Qu’est-ce que la classe moyenne?

Son importance pour la société et l’économie

par Eberhard Hamer, professeur ès sciences économiques

L’Institut régional des PME de Basse-Saxe [«Mittelstandsinstitut Niedersachsen»] mène des recherches indépendantes sur les classes moyennes depuis près de 50 ans. La branche de l’économie consacrée à l’étude de la classe moyenne – de nos jours une discipline des sciences économiques dédiée aux entreprises indépendantes et familiales de notre économie – a été fondée dans cet institut.
Depuis cinq ans, cet institut a également développé une sociologie des classes moyennes, auparavant inexistante – consacrée à «l’emploi dans les classes moyennes».

La classe moyenne dans la société

Depuis Marx, on divise l’ensemble de la société en trois classes:

  1. La classe dirigeante, relativement réduite, d’environ 5% (ce que Marx appelait les capitalistes).
  2. La classe moyenne, autrefois de 20%, aujourd’hui d’environ 50% (vue par Marx, de façon erronée, comme une «bourgeoisie» en voie de disparition).
  3. La classe inférieure ou classe défavorisée, représentant autrefois la majorité de la population, mais ne représente aujourd’hui qu’un peu moins de la moitié de celle-ci (définie par Marx de prolétariat).

Le revenu de ces trois classes provient de sources différentes:

  • La classe supérieure ne vit pas de son propre travail, mais des revenus de son capital, c’est-à-dire du travail des autres. Historiquement, il s’agit d’une source de revenus toujours privilégiée (elle l’est encore aujourd’hui), c’est-à-dire que peu ou pas du tout taxée.
  • La classe moyenne vit du fruit de son propre travail, qu’il s’agisse de travail indépendant ou de travail qualifié salarié. Etant donné que ce facteur travail est le principal facteur d’imposition, cette classe moyenne est également le principal contributeur de tous les prélèvements publics.
  • La catégorie inférieure subsiste grâce à des emplois mal rémunérés et non qualifiés, mais elle bénéficie également de nombreux transferts sociaux publics et semi-publics.

Sans doute parce que Marx jugeait que la classe intermédiaire était moribonde, et par conséquent considérait que seules deux classes sociales – les capitalistes et les prolétaires – étaient engagées dans la lutte des classes, la classe moyenne a jusqu’à présent été négligée sur le plan scientifique, social et politique.
En Allemagne, les classes moyennes se sont édifiées sous appellation «Mittelstand» dans l’Etat corporatif du XIXe siècle, appellation toujours utilisée jusqu’à nos jours bien que nous ayons transformé depuis bien longtemps l’Etat corporatif en société fonctionnelle.
«La fonction déterminante du ‹Mittel­stand› au sein de la société est la prise de responsabilités. Qu’il s’agisse de responsabilité personnelle touchant à l’existence dans une entreprise ou un cabinet ‹en tant qu’indépendant› ou de responsabilité extérieure dans l’exercice de fonctions dans le secteur public, dans une entreprise ou une société privée (salariés des classes moyennes). Cette responsabilité personnelle ou extérieure suppose en général un niveau de qualification et de formation plus élevé que celui des classes inférieures, mais demeure une responsabilité décentralisée, alors que les classes supérieures exigent pour elles-mêmes une responsabilité centrale.»1
La recherche sur les classes moyennes [«Mittelstandsforschung»] fait donc la distinction, sous le terme générique de «Mittelstand», entre la classe moyenne «économique» et la classe moyenne «sociale».
La classe moyenne économique comprend non seulement les travailleurs indépendants (entrepreneurs) en tant que personnes mais aussi les entreprises indépendantes, les entrepreneurs, les professions libérales, les agriculteurs et les sylviculteurs, les artistes, et bien d’autres. Cette classe moyenne indépendante se caractérise par le fait qu’elle souhaite mener sa vie de manière autonome et acquérir des revenus selon ses propres objectifs. Cela la relie à la classe supérieure, menant également sa vie de manière autonome et vivant de son propre capital ou de ses participations.
La «classe moyenne salariée» exerce ses fonctions de direction et de responsabilité, ainsi que son pouvoir décisionnel, non pas en son nom propre, mais pour le compte de tiers, soit sur la base d’une position de responsabilités, soit sur celle de qualifications supérieures. Il s’agit des cadres et des fonctionnaires, mais aussi des personnes dont les compétences de spécialistes de l’industrie, de l’Etat ou d’enseignants, d’artistes, ou possédant d’autres qualifications particulières, exercent pour le compte d’autrui une responsabilité propre.
Les classes moyennes salariées et les classes inférieures ne travaillent pas sous leur propre responsabilité, mais sous la responsabilité de tiers rémunérés par d’autres personnes physiques, entreprises ou organisations. Les classes moyennes salariées se distinguent toutefois des classes inférieures par le fait qu’elles ont plus de responsabilités, plus de qualifications, une position plus élevée et donc des revenus supérieurs à la moyenne.
La recherche sur les classes moyennes intègre les cadres supérieurs de l’industrie et de l’administration (comme par exemple Friedrich Merz) dans la classe supérieure sociologique des «riches possesseurs de capitaux» et non parmi les salariés des classes moyennes.
Selon les critères susmentionnés, notre société est donc formée par environ 5% de classes supérieures, environ 47% de classes intermédiaires («Mittelstand») et environ 43% de classes inférieures. Ces dernières ont cependant tendance à s’accroître avec l’immigration.

