«Construisons la paix»

«Construisons la paix»

L’exposition de Theo Dannecker à Adliswil, Zurich

par Vera Ziroff Gut

Les expositions de Theo Dannecker, à Zurich en 2008, à Glaris en 2009 et à Ebnat-Kappel en 2013 ont été de vraies réussites. Actuellement, l’artiste conceptuel expose de nouvelles œuvres au sujet de la «Construction de la paix». Du 6 au 28 novembre 2014, au centre culturel d’Adliswil, dans le canton de Zurich, Theo Dannecker expose des collages, des objets et des installations où il montre les conditions d’un vivre ensemble pacifique dans le cadre social allant de la commune d’origine à la communauté des peuples

Adliswil rend hommage à ses artistes

Adliswil rend hommage à ses artistes

                                                                        Theo Dannecker dans son atelier. (photo td)

Dans la chronique récente d’Adliswil intitulée «Adliswil – une ville d’avenir», Theo Dannecker est présenté comme «artiste conceptuel, né en 1938 qui a grandi à Adliswil. Après des études d’art approfondies, il enseigne depuis 1972 dans sa propre école de peinture à Zurich. L’artiste crée toutes sortes d’objets différents presque toujours liés à la peinture (peinture acrylique ou à la gouache) et en tant qu’enseignant il intègre dans ses cours des principes philosophiques, des connaissances en histoire de l’art et son expérience pratique. Son œuvre plastique «Iisscharrete» fut achetée par la ville d’Adliswil …».1 Déjà dans les chroniques antérieures, les «Raumabilder» de Dannecker furent honorées2 et décrites
de manière précise. La commune a également acheté la stèle de la «participation»
et l’a exposée avec les œuvres d’autres artistes dans l’entrée de l’Hôtel de ville. Il
ne faut donc pas s’étonner que Theo Dannecker revienne à Adliswil pour exposer ses œuvres au centre culturel dans l’ancienne école et précisemment dans la salle de classe où il a passé ses trois premières années scolaires.

Hommage à Adliswil

Dannecker commence par rendre hommage à la ville d’Adliswil, en montrant des instantanés issus d’une époque révolue, quatre dessins au crayon sur toile des lieux de souvenirs d’enfance à Adliswil qui nous rendent parfaitement l’ambiance des années de guerre et d’après-guerre du XXe siècle.
Au XIXe siècle, Adliswil avait connu un essor économique mis en relief dans la description de la Suisse de 1827. Tous les cantons, les districts, les comtés, les administrations, toutes les villes, les hameaux, les villages, les châteaux, les monastères ainsi que toutes les montagnes, les vallées, les lacs, les fleuves, les rivières et sources thermales y sont énumérés par ordre alphabétique. Dans cette description, sous la lettre A, on trouve «Adlischweil»: «… village considérable de 50 maisons parmi lesquelles se trouvent plusieurs jolies demeures sur les deux rives de la Sihl, dans la paroisse de Kilchberg et le district zurichois de Wädenschweil. La route passant par le village et se dirigeant vers l’Albis a contribué à l’arrivée d’ un grand atelier anglais de filature, d’une forge, d’un moulin à grain, d’une scierie et d’une auberge. L’agriculture, l’élevage, le travail à l’usine et le commerce représentent les sources de ravitaillement des habitants vivant dans une prospérité considérable …».3 Les habitants d’Adlischweil étaient bien lotis et aussi économes. Cela explique pourquoi, après avoir mené jusqu’en 1902 un combat vain contre l’harmonisation des noms de lieux qui consistait à changer tous les «weil ou wyl» en «will», les postiers ont continué à utiliser leur tampons «Adlisweil» pendant encore un an.4 La crise économique mondiale des années vingt amena la commune au bord de la faillite, un quart de la population était au chomâge et Adliswil ne s’en remettra et se développera lentement qu’après la Seconde guerre mondiale. Dannecker fait des dessins au crayon de cette période.
Contemplons le premier dessin représentant la «Demeure de l’entreprise de transport Hasler-Günthart» et nous voilà plongés dans cette ancien village d’Adliswil. C’est ici que l’artiste est né, au troisième étage, dans la chambre du milieu; un trait renforcé encadre la fenêtre en question. A l’arrière plan du dessin, on voit un vieil équipage de l’entreprise de transport. Consciemment, Dannecker a eu recours au dessin au crayon – une technique traditionelle sur toile, un travail considérable demandant une grande exactitude en utilisant des crayons à pointes différentes pour dessiner un trait après l’autre. Ces dessins sont des plus proches de leurs modèles: des vieilles photos. «Sur le chemin du retour du jardin d’enfants, 1942», il est pris par un photographe; le jeune artiste tient par hasard un dessin dans la main. Avec «Moi et Werni Wäbler, mon voisin de banc d’école» on nous mène dans cette salle aux vieux bancs en bois et en fonte. Lorsque dans l’après-guerre Adliswil vécut un essor économique, on commença par la construction d’une nouvelle école mais les travaux durent être arrêtés pendant un an par manque de moyens. Sur le dessin intitulé «Mise en place du défilé des élèves et inauguration de la nouvelle école Kronenwiese», la plus âgée des élèves de la sixième, porte un panneau à l’inscription «En cinquième, l’entendement a évolué, on apprend beaucoup de belles choses du cher pays de Zurich». Sur ce petit tableau, le programme scolaire bien structuré d’alors ressort clairement. Plus tard on passe de l’enseignement des institutions et structures de la commune à celles du canton. A l’époque, tout le monde savait que la matière à enseigner devait être organisée de façon systématique et que c’était
la condition sine qua non d’une bonne instruction publique. Theo Dannecker, en culotte et cravate lui-même, porte un panneau de l’entreprise Vivi-Kola, un des sponsors. D’autres élèves portent des affiches de Maggi, de la verrerie de Bülach et du chemin de fer de la vallée de la Sihl. Au premier plan, l’instituteur a pris son carnet et dirige l’évènement.
Aux souvenirs personnels de l’artiste sont ajoutés des tableaux concernant la famille qui représente dans toutes les cultures le plus petit noyau de la vie en société. Selon l’artiste conceptuel Theo Dannecker, le développement continuel de la personnalité au sein de la famille et de l’école est la base qui rend possible une vie pacifique dans une communauté autonome sur le plan économique et politique au sein de la Confédération helvétique et de la communauté internationale. Cette organisation de la société se reflète dans la conception de l’exposition.

