Au-delà de la classe moyenne, la mondialisation menace aussi la liberté et la démocratie

Au-delà de la classe moyenne, la mondialisation menace aussi la liberté et la démocratie

par Eberhard Hamer*

L’ordre de bataille politique commence à changer dans de nombreux médias. Jusqu’à récemment la «gauche» représentait le bon et la «droite» représentait le mauvais, donc la politique du socialisme et de la redistribution ciblait les traditionalistes et la classe moyenne possédante. Actuellement, cette opposition idéologique a été en grande partie dissoute, suite au rapprochement des partis bourgeois «de droite» et des partis socialistes de gauche tant en Allemagne que dans d’autres pays. En effet, il n’y a plus guère de différence idéologique entre le CDU de Mme Merkel et le SPD. Etre «de droite» est actuellement tant diffamé que nul n’ose se déclarer «de droite». Tous les partis affichent à peu près la même politique, même si c’est à degré variable.
Au cours des dernières années est apparue la nouvelle idéologie politique de la globalisation. C’est la «société» ouverte au monde, promue par les fondations Soros disséminées partout dans le monde, avec un budget de 34 milliards de dollars et favorisant les quatre fameuses libertés des mondialistes: la liberté de la circulation des capitaux, des biens, des services et de la main-d’œuvre.
Déjà au moment de la création de l’Union européenne au début des années 1990 c’était avant tout la création de la zone Euro en tant que zone de libre circulation des capitaux en Europe, ainsi que l’abolition des taxes douanières et des entraves commerciales, qui étaient envisagées. Au début du nouveau millénaire, la quasi-liberté des services fut ajoutée. Le dernier domaine à conquérir par les mondialistes est la liberté de la main-d’œuvre et des systèmes sociaux. Tous ceux qui s’y opposent, pour préserver l’Etat de droit souverain, démocratique et social, sont étiquetés par eux de «populistes».
L’Union européenne a toujours été un projet du syndicat financier atlantiste. Notamment M. Brzezinski, ancien conseiller de plusieurs présidents des Etats-Unis et très actif pendant de longues années, a toujours insisté sur le point que l’empire du dollar et la dominance mondiale américaine n’étaient garantis que si les Etats-Unis dominaient également l’Europe. Pour cela, les Etats-Unis doivent avant tout maintenir l’Allemagne, en tant qu’Etat central de l’Europe, dans un statut de colonie, comme depuis la fin de la guerre. Il considérait que les Etats-Unis pouvaient dominer plus facilement une union des pays européens, avec un polit-bureau centralisé, composé de commissaires nominés et non élus, que 27 Etats individuels. En outre, les Etats-Unis s’étaient chargés d’intégrer ces Etats dans l’OTAN, également dominée par eux.
L’UE a donc toujours été un projet des élites, jamais celui des citoyens. C’est pourquoi l’UE a été conçue dès le début comme structure étatique centralisée et anti-démocratique, destinée à dissoudre les nations. Ainsi, fut formulé le Traité de Lisbonne et c’est ce que défend la grande majorité des Atlantistes européens.
Ce projet des élites correspond à une Union européenne érigée en faveur du syndicat financier et des multinationales. Cela s’est avéré lors de la crise de l’euro, quand les citoyens européens ont dû «sauver» les banques en mal de spéculation, avec 600 milliards d’euros. On l’a vu aussi lorsque la Banque centrale européenne (BCE) a assumé la dette des nations de 2,6 billions d’euros et également lors de l’augmentation de la dette TARGET d’un autre billion d’euros et de la politique à taux zéro, qui a couté 60 milliards d’euros aux seuls épargnants allemands.
La politique globalisée du syndicat financier mondial, dans le monde et en Europe, ne sert que lui-même, le grand capital et l’empire du dollar. Il ne sert pas les peuples, les citoyens, les électeurs, auxquels cette élite extorque les richesses sans aucune pudeur.
On avait «vendu» aux citoyens européens l’unification de l’Europe et l’euro comme «programme pour la paix». Cependant, en observant le conflit couvant depuis des décennies entre la Grèce et la Turquie, on réalise que même des pays contractuellement soumis à l’OTAN ne peuvent être empêchés de se faire la guerre.
Abstraction faite des régulations centralistes débordantes, il n’y que la libre circulation des biens et des services qui sont encore supportables pour la classe moyenne et pour les citoyens. La libre circulation des capitaux gérée par les banques du syndicat financier a créé la plus grande servitude de dettes étatiques de l’histoire et des quantités astronomiques de produits financiers pourris, comme par exemple les dérivés. Les médias, téléguidés par le syndicat financier mondial, ont su la dissimuler, ou alors la «vendre» comme de la solidarité «sans alternative», à l’instar du dit «sauvetage» de l’euro et de la Grèce.
En réalité, ces manipulations financières ont été effectuées au détriment des citoyens et de la classe moyenne – le plus souvent de manière peu manifeste, mais en tant qu’explosif pour l’avenir. Suite à l’augmentation effrénée de la masse monétaire par les banques centrales, la classe moyenne, tout comme le reste de l’économie, vit une prospérité économique illusoire. Jamais la classe moyenne n’a été aussi nombreuse qu’à l’heure actuelle (47% de la population), jamais elle n’a prospéré autant qu’aujourd’hui. Cependant, elle n’a également jamais été exploitée de façon aussi éhontée qu’aujourd’hui à l’aide de taxes et les charges sociales pour subventionner les multinationales et les prestations sociales (plus de 60%). Jamais encore la classe moyenne a été tant manipulée politiquement qu’aujourd’hui: elle n’a pas seulement accepté politiquement sa propre exploitation suite aux taux zéro des intérêts, à la responsabilité de l’endettement de la zone Euro, au «sauvetage» de l’euro, aux paiements pour les banques en mal de spéculation et pour des pays surendettés, mais elle a en outre confirmé cette exploitation en donnant sa voix d’électeurs aux malfaiteurs.