La classe moyenne indépendante

Selon nos lois, un travailleur indépendant est quelqu’un qui, en son nom propre (§§ 1 et 17 du Code du commerce allemand), pour son propre compte (§ 2, al. 1, Législation sur l’imposition) et à ses propres risques (§ 145s. Code du droit civil allemand) s’implique de manière indépendante (§ 1 Code du commerce) dans le domaine des affaires afin de générer des revenus.2
Les indépendants comprennent non seulement les chefs d’entreprise dans les secteurs de la production (1,25 millions) ou des services (3,3 millions), mais également les agriculteurs et les forestiers (0,21 million) ainsi que les gestionnaires d’actifs indépendants (0,24 million). Au total, les 5 millions de travailleurs indépendants représentent 11,6% du secteur total de l’emploi (44 millions).3
Par rapport aux 88% de salariés de notre société, les travailleurs indépendants ont une fonction et une situation totalement différentes:

  • Les indépendants agissent toujours en leur nom et pour leur propre compte, parce qu’ils sont eux-mêmes la société qu’ils dirigent. En revanche, tous les salariés agissent au nom – et pour le compte – d’autrui et les risques ne sont pas les leurs.
  • Au sein de son entreprise, un indépendant a toujours la responsabilité totale, les compétences les plus élevées et c’est à lui que revient la décision finale. Les employés salariés, y compris les cadres, sont eux toujours placés sous le contrôle d’un supérieur hiérarchique ou d’un organe de surveillance.
  • Les indépendants peuvent décider eux-mêmes, dans leur activité et leur entreprise, des objectifs et de la finalité (par exemple, les objectifs familiaux). Par contre, les employés salariés sont assujettis aux objectifs et à la finalité de l’entreprise, des autorités ou de l’organisation les rétribuant.
  • En cas de succès, un entrepreneur retire des bénéfices, mais en cas d’échec, il subit une perte totale, voire la perte de son existence. Les salariés reçoivent un salaire ou un revenu fixe (éventuellement aussi des primes) mais ne sont pas impliqués dans les pertes. C’est surtout ce dernier risque d’indépendance qui dissuade la plupart des salariés – y compris les cadres – d’exercer une activité indépendante.

