Une fois de plus, le pouvoir prime sur le droit. Le texte ci-dessous a été écrit la veille de l’attaque menée par l’armée américaine contre la Syrie quand se dessinait déjà ce qui allait réellement se produire 24 heures plus tard. Le nouveau président américain s’est donc, lui aussi, décidé à poursuivre la tradition funeste de la politique belliciste des Etats-Unis, en violation du droit international. Reste à savoir ce qui l’a amené à rompre la promesse faite durant sa campagne électorale. La responsabilité et les conséquences potentielles de cette décision n’incombent qu’à lui. Le fait que la campagne de dénigrement contre Donald Trump – ayant prévalue pendant des mois – s’arrête au moment où il a du sang sur les mains et que les va-t’en-guerre états-uniens, tel John McCain et les «leaders» d’autres pays membres de l’OTAN tels le président français et la chancelière allemande se «solidarisent» avec le président américain, est carrément pervers. – Quelle triste «communauté des valeurs» et quel triste état du monde actuel. – Cependant, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit de tout entreprendre pour empêcher une extension de la guerre.
A nouveau, le gouvernement syrien est accusé d’avoir perpétré une attaque au gaz toxique contre la population civile dans un territoire occupé par des «rebelles». Dans la guerre par procuration en Syrie, le public est habitué à être confronté à des inculpations prononcées sans preuves, comme c’est à nouveau le cas dans la situation actuelle.
La question primordiale, est de savoir pourquoi non seulement la grande majorité des médias occidentaux reprennent ces reproches, mais unanimement aussi les dirigeants politiques européens. S’il ne s’agit pas de constater et d’évaluer des faits prouvés, de quoi s’agit-il alors? Pourquoi s’enfoncer à nouveau dans la propagande? Pourquoi ne pas apaiser la situation au lieu de l’aggraver?
Pour apaiser la situation, il aurait été normal d’exiger un examen honnête et approfondi de l’événement sans accusations prématurées. Mais cela n’a pas eu lieu, du moins de la part des dirigeants occidentaux. Le fait que le nouveau gouvernement américain semble se placer à la tête de ce mouvement est alarmant. Il a les moyens militaires d’intervenir massivement en Syrie et contre le gouvernement syrien. Personne ne sait quelles en seraient les conséquences. Il est extrêmement préoccupant pour nous tous d’entendre que le président américain aurait «changé d’attitude envers le chef d’Etat Assad», que le gouvernement syrien ait franchi des «lignes rouges» et que les Etats-Unis agiraient même sans l’accord du Conseil de sécurité de l’ONU, donc en violant le droit international. Il semble évident que les agitateurs et les va-t’en-guerre s’imposent à nouveau à Washington.
Tout le monde sait que dans une situation pareille à celle d’aujourd’hui, où l’on mène une guerre par procuration en Syrie (et pas seulement là), le son des tambours de guerre augmente. Et donc, il va de soi, que la phrase «Dans la guerre, la vérité est la première victime.» gagne en importance. Ce n’est pas une parole abstraite, car pour la Syrie, les preuves sont multiples, à nouveau dans l’ouvrage de Michael Lüders: «Die den Sturm ernten. Wie der Westen Syrien ins Chaos stürzte» (2017, ISBN 978-3-406-70708-3). L’auteur présente les énormes enjeux de la guerre en Syrie, et comment pour les «commanditaires» tous les moyens sont bons pour remporter la victoire – même si elle semblait s’être fortement éloignée. Ces «commanditaires» étaient et demeurent toujours et encore dans des positions dirigeantes aux Etats-Unis et dans les pays alliés.
Un quotidien allemand, la «Landeszeitung» de Lüneburg, – une des rares exceptions parmi les médias – a écrit le 5 avril: «Une attaque au gaz sarin menée contre des positions individuelles des «rebelles» ne rapproche Assad en rien d’une victoire militaire – d’autant moins après le retrait partiel des forces militaires russes. Cependant, le calcul des rebelles pourrait être qu’un crime de guerre incriminé au régime d’Assad pourrait renforcer la détermination de ses adversaires en Occident.» Cela pourrait inciter bon nombre de citoyens à réfléchir.
Cependant: les gouvernements occidentaux ont certainement déjà davantage d’informations, et leur politique n’est influencée ni par les médias ni par les «rebelles» syriens. S’ils se joignent au maître-chanteur, alors on ne peut en tirer qu’une conclusion: Ils veulent la victoire coûte que coûte – et pour cela, il faut relancer la guerre … •
«Il faut peu de choses pour créer et renforcer une image négative d’autrui. Que faire alors? Une réponse possible pourrait être de poser les bonnes questions. Se méfier des déclarations officielles et de suivre les écrits médiatiques de façon critique. Elles illuminent au mieux la partie visible de l’iceberg. La Syrie n’est qu’une des histoires intemporelles traitant d’injustice, de souffrance et des gouffres humains. Pourquoi ne pas renoncer à la logique du pouvoir et de la dominance et de nous penser différemment, en prenant en compte toutes personnes dotées de bonne volonté? Peut-être faut-il réellement un changement de conscience fondamental, une prise de conscience qu’il n’y a pas d’autre choix que de prendre nous-mêmes notre avenir en main.»
Michael Lüders, Die den Sturm ernten. Wie der Westen Syrien ins Chaos stürzte, 2017, p. 169
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