Les bons offices: un excellent instrument de politique extérieure pour la Suisse

Les bons offices: un excellent instrument de politique extérieure pour la Suisse

Interview de Toni Frisch* accordée à Ivana Pribakovic (Radio SRF)

mw. «Les bons offices de la Suisse reposent sur une longue tradition et jouent un rôle clé dans sa politique de paix. Du fait qu’elle ne soit rattachée à aucune grande puissance et qu’elle ne dispose pas d’agenda caché, la Suisse peut établir des ponts là ou d’autres acteurs sont bloqués.» (Département fédéral des Affaires étrangères DFAE, bons offices)
On ne peut pas mieux expliquer l’obligation humanitaire de la Suisse neutre dans le monde. Le diplomate suisse et vice-président de la Croix-Rouge suisse Toni Frisch révèle dans l’interview accordée à la Radio SRF les multiples possibilités de la Suisse de s’engager dans le cadre des bons offices. Il décrit de manière impressionnante son engagement d’une durée de trois ans en Ukraine en tant que chargé d’affaire de l’OSCE ayant mené fin décembre 2017 à l’échange de 380 prisonniers entre Kiev et l’Ukraine orientale. Fait particulièrement bienfaisant pour tout actuel consommateur des médias: Toni Frisch ne participe pas à l’aveuglement de l’interprétation occidentale, car il affirme clairement: il faut contester le comportement réciproque des acteurs des deux côtés de la ligne de contact, là, je ne faits pas de différence.
Pour les temps à venir, il y a pour Toni Frisch d’autres négociations en attente en vue d’arriver à des solutions constructives dans l’Ukraine. Pour mieux garantir l’approvisionnement de la population et pour résoudre d’autres problèmes quotidiens, il faut notamment aspirer à un cessez-le-feu rapide.


Radio SRF: Comment se sont déroulés les échanges? Qui avait quels prisonniers?

Toni Frisch: Nous avons commencé début mai 2015. Au cours des premiers 15 mois, nous avons échangé environ 160 prisonniers en petits groupes. Mais en même temps nous avons préparé un grand échange dans le but de libérer enfin la plupart des prisonniers. Cet échange a eu lieu le 27 décembre 2017 et s’est déroulé de manière étonnement simple. Bien sûr qu’il a fallu des travaux logistiques préliminaires, car il fallait rassembler les prisonniers du pays entier. Cela a bien fonctionné. Mais auparavant ce fut un travail difficile et pénible. Tous les 15 jours, nous avons discuté les listes au cours des négociations à Minsk: où se trouve quel prisonnier? Est-il vraiment prisonnier ou est-il porté disparu? Est-il éventuellement mort? Se trouve-t-il vraiment dans la prison supposée? Pour ces clarifications, nous étions un grand groupe, tout un réseau, très engagé.

Saviez-vous sous quelles conditions les prisonniers vivaient?

J’ai pu visiter une première fois des prisonniers à l’Est, à Donetsk et Lugansk, en octobre 2016, puis à nouveau en août et octobre 2017. Ainsi, j’ai pu voir que la situation avait un peu changé. J’ai pu me rendre compte des conditions prévalant dans les prisons des deux côtés. J’ai aussi eu plusieurs fois l’occasion de parler, à Donetsk, Lugansk et en Ukraine avec les membres des familles de prisonniers. C’est pourquoi je sais exactement quelles étaient les conditions de vie des prisonniers. On avait toujours l’impression que les prisonniers à l’Est étaient probablement plus mal lotis qu’à l’Ouest: on se dit que l’Ukraine est un Etat de droit, et que de l’autre côté il s’agit des séparatistes ou des terroristes. Mais cela n’est pas correct. Car il faut être conscient du fait que trois ans auparavant, les deux parties actuelles formaient un seul et unique pays, les prisons étaient soumises aux mêmes lois et à la même organisation. On ne peut donc pas s’attendre à ce que d’un jour à l’autre, les prisons aient des conditions complètement différentes. C’est pourquoi j’ai toujours résumé pour ne pas provoquer: dans l’essentiel les conditions sont similaires des deux côtés. Bien sûr que les conditions sont différentes de celles prévalant en Suisse. Ces gens ont aussi un passé différent, et il faut savoir où ils ont vécu auparavant, par exemple dans une datcha, avec ou sans électricité, avec ou sans eau courante. Ils n’ont donc pas non plus les mêmes exigences que celles que nous pensons devoir remplir.