Theo Dannecker, artiste conceptuel

                                                                                Installation sur le droit international. (photo td)

Avant d’entrer dans l’exposition, le visiteur apprend que l’artiste conceptuel Theo Dannecker – en contradiction à la peinture non figurative – attache une grande importance au contenu de ses tableaux. Tout en défendant des positions claires et nettes il donne au visiteur l’occasion de lire les textes, d’y réfléchir avec empathie. Ses trouvailles quotidiennes ou bribes de réflexion il les trouve chez le philosophe, le voisin, le collègue artiste et caractérisent sa méthode de travail. Un tableau représentant sur la place du marché d’Adliswil, un «Buste dans la cage», la bouche est cousue: «Aucun pouvoir n’a le droit de faire taire notre voix de la justice.» La tête de femme à la torche issue du tableau Guernica de Picasso – le tableau anti-guerre par excellence du XXe siècle – met en lumière l’engagement de Dannecker. Dans l’exposition sur une pierre surdimensionnée, est gravé: «Il faut rouler la pierre de la justice». L’inscription sur un mur de plexiglas demande à chacun: «Dis oui à la paix» et à la sortie de la salle on peut lire: «Car tu es un homme». Pour vraiment créer la paix, l’homme doit choisir la paix et prendre la décision de s’investir de toutes ses forces en faveur de la paix. La paix ne se crée pas en faisant taire les armes – nous l’observons depuis des années en Israël et en Palestine. La paix demande en dialogue avec l’adversaire la volonté de résoudre les causes et les problèmes qui ont mené au conflit. Dans l’installation intitulée «Le droit international», déjà exposée à Glaris, cela est exprimé de façon vivante.

Hommage à Pieter Bruegel l’Ancien (vers 1525–1569)

Bien sûr qu’il y a des erreurs humaines qui vont à l’encontre de la «construction de la paix». Dans son hommage à Pieter Bruegel l’Ancien, Dannecker a repris les proverbes du peintre, datant de 1559, dans un collage. Le tableau de Bruegel montre une figuration littérale de 119 proverbes très connus. Par là Bruegel s’adressa à ses contemporains pour revaloriser la morale et voulait ainsi contribuer au redressement moral du monde. Au premier abord, on a l’impression que les habitants d’un village au bord de la mer vaquent à leurs tâches quotidiennes, mais en regardant de plus près, on doit constater l’insensé et la bêtise de leurs activités. Dannecker a donc tiré dix scènes d’une photocopie de l’œuvre de Bruegel qui doivent porter à réflexion: «Un globe suspendu à l’envers sur un mur» représente ce qui ne devrait pas se passer dans le monde. Qu’est-ce qui ne va pas dans notre monde, dans notre vie politique? «Il retourne sa veste à temps» décrit la scène où un homme dont le manteau flotte au vent monte sur un toit. Une femme avec un sceau, une pince en fer et du charbon ardent représente le double langage et la fausseté: «Elle porte le feu dans l’une de ses mains mais l’eau dans l’autre. Avec la citation de la lettre aux Romains de Saint Paul «Si l’aveugle guide l’aveugle, tous deux tombent dans le puits» il ne vise pas les hérésies théologiques mais celles du monde politique: dans des situations de guerre, par exemple, que nous ne pouvons pas vérifier, nous dépendons totalement d’informations dignes de confiance. Et nous savons grâce aux études de Becker/Beham sur la guerre des Balkans5 que l’information présentant les Serbes comme oppresseurs et aggresseurs fut élaborée et propagée par l’agence de relations publiques américaine Ruder Finn sur la demande de plusieurs gouvernements. Presque tous les journaux, à l’époque, comparaient les Serbes aux Nazis et les lecteurs sont tombés dans le piège.
Le comportement humain blâmable fait l’objet d’un autre objet que Dannecker a créé d’après Pieter Bruegel l’Ancien: «La cupidité». Une petite peinture à la gouache montre «Deux singes enchaînés». La chaîne montre une ouverture secrète qui leur permettrait de se libérer facilement s’ils utilisaient leur raison. Dans leur belle fourrure marron rougeâtre éclatant, ils sont assis dans l’ouverture d’un mur. L’un se tourne vers l’observateur, l’autre est peint au profil regardant ses coquilles de noix vides. A travers l’ouverture du mur, nous voyons un paysage clair, une cité au bord d’une rivière. Dans le ciel, deux oiseaux dont le vol forme un contrast éclatant aux singes enchaînés ayant perdu leur liberté car laissant cour à leur voracité et cupidité, ils ont volé les noix. Devant eux, emprisonné sous une coupole en plexiglas fixée sur un pilon, un couple moderne est assis; formé en argile, de couleur or, bleu ciel et rose, magnifique, entouré de lingots d’or mais enchaîné comme les singes. Plus encore que les deux singes n’ayant volé que des noix, les deux sont prisonniers de leur avidité. Ici, Dannecker a repris la question de Bruegel de savoir si cela vaut la peine de perdre la liberté au prix d’un bénéfice douteux.
Les hommes que Dannecker nous montre dans son œuvre connu intitulé «Tableau d’atelier» forment le contrepoids des enchaînés. Des hommes qui se sont investis pour la formation du peuple, le développement des droits de l’homme, l’indépendance politique et pour le vivre ensemble pacifique en se servant de leur parole, de l’écriture, du stylo et du pinceau.

