L’euro est un cas de crise économique, restant irrésolu à cause du caractère des personnes impliquées. Commençons la psychanalyse avec le ministre des Finances néerlandais Jeroen Dijsselbloem, négociateur en chef des ministres de la zone Euro face à la Grèce. Au cours des années, il avait à plusieurs reprises annoncé un accord définitif des créanciers avec la Grèce, en soutenant des programmes d’aides de dizaines de milliards. Cependant, à peine a-t-il plus été réélu aux Pays-Bas sept semaines en arrière, qu’il a suggéré, que le Sud de la zone Euro avait gaspillé l’argent de l’aide «pour des spiritueux et des femmes». La phrase était plus subtile. Il a dit: «Je ne peux pas dépenser tout mon argent pour des spiritueux et des femmes et exiger de l’aide.» Il y quelques jours, il a cependant à nouveau proposé un fonds monétaire européen pour soutenir les pays du Sud. Aux électeurs, il ne reste qu’à sanctionner de tels politiciens girouettes. Le parti de Dijsselbloem végète maintenant avec 5,7% des voix. Le caractère des sauveteurs allemands de la Grèce et de l’euro ne semble guère plus stable. Le ministre des Finances Schäuble a toujours critiqué les efforts grecs comme étant insuffisants, il a également proposé que «la Grèce s’octroie une pause», c’est-à-dire un retrait passager. Mais à chaque fois, il se plie immédiatement au surmoi de Merkel pour soutenir les programmes d’aide. Devant le Bundestag, il a défendu en août 2015 le paquet actuel de 86 milliards d’euros, parce qu’il présupposait une recette des privatisations de la Grèce s’élevant à 50 milliards d’euros. Ce printemps encore, il veut inciter le Fonds monétaire international à verser de l’argent neuf, bien que pratiquement rien n’ait été privatisé et que même le commissaire de l’UE français Pierre Moscovici a admis que la Grèce n’a réalisé que 2 des 15 réformes promises. La vente d’une grande partie de la société des chemins de fer grecs aux Italiens n’a rapporté que 42 millions d’euros. En 2015 déjà, on pouvait savoir qu’une recette des privatisations de 50 milliards d’euros étaient une folie. Mais, «l’astuce des négociations levantines est entre temps arrivée à Berlin», aurait-on dit autrefois, lorsque le politiquement correct n’était pas encore aussi strict. Ou alors les députés étaient-ils reconnaissants de pouvoir fuir dans leur délire pour rendre leur décision plus rationnelle?
L’automne dernier les autres ministres des Finances ont refoulé la réalité – ils ont à nouveau suspendu les sanctions du Traité de Maastricht envers les déficits beaucoup trop élevés du Portugal, de l’Espagne et de la France. Pas étonnant, le quorum de voix pour de telles sanctions est si élevé que l’ensemble des pays débiteurs peut le bloquer à tout moment.
Finalement, le nouvel ambassadeur de l’UE en Suisse Michael Matthiessen trouve que «l’euro est un succès». Sigmund Freud devrait noter des refoulements violents, des hallucinations et des rationalisations ainsi qu’un lapsus de langue comme celui de Dijsselbloems, portant aujourd’hui le nom de Freud. De telles attitudes sont économiquement désastreuses, parce qu’ainsi une relation honnête avec le problème de l’euro est impossible. Et politiquement elles détruisent le paysage politique des partis, comme au Pays-Bas ou en France.
Cette semaine une nouvelle réalité est apparue. La Grèce a réalisé, après avoir fait quelques économies, un excédent budgétaire de l’Etat de 4,2% du produit intérieur – avant paiement des intérêts. Même si quelques personnes sont encore plutôt sceptiques, l’UE est d’avis qu’un surplus de 1,7% sur toute l’année 2017 est possible. Mais cela veut dire, que la Grèce pourrait quitter la zone euro, arrêter le service de la dette et quand-même vivre aussi bien – ou mal – qu’aujourd’hui. Il ne faut plus d’argent neuf, sans le service de la dette, l’Etat se porte à nouveau lui-même. La pause est élaborée et imaginable. Mais personne n’y pense, pas même les communistes dans le gouvernement grec. On préfère un plan de sauvetage à de nouveaux crédits retournant sans attendre, sous forme d’intérêts, vers le Nord.
L’on réprime aussi la réalité des autres pays débiteurs. En France, en Espagne, au Portugal et en Italie ce sont avant tout les intérêts qui agrandissent le déficit étatique, ils mangent toute la maigre croissance annuelle de l’économie nationale. Tout va aux créanciers, rien pour la création d’emplois. Et on s’étonne qu’avec les intérêts composés les dettes augmentent, que dans le produit intérieur les revenus des capitaux augmentent toujours davantage que la masse salariale de ceux qui travaillent.
Tant les politiciens du Nord que ceux du Sud sont des champions dans l’art d’évincer les problèmes, ils ne comprennent pas la dynamique des intérêts composés, ils ruinent l’Europe. Après les élections de cette année, ou certainement après celles de dans quatre ans, ils ne vont pas atterrir dans des fauteuils ministériels mais dans la poubelle de l’histoire des partis. La postérité va comparer leur aveuglement avec celle de l’Ancien Régime, à celle du tsar, qui a dû le payer il y a exactement cent ans. •
Source: NZZ am Sonntag du 30/4/17; avec l’aimable autorisation de l’auteur
rt. Qui voudrait aujourd’hui, après 30 années de travail salarié comme vendeuse, devoir obtenir sa pension en Grèce ou devoir financer un séjour prolongé à l’hôpital? Les conditions de vie sont devenues insupportables pour de grandes parties des gens, à cause des mesures d’austérité très rigides dictée par la «troïka», composée d’envoyés des institutions de l’UE et du FMI. A cause de l’endettement survenu suite à quelques politiciens et banquiers corrompus, la population doit amortir pendant de longues années des milliards d’euros d’intérêts composés. Les nouveaux «porteurs d’espoir» se sont, comme très souvent, rapidement avéré être corrompus eux aussi.
Entre temps, il est connu, que l’endettement exorbitant du pays a été initié par l’adhésion à l’UE et les consultants de la banque Goldman Sachs. A l’époque, on parlait souvent d’un certain employé de Goldman Sachs – c’était Mario Draghi, l’actuel président de la Banque centrale européenne. Il est consternant de réaliser à quelle vitesse les dettes contractées par le gouvernement grec avant 2010 auprès de banques privées (entre autres Goldman Sachs et Deutsche Bank) ont été répercutées sur les contribuables européens, notamment en Allemagne. Depuis 2012, environ trois quarts des dettes privées des 326 milliards (!) d’euros de dettes, pour lesquels la Grèce doit garantir – cela correspond à 180% du produit intérieur brut du pays –, ont été remis à la Banque centrale européenne et au Mécanisme européen de stabilité (MES) (226 milliards d’euros) ainsi qu’au Fonds monétaire international (13 milliards d’euros).
Des observateurs financiers indépendants avaient déjà proposé au gouvernement grec avant 2010 un allègement de la dette. Aujourd’hui à nouveau, on discute un allègement de la dette (cf. «Neue Zürcher Zeitung» du 8/5/17). Dans le pays même, on espère encaisser un peu plus d’argent grâce au renforcement du tourisme à cause de la situation de guerre au Levant.
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