Les prisonniers ont-ils été déférés devant la justice? Ont-ils été jugés?

C’était très différent. A l’Est, à Donezk et Lugansk, cela se passait de manière assez simple: les gens faits prisonnier l’arme à la main, donc des soldats, luttant contre leur régime de séparatistes, étaient emprisonnés sans procès. On les a retenus aussi en tant que gage pour négocier la libération de ses propres hommes. En Ukraine, c’est beaucoup plus compliqué. Maintenant encore, certains prisonniers n’ont pas encore été libérés, mais quand même la plupart. Là, certains avaient subi une enquête préliminaire ou une enquête, en partie ils venaient juste d’être condamnés, sans avoir commencé à purger leur peine. D’autres avaient déjà commencé à purger leur peine ou avait, après deux ou trois ans terminé de la purger. Il y avait donc beaucoup de situations juridiques différentes. Certains étaient condamnés ou accusés de crimes de guerre, mais les preuves n’étaient pas si claires ce que l’autre partie remettait en question. Donc une situation juridique très compliquée. […]

Vous venez de dire qu’il y a encore davantage de prisonniers. De quels types de personnes s’agit-il là et combien sont-ils?

Il s’agit là de personnes, dont on ne sait pas à quelle catégorie elles appartiennent. Ce sont des cas juridiques peu clairs et il faut donc davantage de temps pour clarifier chaque cas particulier. Les moulins tournent parfois très lentement, cela dure un certain temps, mais je pense que nous pourrons faire, pour les 100 à 150 cas restants, un autre tour dans quelques mois. J’espère vivement que tous seront libérés avant la fin de cette année.

Quelles furent les difficultés pour arriver à cette percée?

[…] Je me suis rendu plus de 70 fois à Minsk. Des deux côtés, le ton était souvent agressif et venimeux. Nous étions confrontés à de fortes émotions, de manière qu’on ne pouvait que difficilement arriver à un résultat constructif. J’avais l’impression que les participants ne voulaient pas de solution, qu’ils cherchaient les problèmes. Ils renvoyaient toute la charge à l’autre partie, eux-mêmes étaient alors les victimes. Cela se faisait de la même façon des deux côtés, là, je ne fais pas de différence.

Vous avez beaucoup d’expérience en tant que négociateur, dans les questions diplomatiques. […] Que faites-vous dans une situation où le ton monte?

Parfois, je fais tape très fort sur une bouteille, s’il le faut. Je possède également une voix sonore – dans la plupart des cas, j’arrive assez bien à m’imposer. Il m’est déjà arrivé de dire au traducteur: stop, je ne veux pas entendre cela, arrêtez, ne continuez plus de traduire! Parfois, il faut être rigoureux.

A quel point pouvez-vous exercer de la pression en tant que diplomate?

Cela dépend de la quantité de pression que les autres acceptent. Théoriquement aucune, mais il faut essayer de motiver, de convaincre. […] Ainsi, cela a fonctionné dans certains cas et on est arrivé à une solution. Cependant, trop souvent, tout, vraiment tout est constamment politisé, mêmes les questions techniques les plus neutres, celles qu’on pourrait facilement résoudre lors d’un entretien informel. Tout a été politisé.

Pourriez-vous illustrer cela par un exemple?

