«L’UE se comporte comme une agence chargée de défendre des intérêts globaux financiers et de pouvoir»

«L’UE se comporte comme une agence chargée de défendre des intérêts globaux financiers et de pouvoir»

par Dieter Sprock

«Après la prise de contrôle par Bruxelles, le marché de l’électricité dans l’UE a été ‹libéralisé›; il a été ‹libéré› des réglementations étatiques puis ouvert aux marchés financiers internationaux. ‹Le commerce de l’électricité en expansion est entretemps tout aussi discrédité que les marchés financiers.›»

L’UE aime son rôle de défenseur de la liberté. Elle ne se lasse jamais de vanter ses quatre «libertés fondamentales» comme fondement de sa «communauté de valeurs» et de la démocratie en général. La libre circulation des biens, des personnes, des services et des capitaux est le meilleur moyen d’atteindre la prospérité, la liberté et la démocratie partout dans le monde, aucun Etat ne doit protéger le «libre-échange» de la concurrence étrangère par des lois et des mesures visant à protéger sa propre économie, et il n’y a aucune alternative à cela, tel est leur credo! Mais à qui profitent réellement ces libertés? Et à quoi ressemble la réalité aujourd’hui?

L’accord sur l’électricité entre la Suisse et l’UE – un exemple

Pour illustrer la réalité, un exemple émanant du domaine du commerce de l’électricité est approprié: l’électricité pouvait être échangée librement en Europe jusqu’en 2009. En 1951, des responsables des exploitants de centrales électriques et des délégués des ministères de sept pays européens se sont réunis pour former l’Union pour la coordination de la production et du transport de l’électricité (UCPTE). «Bien avant que l’on ait cru devoir diriger l’Europe de façon centraliste depuis Bruxelles, l’UCPTE a visé et réalisé le regroupement des réseaux électriques européens en un réseau interconnecté dans le cadre d’une coopération libre et volontaire sous les aspects de fiabilité, de sécurité et de rentabilité de l’approvisionnement électrique», a écrit Ernst Pauli dans Horizons et débats n° 16 du 6/5/2013 [<link file:1006 _blank pdf seite:>HD_16_2013_page_1.pdf]. Le travail était porté par un sérieux sens de la responsabilité, une confiance mutuelle et une coopération, sans recherche du profit et il était exempt de contraintes politiques.
Après la prise de contrôle par Bruxelles, le marché de l’électricité dans l’UE a été «libéralisé»; il a été «libéré» des réglementations étatiques puis ouvert aux marchés financiers internationaux. «Le commerce de l’électricité en expansion est entretemps tout aussi discrédité que les marchés financiers», écrit Pauli. Le volume d’électricité «commercialisé» est 10 fois plus élevé que la quantité de l’électricité physiquement disponible. «Selon la progression de l’ouverture du marché, un kilowattheure change de mains jusqu’à dix fois lors de sa transition de la production au consommateur final en passant par le transport. Les banques, les fonds spéculatifs et d’autres concurrents extérieurs à l’industrie se lancent de plus en plus dans le secteur de l’électricité.»
Actuellement, l’UE subordonne la conclusion d’un accord sur l’électricité avec la Suisse à la signature d’un accord-cadre institutionnel par lequel la Suisse s’engagerait à adopter automatiquement la législation européenne actuelle et future. Une telle exigence est non seulement antidémocratique, mais aussi incompatible avec la Constitution fédérale suisse.
L’accord sur l’électricité sert exclusivement à ouvrir le marché suisse de l’électricité aux fournisseurs internationaux et non à garantir l’approvisionnement en électricité. Au contraire, le droit de l’UE permet aux investisseurs de toutes sortes d’acheter et de fermer en Suisse de petites centrales électriques régionales cofinancées par les cantons et les communes, ce qui accroîtrait considérablement la dépendance du pays face à l’étranger. Pour garantir la sécurité de l’approvisionnement en électricité il nous faut des spécialistes – techniciens et ingénieurs – et non des contrats «léonins» à motivation politique.

Promesse et réalité

L’UE se comporte comme une agence chargée de défendre des intérêts globaux dans les domaines de la finance et du pouvoir. Toute personne ou groupe exprimant des critiques est dénigré comme opposant à la liberté et à la démocratie et, en règle générale, catalogué d’extrémiste de droite. Les pays osant s’écarter de la voie strictement néolibérale sont soumis à des sanctions. La liberté s’arrête là où la liberté des marchés financiers pourrait être entravée.
La prospérité promise se limite aux pays riches, et même là, l’écart entre les riches et les pauvres se creuse constamment.
La démocratie souffre de l’intolérance des bureaucrates administratifs d’option néolibérale, fortement soutenus dans leur intolérance par les médias et les marchés financiers.

La bonne nouvelle

L’ordre mondial néolibéral a été créé par des êtres humains et peut donc aussi être modifié par eux. Il n’est pas sans alternative.     •

(Traduction Horizons et débats)

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