ne peut que constater qu’il y a rarement eu, au cours de l’histoire, une meilleure situation pour lutter contre la misère dans le monde – et nous l’avons gâchée. L’Occident a jeté par dessus bord, uniquement par sa propre faute, l’excellente situation de départ de jadis avec laquelle il aurait pu faire face aux plus grands défis. Pourquoi? Parce que nous nous retrouvions, pour de multiples raisons, dans une union avec une puissance qui, depuis plus d’une décennie, se débat littéralement de tous les côtés en violant sciemment toutes les règles en vigueur pouvant nous assurer la possibilité de construire un monde plus pacifique. Nous étions à ses trousses. Aujourd’hui, il ne nous reste plus qu’à prier que le conflit en Ukraine orientale n’empire pas avant la fête de Noël.
Ce n’était pas un avantage pour la Fédération de Russie de devenir, à la fin de la guerre froide et de l’Union soviétique, une «plume dans le vent». Ainsi elle a longtemps manqué comme élément de «co-ancrage» pour un ordre de stabilité européen. Les décideurs à Moscou comme ceux à Bonn et à Berlin ne purent que constater la manière avec laquelle Washington détruisait tout ce qui se présentait à lui. L’Occident – nous inclus – ne fut pas capable de développer des données constructives après avoir réussi à résoudre une confrontation dans une des grandes régions du monde. Et maintenant? Nous avons été ébahis en voyant que la Fédération de Russie réapparait sur la scène internationale à la suite des guerres violant le droit international menées contre Belgrade, Bagdad, Damas et Tripolis à l’aide de nouveaux procédés américains clairement dirigés contre la Russie.
Actuellement, tout semble indiquer que l’Occident, dominé par les Etats-Unis, ne sait pas comment se comporter ni face au mutisme russe ni face au retour de la Fédération de Russie en tant que puissance globale. L’Union européenne s’aligne naturellement sur l’Amérique, exactement comme la nouvelle «cheffe de la diplomatie européenne» nous l’a signalé.
Toute personne, telle Mme Mogherini, déclarant déjà dans sa première prise de position en public, qu’à l’avenir la politique de l’UE face à Moscou serait définie de commun accord avec l’OTAN, illustre clairement le peu de liberté d’expression qu’elle exige.
Mme Mogherini ne cache pas que les sanctions nous ayant été octroyées par Washington – et dont nous portons le fardeau principal – n’auront aucune influence sur le gouvernement russe. Mais pourquoi, sommes-nous néanmoins soumis à ces sanctions, pourquoi les avons-nous mises en vigueur?
L’Occident ne réussit plus à faire avaler ses sanctions aux populations étonnées et de plus en plus méfiantes. Veut-on nous faire croire qu’avec cette tentative d’influencer Moscou et Kiev, l’Occident a pris des mesures stabilisantes? Certainement pas, car tout le monde sait à quel point ces sanctions sont un procédé partial envers Moscou, allant dans la même direction que le procédé occidental utilisé pour le coup d’Etat de Kiev. Pour utiliser une image propre au domaine militaire, on pourrait dire que les sanctions sont utilisées dans le même but qu’on engage des divisions de blindés supplémentaires pour assurer son offensive contre à un pays pacifique – la Fédération de Russie.
On n’avait nul besoin des appels téléphoniques rendus publics de la secrétaire d’Etat américaine Mme Nuland pour comprendre la stratégie générale de l’Occident en Ukraine. L’Occident n’avait rien à redire contre le président Ianoukovitch et le festival des oligarques en Ukraine tant qu’il paraissait prêt à signer les accords de libre-échange avec l’Union européenne. Ces dernières semaines, de nouveaux et d’anciens commissaires européens ont expliqué à quel point la politique européenne était erronée dans ce contexte. Partout que du gâchis.
Dans la nuit ayant suivi les meurtres de Kiev, on a – avec l’accord des hommes occidentaux de l’ombre – mis le feu aux régions de l’Ukraine occidentale choisies comme point de départ pour s’attaquer à la Russie ensuite. On n’a pas été assez vigilants en décidant de se servir des forces relevant, dans cette région, de la peste médiévale: anciens et nouveaux nazis. C’est vraiment étonnant et honteux de voir ceux qui se taisent à Kiev comme chez nous et ceux qui minimisent l’engagement de formations militaires avec un tel passé à la frontière de la Russie. C’est effarant de voir quelles personnalités gardent le silence.
Pourtant, nos gouvernements doivent savoir une chose: on ne peut cautionner tous ceux qui continuent à croire à leurs paroles et aux médias sous leur coupe au sujet de leurs informations sur la région d’Ukraine orientale.    •
(Traduction Horizons et débats)

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