Les droits de l’homme: le droit d’être soi-même

Mon travail de toute une vie dans le domaine des droits de l’homme – en tant que haut fonctionnaire et juriste à l’ONU, secrétaire du Comité des droits de l’homme, chef du department de requêttes (greffier), expert indépendant pour la promotion d’un ordre international démocratique et équitable, président d’une organisation de défense des droits de l’homme, professeur de droit international et des droits de l’homme et auteur militant – me permet de confirmer le truisme selon lequel les droits de l’homme sont indissociables et interdépendants. Cependant, le slogan souvent répété selon lequel «tous les droits sont égaux» relève  d’une platitude médiocre reflétant un manque du sens de la mesure, de discernement et de jugement. La dignité humaine est un principe directeur qui dicte ses priorités – c.à.d. une hiérarchie des droits de l’homme fondée sur le bon sens. Primo, il y a le droit à la vie, un engagement à promouvoir et à protéger le caractère sacré de la vie, incluant nécessairement l’intégrité physique, le droit à l’alimentation, à l’eau, au logement et aux soins de santé, le droit à vivre en paix et comme conséquence la prohibition de la guerre . Secundo, nous reconnaissons que la dignité humaine imprègne tous les autres droits et affecte tous les autres droits, en affirmant le droit à sa propre personnalité et identité, ce qui, en termes simples, signifie le droit d’être qui vous êtes, votre droit d’être vous-même, mon droit d’être moi-même et, comme corollaire logique, le devoir de respecter la personnalité des autres et leur droit d’exprimer leurs opinions, de fixer les priorités de leur vie – ce droit essentiel à l’autodétermination, à l’abri de la peur et des contraintes artificielles imposées par le gouvernement ou la société. Tous les autres droits de l’homme découlent de ces deux catégories et peuvent être regroupés sous celles-ci.

Alfred de Zayas

(Traduction Horizons et débats)