Aux passages de l’Ukraine vers Louhansk, par exemple, on se reprochait mutuellement d’être responsables de la fermeture des passages. Il était évident que les deux parties ne voulaient pas s’entendre. Si la volonté politique pour trouver une solution fait défaut, la situation reste bloquée.
Cela se montre également dans d’autres situations. [Par exemple, la tuberculose sévissant en Ukraine orientale fut longtemps dissimulée. Aussitôt que le problème fut mis à l’ordre du jour, la Suisse put fournir d’importants appareils de diagnostic. Ou bien des problèmes environnementaux liés aux sites de décharges dangereuses dans les mines à charbon désaffectées, contenant éventuellement du matériel radioactif, ce que les deux parties niaient.]

Comment faut-il s’imaginer votre travail? Etiez-vous avant tout à Minsk pour les négociations ou bien étiez-vous également au front aussi, sur la «ligne de contact», comme on l’appelle?

Les deux, mais ma mission principale est à Minsk. Là où ont lieu les négations, tous les problèmes sont déposés sur la table commune du groupe de travail «questions humanitaires» que je coordonne. Cela dit, mon principe a toujours été – déjà du temps de mon travail pour la DDC [Direction du développement et de la coopération] ou en tant que chef du Corps suisse de l’aide humanitaire [CSA] – de me rendre personnellement sur les lieux, où les problèmes étaient les plus importants, les plus difficiles pour évaluer la situation sur place. Je fus le premier de tous à me rendre à l’Est, jusqu’à présent je me suis rendu six fois à Donetsk et à Louhansk, mais également en Ukraine, donc des deux côtés de la ligne de contact. J’y ai mené des entretiens et visité des prisions ; mais également des hôpitaux, des homes pour enfants et des orphelinats pour identifier les plus sérieux problèmes humanitaires.

Et où sont-ils?

D’abord à l’Est, à l’est de la ligne de contact, en principe dans la zone de la ligne de contact, dans une zone de 5 à 10 km. Celle-ci est peuplée de quelques centaines de milliers de personnes très mal desservies à cause de la situation de conflit. L’accès à l’aide humanitaire, au CICR, à l’ONU ou aux actions bilatérales, par exemple de la Suisse n’est guère possible ou alors que brièvement ou que de manière très risquée. Il faut aussi se protéger, car il arrive également que des soignants ou des équipes de remise en état de l’alimentation en eau se fassent tirer dessus. Un autre grand danger est les vastes terrains minés, des deux côtés de la ligne de contact. Et quand celle-ci se déplace, de nouveaux terrains sont minés et plus personne ne sait en détail où se trouvent les mines. Cela va nous causer à l’avenir de gros problèmes, cela prendra des années pour déminer tous ces terrains. Donc, pour répondre à votre question, les plus grands problèmes se situent dans la zone de la ligne de contact ou à l’Est de celle-ci.

En lisant les journaux – ils sont publiés à la gouttière, ces temps-ci – j’ai l’impression que les parties sont très proches l’une de l’autre, qu’il n’a que très peu de mouvement et que rien ne change. Cette impression est-elle justifiée?

Vous parlez de la ligne de contact?

Oui, c’est ça.