La petite agriculture paysanne

Une base existentielle sûre constitue aussi une condition concrète pour la paix. Ici, il y a «La petite agriculture paysanne», des dessins au crayon d’une paysanne et d’un paysan; sur de la vraie paille se trouve un tableau à la gouache montrant leur fils travaillant dans l’étable et devant sur une plaque en métal un petit dessin aux crayons de couleur montrant une faux – instrument agricole important – avec une pierre à aiguiser avec la cruche d’eau. Ne manque pas le Rapport mondial sur l’agriculture de l’ONU de 2008 d’où ressort très clairement que ce n’est pas la fabrication globale et industrielle de produits agricoles mais l’agriculture paysanne régionale qui est la véritable réponse au problème de la faim dans le monde. Dans la version remaniée du rapport de 2013, il est cependant écrit qu’aujourd’hui le paysan qui nous procure les aliments est le membre le plus faible de la chaîne de production alimentaire, du traitement et de la vente. Par les processus de concentration, les brevets de semences, le refoulement des terres, les conditions de travail injustes et les prix trop bas, les paysans sont toujours plus sous pression et notre souveraineté alimentaire dégringole.

Coopérative

Sur le thème de la coopérative Dannecker nous a déjà présenté plusieurs de ses petites études. Le collage à Adliswil construit sur des figures circulaires centrales, d’axes moyens verticaux et horizontaux, est une composition très harmonieuse reflétant cette forme la plus originale de la coopération qui repose sur l’égalité de tous les membres. Il montre une situation juste avant le début de l’assemblée des membres, l’organe supérieur d’une coopérative. Le président de la séance, cravate rouge et veste bleue, est assis à une table au fond de la salle et via micro il dit «s’il vous plaît, prenez place», «le micro est libre» et «Paul va écrire le protocole. Devant et au milieu se trouvent les membres vêtus en couleur complémentaires rouge-vert-bleu-jaune ou en bleu marron, attablés en petits groupes et discutant des papiers à traîter. Leurs «modestes» contributions à la discussion «pouvons-nous nous permettre cela?», «je trouve qu’on en a besoin», «tous doivent être d’accord, sinon il y a de la discorde», «ce point-là est délicat», «écoutons donc ce qu’en pense les autres», «cela est très important pour moi», «un seul ne peut pas le faire» témoignent d’un dialogue auquel chacun peut participer en connaissance de cause, condition de base du bon fonctionnement d’une coopérative et d’une démocratie. Pour attirer l’attention sur cette importance fondamentale économique et sociale du modèle de la coopérative, l’Assemblée générale de l’ONU avait déclaré 2012 l’année de la coopérative et lui avait dédié notre décennie: les coopératives s’engagent contre la pauvreté, créent des emplois et encouragent l’intégration sociale.6 Sur le plan politique, les coopératives jouaient un rôle important lors de la création de la Suisse comme René Roca l’a montré récemment dans son livre intitulé «Si la souveraineté doit devenir vraiment une vérité …»,7 qui repose dans l’installation «Confédération» sous le «Bréviaire de Röpke».

