La guerre menace de plus en plus! Mais qui prend les contre-mesures?

La guerre menace de plus en plus! Mais qui prend les contre-mesures?

par Karl Müller

Les dangers de guerre augmentent. Néanmoins, le mouvement pacifiste est affaibli. Voici quelques observations concrètes et considérations fondamentales.
Il faut le répéter comme le fameux «ceterum censeo»: la confrontation entre les Etats membres de l’OTAN d’une part et la Russie et la Chine d’autre part ne cesse de se renforcer. La présidence américaine de Donald Trump n’a rien fait pour changer cela. Parfois, un simple coup d’œil sur une semaine suffit pour voir à quel point les choses vont mal.

Les gouvernements des Etats-Unis puis de la Russie ont dénoncé le traité de 1987 entre les Etats-Unis et l’Union soviétique sur la destruction et l’interdiction de toutes les armes nucléaires terrestres à moyenne portée (INF).
La ministre allemande Ursula von der Leyen a rendu visite aux troupes de la Bundeswehr et de l’OTAN en Lituanie. Les Allemands y sont aux commandes. Von der Leyen a justifié l’avance des soldats allemands et de l’OTAN par ces mots: «Nous réagissons à la politique agressive de la Russie». La ville lituanienne de Rukla, où se trouvent les troupes allemandes et celles de l’OTAN, n’est qu’à 100 kilomètres de la frontière russe. L’OTAN a donné à son avancée le nom de «Enhanced Forward Presence» [«Présence avancée renforcée»].
Après les Etats-Unis, certains gouvernements d’Etats de l’UE, dont le gouvernement allemand, ont également reconnu un politicien vénézuélien non élu comme président intérimaire du pays, renforçant ainsi la spirale de l’escalade de la violence. L’objectif est de renverser le président au pouvoir. De toute évidence, il ne s’agit pas seulement de la poursuite du développement interne du Venezuela et des matières premières, mais aussi de la tentative de briser l’alliance du Venezuela avec la Russie et la Chine.
Le 6 février, les représentants des 29 Etats membres actuels ont signé à Bruxelles le protocole d’adhésion de la Macédoine du Nord en tant que 30e membre de l’OTAN; afin de réduire encore l’influence de la Russie dans les Balkans, comme on le déclare officiellement.

«Le niveau de conflit potentiel a atteint un point très dangereux.»

Die Bundeswehr, le magazine de l’Association des forces armées allemandes – c’est l’association professionnelle des soldats de la Bundeswehr – a intitulé son numéro de février 2019: «Politique de sécurité. Les tranchées s’approfondissent».
Enfin, le 30 janvier, lors d’une réunion à Pékin entre les cinq puissances nucléaires – les Etats-Unis, la Russie, la Chine, la Grande-Bretagne et la France –, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergei Ryabkov a déclaré: «La situation en matière de sécurité internationale ne s’est pas stabilisée et s’est même aggravée. Le niveau de conflit potentiel a atteint un point très dangereux.»  …
... Mais contrairement à l’automne 1962, lorsque le monde n’était qu’à un cheveu d’une guerre nucléaire lors de la crise cubaine, nous ne voyons nulle part dans les Etats de l’OTAN des personnalités responsables reconnaissant la gravité de la situation et prenant des contre-mesures décisives.

Chaque jour, on verse de l’huile sur le feu

Au contraire, chaque jour on verse d’huile sur le feu. Quiconque tente de prendre des contre-mesures est attaqué et calomnié. L’«Integrity Initiative» (cf. Horizons et débats no 3 du 4/2/19), créée en Grande-Bretagne, en est un exemple. Prenez connaissance du rapport intérimaire fuité du «directeur de succursale» allemand Hannes Adomeit à son «officier traitant» britannique sur le «cluster allemand» daté du 3 octobre 2018 (<link https: edoc.site external-link seite:>edoc.site/-interim-report-pdf-free.html) et sa description désobligeante de toutes les forces en Allemagne qui luttent pour de meilleures relations germano-russes. En Allemagne, où la résistance au concept d’ennemi de l’OTAN est encore la plus forte, on peut s’attendre à certaines réactions dans les semaines et les mois à venir.

Le rôle obscur des médias de masse

Les médias jouent un rôle obscur. Ils sont à l’avant-garde lorsqu’il s’agit de créer une atmosphère de dénigrement. Ainsi, un quotidien suisse du 4 février 2019 a placé le titre suivant: «Le peuple n’a plus peur de Maduro. Le régime vénézuélien vacille comme jamais auparavant. Guaidó se sent protégé par le peuple.» L’article compare Guaidó et Maduro: Guaidó est présenté comme le «héros de la libération» se sentant «protégé plutôt que menacé par le peuple» et non pas soutenu uniquement par le président américain mais par «le monde libre tout entier». Maduro aurait également essayé de mobiliser ses partisans – «au moins ce qu’il en reste», dixit le journal. Mais: «Pour que les célébrations [du 20e anniversaire de l’entrée en fonction d’Hugo Chávez] ne paraissent pas trop maigres, les claqueurs ont dû être amenés en bus.» Quel contraste: comme au théâtre, c’est ici le héros radieux des Etats de l’OTAN, là l’homme des ténèbres vacillant dépendant de la Russie et de la Chine.1
Mais ce ne sont pas seulement les produits médiatiques privés qui font sonner les tambours de guerre. Les radiodiffuseurs publics ont également abandonné les reportages et les commentaires équilibrés. En Allemagne, par exemple, le Deutschlandfunk est dans le groupe de pointe.2

Que font les jeunes gens?

