Les fonctionnaires de l’UE et, sous leur influence, la presse européenne diffusent leur surprise et leurs cris de rage au sujet de la votation populaire contre l’immigration massive qui a eu lieu en Suisse. Il semble que la Suisse, avec son droit démocratique, qui permet de demander l’avis des citoyens, a sérieusement mis en question les structures de domination européennes.
Lors d’un débat télévisé, M. Bernd Lucke, président du parti allemand AfD (Alternative für Deutschland), a fait remarquer aux représentants vociférants des autres partis qu’il y avait déjà en Suisse une limitation de l’immigration et que celle-ci allait expirer en été. La votation populaire n’a fait que renouveler ce droit limitant l’immigration, elle ne l’a pas créée. Aucune raison donc de faire des reproches.
Quand un pays archi-démocratique comme la Suisse exerce son droit de faire voter les citoyens sur les questions qui les préoccupent et que cette seule raison bouleverse l’élite au sein de l’UE, on est en droit de soupçonner d’autres raisons derrière cette colère nullement justifiée. En réalité, avec l’exemple de la Suisse, on aperçoit une profonde opposition entre les désirs de la population et le système de fonctionnaires de l’élite dominante, non élue. Jusqu’à présent, les 28 commissaires politiques et leurs 50 000 fonctionnaires, ont décidé – d’un commun accord avec les gouvernements concernés et sans égard pour la volonté des populations – ce que la puissance mondiale ou les banques et les multinationales anglo-saxonnes leur ont dicté comme étant souhaitable ou nécessaire. Que très souvent, cela soit contraire aux désirs des populations, n’a jamais dérangé l’élite dominante, mais émerge actuellement pour la première fois, suite à l’exemple suisse, en tant que contradiction démocratiquement validée.
Dans d’autres cas, cette élite n’a pas eu d’égards pour les populations:
1. La majeure partie de la population ne veut pas d’un super Etat centralisé européen et dictatorial, elle veut une «Europe des patries souveraines». Dans le Traité de Lisbonne, l’élite en a décidé autrement, au sein d’un cercle très restreint. Depuis lors, cette élite agit de manière dictatoriale avec pour but un Etat centralisé, alors que, au sein des populations des pays membres, se forme une opposition toujours plus forte, comme on le verra probablement – au grand effroi des partis établis – à l’occasion des prochaines élections européennes avec de nouveaux partis tel l’AfD. Ni l’Angleterre ni la France ne veulent abandonner leur souveraineté. Ce sont uniquement les anciens partis allemands qui insistent, motivés qu’ils sont par les Etats-Unis, les banques et les multinationales pour qui les négociations avec un gouvernement central sont beaucoup plus simples qu’avec 28 gouvernements nationaux souverains. La Suisse signale donc que le rêve des «Nations-Unies d’Europe» pourrait ne pas être réalisable et que le Traité de Lisbonne est en contradiction avec la volonté des populations.
2. L’autorisation de la culture du maïs OGM du groupe américain DuPont Pionner par l’UE montre à quel point les intérêts des Etats-Unis guident actuellement les décisions de l’élite politique. Sans examens préalables, où plutôt suite à des expertises financées par le groupe lui-même, le gouvernement allemand a toléré, avec le soutien de l’UE, l’autorisation de la culture de ce maïs génétiquement modifié, malgré l’opposition d’environ 80% de la population allemande. D’autres gouvernements corrompus de pays membres ont même voté en faveur de ce maïs OGM. Cela montre que Mme Merkel a décidé en faveur des intérêts des grands monopoles internationaux et contre l’intérêt de la majorité des populations européennes. Les conséquences néfastes sur l’environnement et la santé des populations pèsent moins que le pouvoir du groupe américain DuPont Pionner. A juste titre, le signal venant de la Suisse fait réagir les multinationales, car la soumission des commissaires aux volontés du grand capital pourrait bientôt être confrontée à une résistance démocratique de la base venant des populations européennes concernées.
