L’Allemagne est-elle sous l’emprise de la politique de guerre anglo-saxonne?

par Karl Müller

En 2014, donc 100 ans après le début de la Première Guerre mondiale, Gerry Docherty et Jim Macgregor, deux auteurs écossais, publièrent un livre sur les causes de la Première Guerre mondiale. Fin 2017, il fut publié en français sous le titre: «L’Histoire occultée. Les origines secrètes de la Première Guerre mondiale». En 2019, il est également paru en allemand. Cet ouvrage est très intéressant pour tous ceux souhaitant en savoir un peu plus sur l’origine de la guerre. Le contenu de ce livre ne suit pas les lignes directives de l’historiographie officielle.

«Les morts méritent la vérité»

«Un siècle de propagande, de mensonges et de lavage de cerveau sur la Première Guerre mondiale est derrière nous. La dissonance cognitive nous met mal à l’aise avec la vérité: c’est un groupe de riches patriotes racistes anglais, soutenu par de puissants industriels et financiers en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, qui ont déclenché la Première Guerre mondiale. L’élite secrète basée à Londres était déterminée à détruire l’Allemagne et à contrôler le monde. Leurs actions sont responsables de la mort de millions de jeunes hommes honorables qui ont été trahis et sacrifiés dans un massacre brutal et sanglant pour faire avancer une cause déshonorante. Des dizaines de milliers de monuments commémoratifs de guerre dans des villages et des villes du monde entier sont aujourd’hui les témoins silencieux du grand mensonge, de la désillusion que ces gens soient tombés ‹pour Dieu et la Patrie› ‹afin que nous puissions être libres›. C’est un mensonge. Les morts méritent la vérité, et nous ne devons pas les décevoir.»
    Gerry Docherty, Jim Macgregor: Verborgene Geschichte. Wie eine geheime Elite die Menschheit in den Ersten Weltkrieg stürzte, Rottenburg 2014, p. 403 (ISBN 978-3-86445-496-7)

De quelles tromperies s’agit-il?

Du point de vue actuel, la manière dont le groupe de personnes, désigné comme «élite secrète» a procédé à l’époque pour atteindre ses objectifs, est encore plus intéressante. La question est de savoir si nous avons aujourd’hui affaire à des mécanismes similaires, à savoir l’incertitude, la tromperie et la confusion dans lesquelles les citoyens mais aussi de nombreux responsables politiques et sociaux sont maintenus face à ce qui est réellement prévu. Quel rôle ces forces sans scrupules avec leurs visions du monde et leurs intérêts jouent-elles en arrière-plan? Une fois encore, il s’agit de planifier et de préparer intentionnellement une grande guerre, de corrompre ou de diffamer et mettre à l’écart les voix dissidentes pour entraîner l’Allemagne petit à petit dans cette guerre.

«Les USA devraient quitter l’Europe»

«Les Etats-Unis devraient quitter l’Europe», tel était le titre d’une interview publiée le 30 juillet par la «Basler Zeitung». Dans une interview, Stephen Walt, professeur en relations internationales à la Harvard Kennedy School auprès de l’Université de Harvard, a critiqué la politique étrangère américaine au cours des 30 dernières années, y compris celle du président actuel Donald Trump, et a appelé les troupes américaines à se retirer d’Europe. En même temps, il a déclaré: «Sur les plans politique et diplomatique, nous devons continuer à œuvrer pour une relation étroite [avec l’Europe]». Puis, «L’Europe d’aujourd’hui est politiquement stable et prospère, elle peut s’occuper de sa propre défense. Les Etats européens ont omis de le faire depuis trop longtemps.» Et: «Avec l’argent que les Etats-Unis économiseraient en Europe, ils pourraient se concentrer davantage sur l’Asie – un processus qui avait déjà commencé sous Obama.» Enfin: «Concernant la Russie, les Etats-Unis ont besoin d’une nouvelle compréhension, car sinon nous rapprocherons encore plus les Russes de la Chine». ... Un vrai message de paix?

Quelle est la gravité de la «menace»?

Quelques jours plus tard, le 10 août, le même journal rapportait que l’ambassadeur américain en Allemagne, Richard Grenell, avait «menacé» de retirer les troupes américaines d’Allemagne: «Il est vraiment offensant d’attendre du contribuable américain qu’il continue à payer plus de 50’000 Américains en Allemagne, alors que les Allemands utilisent leur excédent commercial à des fins domestiques.» L’ambassadeur des Etats-Unis en Pologne l’avait appuyé: «La Pologne s’acquitte de ses obligations de paiement de deux pour cent du PIB envers l’OTAN. L’Allemagne ne le fait pas. Nous serions heureux si les troupes américaines en Allemagne venaient en Pologne.» Alors, l’Allemagne peut-elle se réjouir?

L’Allemagne est indispensable pour les guerres américaines

Le même article mentionne l’information ci-dessous: «Toutefois, les analyses du Pentagone devraient aboutir à la conclusion qu’un retrait important de soldats américains de l’Allemagne serait coûteux, en particulier pour un pays – les Etats-Unis». En voici la raison: «Ceci est principalement dû au type d’installations maintenu par l’armée américaine en Allemagne. Il s’agit notamment d’un certain nombre de quartiers généraux et de bases logistiques, importants pour les opérations américaines et la planification de la défense bien au-delà des frontières de l’Allemagne. La région de Stuttgart abrite les deux commandements régionaux des forces armées américaines responsables de l’Europe et de l’Afrique, tandis que Böblingen abrite également le commandement du US Marine Corps for Europe and Africa.