Vous avez raison, c’est ainsi. On peut comparer la situation avec le font occidental en France, il y a cent ans, où les Allemands étaient à portée de voix des Français et des Anglais, et ils se tiraient dessus de leurs tranchées respectives. C’est pareil tout le long de la ligne de contact, il s’agit, là aussi, d’une guerre dénuée de tout sens. On continue des tirs d’artillerie ou de blindés ou d’armes légères, mais le front, la ligne de contact, reste pratiquement inchangée.
Malgré ces conditions difficiles et le gros travail que vous aviez à accomplir, vous avez réussi à libérer 380 prisonniers. Comment cela a-t-il été possible?
Ne jamais abandonner, ne jamais démordre, toujours insister à nouveau. En outre, toutes les parties disaient: Nous voulons cet échange; c’est vous qui ne voulez pas! Mais chaque fois que les choses devinrent concrètes, on inventait ou «découvrait» trois nouveaux problèmes. On ne savait souvent pas s’ils existaient vraiment. Concernant les réalités, il faut savoir se montrer généreux. Il faut constamment faire appel à la raison, à l’humanité, aux principes humanitaires, citer les exemples d’autres familles dont les deux parties ont déjà entendu parler. Citer les parents, les frères et sœurs qui nous imploraient de tout faire pour que leurs proches soient remis en liberté. Mais je ne pouvais pas contraindre mes interlocuteurs à participer à l’échange, il s’agissait d’aider à trouver des voies, d’aider à résoudre des problèmes concrets sur le plan technique ou organisationnel, d’analyser, d’expliquer et de finalement créer les conditions permettant aux deux parties de dire: Maintenant, nous sommes d’accord. Et après, il fallait la volonté politique, en partie en faisant pression de l’extérieur, de la part de l’Allemagne et de la France en tant que membres du groupe de contact, pour que finalement Porochenko et Poutine, à l’échelon suprême, se déclarent prêts à accepter cet échange.
Et au sujet de la liste que nous avions dressée, dans un travail méticuleux pendant des mois, Poutine a dit: D’accord, maintenant nous acceptons cet échange, on le fait avant la fin de 2017. C’est cela qu’il faut: la volonté politique au niveau suprême.

Egon Bahr, le compagnon politique défunt de Willy Brandt, a déclaré dans l’émission «Tagesgespräch» de la Radio SRF que le succès des négociations dépendait finalement très concrètement des personnes assises à la table, le contact direct, la «chimie», la confiance que son vis-à-vis tiendra parole. Le ressentez-vous également ainsi?

Oui, en principe c’est certainement vrai. Mais il faut également savoir manier l’éventualité que tous ne tiennent pas toujours leur parole ou qu’ils n’ont pas la même manière de voir la réalité que moi. Il se peut que ce soit la méfiance qui prédomine et pas la confiance. Je constate très peu de confiance: Souvent, je décris cela en disant que c’est moins un processus de paix qu’un processus de discorde. Mais il ne faut jamais lâcher prise, il faut ignorer cela, il faut renoncer à réagir, quand les deux parties tentent de m’instrumentaliser. Certains aimeraient bien pouvoir me reprocher de ne pas être entièrement neutre. Mais là, je suis assez solide, car si quelqu’un pouvait me reprocher cela, je devrais probablement terminer mon mandat. Jusqu’à présent, cela n’a pas été le cas.

Concernant ces prisonniers, il en va de personnes, pas seulement de soldats, il faut également penser à leurs proches. Quand vous dites avoir visité les hôpitaux pour définir les plus gros problèmes humanitaires: deviez-vous à tout moment rester objectif et écarter toute émotion?

C’est vrai qu’il ne faut pas négliger le plan émotionnel. Quant à moi, tout cela ne me laisse pas indifférent. Cela me touche beaucoup, et me donne de la nouvelle énergie. Quand je suis confronté à un problème, tout en moi se concentre pour trouver une solution, c’est plus fort que moi. Je ne puis faire autrement. Mais il faut tout de même essayer de ne pas s’y laisser entraîner trop fortement sur le plan émotionnel. Dans de telles situations, il ne faut pas des «bonnes âmes», il faut agir de manière sobre, pragmatique et ciblée pour résoudre un problème, pas par pas. Parfois, il faut cent pas, trois en avant et deux en arrière, ou deux en avant et trois en arrière. Ne jamais démordre; finalement, on obtient un résultat, comme ce fut le cas avec les prisonniers. Concernant les passages de la ligne de contact, nous avons également pu améliorer la situation, en augmentant le personnel lors des contrôles, et j’ai pu m’imposer pour augmenter le poids des transports de 50 à 150 kilos par personne quand des habitants se rendent à l’Ouest pour se procurer du matériel ou des denrées alimentaires. Il faut persévérer, c’est évident.