Et les jeunes gens? N’étaient-ils pas jadis l’espoir de la paix et du mouvement pour la paix? De nombreux jeunes de toute l’Europe manifestent à nouveau – pendant les heures de classe et contre la politique climatique de leurs gouvernements. Il est cependant étrange que ces adolescents, dont on attend en règle générale de bonnes intentions, abusent de leurs heures d’enseignement et soient largement et positivement soutenus par les médias dominants. Même le WEF de Davos leur a tendu une oreille attentive. Qui couche avec qui?
Et pourquoi ces jeunes ne manifestent-ils pas aussi pour la paix, contre le bellicisme croissant des Etats de l’OTAN, contre le pouvoir et la politique des impérialistes globalisés, en faveur de l’Etat de droit souverain, démocratique et libéral et le respect de la Charte des Nations Unies? … Et pour une bonne formation réelle?

Connaissent-ils le contenu de la Charte des Nations Unies?

Leurs enseignants leur ont-ils déjà parlé des contenus de la Charte des Nations Unies? Par exemple, le paragraphe 4 de l’article 2: «Les membres de l’Organisation [des Nations Unies] s’abstiennent, dans leurs relations internationales, de recourir à la menace ou à l’emploi de la force, soit contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout Etat, soit de toute autre manière incompatible avec les buts des Nations Unies.» Les élèves manifestants ont-ils appris que l’article 2 de la Charte des Nations Unies interdit toute ingérence dans les affaires intérieures d’un autre Etat, que l’article 1 de la Charte des Nations Unies exige des relations amicales fondées sur le respect du principe de l’égalité des droit des peuples au sein de la communauté internationale et que l’article 1 des deux Pactes relatifs aux droits humains de 1966, juridiquement contraignants, garantit le droit à l’autodétermination pour tous les peuples?
«Immaturité» n’est pas une loi naturelle
Les élèves seraient très probablement faciles à rallier à la cause de la paix. Comme pour tout être humain, le désir de paix serait un désir tout naturel pour eux. Il y a cent ans, un an après la fin de la Première Guerre mondiale, le psychologue Alfred Adler a écrit un article qui vaut toujours et encore la peine d’être lu à l’heure actuelle: «L’autre côté. Une étude de la psychologie des masses sur la culpabilité du peuple».3 Adler était l’un des rares penseurs de son époque à s’opposer à la théorie des pulsions agressives de l’être humain et à ne pas voir la guerre comme étant enracinée dans la nature humaine. Il a écrit: «Quiconque a vu et compris ce peuple bâillonné, conduit à la boucherie, ne se lassera pas de crier dans le monde: ce peuple était immature et a été gardé ainsi par tous les moyens de la ruse et de la violence!»
Et plus bas dans l’article: «Non! Celui qui a vécu avec lui absoudra ce peuple de toute culpabilité envers la guerre. […] On l’a traîné, poussé, conduit à l’abattoir. Personne ne lui a dit la vérité. Ses écrivains et ses journalistes étaient sous le charme ou à la solde du pouvoir militaire. Suite à la honte de son déshonneur, il a tenté de se sauver sous le drapeau de son oppresseur. Par honte du déshonneur passé et présent, il est resté silencieux jusqu’à ce jour.»
Devrons-nous décrire notre génération de la même manière?
L’humanité est avancée. L’«immaturité» des populations d’il y a 100 ans n’est pas une loi naturelle. Les tentatives de séduction et le harcèlement par le pouvoir ne sont pas le vrai intérêt de l’homme, l’être humain est ouvert à une relation libre et d’égal à égal, à un échange sérieux d’informations et d’opinions dans la recherche de la vérité.
Alors, qui prend les contre-mesures?    •

1    De tels éloges concernant Juan Guaidó sont en opposition avec les recherches d’auteurs comme Dan Cohen et Max Blumenthal. Selon eux, ce politicien peut être clairement décrit comme une sorte de criminel politique. Ceci peut être lu en allemand sur Nachdenkseiten du 4/2/19 («Juan Guaidó: Ein Staatschef aus dem Regime-Change-Labor»; <link https: www.nachdenkseiten.de external-link seite:>www.nachdenkseiten.de) et dans l’article original en anglais avec les liens vers les sources sur la page Grayzone du 29/1/19 («The Making of Juan Guaidó: How the US Regime Change Laboratory Created Venezuela’s Coup Leader»; <link https: grayzoneproject.com the-making-of-juan-guaido-how-the-us-regime-change-laboratory-created-venezuelas-coup-leader external-link seite:>grayzoneproject.com/2019/01/29/the-making-of-juan-guaido-how-the-us-regime-change-laboratory-created-venezuelas-coup-leader/).
2    De même, dans un commentaire du 9/2/19. Sans aucune preuve, il y est affirmé: «Poutine aggrave la situation depuis des années», la Russie menace avec le «gourdin atomique», la Russie est «agressive», ses «armes menaçantes» sont «depuis longtemps prêtes», le gouvernement russe «fait la guerre... avec des armes en Ukraine, avec d’autres moyens en Europe, avec du poison à Salisbury», etc.
3        Le texte se trouve entre autres dans: Bruder-Bezzel, Almut (Ed.). Adler, Alfred. Gesellschaft und Kultur. Band 7 der Alfred Adler Studienausgabe, édité par Karl Heinz Witte, 2009, p. 120s.

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