Médecins pour le respect de la vie

Médecins pour le respect de la vie

Prise de position lors de la Conférence régionale européenne de l’Association médicale mondiale, les 16 et 17 novembre 2017 au Vatican

Malgré les expériences défavorables dans des pays voisins, malgré les expériences fatales de l’histoire allemande et malgré les avertissements de la recherche sur le suicide, on fait de la publicité pour l’euthanasie en parlant de «suicide assisté» et de «mort sur demande».
La discussion menée en public sur la question de savoir si un médecin a le droit d’assister au suicide cause de grands dommages dans l’âme des gens. Par ce débat on remet en cause les bases éthiques élémentaires de notre vie commune. Si on «donne aux médecins traitants l’autorisation de répondre positivement à un désir de mort, la relation entre médecin et patient sera profondément ébranlée.»1
Il est grand temps que nous, les médecins, nous prenions position:
Le niveau moral d’une société civilisée se mesure à la façon de traiter les plus faibles. La protection de la vie est ancrée dans la Convention européenne pour la protection des droits de l’homme et dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948.
La loi suprême des activités médicales est de ne pas nuire aux patients. Le médecin est le protecteur de la vie, il ne doit jamais être un danger pour la vie de ses patients. Le fait d’aider une personne souffrante à se suicider contredit profondément l’éthique médicale et l’humanité individuelle prévalant depuis 2400 ans.
Toute personne psychiquement ou physiquement malade a besoin d’un aide médicale compétente, une véritable attention humaine et la certitude que le médecin fera tout son possible pour la guérir ou bien si ce n’est pas possible, d’atténuer sa souffrance. Le désir d’assistance au suicide ne naît pas en première ligne de la peur des douleurs insupportables, mais de la crainte d’être un fardeau pour les autres, d’être livrée à soi-même, de perdre le contrôle ou de rester toute seule. Les patients exprimant un désir de suicide n’attendent en général pas la provocation de la mort. Le désir d’un suicide assisté reflète dans la grande majorité des cas un appel à l’aide et il est de nature passagère.
Partant de la compréhension médicale-psychiatrique actuelle, le désir de se suicider est dans la plupart des cas le symptôme d’une maladie psychique, et souvent lié à une crise psychosociale. C’est pourquoi la volonté d’un homme suicidaire n’est pas «libre», dans le sens positif du mot; la personne concernée doit plutôt être protégée tant d’une action complètement irréfléchie que des actes de tiers, à savoir l’assistant au suicide.
Aucune justification n’existe pour l’assistance du médecin au suicide d’un patient. Suite au progrès de la médecine et des relations sociales, nous sommes aujourd’hui en mesure de soigner des personnes gravement malades et mourantes de manière à ce qu’elles ne doivent pas souffrir et qu’elles peuvent se sentir en bonnes mains.
C’est dans la nature de l’être humain d’être dépendant de ses semblables à la fin de sa vie. Cela ne comporte aucune restriction de notre autonomie ou de notre autodétermination.
Le suicide assisté part du principe qu’une vie humaine est jugée par un tiers, à savoir l’assistant au suicide, comme une vie n’étant pas digne d’être vécue. Ainsi, on transgresse la limite vers l’euthanasie. L’escalade de l’homicide avec – ou sans – demande du patient existant aux Pays-Bas depuis les années 1990 doit nous servir d’avertissement sérieux.
Le médecin ne souhaitant pas prolonger inutilement la souffrance d’une personne gravement malade et mourante et omettant, réduisant, ou interrompant un acte médical, n’est passible d’aucune sanction. Il a aussi la possibilité de faire un traitement soulageant indiqué même si cela risque involontairement de raccourcir la vie du patient. Vu ces alternatives, personne ne doit craindre qu’en cas d’une grave maladie incurable et menant à une mort certaine la souffrance du patient sera prolongée inutilement. De bons soins palliatifs peuvent également avoir un effet préventif au suicide.
Nous, médecins en Allemagne, avons, suite à notre histoire une obligation particulière de nous engager pour la protection de la vie de nos patients.
Nous nous joignons à la position actuelle de l’Association médicale mondiale (AMM) stipulant, «[…] que l’euthanasie et le suicide médicalement assisté ne sont pas conformes à l’éthique et nous demandons qu’ils soient condamnés par les médecins. Nous demandons urgemment aux médecins de ne pas participer à l’euthanasie, même si le droit national le permet ou le décriminalise dans certaines conditions.» (Dr. Ardis Hoven, président du Conseil de l’AMM)

Ärzte in Ehrfurcht vor dem Leben [Médecins pour le respect de la vie]. 


c/o Dr. med. Susanne Ley,

Postfach 68 02 75, 50705 Köln;

courriel: <link>liga@aerzte-in-ehrfurcht-vor-dem-leben.de; site Internet: <link http: www.aerzte-in-ehrfurcht-vor-dem-leben.de>www.aerzte-in-ehrfurcht-vor-dem-leben.de

 

(Traduction Horizons et débats)

1    Peters, Uwe Henrik. Préface. In: Arbeitsbündnis «Kein assistierter Suizid in Deutschland!» (Hrsg.) Eine Auswahl der Publikationen. Herausgegeben anlässlich des Weltpsychiatriekongresses in Berlin, octobre 2017. Cologne 2017, p. 3

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