Confédération

L’installation sur Wilhelm Röpke est dédiée à un grand économiste et philosophe de la liberté du XXe siècle. Il prône un ordre économique et social digne de l’homme et a apprécié la structure de la Suisse, la Confédération à sa juste valeur. Dannecker a modelé sa belle tête en argile et l’a posée sur un socle en briques rouges, matériel de construction de l’Allemagne du Nord; Röpke est originaire de la Lande de Lunebourg. La tête représente bien sûr ses idées citées dans le bréviaire de Röpke «La mesure de l’humain»; un passage agrandi du texte est mis en évidence sur un socle à part (cf. encadré p. 7). Blessé à 18 ans lors de la Première Guerre mondiale, il voit la guerre comme la pire catastrophe du XXe siècle et sera pendant toute sa vie un ferme défenseur de la paix et de la liberté. En tant qu’économiste, il conçoit son rôle «d’avoir avant tout les tâches moins glorieuses mais d’autant plus utiles, […] de faire parler la logique des choses, de révéler les faits et les rapports désagréables, de mettre tout à sa place avec une justice équitable, […] de faire crever les bulles de savon, de démasquer les illusions et les confusions […]»8. En outre, il est d’avis qu’un économiste qui n’est qu’économiste ne peut être un bon économiste. En tant que jeune professeur à Marbourg, il a mis en garde ses compatriotes allemands déjà avant les élections du Reichstag du 14 septembre 1930 dans un tract: «Personne, qui vote le 14 septembre pour le parti nazi, ne pourra dire plus tard qu’il n’avait pas su ce qui adviendrait. Il doit savoir qu’il vote pour la guerre dans le pays et à l’étranger, pour une destruction insensée.»9 Le 8 février 1933, huit jours après la nomination d’Hitler comme chancelier, il tient un discours devant la tombe de son professeur et déclare, «[…] un soulèvement de masse est entamé contre les derniers fondements de tout ce que nous désignons comme culture: soulèvement de masse contre la raison, la liberté, l’humanité et contre les normes écrites et non écrites qui sont nées au cours des millénaires afin de permettre une communauté humaine hautement différenciée sans avilir les êtres humains à l’état d’esclaves»10. Il est licencié immédiatement et accepte une invitation de Kemal Atatürk de l’Université d’Istanbul. Dans le semestre d’hiver 1937/38, il répond à un appel et devient professeur pour les questions économiques internationales à l’Institut universitaire des Hautes études internationales à Genève. Après la guerre, il entretient un contact intense avec Ludwig Erhard et participe à la reconstruction de la République fédérale d’Allemagne; il est même considéré comme le père spirituel de l’économie de marché sociale. En même temps, il exerce de vives critiques contre la Communauté économique européenne, dans laquelle les «Economocrates» commenceraient à organiser l’Europe selon les idéaux collectivistes. D’après Röpke, l’Europe devrait – tout comme chaque Etat individuel – naître du principe de subsidiarité et se consolider lentement du bas. Son idéal d’une organisation sociale part du fédéralisme composé de petites formes de vie décentralisées, de petites structures, marquées par les individus, la famille, les petites et moyennes entreprises, les structures régionales, qui conduisent à une implication nationale et internationale.11 A propos de la fondation d’une «Fédération européenne», il met en garde contre le fait que les acteurs ne comprennent pas assez la complexité du tout. Le fédéralisme est une philosophie politique, une décision morale et intellectuelle qui necéssite une éducation. L’amour de sa patrie doit avoir le même poids que le respect des autres. A ce sujet il écrit: «Ils manient le terme de fédération comme s’il s’agissait de la chose la plus simple au monde. Ils ne se doutent pas qu’un fruit si précieux ne peut être cueilli sans peine mais qu’il est lié à de nombreuses et dures conditions […]. Ils ignorent que ce fruit ne peut s’épanouir que sur l’humus d’une société qui dispose encore d’une structure de véritables petites communautés et qui présuppose la philosophie de la tolérance, du laisser valoir libéral, du respect d’autrui, de l’amour du détail et de la diversité et de l’égard mutuel. Le fédéralisme tout comme la charité doivent être posés au sein de la famille pour que cela vaille aussi pour les niveaux supérieurs».12 Ses représentations étaient fortement empreintes de l’organisation de la Suisse sur laquelle il s’est penché et à laquelle il a dédié le texte «La Suisse en tant que modèle»13 que Dannecker a mis en évidence sur un socle de briques (cf. encadré).

Tous les pays sont égaux, chaque pays est unique

C’est par une «Suisse en tant que modèle» pour le monde que Dannecker termine l’exposition avec l’installation «Tous les pays sont égaux, chaque pays est unique». Il étend une mappemonde avec 196 Etats devant nous. Chaque pays est d’une autre couleur et il en naît une image harmonieuse. Ainsi, chaque pays a une importance individuelle et particulière et reste indispensable pour l’harmonie de l’ensemble. Au centre, l’exemple de la Suisse est en rouge. Au travers des titres et sous-titres, Dannecker nous fait savoir ce qu’il veut dire: l’artiste conceptionnel révèle son message clairement devant nous, il ne laisse rien aux interprètes: «La terre héberge aujourd’hui 196 Etats avec environ 8 milliards d’êtres humains», «Tous ont et bénéficient du même droit afin que le monde ait un avenir», «La Suisse est un exemple montrant que la démocratie directe peut être réalité. Prenons soin d’elle», «Tous les pays sont égaux, chaque pays est unique. Cela suffit pour se tendre la main et s’encourager mutuellement à résoudre les problèmes présents». Dans le feu clignotant d’un phare, qui montre depuis des siècles le la direction au marin, il est écrit: «C’est la conscience qui nous donne l’orientation.» Devant la mappemonde, il y a un support avec le dessin d’une silhouette de tête humaine à la manière du Cri de Munch, intitulé «La détresse» et un autre avec le dessin d’une tête de chien qui s’appelle «Le garde». Ils montrent que si d’un côté des êtres humains souffrent dans de nombreux pays, de l’autre nous avons des acquis tel que la démocratie directe qu’il faut respecter. Un réveil montre qu’il est temps de résoudre ces problèmes.
Dannecker nous met à contribution: Jamais autant de guerres n’ont été menées qu’aujourd’hui. Mais: Les êtres humains peuvent aller les uns vers les autres et créer la paix. Jamais l’appel «Construisons la paix» n’était plus urgent qu’aujourd’hui.    •