3. Les commissaires européens ont autorisé et préconisé que l’OTAN devait également être déclarée institution européenne, bien qu’elle soit
– dirigée uniquement par les Etats-Unis, au profit de leurs propres objectifs mais financée par les Européens sans qu’ils y aient des intérêts propres.
– engagée abusivement pour des guerres d’agressions des Etats-Unis (Afghanistan, Afrique du Nord, Somalie et actuellement Centrafrique) dont les objectifs bellicistes sont définis par l’industrie de guerre et les grands groupes financiers américains, auxquels les vassaux européens de l’OTAN livrent uniquement de l’argent et des soldats auxiliaires sans avoir réellement voix au chapitre. 80% de la population ne veulent pas de participation de soldats allemands aux guerres à l’étranger. L’OTAN pourtant, sous les ordres des Etats-Unis, lance constamment de nouvelles guerres. Le signal de la Suisse pourrait là aussi éveiller davantage de résistance de la population contre l’utilisation abusive de l’OTAN au profit des objectifs hégémoniques américains.
– Cela vaut aussi pour la lutte subversive de l’OTAN dans le seul intérêt des Etats-Unis, à l’aide des «révolutions de couleurs» en Afrique du Nord, en Syrie et actuellement en Ukraine qui suivent toutes la doctrine de l’OTAN, définie par les Etats-Unis: «Keep the Russians out, the Americans in and the Germans down». La doctrine de Brzezinski de l’endiguement politique et militaire de la Russie est également poursuivie par le gouvernement Obama. C’est pourquoi les insurrections sont attisées et financées par la CIA (Klitschko toutefois par la Fondation Konrad Adenauer). On impose simultanément à la presse internationale de publier des chants de haine contre Poutine pour faciliter la mise en œuvre des «révolutions», et les commissaires de l’UE se déclarent même prêts à prendre en charge les coûts et les promesses d’aide pour l’Ukraine, afin de soutenir les objectifs américains de domination mondiale.
– Dans ce cas également, les intérêts de la puissance mondiale et de ses fonctionnaires de l’UE ne correspondent pas à la volonté de la population – pas même dans les pays en révolution, mais il s’agit des intérêts de la haute finance anglo-saxonne, de l’industrie de guerre américaine et de l’élargissement du pouvoir de la «puissance dominante universelle» face à la Russie. Les fonctionnaires européens y participent uniquement dans l’intérêt de l’impérialisme américain, et cela contre les intérêts et aux frais des populations européennes. Le signal de la Suisse pourrait remobiliser des mouvements de paix contre les guerres subversives des Etats-Unis, dès lors que les gens se rendront compte des dessous des prétendues révolutions.
4. Lors de la crise financière, il s’est avéré clairement que l’UE, en tant que système antidémocratique, est un auxiliaire des banques internationales, des assurances et des multinationales, contre et aux frais des populations européennes: à la demande du gouvernement américain et suite aux pressions de la Commission européenne, le surendettement des grandes banques atlantiques fut couvert d’abord par une caution, puis par la reprise totale des dettes par les pays européens afin que les dettes bancaires puissent être sauvées et que les pays endettés restent ainsi débiteurs sous contrôle de ces banques. C’est au contribuable allemand que revient le fardeau principal de 27% de la responsabilité conjointe (union de la dette). Le ministre des Finances a affirmé que «les cautions ne sont pas des paiements». C’est pourquoi les dettes auprès des banques et des pays en faillite ont été dès lors fortement augmentées (en Grèce, elles ont doublé) ce qui, invariablement, est à la charge des citoyens et épargnants allemands, car:
– L’abaissement artificiel des intérêts dépossède les épargnants et les assurances vie.