Vous avez donc résolu un problème. Quel sera le prochain?

Je serais heureux, si tous les prisonniers pouvaient être libérés au cours de cette année. Puis, il y a un grand nombre de personnes disparues – c’est une lourde charge politique et également humaine pour les familles. Il s’agit absolument d’avancer dans ce domaine. Nous nous en occupons depuis deux années, avec quelques petits succès. Mais ce domaine-ci est aussi fortement politisé.

Les disparus, sont-ils des prisonniers ou des gens décédés?

Il s’agit de personnes très probablement mortes. Il se peut que certaines soient parties à l’étranger, cela reste partiellement inconnu, même des familles, ou alors, elles gardent le silence. La réalité est qu’il faut compter avec environ 2000 morts, dont on ne sait pas encore s’ils se trouvent dans des fosses communes ou dans une tombe individuelle. Nous sommes en connaissance d’un grand nombre de cas pouvant être identifiés. On s’en occupe en collaboration avec le CICR et les deux parties. Mais il faut procéder de manière plutôt informelle, on ne veut pas le divulguer aux quatre vents.
Est-ce possible pour vous, dans le cercle restreint auquel vous avez accès, d’assouplir les fronts, de continuer le processus sur le plan politique?
Nous nous occupons avant tout de questions opérationnelles et techniques. Mais le tout est hautement politique. Cela est illustré par le fait que Poutine et Porochenko ont dû approuver la liste des échanges. Cependant, j’espère et je m’attends à ce que dans d’autres domaines politiques, économiques ou sécuritaires, certains progrès pourront se réaliser, car suite aux négociations des derniers mois, on a pu créer une certaine confiance. Je l’espère moi-même et probablement aussi les deux parties et quatre négociateurs: les Russes, les Ukrainiens, les Allemands et les Français.

Disposez-vous d’indices concrets?

Cela relève plutôt du domaine du flair. L’espérance est là. […] Nous allons certainement entamer ces problèmes avec davantage d’énergie en essayant de faire des progrès dans tous les domaines.

Etant donné que vous travaillez pour l’OSCE, vous ne pouvez probablement pas donner des prises de position politiques. Je vous pose donc la question de manière plus générale: si d’un côté, les Russes aident les séparatistes et, de l’autre, les Etats-Unis l’Ukraine – quelle est la probabilité que la guerre se termine dans, disons, deux ans?

Différents aspects doivent être pris en compte. D’abord, il y a la situation globale internationale: que se passe-t-il en Syrie, en Corée du Nord, en Iran ou, généralement, au Proche-Orient. Partout, il y a des intérêts politiques en jeu. On peu s’imaginer des évolutions pouvant mener à une amélioration dans le conflit en Ukraine – ou alors à un durcissement. Les deux sont possibles. Puis, il faut prendre en compte la durée d’autres conflits similaires. […] Toutefois, il faut tenter d’aboutir concrètement à des solutions constructives en Ukraine, tout en restant conscient que de tels conflits peuvent durer longtemps. Une paix rapide, quasiment magique, est peu réaliste. L’Abkhazie, l’Ossétie du Sud, le Haut-Karabagh – ce sont des conflits durant depuis 20 ans et on n’est en partie pas plus avancé que nous le sommes en Ukraine. Nous avons déjà atteint certaines étapes, mais je ne m’attends pas une paix rapide. Arriver à un cessez-le-feu en Ukraine serait déjà magnifique. On pourrait alors résoudre la plupart des problèmes: l’approvisionnement des plus nécessiteux dans la zone de la ligne de contact ainsi que les problèmes quotidiens et les questions environnementales. Mais d’abord, il faut un cessez-le-feu.