La base de Ramstein n’est pas seulement l’une des plus importantes en dehors des Etats-Unis et le quartier général de l’US Air Force pour l’Europe, c’est aussi le centre d’approvisionnement le plus important pour les opérations au Moyen-Orient, en Afghanistan et en Afrique, également important pour le contrôle des opérations de drônes dans ces régions-là.» Puis, le journal informe sur le plus grand hôpital militaire américain hors des Etats-Unis en Allemagne, le plus grand dépôt de munitions américain hors des Etats-Unis en Allemagne, et ainsi de suite. On peut alors lire: «D’ici 2023, les Etats-Unis prévoient d’investir 2 milliards de dollars supplémentaires dans des bases rien qu’en Rhénanie-Palatinat.Ramstein et Landstuhl ont déjà été convertis et modernisés pour des milliards de dollars et sont irremplaçables à court et moyen terme.» Puis on y lit: «Selon les plans actuels du Pentagone, 1500 soldats supplémentaires de l’armée seront stationnés en permanence en Allemagne jusqu’en septembre 2020». Et à la fin de l’article, on peut lire: «L’ambassadeur Grenell connaîtra bien tout cela, il faut le supposer. Mais il connaît aussi bien les mécanismes des médias, les réflexes de la politique, l’art de la provocation». ... L’Allemagne peut-elle vraiment être calme et se détendre?

Karl-Heinz Kamp, président de l’Académie fédérale allemande pour la politique de sécurité à Berlin, avait déjà soutenu de près la politique américaine dans un article de la «Neue Zürcher Zeitung» du 13 août: «Outre les Etats-Unis, l’Allemagne est le pays le plus puissant économiquement de l’OTAN. Néanmoins, elle n’est pas disposée à remplir son obligation d’alliance et à consacrer 2% de son produit intérieur brut à la défense. Il y a toujours de nouvelles excuses. La crédibilité de l’OTAN est également en jeu». …

Von der Leyen a-t-elle déclaré la guerre à la Russie?

Lors de la grande fanfare militaire pour son adieu récent aux forces armées allemandes, peu de gens ont remarqué la chanson choisie par la ministre de la Défense allemande sortante Ursula von der Leyen, «Wind of Change» du groupe de musique allemand Scorpions (début du texte dans l’encadré) composé à la fin de 1989. Le journal «Die Welt» a écrit le 16 août: «L’ancienne ministre a écouté la chanson avec des yeux brillants». Ce que presque personne ne sait, c’est que les paroles commencent à Moscou et font allusion à la fin de l’Union soviétique qui était imminente à l’époque. Dans l’article du journal suivent quelques déclarations du groupe de musique lui-même, intitulant leur chanson «Friedenslied» («chanson pour la paix»).
Mais avec la fin de l’Union soviétique, il y eut aussi la transition vers un monde unipolaire dominé par les Etats-Unis, la «fin de l’histoire» et l’idée de la victoire finale d’un monde néolibéral. Une époque de guerres anglo-saxonnes et de guerres de l’OTAN sans fin et contraires au droit international. Les Etats successeurs de l’Union soviétique, comme on a pu l’entendre de la bouche d’éminentes personnalités dans les années 1990, ne devraient plus jouer un rôle dans la politique mondiale, mais être utiles aux intérêts américains. La plupart des Russes ont un mauvais souvenir des années Eltsine. La Russie a ensuite essayé de se libérer de l’étreinte. Mais 30 ans après 1989, nous pouvons également jeter un regard en arrière sur les nombreuses tentatives qui ont été faites ces dernières années pour provoquer un «changement de régime» dans la Russie d’aujourd’hui. Est-ce vraiment «le vent du changement»?

«Le vent du changement» apprécié par Ursula von der Leyen

Je chemine le long de la Moskva
Et jusqu’au parc Gorky
A l’écoute du vent du changement
Une nuit d’été en août
Soldats de passage
A l’écoute du vent du changement […]

 

(Traduction de la version anglaise)

I follow the Moskva
And down to Gorky Park
Listening to the wind of change
An August summer night
Soldiers passing by
Listening to the wind of change […]

 

... et finalement qui suit l’Allemagne?

L’agence de presse Reuters a rapporté le 22 août que «l’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne ont rejeté la proposition du président américain Donald Trump de réintégrer la Russie dans le G7.
La Russie a été déchargée en 2014 pour certaines raisons, a déclaré la chancelière Angela Merkel mercredi soir avant une rencontre avec le Premier ministre britannique Boris Johnson. Ces raisons existeraient toujours […]. Quelques jours avant le sommet du G7 en France, le président français Emmanuel Macron s’est également prononcé contre la reprise de la Russie. «Je pense que le retour sans conditions de la Russie serait un signe de faiblesse du G7, ce serait une erreur stratégique.» […] Le Premier ministre britannique Boris Johnson a également soutenu cette position. […]
Le président américain Trump, par contre, avait recommandé que le groupe du G-7 soit ramené au G8. Beaucoup des sujets de discussion portent sur la Russie, a-t-il dit pour justifier sa décision. Il a accusé son prédécesseur Barack Obama «d’avoir poussé la Russie hors du cercle.»     •

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