– 700 milliards d’euros de payement Target représentent pratiquement un financement d’exportations à fonds perdu. La banque européenne et par conséquent principalement les citoyens allemands, payent les excédents des exportations (par exemple aux Grecs pour leurs importations d’Allemagne) avec une chance de plus en plus restreinte d’être remboursés.
– Ce sont les prétendus «plans de sauvetage» et le MES – qui garantissent les dettes des banques spéculatives internationales et des Etats membres de l’UE et prolongent et approfondissent ainsi la crise de la dette, en rendant la situation de plus en plus dangereuse pour les pays solides – qui pèsent le plus lourdement sur nos citoyens. A la prochaine poussée de la crise financière et lors de la prochaine faillite de banques ou de pays membres, les cautions arriveront à échéance et il va falloir payer des centaines de milliards d’euros à quoi on ne pourra plus faire face sans réforme monétaire.
On n’a jamais demandé l’avis des citoyens sur toutes ces acrobaties financières aventureuses. Les concepts on été mijotés sous supervision américaine, dans un petit cercle formé de grands banquiers et de fonctionnaires européens et présenté aux parlements sans débats pour être soumis à un vote obligatoire – sans alternative. C’est ainsi que la démocratie a été trahie. Le signal de la Suisse pourrait aussi avoir donné l’alarme dans les magouilles financières au sein de l’UE, d’autant plus qu’elles avaient déjà partiellement été qualifiées d’anticonstitutionnelles par le Tribunal constitutionnel fédéral.
Tout comme les Américains justifient leurs guerres d’agressions par le danger fantôme du «terrorisme», les fonctionnaires de l’UE combattent toute revendication des peuples à vouloir participer aux décisions pour lesquelles ils doivent se porter garants, voire donner leur sang, comme étant du «populisme nationaliste». Le grand capital international et la «puissance dominante universelle» (Brzezinski) ne veulent pas de droit de participation national, pas de véritable démocratie en Europe, mais uniquement un déguisement pseudo-démocratique d’une dictature centrale euro-américaine comme l’a présenté l’euro-fonctionnaire Juncker:
«D’abord nous décidons quelque chose, et le mettons sur le tapis. Puis nous attendons un certain temps pour voir ce qui arrive. S’il n’y a ni grands hurlements ni émeutes, parce que la plupart des gens n’ont pas compris ce qu’on avait décidé, alors on continue – pas à pas, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de retour en arrière possible.» C’est ainsi que se passe la destruction des démocraties en Europe et la prise de pouvoir par le politburo bruxellois sur ordre des Etats-Unis.
La peur des fonctionnaires européens, que le signal de la Suisse puisse éveiller, lors des prochaines élections européennes, chez les démocrates des pays membres, une résistance sérieuse en faveur du droit de participation des citoyens, n’est pas combattue par des arguments sensés mais avec l’argument massue du «populisme nationaliste». Les internationalistes prouvent ainsi qu’ils sont décidés à poursuivre leurs propres intérêts primordiaux envers et contre les désirs des peuples (populus) et des citoyens.
On ne peut que dire: «Peuples, écoutez les signaux! Europe, écoute le signal de la Suisse!» •
(Traduction Horizons et débats)
* Eberhard Hamer est un économiste allemand. Il est le fondateur de l’économie du «Mittelstand». Après des études d’économie nationale, de théologie et de droit, Hamer a présenté sa thèse de doctorat.
Il a travaillé en tant qu’avocat dans une entreprise. Plus tard, il a obtenu la chaire de politique financière et économique de la Haute Ecole de Bielefeld, où il a enseigné jusqu’à sa retraite en 1994. Dans les années 1970, il a fondé le «Mittelstandsinstitut
Niedersachsen» à Hanovre et il a publié plus de 20 livres sur le sujet des PME. Pour ses travaux sur le développement d’une nouvelle économie de la classe moyenne, il a obtenu l’«ordre du Mérite de la République fédérale d’Allemagne» («Bundesverdienstkreuz»). Il est l’auteur de nombreux articles et de livres.
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