La classe moyenne salariée

En tant que non-indépendant, on appartient à la classe moyenne si l’on gagne un salaire supérieur au revenu médian. Celui-ci suppose une position de responsabilités ne pouvant être atteinte que par des qualifications appropriées. Ce n’est donc qu’au travers de la formation que l’on accède à une fonction ou une position dans les classes moyennes salariées.4
Ces postes qualifiés, et donc mieux rémunérés, emploient environ 5 millions de personnes dans l’économie, environ 2,8 millions dans le secteur public et 0,3 million dans les autres organismes, soit un total de 8,1 millions.5
Si l’on regroupe les indépendants (5 millions) et les salariés des classes moyennes (8,1 millions), on obtient un total de 13,1 millions d’actifs de la classe moyenne.
Si l’on ajoute à ces actifs leurs conjoints (4+5 millions = 9 millions), leurs enfants (3+6 millions = 9 millions), ainsi que ceux d’entre eux qui sont retraités ou pensionnés (1+8 = 9 millions), on parvient pour l’année 2017 à un total de plus de 40 millions de personnes appartenant à la classe moyenne, soit environ 47% de la population totale, presque autant que la classe inférieure autochtone d’alors (avant l’immigration).

Le rôle des classes moyennes dans la société

A. L’autodétermination, base de la société civile

En fonction de leur niveau supérieur de formation, de leurs qualifications, de leur statut ou de leur autonomie, les membres de la classe moyenne veulent vivre de manière autonome et indépendante. En 1517, le soulèvement religieux contre la tutelle de l’Eglise a commencé avec la Réforme, car les gens voulaient lire eux-mêmes la Parole de Dieu dans la Bible et se confronter directement à la grâce divine. Cela s’est poursuivi sur le plan éthique, avec Kant et son impératif catégorique en la responsabilité morale de chaque individu, conduisant à la responsabilité individuelle politique dans la Révolution française et la liberté d’entreprise. La classe moyenne a toujours été le moteur de ces revendications de liberté et de responsabilité. Les citoyens ne voulaient pas se laisser dicter leur conduite en permanence par la théologie, la morale, la politique ou l’économie, mais prendre leurs responsabilités et leurs décisions eux-mêmes.
La classe moyenne est donc la seule à vouloir un système décentralisé de responsabilité individuelle. La classe dirigeante veut dominer les autres de manière centralisée et hiérarchique, exige le pouvoir pour elle-même, pour le roi, le dictateur, le bureau politique ou la commission centrale de l’UE. Les classes inférieures veulent la sécurité et sont également dirigées de manière hiérarchique et dictatoriale par leurs fonctionnaires.
Donc, seule la classe moyenne a toujours été le vecteur de la démocratie face aux dictatures des couches supérieures et inférieures. Dans tous les domaines, la responsabilité individuelle a été conquise, portée et défendue par la bourgeoisie. Mais le système décentralisé de la démocratie, fondé sur la souveraineté de l’individu, n’a jamais pu se maintenir, là où la classe moyenne s’est effondrée ou trop affaiblie.
La condition préalable à l’émergence et à la pérennité de tous les systèmes décentralisés d’organisation et de démocratie ne peut donc être assurée que par une classe moyenne forte.
Personne ne profite plus de la démocratie que la bourgeoisie vivant avec l’autodétermination et la responsabilité individuelle. En revanche, la classe supérieure et les fonctionnaires des classes inférieures désirent la concentration du pouvoir plutôt que l’autodétermination. S’ils parviennent au pouvoir au sein d’un Etat, ce pouvoir ne vient plus du peuple, mais d’en haut, des élites du pouvoir des classes supérieures ou inférieures.

