Quiconque a entré les mots «20 Jahre, Nato, Jugoslawien» sur Google le 17 mars 2019, donc juste une semaine avant le 20e commémoration de l’attaque de l’OTAN contre la République fédérale de Yougoslavie, a trouvé en première page deux entrées du site KenFM, deux de RT Deutsch et à chaque fois une entrée sur Wikipédia, komintern.at, barth-engelbarth.de, frankfurter-erklaerung.de et nachdenkseiten.de. En cliquant sur la rubrique «News», on y trouvait huit entrées de RT Deutsch, une entrée de Telepolis et une de Sputnik Deutschland en première page.
Donc aucune entrée des médias dits «grand public» sur les premières pages – et si vous faites une recherche sur le site web de l’OTAN, vous trouverez dans le «Calendrier des événements» des références aux 20 ans de l’élargissement de l’OTAN le 18 mars, à des manœuvres de l’OTAN avec la Géorgie le 18 mars, à une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’OTAN le 3 avril et pour le 20 mai à un colloque de l’OTAN en Norvège intitulé «L’OTAN et le Grand Nord» – mais pas un mot sur le 24 mars 1999.
Il est honorable (et tout aussi important) que 20 ans après l’attaque de l’OTAN contre la République fédérale de Yougoslavie, il y ait encore des gens se souvenant de l’injustice de cette époque. Jürgen Elsässer – qui, comme beaucoup d’autres personnes dont les noms ne sont pas mentionnés ici, a déjà présenté il y a plusieurs années de bonnes analyses – a publié un numéro spécial de plus de 70 pages de son magazine Compact. Deux grandes conférences internationales sur la guerre de l’OTAN ont lieu à Belgrade.
Mais après avoir fait cette brève recherche, on constate à quel point les Etats membres de l’OTAN, et notamment l’Allemagne, ne désirent pas être rappelés à ce 24 mars 1999 et la chaîne de décisions et d’événements qui y est associée. Un jour devant être décrit comme une césure historique – notamment pour l’Allemagne.
Pour la première fois depuis sa fondation en 1949, les gouvernements de tous les Etats de l’OTAN – c’est-à-dire pas seulement celui des Etats-Unis, dont on connaissait déjà la velléité à déclencher des guerres contraires au droit international – avaient décidé d’attaquer un Etat membre des Nations Unies par des bombardements aériens. Cela s’est fait sans qu’un Etat membre de l’OTAN ait été attaqué, sans «menace ou violation de la paix ou acte d’agression» selon l’article 39 de la Charte des Nations Unies et sans mandat du Conseil de sécurité de l’ONU.
L’attaque était une violation du droit international – et également un acte anticonstitutionnel pour l’Allemagne. Selon les estimations, les bombardements ont coûté la vie à quelque 3500 personnes, pour la plupart des civils, et environ 10 000 ont été blessées. Le nombre de victimes suite à la contamination radioactive et d’autres empoisonnements ne peut encore être estimé. Les coûts directs de la guerre ont été estimés par une étude de la Bundeswehr allemande à environ 23 milliards d’euros, dont environ 13 milliards pour les destructions commises en Yougoslavie. Les coûts de reconstruction sont estimés entre 30 et 300 milliards d’euros.
Quelques-uns des faits aujourd’hui avérés:
Les responsables de l’époque ne veulent, même 20 ans plus tard, toujours pas qu’on leur rappelle leurs crimes. La vérité sur cette guerre doit rester cachée au grand public.
Mais la conséquence amère de cette attitude est une érosion fondamentale, presque irréparable, de l’Etat de droit et de la conscience du droit, sans parler de la violation de la conscience humaine. L’absence actuelle d’une culture du débat public honnête et sur un pied d’égalité, en particulier en Allemagne, trouve son origine notamment là. Un film documentaire de la WDR sur la guerre en Yougoslavie de 1999 et le rôle joué par l’Allemagne, diffusé en 2001, était intitulé «Es begann mit einer Lüge» [Tout a commencé par un mensonge] – une formulation adaptée également à toutes les guerres suivantes. Les mensonges des politiciens responsables, des militaires, des médias, etc. au sujet de la guerre en 1999 furent suivis de beaucoup d’autres mensonges et ils se poursuivent encore à l’heure actuelle. Là, où les mensonges sont devenus trop évidents, on tente d’étouffer la vérité. On n’en parle pas … comme si les problèmes pouvaient être résolus en les réprimant.
Pour qu’une société, un Etat, une politique comme celle de l’Allemagne puisse réellement s’améliorer et guérir, la vérité doit être mise sur la table, toute la vérité, officiellement et pour le grand public. Les décideurs responsables de l’époque doivent assumer leurs responsabilités, c’est-à-dire qu’ils doivent être traduits en justice. Les crimes de guerre graves ne sont pas prescrits. Les victimes de la guerre doivent être indemnisées, dans la mesure du possible. L’Etat attaqué a le droit de faire supporter les coûts de la guerre et ses conséquences par les auteurs de la guerre. Les Etats de l’OTAN impliqués à l’époque doivent en être tenus responsables, car les criminels de guerre ont agi en leur nom. Ne nous y trompons pas: la paix sans la moindre justice ne fonctionne pas. •
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