Le miracle du développement humain

Le miracle du développement humain

Un plaidoyer pour l’humanisme malheureusement tombé dans l’oubli!

par Moritz Nestor

La couverture du livre «Entwicklungswunder Mensch» de Hans-Dieter Schmidt et Evelyn Richter (1980) nous montre toute la tendresse entre mère et enfant, la menotte d’un petit bébé serrant fortement l’auriculaire de sa maman. Aucun texte. La force d’expression particulière, inhérente aux photos en noir et blanc à gros grains, touche directement l’âme du lecteur.
Y a-t-il un plus beau symbole pour caractériser la dimension profonde de l’humain? Un enfant et sa mère, moi et toi. La scène originelle de la vie humaine: l’amour maternel, l’essence de la vie. L’éternel dans l’histoire humaine: «Une nouvelle lumière s’allume, une étoile, qui peut-être brillera de manière incroyablement belle, … un nouvel être … embrasse la terre …» (p. 5). Le début de la vie humaine est la mère et son amour: «De toi à moi» (p. 86). Voici ce que la pédagogie européenne (Comenius, Erasmus, Rousseau, Pestalozzi, Herder, Schiller, Goethe et tant d’autres) et ce que les écoles de psychologie personnaliste (psychologie individuelle, psychologie du moi, néo-analyse, psychologie moderne du développement, théorie de l’apprentissage social, anthropologie personnaliste et d’autres) soulignent depuis longtemps: Au début de la vie, il y a le lien entre la mère et l’enfant, pas d’impulsions ou d’instincts ou de programme, seulement la relation interpersonnelle du «Toi et moi». De la rencontre amoureuse du nouveau-né avec le toi maternel grandit le moi de l’enfant: du toi au moi.
Alors qu’en République fédérale allemande (RFA) un tsunami provenant de l’Ecole de Francfort, de l’anti-pédagogie, de l’«éducation antiautoritaire», de la cybernétique, du constructivisme et d’autres courants semblables s’est abattu sur les élites intellectuelles, les écoles supérieures, les institutions d’éducation et de formation et la famille en tant que fondement vivant du développement humain commença à se désagréger. La famille garda toute son importance en République démocratique allemande RDA. Cette particularité est confirmée en s’entretenant sans préjugés avec les habitants de l’ancienne RDA: tandis qu’à l’Ouest la famille a été dissoute, elle a survécu à l’Est.
En 1990, un cofondateur du «Nouveau Forum» et ministre du gouvernement Modrow me demanda de lui expliquer l’absurdité des années 68. «Les vociférations pseudo-intellectuelles de ce Dutschke m’ont toujours répugné», disait-il. Il n’arrivait pas à comprendre pourquoi les enfants ayant connu la prospérité voulaient abolir la famille et l’éducation au profit d’une éducation antiautoritaire.
Lorsque j’essayai de lui expliquer que, suite à l’Ecole de Francfort, la famille a été diffamée en tant qu’«agence de socialisation du capitalisme» et «du caractère autoritaire», il me regarda avec de grands yeux et déclara: «C’est totalement farfelu!» Il n’en est pas moins resté bouche bée lorsque j’essayai de lui faire comprendre que le Mouvement de 68 considérait toute autorité comme néfaste. Et lorsque j’essayai de lui expliquer que de nombreux membres des soixante-huitards étaient possédés par l’idée que selon Sigmund Freud l’enfant est dès sa naissance un «pervers polymorphe» et sa mère son premier «objet d’impulsion», là, c’en était trop. A juste titre!
Le livre de Hans-Dieter Schmidt et Evelyn Richter «Entwicklungswunder Mensch» est un témoin merveilleux pour l’immunité de l’intellectuel et du citoyen en RDA et demeure aujourd’hui encore une force pour un grand nombre d’habitants de l’ancienne RDA face aux idéologies occidentales de l’anti-pédagogie et de la lutte contre la famille.
Alors que par exemple les intellectuels d’Allemagne de l’Ouest se trouvant sous l’influence américaine donnent une fausse image de l’être humain, en le qualifiant d’être impulsif et soumis à ses instincts, agissant selon le système de stimulation-réaction, nous lisons dans «Entwicklungswunder Mensch» les surprenantes phrases suivantes – allant à l’encontre du marxisme – de Karl Marx de l’année 1867: «Une araignée fait un travail ressemblant à celui du tisserand et une abeille par la construction des cellules de cire peut faire honte à bon nombre de nos architectes. Ce qui différencie dès le début le plus mauvais architecte de la meilleure abeille est le fait qu’il ait construit la cellule d’abord en pensée, avant de la construire en cire. […] Outre l’effort des organes exécutant le travail, il faut pendant toute la durée du labeur la volonté adéquate s’exprimant par une attention constante […].» (p. 184)

