Nouveaux développements au Moyen-Orient

Nouveaux développements au Moyen-Orient

km. Nombreuses sont les analyses et les prises de positions quant à la situation actuelle au Moyen-Orient. Mais il n’y a pas d’unité ni dans les analyses ni dans les jugements. C’est pourquoi, il vaut mieux être prudent. Mais les signes, envoyés par le gouvernement allemand, d’en venir en Syrie à une conception commune avec le gouvernement russe dans la lutte contre cet EI qu’on appelle faussement un «Etat», en renonçant même à exiger la destitution du président syrien el-Assad avec effet immédiat, correspondent à l’analyse de William F. Engdahl, «Jetzt hat Washington im Nahen und Mittleren Osten verloren» [Maintenant Washington a perdu au Proche- et au Moyen-Orient] Kopp-Online du 21/9/15.
Selon Engdahl, les Etats-Unis auraient, depuis 2003, «galvaudé leur influence stratégique, perdant ainsi tous leurs alliés tant au Proche- qu’au Moyen-Orient». En revanche, la Russie y aurait étendu son influence dans cette région et en appelle maintenant «à la formation d’une coalition internationale, invitant les Etats-Unis à en faire partie avec des pays de la région et les membres de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC)». Engdahl donne quelques explications: «Lors d’une rencontre le 15 septembre 2015 à Douchanbé, Tadjikistan, les chefs d’Etats de l’OTSC condamnèrent le terrorisme en Syrie et en Irak, tout particulièrement le terrorisme de l’Etat islamique (EI). Ils se déclarèrent prêts à envoyer, sous la direction de l’ONU, des troupes en Syrie, comme celles de l’OTAN. Le fait que tout à coup deux se mettent à jouer le même jeu est nouveau et déplait à Washington. Les pays de l’OTSC veulent discuter de leur stratégie de mise en place d’une coalition contre l’EI fin septembre lors de l’Assemblée générale de l’ONU. L’OTSC se compose de la Russie, de la Biélorussie, de l’Arménie, du Kazakhstan, du Kirghizstan et du Tadjikistan.» Mais la Russie a aussi réussi à entraîner l’Arabie saoudite et les Etats du Golfe.
Selon Engdahl, «le nouveau roi saoudien et ses conseillers semblent avoir compris que les faucons néoconservateurs, alimentant l’EI, Al-Qaïda, le front al Nusra ainsi que les Frères musulmans, prennent maintenant dans le collimateur la monarchie d’Arabie saoudite et d’autres Etats du Golfe.» Selon Engdahl, Israël rechercherait également de meilleurs contacts avec Moscou du fait de certains intérêts concernant l’accaparement de matières premières en Méditerranée. William F. Engdahl, n’est pas le seul à s’exprimer dans ce sens, car on retrouve ces affirmations aussi dans un tout autre média, c’est-à-dire dans une interview, accordé au Deutschlandfunk (24/9/15), de l’ancien secrétaire d’Etat du ministère allemand des Affaires étrangères et ambassadeur aux Etats-Unis, Jürgen Chrobog. Dans cette interview Chrobog affirme que «la visite de Netanyahou à Moscou est un indice pour le rapprochement de la ligne de Moscou.»
La radio a publié l’interview sous le titre «Nous avons besoin de la Russie» et, dans les faits, l’ancien politicien allemand s’exprime dans cette direction. En Syrie, il y aurait «des intérêts communs entre l’Occident et la Russie». La Russie se sent «tout autant menacée par l’Etat islamique. Dans le Caucase du Nord, l’EI met déjà en place ses propres structures, ce qui est particulièrement dangereux pour la Russie. Dans cette affaire, il y a des intérêts communs qui peuvent à l’avenir servir de lien entre l’Occident – les Américains – et la Russie pour œuvrer en commun contre l’EI.»
Chrobog n’apprécie pas que la Russie soutienne le président syrien el-Assad et gagne en influence au Proche-Orient. Néanmoins, il estime qu’«on en est venu à comprendre que rien ne pouvait se faire sans la Russie. On a besoin de cette dernière aussi dans la lutte contre EI, mais aussi dans la conclusion de la paix qui devrait advenir en Syrie. Il faut donc se rapprocher de la Russie.» Et Chrobog d’ajouter: «On a réellement délaissé la Russie dans le passé. Quand on se rappelle de quelle manière la Russie a été traitée. Par exemple, en 2014, Obama avait parlé d’une puissance territoriale, disqualifiant la Russie, et maintenant on a la réponse.» Chrobog pense évidemment à l’influence croissante de Moscou au Proche-Orient.
Visant une coopération avec el-Assad, il estime aussi que ce ne serait pas une trahison des rebelles modérés. «Les rebelles ont été fortement repoussés et ne jouent militairement plus guère de rôle. Il faut aussi se rendre compte de ce qui pourrait se passer en cas du retrait d’el-Assad. Le pays risque beaucoup de se dissoudre, comme ce fut le cas en Libye. Personne ne peut le souhaiter. On a besoin de structures.» On pourrait être rancunier et y ajouter: en avez-vous déjà informé vos alliés à Washington? Mais nous n’allons pas le faire ici.
En revanche, nous signalons un article du quotidien «Frankfurter Allgemeine Zeitung» du 24/9/15 intitulé: «Russland begrüsst Merkels Vorstoss zu Dialog mit Assad» [La ­Russie salue l’intervention de Merkel en faveur du dialogue avec el-Assad.] Et on lit dans l’article: «La Russie a salué la décision de la chancelière fédérale Angela Merkel (CDU) de considérer qu’on devait aussi traiter avec Bachar el-Assad pour en finir avec la guerre. La position de la chancelière rejoint l’attitude de Moscou, dixit le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, face à l’agence de presse Interfax. Il est ‹irréaliste› de vouloir maintenir à l’écart le ‹président légitime› de la Syrie dans la recherche d’une solution au conflit. ‹La déclaration de la chancelière correspond aux affirmations répétées du président Poutine, comme quoi seul le peuple syrien peut décider du sort de la Syrie›».
L’Europe et l’Allemagne se trouvent le dos au mur. Angela Merkel doit le savoir. Des millions de personnes qui vivaient en Syrie fuient maintenant la violence et se rendent en Europe. Les pays de l’UE et l’Europe se trouvent devant un défi incalculable. Continuer de fermer les yeux face aux dangers venant directement, mais aussi indirectement, de l’EI peut causer des conséquences catastrophiques. Jouer avec le feu comme le font des néoconservateurs risque d’incendier toute l’Europe. Donc, la collaboration avec la Russie sert au mieux les intérêts de toute l’Europe. Les nouvelles bombes atomiques placées par les Américains sur la base aérienne de Büchel en Allemagne font tout le contraire.     •

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