1    Heinz Binder: Adliswil – eine Stadt mit Zukunft. Adliswil 2000. p. 316. La «Iisscharrete» était un évènement naturel particulier, qui existe toujours mais très rarement: lorsqu’après une longue période de froid, la Sihl était gelée sur 60?cm de profondeur, il se formait lors d’un réchauffement fort et de pluies intenses un couloir de glace composé de plaques de glace massives qui se développaient en une avalanche qui dévalait jusqu’au Platzspitz.
2    Max Stiefel: Chronikblätter zur neueren Geschichte Adliswils. Horgen 1981. p. 71?ss.
3    In: Vollständige Beschreibung des Schweizerlandes oder geographisch-statistisches Handlexikon über alle in gesamter Eidgenossenschaft befindlichen Kantone, Bezirke, Kreise, Aemter sowie aller Städte, Flecken, Dörfer, Schlösser, Klöster auch aller Berge, Thäler, Seen, Flüsse, Bäche und Heilquellen nach alphabetischer Ordnung. Verlag: Aarau 1827. Cité par Heinz Binder, p. 24
4    cf. Heinz Binder op.cit, p. 20
5    cf. Jörg Becker et Mira Beham: Operation Balkan. Werbung für Krieg und Tod. 2e édition. Nomos 2008. Cf. aussi Helmut Scheben: PR-Aufträge für Hass und Tod. In: Neue Rheinische Zeitung du 15/10/14. www.nrhz.de/flyer/beitrag.php?id=20861
6    cf. UN-Resolution A/RES/64/136
7    René Roca: Wenn die Volkssouveränität wirklich eine Wahrheit werden soll … Zurich 2012.
8    Sara Warneke: Die europäische Wirtschaftsintegration aus der Perspektive Röpkes. Stuttgart 2013, p. 7
9    op.cit., p. 8
10     <link http: de.wikipedia.org wiki>de.wikipedia.org/wiki/ Wilhelm-Röpke
11     cf. Sara Warneke, p. 14?ss.
12     cité par Sara Warneke, p. 65
13     Das Mass des Menschlichen. Ein Wilhelm-Röpke-Brevier. Edité par Gerd Habermann. Bern 2009 p. 47?s.

Installation sur le droit international. (photo td)