Salutaire dans ce livre est l’inébranlable principe suivant: l’être humain est de par sa nature, un être familial ne pouvant se développer en une personne sociale que grâce à l’amour du père et de la mère. Les parents en tant qu’autorités naturelles et modèles sont les gardiens conducteurs des dispositions sociales de l’enfant: l’observation et l’identification avec les parents permet un «apprentissage donné par l’autorité de l’éducateur». «Tous les éducateurs s’efforcent consciemment ou inconsciemment de s’assurer de cette autorité – ceci par différents moyens. Makarenko s’est penché intensivement sur cette question. Il critique les fausses méthodes de s’assurer de l’autorité: oppression de l’enfant et abus de pouvoir, frime, vantardise et pédanterie mesquine, moralisation prêcheuse, bonté et amour exagérés, copinerie, corruption par des cadeaux et des promesses. Il oppose à ces faux moyens ceux qu’il pense être les bons. Il conseille aux parents:
‹La base essentielle de l’autorité parentale ne peut provenir que de la vie et du travail des parents, de leur image de citoyen, de leur comportement […]. Ils doivent vivre leur vie de manière sincère et réelle, sans efforts spéciaux devant leurs enfants.› […]
Le plaidoyer de Makarenko met en évidence l’autorité vécue spontanée de l’éducateur sincère, ouvert, critique, faisant un travail pratique, s’engageant dans la communauté; cela dénonce toute forme d’autorité vaniteuse et artificielle.
Une telle autorité naturelle réduit le poids de la responsabilité éducative. Elle crée en même temps des conditions pour ressentir le désir de la responsabilité et suite à cela, de puiser des forces pour prendre en charge avec enthousiasme et joie, ainsi qu’avec le sérieux nécessaire, le fardeau du travail éducatif. Cela est rémunérateur: le miracle naturel du développement de l’enfant se joue devant les yeux de l’éducateur, il peut s’en réjouir, il peut l’étudier, il peut être fier de son accomplissement et de son résultat – d’avoir participé au développement d’une personnalité enfantine consciente et sociale.» (p. 246)
C’est sur ces mots que le livre se termine. Ce sont des phrases qui pourraient également être tirées d’ouvrages des représentants de la psychologie personnaliste et de la pédagogie, tombés dans l’oubli après les années 80. Que penser des phrases suivantes du livre: «Dès sa naissance, le nouveau-né est un être social. Il a besoin d’un partenariat et d’interactions humaines et il est biologiquement équipé pour cela. […] Le sourire est la première façon de saluer dont dispose l’enfant! Ainsi, il manifeste ses besoins et ses capacités de communication.  […] le sourire et le rire influencent le partenaire; il ne peut s’empêcher d’être abordable, amical et prêt au contact.» (p. 86s.)
Ce sont également des phrases qui prêtent à réflexion et mettent en garde: peut-être devrions-nous de temps en temps mieux écouter les personnes ayant vécues en RDA et affirmer moins vite, le sourire aux lèvres, que nous venons d’un pays démocratique.
Ce livre, injustement tombé dans l’oubli, est en tout cas un plaidoyer pour l’humanité, pour la famille et pour l’autorité naturelle du père et de la mère en tant que valeurs éternelles. Son importance est telle que nous le répétons: grâce à l’observation et à l’identification avec les parents bien-aimés, «l’enfant apprend naturellement de l’autorité des éducateurs», en tout temps, partout au monde, dans toutes les cultures. La volonté de vouloir dissoudre cela dans une espèce de «nouveau» monde peuplé d’êtres humains à la sauce du «transhumanisme» est un crime violant le perpétuel droit naturel de l’enfant à être éduqué par les premiers semblables de tout être humain: sa mère et son père.    •

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