Paul Hauswirth est un paysan de montagne sur la Mutthöchi dans le canton de Berne. L’exploitation de sa ferme exige pour lui-même et sa famille beaucoup de travail. Ils mènent une vie modeste mais remplie. Brusquement leur existence est menacée de l’extérieur: une initiative populaire exige de fermer l’accès aux régions isolées du canton de Berne pour économiser de l’argent et délocaliser la population. Hauswirth lutte de toutes ses forces contre cette initiative, mais il lui est impossible d’influencer ce destin injuste.
Au début, les paysans de Mutthöchi n’arrivaient pas à croire qu’une pareille injustice puisse être adoptée en votation. Jusqu’à la fin, Paul Hauswirth et sa femme ont lutté contre leur expulsion. Sa femme décède d’un infarctus suite à son chagrin et Paul Hauswirth doit se soumettre à un traitement psychiatrique. Plusieurs lourds destins bouleversants parmi les paysans chassés de leurs fermes sont décrits dans ce roman.
De prime abord, il s’agit de la péréquation financière fédérale et de la répartition cantonale des charges. Au cours du développement du récit apparaissent plus clairement les camps idéologiques cachés ayant mené cette rupture de la solidarité au sein du peuple suisse. On a mis en application une rigoureuse austérité au détriment des paysans de montagne, dont on dit qu’ils sont trop chers et ne rapportent pas assez de taxes. Ils ont été «conseillés» par des «spécialistes dans l’aménagement du territoire» (et des «ingénieurs de l’environnement» n’ayant pas le sens des réalités. En arrière-plan, sans que cela soit clairement explicité, on retrouve l’opposition de certains cercles de personnes à un taux élevé d’autosuffisance agricole au profit de la production agricole industrielle importée de l’extérieur.
Mais il y a aussi les protecteurs de la nature, influencés par l’écologie profonde, se délectant de l’idée d’expulser les paysans des montagnes pour renaturer les terres agricoles soi-disant non rentables afin qu’elles deviennent la nouvelle patrie du loup et du lynx. Ils rêvent de «wilderness» et de «parcs naturels sauvages» – exempts d’êtres humains. Le «frère jumeau» de pareils protecteurs de l’environnement ne tarde pas à faire son apparition: un groupe d’étudiants très doués pour les affaires émanant de la Haute Ecole de Lucerne ayant poursuivi des études de tourisme et d’organisation de grands événements envisagent de lancer des «treckings» et des «formations à la survie» dans ces terres en friche. Une entreprise prévoit de rénover luxueusement les anciennes fermes abandonnées pour les louer à des personnes fortunées: des réserves naturelles privées dans une atmosphère intime unique situées dans une région sauvage pour des clients venant du showbiz’, du monde économique et financier du pays ou de l’étranger et possédant un porte-monnaie bien garni. Furieux un journal gratuit titre: On chasse la population originelle et on fait entrer «quelques riches couillons».
Dans la clinique psychiatrique de Waldau – où Paul Hauswirth a finalement dû être placé après la mort de sa femme et après qu’il ait tiré plusieurs coups autour de lui avec son fusil d’assaut – sa vie reprend un tournant: il rencontre une femme de ménage bosniaque ayant souffert d’un terrible sort lors de la guerre des Balkans. Sa compassion et l’aide de ses petits-enfants le ramènent à la vie. Ce n’est qu’une faible consolation quand certains commentateurs précisent que grâce à l’actuelle Constitution suisse, cette histoire ne pourrait en réalité pas se passer de cette manière. Les dessous idéologiques et politiques de cette votation fictive sont cependant décrits très réellement et marquent durablement la politique quotidienne en Suisse. L’auteur voudrait animer le débat par son récit «Dans quelle direction veut-on mener notre pays?». L’ancien directeur d’école Hans Abplanalp a dédié ce livre à ses six petits enfants. Son message est puissant et direct parce qu’il est écrit en patois bernois. L’enseignant et directeur d’école retraité Hans Abplanalp, né en 1947, possède ce don rare de savoir décrire une telle expérience avec grande compassion et humanité dans les destinées humaines. Il arrive à les présenter avec beaucoup de sensibilité pour que les lectrices et lecteurs de tous âges puissent comprendre les exigeants problèmes décrits. Dans chaque ligne, on ressent l’amour de l’auteur pour la Suisse, sa compassion et sa solidarité avec ceux qui produisent le pain quotidien de leurs propres mains. •
Abplanalp Hans. I gah nid furt. Basel 2016.
ISBN 978-3-7296-0914-3
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