Ce centre politique et social de la société qu’est la classe moyenne a traditionnellement été porteur des dites «vertus prussiennes», de la responsabilité individuelle et de la responsabilité solidaire pour le peuple tout entier. Cette classe moyenne n’a pas seulement donné naissance à la démocratie, mais également, il y a 150 ans, à l’idée nationale liée à la responsabilité commune pour la famille, les communautés, le peuple avec sa culture, sa langue et sa foi communes. C’était l’idée de base de toutes les structures démocratiques, donc la souveraineté et la responsabilité pour tout le peuple.
Cette responsabilité a toujours été une caractéristique principale de la classe moyenne. Ainsi, c’était toujours la classe moyenne bourgeoise qui a lutté pour la démocratie et celle-ci n’est restée vivante que si cette classe moyenne bourgeoise est restée suffisamment forte pour la soutenir.
Il y a plus qu’un clivage entre la classe moyenne d’une part et la finance mondialiste et les multinationales d’autre part. C’est une véritable opposition: la classe moyenne est enracinée dans sa région, elle est nationale et étroitement liée à la population. Les entreprises familiales sont des entreprises de personnes travaillant avec des personnes pour des personnes.
Le capital, par contre, ne connaît ni patrie et ni loyauté. Pour des sociétés de capitaux, les collaborateurs sont finalement des facteurs de production.
Pour ces raisons, la lutte de la finance mondialiste et des multinationales en faveur de la globalisation est une lutte contre la souveraineté des peuples, contre leurs particularités, contre toutes les mentalités et institutions nationales limitant leur prétention au pouvoir global «libéré» de toutes règles.
On reconnaît facilement cette opposition en comparant l’Angleterre et la Suisse. En Angleterre – dans la City de Londres exonérée d’impôts –, le capital international règne au niveau économique, social et politique. En Suisse par contre, les citoyens ont su conserver des droits de codécision et participation dans un système de démocratie directe. L’Angleterre est gouvernée et exploitée selon la volonté de la haute finance, en Suisse par contre, la volonté du citoyen est l’instance suprême, située au-dessus du capital.
L’Angleterre possède un système capitaliste-mondialiste, la Suisse un système de démocratie directe.
En Allemagne et en Europe, nous sommes également pris dans cette lutte. Le rêve pieux d’une véritable démocratie dont nous rêvions après la guerre, a de plus en plus disparu. Nous sommes gouvernés de manière toujours plus centralisée, contrôlés, gérés, déresponsabilisés. Le fait que les contestataires de cette perte de véritable démocratie soient aujourd’hui catalogués de «populistes» et donc discrédités montre que les courants dominants des médias et de l’opinion publique sont déjà programmés de manière antidémocratique.
Prenons l’exemple de M. Macron: lorsque les partis traditionnels en France ont été menacés de perdre face au mouvement national Le Pen, la haute finance anglo-saxonne a, en soudoyant les médias et la politique avec des milliards, hissé au pouvoir un de ses employés de Goldman Sachs pour en faire le nouveau sauveur de la France en achetant ainsi la responsabilité politique. Il a donc rapidement servi la haute finance internationale avec des cadeaux fiscaux. Le plan pour lequel il a été installé est d’assainir les banques françaises endettées de la haute finance avec de l’argent européen en transférant la souveraineté financière de tous les pays de la zone euro à un bureau central de l’UE et à un ministre des finances de l’UE, donc d’introduire pratiquement une dictature financière européenne au lieu de la souveraineté financière décentralisée.
La centralisation de la souveraineté financière des pays vers l’UE signifierait que les dettes des banques spéculatives et des Etats en faillite pourraient être compensées par les actifs de l’Allemagne – au grand avantage des banques spéculatives de la haute finance et des pays surendettés du sud de l’Europe, mais au détriment de l’Allemagne, de son économie et des contribuables. Toutefois, les gagnants ne sont pas seulement les Etats débiteurs et les banques soulagés de leurs charges, mais surtout la haute finance dans son ensemble, qui, avec une nouvelle orgie de la dette basée sur l’évolution de la dette totale de l’UE, gagne à nouveau 10 ans pour poursuivre son système de servitude par l’endettement en Europe.
Ainsi, le capital mondial achète le pouvoir en Europe et dans le monde, façonnant la politique financière à son avantage et au détriment des nations, de la démocratie et de la classe moyenne laborieuse, qui doit finalement payer pour les avantages financiers et fiscaux de la haute finance internationale.    •

* Eberhard Hamer est un économiste allemand. Après des études d’économie nationale, de théologie et de droit, il a travaillé en tant qu’avocat dans une entreprise. Plus tard, il a obtenu la chaire de politique financière et économique de la Haute Ecole de Bielefeld, où il a enseigné jusqu’à sa retraite en 1994. Dans les années 1970, il a fondé le «Mittelstandsinstitut Niedersachsen» à Hanovre. Hamer est auteur et éditeur de nombreux livres, entre autres «Was tun, wenn der Crash kommt? Wie sichere ich mein Vermögen oder Unternehmen?» [Que faire, quand le crash arrivera? Comment puis-je protéger ma fortune ou mon entreprise?] (10e édition 2008).

(Traduction Horizons et débats)

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