Un effort collectif pour notre sécurité

Un effort collectif pour notre sécurité

par Pierre-Gabriel Bieri

Le Conseil fédéral envisage un engagement de l’armée pour renforcer le contrôle de la frontière face à la perspective d’un afflux de migrants. Un tel engagement entraînera des inconvénients pour les citoyens et des perturbations dans les entreprises. Il convient de s’y préparer, en considérant que la sécurité d’un pays est une condition essentielle de sa prospérité.

Une réorientation de l’afflux des migrants

L’Europe est confrontée depuis plusieurs mois à l’arrivée d’interminables colonnes de migrants provenant d’Afrique et du Proche-Orient. Après une période de flottement où des dizaines de milliers d’individus ont pu entrer sans qu’on sache qui ils étaient ni d’où ils venaient, plusieurs pays d’Europe centrale et des Balkans ont réagi en barricadant leurs frontières. Le blocage de cette voie d’accès vers l’Allemagne et les pays nordiques incite à penser que les prochaines vagues de migrants chercheront à passer par l’Italie et la Suisse.
Cette perspective, apparemment corroborée par des rapports qualifiés d’«inquiétants», a amené le conseiller fédéral Guy Parmelin, chef du Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS), à envisager un engagement de l’armée aux frontières sud de la Suisse, afin d’appuyer le corps des gardes-frontière et les forces de police. On attend une décision imminente sur la nature et les modalités d’un tel engagement et sur les missions qui y seraient associées; selon la presse, quatre bataillons représentant quelque 4000 soldats ont déjà reçu une lettre indiquant que leur cours de répétition sera déplacé durant l’été.
Cette annonce résonne étrangement à une époque où l’on a pris l’habitude de considérer que plus personne ne nous menace et que l’armée ne sert donc plus à rien. La réalité s’impose pourtant à nous: la paix dans laquelle nous avons vécu depuis septante ans représente une chance extraordinaire, mais pas une situation acquise, et même à l’ère des «cyber-attaques», une armée reste nécessaire pour assurer la maîtrise d’un territoire. Les diverses formes de coopérations internationales peuvent constituer des outils de prévention utiles, mais en cas de crise, les Etats s’empressent de reprendre en main leur sécurité, comme on le voit aujourd’hui en Europe. On a appris récemment que l’Autriche allait elle aussi déployer son armée pour contrôler ses frontières.

Des perturbations pour les citoyens et les entreprises

Pour l’heure, il ne s’agit heureusement pas d’un véritable conflit, et les soldats seront plutôt amenés à canaliser et à filtrer les personnes qui se présenteront afin de s’assurer que chacune est dûment contrôlée et enregistrée, et que leur nombre ne dépasse pas ce que la Suisse peut accepter. Il n’empêche qu’un tel engagement causera des désagréments pour les citoyens qui seront mis à contribution; un certain nombre d’entre eux verront leurs activités privées bouleversées et leurs projets estivaux contrariés.
Le recours à l’armée de milice perturbera aussi l’activité d’un certain nombre d’entreprises, qui devront gérer des absences non planifiées et plus nombreuses que prévu. Le chef du DDPS en est conscient et s’est d’ores et déjà exprimé à ce sujet; la presse s’est également faite l’écho de cette préoccupation.
A ce sujet, et pour remettre les choses dans leurs justes proportions, on peut rappeler que les charges dues aux obligations militaires ont beaucoup diminué au cours des dernières décennies, et qu’elles sont aujourd’hui bien moindre que celles liées à la maladie ou aux congés-maternité – qui ne sont, par définition, pas planifiables. Il est donc permis d’espérer que les entreprises réussiront à faire face aux absences supplémentaires qui surviendront peut-être cet été.

Le prix de la sécurité

Il ne s’agit pas de nier le coût de ces absences, ni les difficultés qu’elles peuvent entraîner. Lorsqu’on lutte constamment et âprement contre la moindre augmentation des charges qui pèsent sur l’économie privée, on sait ce que cela représente. Mais il faut garder à l’esprit que la sécurité et la stabilité d’un pays sont des conditions essentielles de sa prospérité, et qu’à ce titre elles ont forcément un prix. Ce prix, en l’occurrence, s’exprime aussi par des efforts particuliers et par un engagement individuel des citoyens.
Le mieux qu’on puisse faire est encore de s’y préparer. En ce sens, on peut savoir gré à M. Parmelin d’avoir entrepris sans tarder un travail d’information.    •

Source: Centre Patronal, service d’information no 3084 du 19/4/16

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