Où va l’UE?

Où va l’UE?

km. Après 1990, suite à l’éclatement de l’Union soviétique et du «bloc de l’Est» qu’elle contrôlait, la Communauté européenne (CE) était dans son plein essor. L’«élargissement» et l’«approfondissement», tels étaient les termes officiels, devaient transformer rapidement et simultanément l’ancienne communauté économique formée par quelques Etats européens (en 1990, 12 Etats membres comparé à 28 actuellement) en une Union politique, voire une sorte d’Etat fédéral incluant presque tous les Etats européens.
La réunion des chefs d’Etat et de gouvernement à Maastricht (Pays-Bas), où fut conclu en 1992 le traité de Maastricht pour remplacer les traités de Rome de 1957, en a été le point de départ. On prévoyait de compléter la CE par une union monétaire et politique avec une politique étrangère
et de sécurité commune ainsi qu’une coopération au niveau des politiques intérieure
et judiciaire. Ces trois entités devaient obtenir un toit commun – l’Union européenne (UE).
L’Allemagne, par exemple, modifia en 1993 sa Loi fondamentale en reformulant entièrement son article 23, dans le but de se fondre dans une Union européenne politique. En septembre 1990 déjà, ce pays avait abandonné l’idée de l’Etat-nation souverain en formulant un nouveau préambule de sa Loi fondamentale.
Depuis, les fantasmes et les ambitions hégémoniques se sont envolés. L’Union monétaire et politique s’est révélée être une charge explosive et au plus tard depuis la prétendue «crise grecque», muée en crise de l’euro, tout ce qu’on voyait venir, est devenu évident: l’Union européenne n’est pas formée de membres égaux, créant ainsi des forces centrifuges énormes.
Depuis 2015, ce processus a été fortement accéléré par les flux migratoires. La récente décision des citoyens britanniques de quitter l’UE n’est que le point culminant d’un processus en cours depuis de longues années. L’UE actuelle offre un spectacle désastreux. Ce sont notamment les Etats de l’ancien bloc de l’Est qui se font entendre en exigeant une autre UE.
Selon la «Frankfurter Allgemeine Zeitung» du 9/9/16, le gouvernement polonais envisagerait de modifier les traités européens «pour affaiblir la Commission européenne et renforcer les Etats-nations». La présidente du Conseil des ministres du pays a exigé, que lors du Sommet de l’UE de Bratislava,
il fallait absolument discuter des propositions de réformes de la Pologne. Et la Première ministre d’ajouter qu’elle ne s’exprimait pas seulement au nom de la Pologne mais aussi au nom du «Groupe Višegrad» en entier. En font partie, outre la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie et la Hongrie.
La Première ministre polonaise a déclaré: «Nous voulons que les Parlements nationaux obtiennent une position plus forte et que la Commission européenne cesse de faire de la politique.» Le ministre des Affaires étrangères du pays a ajouté qu’au sein du «groupe de Višegrad», ils s’étaient mis d’accord, «de profiter de la situation post-‹Brexit› pour engager une réforme de l’UE». Le président du parti au pouvoir polonais, Jaroslaw Kaczynski, et le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán avaient, quelques jours plus tôt, argumenté similairement. Lors d’une réunion entre ces deux dirigeants, le Premier ministre Orbán aurait appelé à faire une «contre-révolution culturelle» en Europe.
Personne ne devrait faire un jugement rapide sur ce développement. Le fait que le monstre de l’UE va mal, n’est pas une raison pour se réjouir. Avec le «Brexit», il s’est avéré qu’il y a des forces au travail n’ayant guère le sens des réelles valeurs européennes que sont la liberté et la justice, l’Etat de droit et la démocratie. Même la crise de l’euro n’a jamais été et n’est pas entièrement faite maison. Goldmann Sachs s’en mêle, notamment par le biais de son personnel. La porte tournante entre la grande banque américaine et les principales personnes au sein des institutions de l’UE est constamment en mouvement.
Et encore: l’OTAN n’est-elle pas beaucoup plus dangereuse pour la justice et la paix dans le monde que l’Union européenne? Pourquoi les Etats se rebellant contre l’UE ne mettent-elles pas également l’OTAN en question, dont ils sont tous membres?
Ce ne sont pas des questions rhétoriques. Il faut réfléchir sérieusement à des réponses solides. Comme par exemple, à la question de savoir comment les peuples et les Etats d’Europe veulent vivre ensemble. En novembre 1990, dans l’euphorie de la fin de la guerre froide et alors que l’Union soviétique existait encore, on adopta la Charte de Paris pour tenter de créer une base commune. Tous les Etats membres de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE) [prédécesseur de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) établie en 1995] la signèrent. Cette tentative fut trop vite abandonnée, la «seule puissance au monde» commença à s’étendre et la situation en Europe se dégrada dangereusement. Une Union européenne dans le chaos n’aide en rien.
Pourquoi ne pas revenir à la Charte de Paris, à l’idée d’une «Europe des nations», l’idée d’une «maison commune européenne»? Donc, l’idée d’une Charte pour l’Europe, plaçant tous les pays européens de Lisbonne à Ekaterinbourg sur une même base stabilisée par le droit international, l’esprit d’égalité, de coopération et de solidarité et garantissant à tous les Etats impliqués souveraineté et autodétermination?    •

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