Portland est désormais le «Ground Zero», le point d’impact dans la guerre pour la culture américaine

par Bob Barr*

Voici des années que se développe, dans notre pays, une profonde confrontation entre les générations, les partis politiques et les personnalités. Faisant brusquement surface il y a quatre ans avec l’élection de Donald Trump, ce conflit aux multiples facettes est demeuré latent depuis le premier jour de l’entrée en fonctions de ce président et ce, dans pratiquement toutes les grandes questions de politique d’intérêt général. Il a à présent explosé dans toute sa violence.

Dans tout le pays le choc des cultures n’est peut-être nulle part ailleurs plus brutal qu’à Portland, dans l’Oregon; pas à Minneapolis, pas à New York, pas même à Washington, DC. Portland est devenu le point d’impact, le «Ground zero» du combat pour le cœur même de la culture américaine.

Longtemps, Portland a eu la réputation d’être une ville d’un haut niveau culturel, ainsi qu’un centre politique d’extrême gauche. Pendant des décennies, elle a attiré comme un aimant les libéraux de tous bords et de tous âges, mais ces dernières années elle a également attiré un élément bien plus sinistre et dangereux: le mouvement Antifa. A Portland, le consensuel establishment politique de gauche, dirigé depuis janvier 2017 par le maire pacifiste Ted Wheeler, constitue un terreau idéal pour les manifestants violents.

Depuis qu’ils ont uni leurs forces fin mai, les deux mouvements Antifa et Black Lives Matter se sont lancés dans des manifestations en pleine nuit, des actes de vandalisme et des incendies criminels, rencontrant peu de résistance de la part des autorités municipales. Ces derniers jours, cependant, la stratégie de «contrôle policier souple» (soft policing) de Wheeler (soutenu par la gouverneure de l’Oregon, Kate Brown, aussi libérale que lui) c'est heurté à une résistance.

Le président Donald Trump a relevé le défi à Portland, déclarant que si les dirigeants politiques fédéraux et municipaux se moquent de ce que des vandales profanent des bâtiments et des installations fédérales et mettent en danger les employés fédéraux à Portland, lui, il ne s’en moquera pas. Conformément à un décret qu’il a signé fin juin ordonnant l’application de la loi fédérale afin de protéger de manière proactive les bâtiments, les structures et le personnel fédéraux contre les vandales et autres activistes violents et permet de poursuivre en justice les auteurs de ces infractions, M. Trump a récemment donner l’ordre aux forces de l’ordre fédérales de se rendre à Portland justement dans ce but. 

A en juger par les hurlements émanant de la mairie de Portland et de Salem, la capitale de l’Oregon, on pourrait en conclure que le président aura expédié Patton et sa troisième armée dans la ville.

Wheeler et Brown se sont tous deux écriés que Trump avait envoyé des masses d’«agents secrets» à Portland afin de s’y emparer, sans le moindre discernement, de manifestants pacifiques dans les rues et de les traîner dans des endroits tenus secrets (éventuellement pour les soumettre au supplice de la baignoire).

En fait, les actions de l’administration Trump n’ont rien de secret, loin de là. Dans de nombreuses déclarations publiques, le président et le secrétaire par intérim à la sécurité intérieure, Tshhad Wolf, ont clairement exprimé leur engagement vis-à-vis de la protection des installations et des personnels fédéraux à Portland ainsi que dans d’autres villes. De plus, l’omniprésence des caméras de télévision et des enregistrements de téléphones portables rendraient de toute façon pratiquement impossible toute action policière clandestine.

M. Wheeler continue de voir les événements se déroulant dans la ville qu’il dirige nominalement au travers des mêmes lunettes roses qui, tout au long de son mandat, ont permis aux voyous du mouvement Antifa d’attaquer physiquement des journalistes conservateurs, d’arrêter la circulation sur les grandes autoroutes et de se livrer totalement à leur guise à des actions d’incendie criminel et de vandalisme. Il n’est pas surprenant que M. Trump ne considère pas les manifestations violentes avec le même degré de compassion que le maire, en particulier lorsqu’elles visent des propriétés et du personnel fédéraux. 

La timidité dont a fait preuve Wheeler dans la lutte contre les manifestants violents l’a en effet rendu aveugle à toute réalité. Par exemple, alors même que les manifestants des mouvements Antifa et Black Lives Matters attaquaient le week-end dernier les bâtiments de la police de Portland ainsi que le palais de justice fédéral de la ville, M. Wheeler est venu se plaindre à la télévision de ce que la présence des forces de l’ordre fédérales était seule à l’origine de tout problème.

Malgré les hypothétiques déclarations du maire Wheeler, du gouverneur Brown, du sénateur Ron Wyden (Démocrates, Oregon), de Nancy Pelosi, la présidente de la Chambre des représentants et de l’actuel président de la Chambre judiciaire Jerry Nadler (Démocrates, New-York) – selon lesquelles à Portland les forces de l’ordre fédérales ont mené des actions inconstitutionnelles et injustifiées visant à protéger les installations et le personnel fédéraux de la violence – le président Trump ne reculera probablement pas; en tout cas il ne faudrait pas qu’il le fasse.

En tant que président, M. Trump a la responsabilité absolue de protéger les installations et le personnel fédéraux chaque fois qu’ils sont menacés, que ce soit à l’intérieur du pays ou à l’étranger. Le fait que le Parti démocrate ne considère plus cela comme un fondement légitime de la société civile illustre la profondeur du gouffre dans lequel nous sommes en train de glisser.

Source: The Daily Callervom 20.7.2020

(Traduction Horizons et débats)

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ef. Les événements de Portland, tels que Bob Barr les décrit dans son article, ne sont pas un cas isolé: par exemple, le correspondant américain du «Neue Zürcher Zeitung» a rapporté, le 6 août 2020 que depuis des mois des manifestations du mouvement «Black Lives Matter» ont exigé à diverses reprises que l’on limoge les membres des forces de police fondamentalement racistes et donc non susceptibles de s’amender. 

A la suite de cette vague de protestations, les forces de police ont limité leur action dans les cas douteux, sans doute aussi parce qu’elles craignaient de tomber sous le coup de l’accusation de «délit de faciès». Ainsi que l’écrit la «Neue Zürcher Zeitung», le secrétaire américain à la Justice, William Barr, aurait déclaré devant le Congrès: «Lorsque la population se retourne contre la police et la met au pilori, c’est la disponibilité de celle-ci à s’engager qui en souffre. Malheureusement, nous constatons cette tendance dans beaucoup de nos grandes villes». 

Selon le Wall Street Journal, le nombre des homicides dans 36 des 50 plus grandes villes des Etats-Unis a connu une augmentation à deux chiffres depuis le début de l’année. Portland est ainsi un exemple pour d’autres villes américaines où est mené, selon Bob Barr, le «combat au cœur de la culture américaine». Dans ce contexte, l’approche du gouvernement consistant à demander aux autorités chargées du maintien de l’ordre et aux responsables fédéraux de Portland de protéger, de manière proactive, les bâtiments, les structures et les personnels fédéraux et d’appliquer des sanctions légales devient compréhensible. Et cela, même si de nombreux médias à grande diffusion refusent de le reconnaître sous nos latitudes.            •

 

 

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