«Votre droit de savoir»

Manifestations mondiales contre la censure de la presse australienne

Le 21 octobre, 19 journaux australiens ont masqué leur première page en signe de protestation contre les restrictions croissantes à la liberté de la presse dans le pays. Les journaux de tout l’éventail politique, de la gauche aux conservateurs, ont uni leurs forces pour cette action. La campagne s’est déroulée sous la devise «Votre droit de savoir» («Your Right to Know»).

rt. Depuis le 11 septembre 2001, l’Australie a constamment réduit la liberté dans la couverture médiatique des événements avec plus de 70 lois sécuritaires. Ces lois, y compris les lois antiterroristes, les lois sur la sécurité et le contrôle des flux des données, les lois sur la confidentialité, etc. ont été adoptées étape par étape. Les journalistes qui dénoncent des abus commis au niveau gouvernemental, mais aussi dans d’autres institutions étatiques, peuvent désormais être punis d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à 60 ans suite à ces lois.
Deux perquisitions ont déclenché cette protestation: d’une part, les rédactions du radiodiffuseur public ABC ont été perquisitionnées parce que le radiodiffuseur possède des documents gouvernementaux et les a utilisés dans un reportage prouvant le meurtre de civils – dont des enfants – par des soldats australiens en Afghanistan et d’autre part, des documents gouvernementaux, permettant aux services secrets d’écouter illégalement des citoyens australiens, ont été recherchés dans l’appartement de la journaliste Annika Smethurst.
A la suite de la campagne «Votre droit de savoir», de nombreux journalistes et de spécialistes des médias du monde entier ont souligné que c’est un scandale de premier ordre que de violer si massivement la liberté de la presse dans un Etat démocratique comme l’Australie. Les reportages et les commentaires dans la presse américaine et européenne se sont joints à cette protestation et ont fortement critiqué la situation en Australie.
Ce n’est pas sans raison que la liberté de la presse est considérée comme l’un des droits fondamentaux face à l’Etat. Elle a dû être arrachée à des dirigeants absolutistes ou totalitaires, parfois accompagnés d’affrontements sanglants et n’est toujours pas considérée comme garantie.
Les ministres, les présidents, les autorités ou les gouvernements aiment laisser les populations dans l’ignorance sur certaines de leurs activités. Quiconque recueille des informations pour se forger sa propre opinion, ou pour les diffuser à autrui, se rend suspect. Même ceux qui lisent certains journaux ou sites Web font l’objet d’une suspicion généralisée.
Qui, sinon le citoyen responsable, peut décider s’il veut faire confiance ou non à un message? Les jugements fondés sur divers faits et opinions doivent être pris par chacun, tout comme nous devons prendre des décisions concernant notre propre vie. A qui d’autre devrions-nous sinon céder notre pensée?
Chacun est appelé à défendre la liberté de la presse, fondement de la liberté de pensée et donc de la liberté par excellence. Ou bien devrions-nous laisser aux diverses maisons de presse australiennes le soin de défendre notre droit à l’information?
La contrepartie de la liberté de la presse – la censure – est un signe infaillible de la présence de conditions autoritaires ou dictatoriales. L’interdiction de diffuser des informations – notamment des informations dites «fausses» – peut être comprise comme un indice clair de structures tutélaires et autoritaires et rappelle des moments où d’autres prenaient des décisions concernant nos vies.
Aussi exotique que la situation en Australie – à l’autre bout du monde – puisse paraître à première vue, elle ne l’est malheureusement en rien dans le reste du monde «libéral». Les dernières réglementations de l’UE concernant les «fausses nouvelles», les «discours haineux», le «racisme» ainsi que les lois sur la sécurité des données et autres législations similaires en vigueur dans de nombreux Etats correspondent parfaitement aux restrictions successives de la liberté de la presse.
Mais ce n’est pas seulement l’Etat lui-même ou des entités supranationales telles que l’UE qui sont soupçonnés de restreindre la liberté. Le caractère à voie unique des «médias mainstream» (cf. www.swprs.org), synchronisés des deux cotés de l’Atlantique, donne aussi à réfléchir. Ils dénoncent à juste titre les conditions en Australie, toutefois, ils ne s’acquittent eux-mêmes plus guère depuis belle lurette de leur véritable tâche à fournir des informations factuelles et complètes.
Parler d’un Etat autoritaire ou paternaliste est, dans ce contexte, clairement une banalisation. La restriction de la liberté de l’information est mieux décrite en disant ce qu’elle est: c’est un pas vers l’esclavage, vers «Le Meilleur des Mondes»1 totalitaire ou vers «1984».2
La base de toute démocratie reste la liberté de la presse et le droit, étroitement lié, de s’informer sans entrave et de manière exhaustive afin de pouvoir décider librement.    •

1    Aldous Huxley, publié en 1932
2    George Orwell, publié en 1949

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