Courrier des lecteurs

La valeur pédagogique de la confiance

Dans Horizons et débats no 14 du 24/6/19, l’article de Carl Bossard est accompagné d’une photographie illustrant à merveille les «activités dialogiques» au sein de la classe pendant une phase d’enseignement. Les écoliers sont captivés par l’enseignante et tentent d’imiter ses mouvements des doigts. La photo illustre parfaitement l’importance de la maîtresse.
Dans le texte, l’idée de la confiance, «la confiance en tant qu’attitude fondamentale humaine», m’a séduite. Dans mon travail d’enseignante, je l’ai exprimé ainsi: je dois être convaincue que chaque élève peut tout apprendre.
Il y a de nombreuses années, un vieil ami, Bruno, a écrit un poème, dans lequel il décrivit l’importance du rôle de son enseignante lorsqu’il était élève d’une école spécialisée. J’aimerais en citer quelques lignes.
Il est froissé, muet, méfiant, avec les blessures intérieures d’un élève abandonné, assis dans une classe à effectif réduit. Il ne veut rien donner de lui-même, il bégaie, il a un tic incontrôlé au visage. Il ne veut pas qu’on s’adresse à lui, mais il observe de très près ce qui se passe dans la classe. Comment la maîtresse parle-t-elle aux autres? Comment les aide-t-elle? Comment trouve-t-elle le fil conducteur de la relation? Puis il écrit:
«Je sens qu’elle ne laissera tomber aucun élève.» Et il ressent un réconfort. Puis vient le jour, où la maîtresse lui demande de faire des calculs:

«‹Essaie ce calcul›, dit la maîtresse,
‹je sais que tu en es capable›.
J’écris les chiffres, le résultat s’envole.
Je veux être le merle là dehors,
il n’a pas besoin de réfléchir.
‹Essaie donc›, j’entend dire:
‹fais le premier pas›.
Neuf et douze –
et le résultat a encore disparu.
Au loin, j’entends les mots de la maîtresse.
J’ai fait une digression, le merle là dehors n’a pas besoin de réfléchir.
‹Essaie donc›, je l’entends,
‹essaie encore une fois›.
Mais les mots de la maîtresse
ne me laissent pas en paix,
Pendant que je regarde les merles dehors.»

Finalement, après quelques calculs effectués d’abord avec grande peine, puis avec élan, le poème continue:

«Le merle est oublié,
je ne l’entends plus chanter.»

Dans cette scène, la confiance de l’enseignante s’exprime très clairement pour moi. Elle encourage Bruno, lui donne la confiance, pour que son évasion mentale: «Je veux être le merle», recule face à l’activité énergique, la résolution des calculs demandés.
L’enseignante ne se limite pas à résoudre les devoirs. Avec sa reconnaissance elle lie une indication que Bruno exprime dans le poème de la manière suivante:

«‹Bien travaillé!› Sa façon de me
parler me fait du bien.
‹Mais prend bonne note, on ne saute
pas de calcul!›
Je la regarde longtemps,
elle est très sérieuse.
‹En trichant, on n’apprend pas à
calculer!›»

Dans son dernier paragraphe, Carl Bossard parle des élèves en difficulté d’apprentissage et de leur besoin d’enseignants les encourageant et leur construisant ainsi un tremplin vers la réussite – donc vers la confiance
et le sentiment «moi aussi, j’en suis capable!»
Le fait qu’Horizons et débats souligne dans de nombreux articles cette orientation pédagogique est simplement excellent.

Margret Kleine-Pauli, Zurich

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