B. La classe moyenne et la culture

La Réforme de Luther a non seulement permis de se libérer de la dictature religieuse, mais également d’accomplir une avancée décisive dans l’enseignement. Luther avait demandé aux princes souverains que chaque enfant apprenne à lire et à écrire pour pouvoir lire la Bible lui-même. Cela a été le début de la scolarité obligatoire dans les pays protestants.
C’est ainsi qu’est né – à partir des presbytères tels des cellules culturelles – un corps enseignant de plus d’un demi-million de personnes (l’un des plus grands groupes des couches moyennes salariées) et c’est ainsi que le système éducatif est devenu le noyau de notre vie citoyenne. Sans un système d’enseignement de pointe, l’Allemagne n’aurait pas été au siècle dernier un pays de recherche scientifique et un leader mondial des exportations et les classes moyennes bien formées n’auraient pas pris une telle importance en Allemagne.
«L’importance de la formation pour les classes moyennes n’est pas seulement perceptible à l’extérieur, mais également à l’intérieur. Au contraire des classes inférieures, la formation occupe une place centrale dans les familles des classes moyennes – plus encore que dans les classes supérieures. Dans les familles des classes moyennes salariées, on parle et on pense différemment, et on discute de sujets différents de ceux des classes inférieures et l’éducation des enfants a une importance capitale»,6 parce que ce n’est qu’au travers de l’éducation que les classes moyennes peuvent, dans une société libre, qualifier leurs enfants pour des fonctions et des prestations plus élevées. Cela explique également pourquoi le thème de la formation reste l’un des thèmes sociaux les plus importants au sein de la classe moyenne, bien plus que dans les groupes marginalisés depuis des décennies.

C. La classe moyenne, vecteur de prospérité

Plus de 80% de notre PNB sont générés avec ou par le travail. Les statistiques officielles font état d’une population totale d’environ 82 millions en 2018, dont la moitié seulement (43,5 millions) sont des actifs. Cette population active ne fait pas seulement vivre 20 millions (24%) de membres de leurs familles de leur salaire, mais également 19 millions (22,8%) de retraités et 6 millions de bénéficiaires de prestations sociales – soit une majorité de 54,7%.
La situation devient plus dramatique, si l’on différencie la nature de l’emploi en fonction des différentes sources de revenus – d’une part, celles du marché et d’autre part, celles des transferts sociaux publics. Un tiers seulement de la population travaille directement pour le marché, à savoir les indépendants et les salariés des entreprises privées (33,9%). Ces opérateurs du marché font vivre non seulement leur famille (28,4%), mais aussi tous les bénéficiaires des revenus de transfert sous forme d’impôts et de cotisations sociales (37,7%).
Parmi ces derniers figurent également les fonctionnaires des services publics, qui certes travaillent et paient des impôts, mais perçoivent des revenus provenant non pas du marché, mais des impôts et des cotisations sociales générés par les opérateurs du marché, de sorte qu’en termes nets, le tiers de la population active sur le marché doit également gagner le produit social pour les deux tiers restants, membres de la famille et bénéficiaires de paiements de transferts.
Seule une classe moyenne forte et efficace a donc pu créer un bien-être dont même la classe dirigeante a pu profiter et qui par le biais de la redistribution a pu subvenir aux besoins des classes inférieures.
Donc, si notre classe moyenne, génératrice de notre prospérité, diminue suite à un crash ou à une crise, non seulement elle sera elle-même touchée, mais cela ferait disparaître les plus-values des classes supérieures et les prestations sociales pour les classes inférieures.

D. La classe moyenne, financière de la société

Jusqu’à présent, notre «Mittelstandsinstitut Niedersachsen» est le seul à avoir déterminé, sur la base des statistiques officielles, qui finance notre Etat.7

  • Dans les charges fiscales directes des groupes des trois classes sociales concernées, la classe moyenne supporte le fardeau principal des impôts directs, à savoir 63,1%, tandis que la classe inférieure supporte 22% et le groupe dominant, 14,9%. En d’autres termes, les foyers des classes moyennes supportent pour l’Etat, à hauteur des deux tiers, les coûts des impôts directs de tous les foyers.
  • En ce qui concerne les impôts indirects, 52% proviennent également des classes moyennes, 47% des classes inférieures et moins de 1% des classes supérieures.8
  • Concernant les cotisations de la sécurité sociale, la situation est similaire. Les foyers de la classe moyenne supportent 56% du total des charges sociales et les classes inférieures, 44%. Le groupe dominant est pratiquement exempté de cotisations sociales (moins de 1%).
  • Pour ce qui est de l’impôt sur les sociétés, les petites et moyennes entreprises paient 70% du total et les grandes entreprises, seulement 30%.