 Avant d’entrer dans l’exposition, le visiteur apprend que l’artiste conceptuel Theo DInstallation sur le droit international. (photo td) annecker – en contradiction à la peinture non figurative – attache une grande importance au contenu de ses tableaux. Tout en défendant des positions claires et nettes il donne au visiteur l’occasion de lire les textes, d’y réfléchir avec empathie. Ses trouvailles quotidiennes ou bribes de réflexion il les trouve chez le philosophe, le voisin, le collègue artiste et caractérisent sa méthode de travail. Un tableau représentant sur la place du marché d’Adliswil, un «Buste dans la cage», la bouche est cousue: «Aucun pouvoir n’a le droit de faire taire notre voix de la justice.» La tête de femme à la torche issue du tableau Guernica de Picasso – le tableau anti-guerre par excellence du XXe siècle – met en lumière l’engagement de Dannecker. Dans l’exposition sur une pierre surdimensionnée, est gravé: «Il faut rouler la pierre de la justice». L’inscription sur un mur de plexiglas demande à chacun: «Dis oui à la paix» et à la sortie de la salle on peut lire: «Car tu es un homme». Pour vraiment créer la paix, l’homme doit choisir la paix et prendre la décision de s’investir de toutes ses forces en faveur de la paix. La paix ne se crée pas en faisant taire les armes – nous l’observons depuis des années en Israël et en Palestine. La paix demande en dialogue avec l’adversaire la volonté de résoudre les causes et les problèmes qui ont mené au conflit. Dans l’installation intitulée «Le droit international», déjà exposée à Glaris, cela est exprimé de façon vivante. Hommage à Pieter Bruegel l’Ancien (vers 1525–1569) Bien sûr qu’il y a des erreurs humaines qui vont à l’encontre de la «construction de la paix». Dans son hommage à Pieter Bruegel l’Ancien, Dannecker a repris les proverbes du peintre, datant de 1559, dans un collage. Le tableau de Bruegel montre une figuration littérale de 119 proverbes très connus. Par là Bruegel s’adressa à ses contemporains pour revaloriser la morale et voulait ainsi contribuer au redressement moral du monde. Au premier abord, on a l’impression que les habitants d’un village au bord de la mer vaquent à leurs tâches quotidiennes, mais en regardant de plus près, on doit constater l’insensé et la bêtise de leurs activités. Dannecker a donc tiré dix scènes d’une photocopie de l’œuvre de Bruegel qui doivent porter à réflexion: «Un globe suspendu à l’envers sur un mur» représente ce qui ne devrait pas se passer dans le monde. Qu’est-ce qui ne va pas dans notre monde, dans notre vie politique? «Il retourne sa veste à temps» décrit la scène où un homme dont le manteau flotte au vent monte sur un toit. Une femme avec un sceau, une pince en fer et du charbon ardent représente le double langage et la fausseté: «Elle porte le feu dans l’une de ses mains mais l’eau dans l’autre. Avec la citation de la lettre aux Romains de Saint Paul «Si l’aveugle guide l’aveugle, tous deux tombent dans le puits» il ne vise pas les hérésies théologiques mais celles du monde politique: dans des situations de guerre, par exemple, que nous ne pouvons pas vérifier, nous dépendons totalement d’informations dignes de confiance. Et nous savons grâce aux études de Becker/Beham sur la guerre des Balkans5 que l’information présentant les Serbes comme oppresseurs et aggresseurs fut élaborée et propagée par l’agence de relations publiques américaine Ruder Finn sur la demande de plusieurs gouvernements. Presque tous les journaux, à l’époque, comparaient les Serbes aux Nazis et les lecteurs sont tombés dans le piège. Le comportement humain blâmable fait l’objet d’un autre objet que Dannecker a créé d’après Pieter Bruegel l’Ancien: «La cupidité». Une petite peinture à la gouache montre «Deux singes enchaînés». La chaîne montre une ouverture secrète qui leur permettrait de se libérer facilement s’ils utilisaient leur raison. Dans leur belle fourrure marron rougeâtre éclatant, ils sont assis dans l’ouverture d’un mur. L’un se tourne vers l’observateur, l’autre est peint au profil regardant ses coquilles de noix vides. A travers l’ouverture du mur, nous voyons un paysage clair, une cité au bord d’une rivière. Dans le ciel, deux oiseaux dont le vol forme un contrast éclatant aux singes enchaînés ayant perdu leur liberté car laissant cour à leur voracité et cupidité, ils ont volé les noix. Devant eux, emprisonné sous une coupole en plexiglas fixée sur un pilon, un couple moderne est assis; formé en argile, de couleur or, bleu ciel et rose, magnifique, entouré de lingots d’or mais enchaîné comme les singes. Plus encore que les deux singes n’ayant volé que des noix, les deux sont prisonniers de leur avidité. Ici, Dannecker a repris la question de Bruegel de savoir si cela vaut la peine de perdre la liberté au prix d’un bénéfice douteux. Les hommes que Dannecker nous montre dans son œuvre connu intitulé «Tableau d’atelier» forment le contrepoids des enchaînés. Des hommes qui se sont investis pour la formation du peuple, le développement des droits de l’homme, l’indépendance politique et pour le vivre ensemble pacifique en se servant de leur parole, de l’écriture, du stylo et du pinceau. La petite agriculture paysanne Une base existentielle sûre constitue aussi une condition concrète pour la paix. Ici, il y a «La petite agriculture paysanne», des dessins au crayon d’une paysanne et d’un paysan; sur de la vraie paille se trouve un tableau à la gouache montrant leur fils travaillant dans l’étable et devant sur une plaque en métal un petit dessin aux crayons de couleur montrant une faux – instrument agricole important – avec une pierre à aiguiser avec la cruche d’eau. Ne manque pas le Rapport mondial sur l’agriculture de l’ONU de 2008 d’où ressort très clairement que ce n’est pas la fabrication globale et industrielle de produits agricoles mais l’agriculture paysanne régionale qui est la véritable réponse au problème de la faim dans le monde. Dans la version remaniée du rapport de 2013, il est cependant écrit qu’aujourd’hui le paysan qui nous procure les aliments est le membre le plus faible de la chaîne de production alimentaire, du traitement et de la vente. Par les processus de concentration, les brevets de semences, le refoulement des terres, les conditions de travail injustes et les prix trop bas, les paysans sont toujours plus sous pression et notre souveraineté alimentaire dégringole. Coopérative

Sur le thème de la coopérative Dannecker nous a déjà présenté plusieurs de ses petites études. Le collage à Adliswil construit sur des figures circulaires centrales, d’axes moyens verticaux et horizontaux, est une composition très harmonieuse reflétant cette forme la plus originale de la coopération qui repose sur l’égalité de tous les membres. Il montre une situation juste avant le début de l’assemblée des membres, l’organe supérieur d’une coopérative. Le président de la séance, cravate rouge et veste bleue, est assis à une table au fond de la salle et via micro il dit «s’il vous plaît, prenez place», «le micro est libre» et «Paul va écrire le protocole. Devant et au milieu se trouvent les membres vêtus en couleur complémentaires rouge-vert-bleu-jaune ou en bleu marron, attablés en petits groupes et discutant des papiers à traîter. Leurs «modestes» contributions à la discussion «pouvons-nous nous permettre cela?», «je trouve qu’on en a besoin», «tous doivent être d’accord, sinon il y a de la discorde», «ce point-là est délicat», «écoutons donc ce qu’en pense les autres», «cela est très important pour moi», «un seul ne peut pas le faire» témoignent d’un dialogue auquel chacun peut participer en connaissance de cause, condition de base du bon fonctionnement d’une coopérative et d’une démocratie. Pour attirer l’attention sur cette importance fondamentale économique et sociale du modèle de la coopérative, l’Assemblée générale de l’ONU avait déclaré 2012 l’année de la coopérative et lui avait dédié notre décennie: les coopératives s’engagent contre la pauvreté, créent des emplois et encouragent l’intégration sociale.6 Sur le plan politique, les coopératives jouaient un rôle important lors de la création de la Suisse comme René Roca l’a montré récemment dans son livre intitulé «Si la souveraineté doit devenir vraiment une vérité …»,7 qui repose dans l’installation «Confédération» sous le «Bréviaire de Röpke».

