Président Poutine et la Fédération de Russie, Président Trump et les Etats divisés d’Amérique du Nord

Président Poutine et la Fédération de Russie, Président Trump et les Etats divisés d’Amérique du Nord

 

Rencontre présidentielle à Helsinki

par Willy Wimmer

 

«L’élection du président Trump était la tentative d’une majorité des Américains, de relier au sein du système politique l’autorité de l’Etat à la volonté du peuple. Les forces politiques ayant œuvré au cours des trois dernières décennies à l’américanisation du monde sous le couvert de la ‹globalisation› – en allant jusqu’à la libéralisation de la drogue – et à la destruction de l’identité culturelle des peuples, ne vont pas se terrer et laisser faire Trump.»

Lundi 16 juillet 2018, lorsque les deux présidents se rencontrent dans la capitale finlandaise Helsinki, tout observateur attentif peut se faire sa propre opinion au sujet de la rencontre exclusive des deux présidents, se parlant pour la première fois entre eux. En tant qu’observateur, on peut constater que le président russe Poutine, est le plus expérimenté politiquement des deux interlocuteurs. De telles rencontres au sommet sont encore imprégnées d’images de la première guerre froide. A cette époque-là, les deux dirigeants étaient les représentants de blocs antagonistes, se retrouvant face à face et armés jusqu’aux dents. Aujourd’hui cela est complétement différent. Depuis plusieurs années, le président russe Poutine se rapproche en réalité avec une main tendue et ouverte vers les Etats de l’OTAN. Dans la situation crée par président Eltsine, l’Occident avait été trop gâté. Il n’était plus nécessaire de prendre la Russie au sérieux et l’Occident s’y était habitué. Sous le président Poutine cela a fondamentalement changé, et l’Occident en a perdu le nord.

Les problèmes de Trump dans l’approche d’une main tendue vers Poutine

Le président Trump a également des problèmes dans l’approche d’une main tendue vers le représentant russe. Depuis sa nomination, son crédo était la tentative de trouver un accord entre les deux Etats centraux de l’hémisphère nord. Cela n’était acceptable ni pour l’alliance de guerre des démocrates et des républicains de Washington ni pour les alliés européens. A Washington même, tout un seau plein d’immondices politiques disponible fut déversé sur le président Trump, pour l’empêcher de rencontrer le président Poutine. On est même étonné que le président Trump ait pu avoir physiquement la possibilité – vu certains procédés étatiques américains – de voyager à Helsinki.
Les riches satrapes européens vivant aux Etats-Unis ont des problèmes avec le président Trump et sa politique de la main tendue envers son collègue de Moscou. Depuis le président Bill Clinton en passant par le destructeur George W. Bush et jusqu’à Barak Obama, on a accordé à chaque président américain sa «propre guerre». La destruction de grande partie du monde par les Etats-Unis sous ces présidents bellicistes a été acceptée avec un évident applaudissement servile par les alliés européens, sans aucun dépôt de plainte auprès de la Cour pénale internationale de La Haye. Il n’y a qu’à prendre connaissance des statuts de la Cour pénale internationale et des lignes de conduite des présidents américains précités, pour comprendre la dimension de la politique de servilité européenne envers les va-t’en-guerre de Washington. Un exemple type est Angela Merkel, chancelière fédérale allemande, ayant obtenu à Berlin l’étendard des va-t’en-guerre internationaux de la main de Barak Obama dans les derniers jours de sa présidence.

Les Etats européens de l’OTAN refusent-ils l’entente?

Un regard sur cette pratique montre clairement, que ni notre propre pays ni les partenaires en Europe occidentale ne savent que faire d’une perspective d’entente manifeste. Préfèrent-ils des présidents qui, comme signe de leur virilité politique, déclenchent, selon les anciennes traditions bellicistes mondiales, des guerres similaires à celles ayant mené à la Première et la Seconde Guerre mondiale? Il y a beaucoup de questions à adresser aux Etats-Unis et, depuis la réunion de l’OTAN du 12 juillet 2018 à Bruxelles, elles ont été placées à l’ordre du jour international de manière assez dramatique.
La question centrale est celle de savoir au nom de quoi et de qui le président Trump se présente en rencontrant le président russe Poutine. Combien d’Etats unis ou d’Etats divisés existent-ils en Amérique du Nord, et à quoi le monde doit-il penser quand les premières déclarations sur un résultat possible de la conversation atteignent les oreilles des populations du monde? Déjà concernant la personne du président Trump les positions diffèrent. A Helsinki, il veut montrer la politique de la main tendue. Ainsi, on peut aboutir à des résultats, jusqu’à contourner la propre politique de sanctions envers la Russie au dépens des satellites européens. Mais une chose ne colle pas avec le président Trump: lors du sommet de l’OTAN à Bruxelles, il s’est entièrement rallié à la politique d’encerclement de la Fédération de Russie des présidents de Clinton à Obama.