Source: «Toni Frisch und seine Arbeit in der Ostukraine». Radio SRF 4 News. Tagesgespräch du 8/1/18. (Texte légèrement raccourci)

(Traduction Horizons et débats)

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mw. Les interventions de médiation entre des parties en conflits sont beaucoup plus adaptées à la neutralité de la Suisse qu’un empressement servile à participer aux alliances militaires bellicistes. Dans le contexte des bons offices, le récent communiqué de presse du Conseil fédéral est comme un coup de poing au visage: «Le chef de l’Armée, le commandant de corps Philippe Rebord, participera à la réunion des chefs d’état-major de la défense des pays de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) à Bruxelles les 15 et 16 janvier 2018.» (Berne, le 15/1/18). Il est grand temps que la Suisse quitte la subdivision de l’alliance de guerre dite «Partenariat pour la paix (PPP)» et engage les fonds libérés pour la reconstruction de notre Défense nationale. En outre, il y a suffisamment de travail pour la Suisse, dans les domaines des bons offices, de l’aide aux catastrophes, de l’aide humanitaire ainsi que du développement et de la coopération. •

* Toni Frisch a été, à partir de 1980, le premier coordinateur des interventions du Corps suisse d’aide humanitaire et, depuis 2000, délégué du Conseil fédéral pour l’aide humanitaire et chef de ce corps. Jusqu’en avril 2011, il a été directeur adjoint de la Direction du développement et de la coopération (DDC) dans le rang d’ambassadeur. Depuis juin 2015, il est président adjoint de la Croix-Rouge suisse (CRS). Dans le cadre de la coordination de l’aide humanitaire de l’ONU, Toni Frisch a dirigé deux commissions internationales de consultation. Depuis mai 2015, il est délégué de l’OSCE en Ukraine.

Situation des droits de l’homme

me. Les organes compétents en Suisse sont au courant des bons offices rendus par la Biélorussie en Ukraine et de la bonne disposition du Kazakhstan à y participer. Pour ces présidents, il en va certainement aussi de pouvoir se mettre en avant, toutefois, il est évident que dans ces pays, on a de bonnes connaissances de la situation et on connaît les deux parties du conflit. Selon nos informations, le nouveau gouvernement autrichien prévoit également de renforcer son engagement, mais risque cependant d’être rappelé à l’ordre par l’UE – et notamment par l’Allemagne. Il est cependant incertain que ces pressions mèneront au résultat espéré, car l’Italie et la Slovaquie, deux autres pays de l’UE, font également preuve de leur intérêt à faire avancer la situation dans le conflit ukrainien. Depuis quelques temps, la Moldavie tente aussi de jouer les médiateurs. Si tous ces pays se prononçaient, cela pourrait réellement faire avancer la situation dans ce conflit. Outre les rapports de l’ONU publiés, Toni Frisch doit mettre le doigt sur la misérable situation humanitaire prévalant des deux côtés de la ligne de contact sans entrer en matière sur la présentation unilatérale prévalant dans les pays occidentaux. Certes, les activités des autorités russes ne correspondent pas toujours aux normes européennes des droits de l’homme en Russie et en Crimée. Cependant, signalons également la visite de l’ambassadeur suisse Gérard Stoudmann en Crimée au nom du Conseil de l’Europe et sa déclaration dans son rapport mentionnant qu’il ne saurait y être question de violations systématiques des droits de l’homme contre certains groupes de personnes. Cela est également le cas pour les dites Républiques populaires de Louhansk et Donetsk. Toutefois, il y a des raisons de soupçonner les services de renseignement ukrainiens SBU de gérer des prisons secrètes auxquelles le CICR et Toni Frisch n’ont pas accès – probablement tolérée par les Etats-Unis. Il est nécessaire que l’ONU rende attentif à la misérable situation des droits de l’homme en Ukraine et dans les régions rebelles. En Crimée, il y a eu des violations des droits de l’homme, mais jusqu’à présent ce ne sont que des cas isolés. Il n’est pas acceptable que les pays occidentaux ferment leurs yeux face à l’Ukraine bafouant systématiquement les droits de l’homme.

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