Confédération

L’installation sur Wilhelm Röpke est dédiée à un grand économiste et philosophe de la liberté du XXe siècle. Il prône un ordre économique et social digne de l’homme et a apprécié la structure de la Suisse, la Confédération à sa juste valeur. Dannecker a modelé sa belle tête en argile et l’a posée sur un socle en briques rouges, matériel de construction de l’Allemagne du Nord; Röpke est originaire de la Lande de Lunebourg. La tête représente bien sûr ses idées citées dans le bréviaire de Röpke «La mesure de l’humain»; un passage agrandi du texte est mis en évidence sur un socle à part (cf. encadré p. 7). Blessé à 18 ans lors de la Première Guerre mondiale, il voit la guerre comme la pire catastrophe du XXe siècle et sera pendant toute sa vie un ferme défenseur de la paix et de la liberté. En tant qu’économiste, il conçoit son rôle «d’avoir avant tout les tâches moins glorieuses mais d’autant plus utiles, […] de faire parler la logique des choses, de révéler les faits et les rapports désagréables, de mettre tout à sa place avec une justice équitable, […] de faire crever les bulles de savon, de démasquer les illusions et les confusions […]»8. En outre, il est d’avis qu’un économiste qui n’est qu’économiste ne peut être un bon économiste. En tant que jeune professeur à Marbourg, il a mis en garde ses compatriotes allemands déjà avant les élections du Reichstag du 14 septembre 1930 dans un tract: «Personne, qui vote le 14 septembre pour le parti nazi, ne pourra dire plus tard qu’il n’avait pas su ce qui adviendrait. Il doit savoir qu’il vote pour la guerre dans le pays et à l’étranger, pour une destruction insensée.»9 Le 8 février 1933, huit jours après la nomination d’Hitler comme chancelier, il tient un discours devant la tombe de son professeur et déclare, «[…] un soulèvement de masse est entamé contre les derniers fondements de tout ce que nous désignons comme culture: soulèvement de masse contre la raison, la liberté, l’humanité et contre les normes écrites et non écrites qui sont nées au cours des millénaires afin de permettre une communauté humaine hautement différenciée sans avilir les êtres humains à l’état d’esclaves»10. Il est licencié immédiatement et accepte une invitation de Kemal Atatürk de l’Université d’Istanbul. Dans le semestre d’hiver 1937/38, il répond à un appel et devient professeur pour les questions économiques internationales à l’Institut universitaire des Hautes études internationales à Genève. Après la guerre, il entretient un contact intense avec Ludwig Erhard et participe à la reconstruction de la République fédérale d’Allemagne; il est même considéré comme le père spirituel de l’économie de marché sociale. En même temps, il exerce de vives critiques contre la Communauté économique européenne, dans laquelle les «Economocrates» commenceraient à organiser l’Europe selon les idéaux collectivistes. D’après Röpke, l’Europe devrait – tout comme chaque Etat individuel – naître du principe de subsidiarité et se consolider lentement du bas. Son idéal d’une organisation sociale part du fédéralisme composé de petites formes de vie décentralisées, de petites structures, marquées par les individus, la famille, les petites et moyennes entreprises, les structures régionales, qui conduisent à une implication nationale et internationale.11 A propos de la fondation d’une «Fédération européenne», il met en garde contre le fait que les acteurs ne comprennent pas assez la complexité du tout. Le fédéralisme est une philosophie politique, une décision morale et intellectuelle qui necéssite une éducation. L’amour de sa patrie doit avoir le même poids que le respect des autres. A ce sujet il écrit: «Ils manient le terme de fédération comme s’il s’agissait de la chose la plus simple au monde. Ils ne se doutent pas qu’un fruit si précieux ne peut être cueilli sans peine mais qu’il est lié à de nombreuses et dures conditions […]. Ils ignorent que ce fruit ne peut s’épanouir que sur l’humus d’une société qui dispose encore d’une structure de véritables petites communautés et qui présuppose la philosophie de la tolérance, du laisser valoir libéral, du respect d’autrui, de l’amour du détail et de la diversité et de l’égard mutuel. Le fédéralisme tout comme la charité doivent être posés au sein de la famille pour que cela vaille aussi pour les niveaux supérieurs».12 Ses représentations étaient fortement empreintes de l’organisation de la Suisse sur laquelle il s’est penché et à laquelle il a dédié le texte «La Suisse en tant que modèle»13 que Dannecker a mis en évidence sur un socle de briques (cf. encadré).

Tous les pays sont égaux, chaque pays est unique

C’est par une «Suisse en tant que modèle» pour le monde que Dannecker termine l’exposition avec l’installation «Tous les pays sont égaux, chaque pays est unique». Il étend une mappemonde avec 196 Etats devant nous. Chaque pays est d’une autre couleur et il en naît une image harmonieuse. Ainsi, chaque pays a une importance individuelle et particulière et reste indispensable pour l’harmonie de l’ensemble. Au centre, l’exemple de la Suisse est en rouge. Au travers des titres et sous-titres, Dannecker nous fait savoir ce qu’il veut dire: l’artiste conceptionnel révèle son message clairement devant nous, il ne laisse rien aux interprètes: «La terre héberge aujourd’hui 196 Etats avec environ 8 milliards d’êtres humains», «Tous ont et bénéficient du même droit afin que le monde ait un avenir», «La Suisse est un exemple montrant que la démocratie directe peut être réalité. Prenons soin d’elle», «Tous les pays sont égaux, chaque pays est unique. Cela suffit pour se tendre la main et s’encourager mutuellement à résoudre les problèmes présents». Dans le feu clignotant d’un phare, qui montre depuis des siècles le la direction au marin, il est écrit: «C’est la conscience qui nous donne l’orientation.» Devant la mappemonde, il y a un support avec le dessin d’une silhouette de tête humaine à la manière du Cri de Munch, intitulé «La détresse» et un autre avec le dessin d’une tête de chien qui s’appelle «Le garde». Ils montrent que si d’un côté des êtres humains souffrent dans de nombreux pays, de l’autre nous avons des acquis tel que la démocratie directe qu’il faut respecter. Un réveil montre qu’il est temps de résoudre ces problèmes.
Dannecker nous met à contribution: Jamais autant de guerres n’ont été menées qu’aujourd’hui. Mais: Les êtres humains peuvent aller les uns vers les autres et créer la paix. Jamais l’appel «Construisons la paix» n’était plus urgent qu’aujourd’hui.    •

