La puissance des radiations faibles

La puissance des radiations faibles

par le Dr Ursula Knirsch, FMH Neurologie et le Dr Thomas Lippmann, FMH Psychiatrie

cf. Cornelia Hesse-Honegger est illustratrice scientifique. Dans les régions soumises aux radiations du monde entier, entre autre en Suisse, elle a mené des recherches sur les insectes montrant des malformations. Elle a illustré ces recherches par des dessins rigoureusement exacts sur le plan scientifique et remarquables sur le plan artistique. Dans son livre, elle développe la thèse selon laquelle de faibles doses de rayons ionisants provenant de centrales nucléaires – et particulièrement les centrales nucléaires émettant jour et nuit des radiations à faible intervalle de doses – présentent un danger pour les humains et l’environnement naturel.
Dans son très instructif ouvrage «La puissance des radiations faibles», Cornelia Hesse-Honegger nous présente une passionnante alliance de l’art et de la science, riche d’informations. Pour l’auteur, le point de départ de cette analyse en profondeur sur les risques de l’exposition prolongée aux rayonnements nucléaires a été la catastrophe du réacteur de Tchernobyl en 1986. Ce livre est donc également une sorte d’autobiographie, celle d’une créatrice d’art engagée, dont l’action en faveur de l’humain et de la nature est devenue une véritable affaire de cœur.
L’auteur a commencé sa solide formation comme illustratrice scientifique à l’Université de Zurich. Elle a ensuite rassemblé durant de nombreuses années, auprès de divers instituts de sciences naturelles, et non des moindres, connaissances et expériences sur les insectes ayant subi des mutations génétiques dues à des toxines ou à des radiations. Au travers de la minutie et du regard aiguisé avec lesquels elle a poursuivi, enfin, sa création artistique, il lui a été possible de découvrir et démontrer clairement l’existence de preuves visibles d’une durable radiation de faible activité dans la nature.
«La puissance des radiations faibles» nous emmène en voyage depuis le domaine de la radiobiologie jusqu’aux punaises des bois – pouvant fonctionner comme des bio-indicateurs, là où les radiations durables ont une action biologique, et ce, définitivement et indépendamment du paradigme des valeurs limites. Il faut prendre ces résultats au sérieux, également (ou justement) parce que l’auteur sait décrire, avec les méthodes presque semblables à celles d’une enquête policière, comment les protagonistes du lobby pro-atome ou les institutions impliquées ont toujours essayé de marginaliser ses propres publications.
En même temps, elle démontre par là comment peut fonctionner le travail scientifique libre de tout intérêt de sponsors et les carences que cela entraine.
On découvre qu’il est possible pour quelqu’un n’ayant jamais eu l’occasion d’étudier la médecine ou d’acquérir des connaissances approfondies en physique ou en biologie, de se faire de façon accessible et en toute exactitude scientifique une juste représentation de la problématique.
Le livre est divisé en trois grandes sections. «L’art en tant que recherche» illustre le début de ce débat en se basant sur les conséquences de Tchernobyl et le début des études utilisant des bio-indicateurs. Le chapitre «Interruption – ‹La vérité est la fille du temps›» introduit des notions comme celles de l’effet Petkau et le caractère problématique des valeurs limites arbitrairement définies. Les avis de critiques de l’énergie nucléaire, ainsi que leurs travaux sont également mentionnés.
Le chapitre le plus important «La contamination radioactive impunie» est consacrée aux sujets suivants: l’extraction d’uranium, les bombes nucléaires, les centrales nucléaires et les déchets radioactifs. Les conséquences de l’extraction d’uranium sur les groupes de population locaux dans diverses régions du monde y sont ainsi examinées. On ne peut manquer de remarquer, dans ce chapitre, les implications directes et immédiates de l’énergie nucléaire et de la production d’armes nucléaires. Les efforts entrepris par certains lobbyistes afin de minimiser les conséquences de la contamination radioactive, que ce soit dans l’expérimentation des armes nucléaires (y compris sur des êtres humains), l’utilisation de bombes atomiques (Hiroshima et Nagasaki), les accidents et les incidents se produisant dans les centrales nucléaires ou les sites de stockage présumés, sont également clairement décrits. L’annexe donne un aperçu très clair des notions physiques. Le chapitre: «Les valeureux», également compris dans l’annexe, est un peu un genre de «Who’s who» des scientifiques, médecins et journalistes ayant abordé de façon critique l’énergie nucléaire et toutes ses facettes. Il devient évident qu’il ne s’agit pas là d’un mouvement issu d’une poignée d’activistes naïfs ou politiquement radicaux, mais de personnalités bien connues aux paroles desquelles nous devrions prêter l’oreille de toute urgence.
Nous terminerons donc cette critique sur une citation d’Ernst Bloch que Cornelia Hesse-Honegger a mis en exergue dans son livre, de toute évidence source de son inspiration: «Nous sommes responsables, non seulement de ce que nous entreprenons, mais encore de ce que nous acceptons sans objection».
Nous souhaitons à ce livre de nombreux lecteurs.     •

Hesse-Honegger, Cornelia. Die Macht der schwachen Strahlung – was uns die Atomindustrie verschweigt. [La puissance des radiations faibles – ce que nous cache l’industrie nucléaire]. Soleure 2016

(Traduction Horizons et débats)

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