Dans l’ensemble, les classes moyennes sont donc à hauteur des deux tiers le principal contributeur brut.
En revanche, si l’on confronte les charges citées plus haut aux allègements publics comme les subventions, les allocations et les prestations sociales, et si l’on compare la contribution nette des trois groupes de classes sociales, l’inégalité des charges s’accentue: les revenus des plus-values de la classe supérieure ne sont pas moins taxés que le travail des deux autres classes; la libre circulation des capitaux permet également à leurs possesseurs la fuite internationale de ces mêmes capitaux vers des paradis fiscaux, si bien que les plus riches paient relativement moins d’impôts parce qu’ils sont hors de portée de l’administration fiscale allemande.
Il en va de même pour les multinationales appartenant principalement à des étrangers9 et dont les bénéfices échappent ainsi au droit fiscal allemand. Les grandes entreprises reçoivent cependant plus de 90% du total des subventions, de sorte que la contribution financière totale des classes supérieures n’est que de 13,73% net – y compris les multinationales seulement 17%.10 Les classes inférieures reçoivent même des prestations sociales de 7,83% plus élevées que leur propre contribution financière, elles sont donc globalement bénéficiaires nettes et non contributrices des finances publiques.
Les classes moyennes financent donc notre société, notre Etat et notre système social (un tiers du PIB), aux deux tiers en termes de brut, mais en termes de net, elles le font à plus de 80%.11
«Notre système financier public prend et donne. Il prend surtout à la classe moyenne et donne aux groupes marginaux – principalement les plus économiquement faibles. Le niveau de vie de l’ensemble de la population dépend donc du potentiel, des impôts et des prélèvements de la classe moyenne. C’est elle avant tout qui est la source de l’effervescence des recettes publiques, de finances saines, de généreux systèmes sociaux, d’un niveau de vie élevé et de la stabilité politique. Si la classe moyenne ou ses performances diminuent, cela signifie nécessairement une diminution de la prospérité générale.»12
Importance politique des classes moyennes
Si une couche de la société représente la moitié de la population, tout en finançant l’Etat et la société à hauteur des quatre cinquièmes, elle devrait en fait constituer le pouvoir politique majeur de l’Etat.
En réalité, cependant, la politique et la conscience des classes moyennes ne sont que rhétoriques – si tant est qu’elles le soient. A Magdeburg, j’ai dû fermer mon Institut des classes moyennes en 1992 parce que le gouvernement CDU du Land m’a expliqué que ni la classe moyenne, ni la recherche sur les classes moyennes n’étaient utiles à l’«Aufbau Ost» [la «Reconstruction de l’Allemagne de l’Est»]. L’injustice de la redistribution des subventions aux classes supérieures et des versements d’allocations aux classes inférieures au détriment des classes moyennes démontre également que les classes moyennes exploitées n’ont apparemment aucun pouvoir et aucun défenseur politique.
Au XXe siècle, le socialisme est devenu non seulement le pouvoir politique des classes inférieures, représentant à l’époque non seulement la majorité de la population, mais sortant de l’effondrement du système comme gagnant idéologique. Il en a résulté la plus grande redistribution historique (un tiers du PIB) en faveur des classes inférieures que nous ayons connue depuis lors – financée uniquement par les classes moyennes. Aujourd’hui encore, de nombreux politiciens de gauche rêvent d’un accroissement de la prospérité par le biais d’une redistribution s’étendant jusqu’au revenu de transfert sans travail.
Mais au tournant du millénaire, la structure du pouvoir politique a changé, les représentants des classes inférieures ne jouant plus qu’un rôle réduit tandis que ceux du grand capital donnent à présent le ton au niveau national et international. Dans les parlements, les groupements politiques ne sont plus de gauche ou de droite, mais nationaux ou globaux.