1    Heinz Binder: Adliswil – eine Stadt mit Zukunft. Adliswil 2000. p. 316. La «Iisscharrete» était un évènement naturel particulier, qui existe toujours mais très rarement: lorsqu’après une longue période de froid, la Sihl était gelée sur 60?cm de profondeur, il se formait lors d’un réchauffement fort et de pluies intenses un couloir de glace composé de plaques de glace massives qui se développaient en une avalanche qui dévalait jusqu’au Platzspitz.
2    Max Stiefel: Chronikblätter zur neueren Geschichte Adliswils. Horgen 1981. p. 71?ss.
3    In: Vollständige Beschreibung des Schweizerlandes oder geographisch-statistisches Handlexikon über alle in gesamter Eidgenossenschaft befindlichen Kantone, Bezirke, Kreise, Aemter sowie aller Städte, Flecken, Dörfer, Schlösser, Klöster auch aller Berge, Thäler, Seen, Flüsse, Bäche und Heilquellen nach alphabetischer Ordnung. Verlag: Aarau 1827. Cité par Heinz Binder, p. 24
4    cf. Heinz Binder op.cit, p. 20
5    cf. Jörg Becker et Mira Beham: Operation Balkan. Werbung für Krieg und Tod. 2e édition. Nomos 2008. Cf. aussi Helmut Scheben: PR-Aufträge für Hass und Tod. In: Neue Rheinische Zeitung du 15/10/14. www.nrhz.de/flyer/beitrag.php?id=20861
6    cf. UN-Resolution A/RES/64/136
7    René Roca: Wenn die Volkssouveränität wirklich eine Wahrheit werden soll … Zurich 2012.
8    Sara Warneke: Die europäische Wirtschaftsintegration aus der Perspektive Röpkes. Stuttgart 2013, p. 7
9    op.cit., p. 8
10     <link http: de.wikipedia.org wiki>de.wikipedia.org/wiki/ Wilhelm-Röpke
11     cf. Sara Warneke, p. 14?ss.
12     cité par Sara Warneke, p. 65
13     Das Mass des Menschlichen. Ein Wilhelm-Röpke-Brevier. Edité par Gerd Habermann. Bern 2009 p. 47?s.

Wilhelm Röpke

La Suisse en tant que modèle

«Mais c’est justement parce que nous pensons que notre pays est en pleine santé, qu’il supporte impassiblement les louanges et les réprimandes et qu’il représente un des plus beaux exemples de l’histoire pour la grandeur intérieure et la petitesse extérieure, que nous pouvons le présenter au reste du monde qui aspire à l’ordre, comme exemple vivant et convaincant pour réfuter l’assertion que les problèmes fondamentaux de la civilisation de masse, de la démocratie et de la crise morale de l’Occident sont insolubles. Certes, la Suisse est une exception, comme tout ce qui a trouvé un certain succès dans l’histoire, mais pas dans le sens de quelque chose qu’il ne vaut pas la peine de poursuivre à tout moment en tant qu’idéal.
Sous forme d’une œuvre créée par des paysans et des citoyens aimant la coopération et la liberté, elle a été pour le monde le modèle de l’égalité harmonieuse entre le paysannat et la culture urbaine. Grâce à cette combinaison, elle a trouvé la force de réunir en une entité, sans tomber dans les extrêmes, les forces conservatrices et modernistes de la société, la continuité et souplesse, la tradition et la modernité, la raison et la foi, la technique et l’humanité, la bravoure et l’amour de la paix, l’ordre et la liberté, la communauté et l’individu, la prospérité et l’intériorité.
C’est uniquement en considérant les expériences faites au cours de millénaires de l’histoire en comparant avec la plupart des autres pays – mais sans se limiter aux imperfections et aux erreurs – qu’on pourra éventuellement apprécier à sa juste valeur le fait qu’il se trouve au cœur de l’Europe un peuple ayant pu, grâce à sa force et à ses montagnes, mais également grâce à une providence bienveillante et grâce aux constellations de l’histoire – Dei providentia et confusione hominum – s’épanouir et se développer sans les doses destructives du poison social qu’est le féodalisme et relativement libre du péché originel de la violence et de l’exploitation.»

Le principe fédératif est incompatible avec le collectivisme

Source: «Das Mass des Menschlichen. Ein Wilhelm-Röpke-Brevier».
Editeur Gerd Habermann. Berne 2009, p. 47

(Traduction Horizons et débats)

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