Les objectifs américains envers la Russie poursuivis jusqu’à présent

Les objectifs de la politique visible de Washington envers la Fédération de Russie sont transparents depuis longtemps. Cela consiste notamment
1)    à refuser à la Fédération de Russie une place sur le même pied d’égalité à la table de la famille des peuples européens, car cela pourrait relativiser la dominance anglo-saxonne,
2)    à tout entreprendre pour remettre en doute le pouvoir décisionnel des organes étatiques de la Fédération de Russie dans leur propre pays,
3)    à s’amuser à entreprendre des activités militaires risquées aux frontières de la Fédération de Russie en allant, le cas échéant, jusqu’au déclenchement d’hostilités,
4)    à entreprendre – depuis la conférence de Bratislava de mai 2000 – toutes les actions pour séparer la Fédération de Russie des pays de ses partenaires naturels à l’Ouest par un «limes oriental» et de pratiquer une politique de dissolution du territoire national russe,
5)    à donner carte blanche aux commandants militaires américains en Europe pour préparer, sur les territoires des Etats de l’Europe occidentale, la guerre contre la Russie.

Y a-t-il en haut la politique des «deals» et en dessous une continuation des préparations de guerre?

Ces buts visibles, poursuivis depuis plusieurs décennies par la politique américaine, ont été fermement confirmés une fois de plus lors du sommet de l’OTAN à Bruxelles en préparation de la rencontre d’Helsinki. Ils révèlent très clairement deux lignes d’action de la politique américaine. A l’échelon supérieur, c’est la politique des «deals» avec le président Poutine et à l’échelon inférieur, la politique de préparation de la guerre contre celui, avec lequel on négocie au niveau présidentiel.
Ce ne sont pas seulement deux Amériques qui se présentent. L’observateur étonné constate qu’il y en a davantage. Les discussions internes américaines, ayant conduit à l’abandon de l’accord international avec l’Iran, ont clairement démontré la force du Congrès américain déterminé par les va-t’en-guerre. Trump a-t-il vraiment les pleins pouvoirs pour Helsinki?

Auto-démantèlement des Etats-Unis?

Maintenant déjà le monde observe en étant surpris comment divers éléments du système étatique américain assaillent au moyen d’inculpations de citoyens russes. En analysant lucidement les combats entre New York et Los Angeles, on constate qu’il y a une chose non-réglée: dans tous les efforts de Washington de mettre à plat la Russie pour créer beaucoup de petites Russies, il se pourrait que l’auto-démantèlement des Etats-Unis se profile encore plus nettement à l’horizon. Cela est valable tant pour la dimension constitutionnelle que pour les composants éthiques ou pertinents en faveur une guerre civile.

Washington se transforme-t-elle en «étoile noire» politique?

Combien d’Etats ou de centres de pouvoir sur le territoire actuel des Etats-Unis supporte le monde, et «Washington» se transforme-t-elle en «étoile noire» politique? L’élection du président Trump était la tentative d’une majorité des Américains, de relier au sein du système politique l’autorité de l’Etat à la volonté du peuple. Les forces politiques ayant œuvré au cours des trois dernières décennies à l’américanisation du monde sous le couvert de la «globalisation» – en allant jusqu’à la libéralisation de la drogue – et à la destruction de l’identité culturelle des peuples, ne vont pas se terrer et laisser faire Trump. La réunion des ennemis milliardaires de Trump immédiatement après l’élection présidentielle l’a démontré clairement. L’ancien directeur de la planification du ministère allemand des Affaires étrangères Frank Elbe a signalé dans un texte public inhabituellement détaillé, quelles sont aux Etats-Unis les forces politiques qui se servent de l’appareil du pouvoir des USA, pour atteindre finalement un retour politique sur le territoire de l’Etat que leurs ancêtres avaient quitté il y a plus qu’un siècle. Le président Poutine ferait bien d’avoir cela en tête, quand il rencontrera son collègue, le président Trump.     •
(Traduction Horizons et débats)

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