Le syndicat anglo-saxon de la finance mondiale, avec ses quatre libertés (libre circulation des capitaux, libre circulation des marchandises, libre circulation des services, libre circulation des personnes) a fait sauter les frontières et les structures nationales en éliminant la fiscalité nationale par le transfert de capitaux et de bénéfices vers les paradis fiscaux, en délocalisant dans le monde entier les sites de production vers des endroits à moindre coût, les services (entreprises informatiques) étant mondialement monopolisés et exemptés d’impôts13 et en exigeant l’affranchissement des frontières pour les travailleurs de tous les pays pour le seul profit de leur marché du travail globalisé, de sorte que seules les petites et moyennes entreprises nationales soient totalement soumises à la taxation nationale, accablées de charges sociales et livrées à toutes les pressions bureaucratiques nationales.
Une élite financière mondiale réduite contrôle désormais non seulement les banques centrales et les banques privées, mais aussi les 500 plus grandes entreprises mondiales et exercent ouvertement une telle pression globale sur les gouvernements nationaux que ceux-ci en viennent même à déposséder leurs électeurs nationaux en faveur du capital mondial, comme par exemple la reprise de la dette au sein de l’union monétaire par Angela Merkel, la transition énergétique ou l’immigration de masse exigée par le syndicat de la finance aux dépens de la population allemande.
Le syndicat mondial de la finance corrompt, finance et dirige la politique, comme dans le «Deep state» étatsunien, ou en remplaçant les politiciens nationaux par des employés du syndicat de la finance, comme Draghi, Juncker, Macron, Merz ou Porochenko.
La globalisation doit instaurer partout la suprématie du syndicat mondial de la finance dont la hiérarchie va du haut vers le bas, au contraire de la démocratie et du droit des citoyens à l’autodétermination et la responsabilité des gouvernements vis-à-vis des citoyens. La globalisation signifie toujours l’abolition des nations, la réduction de la démocratie et la centralisation des droits de contrôle des citoyens sur leur gouvernement. Le capital financier international est en train de prendre le pouvoir dans le monde et en Allemagne. De ce fait, la classe moyenne est encore plus exploitée globalement que par la redistribution nationale au profit des classes défavorisées.
La finance mondiale exige non seulement des prélèvements sur les rendements de la classe moyenne, mais aussi une spoliation totale par le biais de l’explosion monétaire et de la réforme monétaire, en ouvrant les systèmes sociaux nationaux aux pauvres du monde entier, par des sanctions globales à l’encontre de concurrents ou par des délocalisations de productions ou de services nationaux. La redistribution internationale se manifeste par l’union européenne des responsabilités, de la dette et des finances.
Aujourd’hui, il pèse sur la classe moyenne la très lourde menace exercée par la classe dirigeante mondiale du syndicat mondial de la finance, avec non pas moins, mais davantage d’exploitation et d’asservissement politique.
Si l’on veut que nos classes moyennes demeurent un facteur de réussite et de prospérité pour notre société, il faut empêcher le pillage, et pas seulement au plan national, mais surtout également au plan international. La classe moyenne doit se montrer politiquement plus active, car pour elle, le plus grand danger ne vient plus d’en bas, mais d’en haut.
Si la centralisation mondiale – y compris par le biais de la centralisation de l’UE – continue, le centre – la classe moyenne – n’aura plus aucune chance contre le pouvoir de la classe dirigeante. Aussi longtemps que nous avons encore des restes de souveraineté nationale et des structures démocratiques, nous devons les utiliser politiquement pour combattre la dictature du capital:
Les anciens partis traditionnels ont trahi ou négligé les classes moyennes:

  • Le FDP s’est vendue au grand capital et suit ses instructions.
  • La CDU n’est plus le parti du centre, mais un parti en faveur de la redistribution internationale.
  • Le SPD a toujours été le parti des classes inférieures et de la redistribution nationale.
  • Les Verts rêvent d’avoir des revenus sans travailler, d’un monde sans production, sans voitures et, au lieu d’un marché libre, d’une dictature de la fonction publique, c’est-à-dire du contraire de tout ce que défend la classe moyenne.
  • Le parti AFD est né de la protestation citoyenne du centre, mais ne s’est pas développée en un parti du centre.

La classe moyenne pourrait elle-même mobiliser des majorités électorales et imposer ainsi un autre gouvernement et une autre politique. Si les 5 millions d’entrepreneurs ainsi que leurs conjoints (10 millions) mobilisaient leurs 23 millions de collaborateurs pour une véritable politique de centre, cela représenterait 33 millions d’électeurs sur 61 millions, donc déjà une majorité.
La classe moyenne se laisse exploiter parce qu’elle n’a toujours pas reconnu le pouvoir et la menace personnelle représenté par le capital financier international envers lequel elle n’éprouve ni crainte et ni mobilisation à son encontre.
Il devrait donc être de notre devoir de mobiliser notre population, nos médias et nos politiciens et de leur faire comprendre que leur propre intérêt réside dans le maintien d’un centre fort pour notre peuple! Nous pourrions alors, avec une majorité issue de la classe moyenne, imposer une politique des classes moyennes.
On peut donc dire qu’en résumé les classes moyennes

  • forment le noyau social de notre société, dont vit l’ensemble de la société,
  • représentent la force nucléaire ayant permis de développer la prospérité pour notre peuple tout entier,
  • sont le vecteur de notre formation et de notre culture,
  • sont à hauteur de 80% – net – les sources du financement des administrations publiques, des systèmes de sécurité sociale et des subventions aux groupes supérieurs et des prestations sociales aux groupes inférieurs;
  • pourraient, si elles étaient stimulées et mobilisées, devenir une puissance politique de notre démocratie.

Etant donné que la démocratie est le mode de gouvernement basé sur la responsabilité individuelle de la classe moyenne, tous les démocrates devraient se battre pour le pouvoir du centre. La démocratie existe par le centre. Si le centre s’affaiblit, notre démocratie s’affaiblira elle aussi.
Et tant que nous pourrons maintenir la démocratie nationale envers la dictature de la finance mondiale, nous aurons besoin de partis politiques qui, plus sérieusement qu’ils ne le font actuellement, tiennent compte de la fonction centrale occupée par les classes moyennes dans notre économie et notre société.     •

1    Hamer, E./Jörgens, O. Mittelstandssoziologie des selbst. und angest. Mittelstandes, Hannover 2019
2    Hamer, E./Jörgens, O. ibid., Chap. 3.2
3     Statistisches Bundesamt. Erwerbstätigenübersicht. Mikrozensus 2017
4     Jörgens, O. Der angestellte Mittelstand. Hannover 2015, Kap. 8, p. 115s.
5    Jörgens, O.ibid., p. 136/137s.
6    Jörgens, O. ibid., p. 152
7     Hamer, E. Wer finanziert den Staat? Hannover 21982; ders. in: Mittelstand unter lauter Räubern, a.a.O., p. 17s.
8    Hamer, E., ibid., p. 166
9     70 % des multinationales listées au DAX (DeutschenAktienIndex, principal indice boursier allemand) sont aux mains d’étrangers.
10    Hamer, E., ibid., p. 168
11    Hamer, E. ibid.
12    Hamer, E./Jörgens, O. ibid., Kap. 6.5
13     Grâce à des délocalisations dans des paradis fiscaux, Amazon n’a, sur 34 milliards, payé qu’1% d’impôts.

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