L’heure est au barrage de nouvelles infections et à la prévention d’autres maladies

par Karl-Jürgen Müller

Dans de nombreux pays européens, dont la Suisse, l’Autriche et l’Allemagne, le nombre de nouvelles infections à corona et le nombre de maladies à Covid-19 nécessitant un traitement médical a de nouveau fortement augmenté. Les responsables des hôpitaux et des cliniques ainsi que les médecins travaillant en cabinet privé nous avertissent de leur impossibilité imminente à ne plus faire face aux prochains traitements de la Covid-19. La rectification de cette évolution, nécessaire à tous égards, se heurte pourtant à divers facteurs. Par contre, on assiste à des initiatives nous donnant confiance et courage.

L’un des facteurs d’obstruction est occasionnellement lié à certains médias. Des directives telles que «satisfaire les donateurs», «directives idéologiques», «attirer l’attention» ou «augmenter le tirage ou l’audience» peuvent aller à l’encontre de l’objectif d’endiguer une pandémie. Les médias suivant principalement les orientations telles que celles mentionnées ci-dessus ne créent point la confiance ni n’aident les gens à s’orienter en confiance. Mais dans le monde des médias, il existe toujours un sens de la responsabilité telle qu’elle s’est manifestée au printemps passé, encourageant l’espoir qu’elle fera à nouveau ses preuves dans la situation actuelle. On peut déjà le constater.

Une façon d’aider essentiellement à combattre la pandémie réside dans les affirmations en public entièrement motivées par la volonté de prévenir de nouvelles infections et des maladies liées à Covid-19. Un bel exemple actuel en est l’«Appel des jeunes partis suisses du PBD, du PDC, du l’PEV, du PLR et du PVL aux jeunes» du 24 octobre 2020 (voir encadré p. 3).

Comment agir pour 
prévenir une infection?

Chacun d’entre nous est concerné par la question de savoir comment agir pour prévenir l’infection corona et la maladie de la Covid-19. En gros, la réponse est simple: la meilleure protection jusqu’à présent est de suivre les règles connues (garder une distance suffisante, porter correctement un masque de protection, faire attention à l’hygiène) et – pour réduire le risque résiduel restant – limiter les contacts au strict nécessaire.

Un pays comme la Chine, semble-t-il, a pour objectif de combattre le virus du corona dans son propre pays avec détermination et avec des ressources importantes, afin d’éviter autant que possible de nouvelles infections et maladies. Ainsi dans la ville de Qingdao par exemple, en Chine orientale, une métropole d’environ neuf millions d’habitants, les autorités responsables ont testé, il y a environ deux semaines, tous les habitants de la ville en quelques jours, après avoir détectées quelques nouvelles infections. Procédant ainsi, elles se sont donné la certitude qu’il n’y avait pas d’autres infections dans la ville. Il ne faut pas absolument prendre cet exemple comme modèle, mais les différences avec nos pays sont flagrantes. Alors qu’ici les plaintes abondent (allant du fait d’étiqueter la Covid-19 de fausse alerte en passant par celle d’une restriction de notre liberté liée au port obligatoire des masques jusqu’à ce que la lutte contre la pandémie engendrera la ruine économique) ailleurs, la lutte contre la pandémie est acceptée demeurer une priorité absolue – assortie d’efforts n’allant pas contre la population, mais avec son consentement. C’est aussi dans l’intérêt économique, comme semble le démontrer la reprise économique de la Chine (voir l’encadré ci-dessous). 

La Slovaquie est le premier pays européen à vouloir faire tester tous ses citoyens adultes.

La protection accrue contre les infections n’est pas synonyme de confinement

L’affirmation selon laquelle seul le confinement économique peut empêcher le nombre croissant d’infections est trompeuse. Au cours des derniers mois, la plupart des entreprises ont développé des concepts de protection offrant une bonne protection contre l’infection – à condition qu’ils soient respectés. 

Il est pourtant évident que cela est difficile pour certains, notamment dans le secteur privé et dans les activités de loisirs. Le réapprentissage et la réorientation imposés par ces temps de pandémie n’ont rien à voir avec le confinement. Ainsi, même les déclarations récentes du président de l’Association médicale mondiale, M. Ulrich Montgomery, ne sont pas à considérer comme une capitulation. Dans une interview accordée au «Rheinische Post» du 23 octobre, il avait déclaré qu’avec un taux d’infection de 20 000 par jour en Allemagne (le 30 octobre, il a atteint un pic de plus de 18 000), il faudrait procéder à un nouveau confinement car autrement, il deviendrait impossible aux autorités sanitaires de retracer et d’interrompre les chaînes d’infection, situation aboutissant à «un scénario incontrôlable». Aujourd’hui déjà, des voix officielles affirment qu’en Allemagne, 75 % des personnes positives au test se déclarent être incapables de préciser où et comment l’infection s’est produite.

Il n’en demeure pas moins vrai que ce sont nous les citoyens, qui sommes en premier lieu responsables de la situation afin qu’elle redevienne de nouveau contrôlable. Chacun d’entre nous, individuellement, est bien responsable!

Donner la priorité à la sécurité

Certes, nous ne disposons pas encore d’une certitude à cent pour cent pour éviter toute infection, situation nous encourageant à amplifier nos connaissances et à améliorer constamment nous concepts de protection efficace. N’est-il pas raisonnable, face aux doutes, de privilégier la sécurité? 

Nous disposons aujourd’hui de suffisamment de témoignages bouleversants provenant de patients atteints mais aussi de médecins et du personnel soignant, nous donnant un aperçu sur l’évolution de la maladie, répartie sur tous les groupes d’âge, avec et sans maladies antérieures. Chacun est donc bien avisé de se comporter de manière à ne pas s’infecter lui-même ni les autres.

Comme nous avons pu le constater ces derniers temps, les autorités et responsables politiques sont soumis à des pressions énormes. Y ont contribué des  groupes motivés par des intérêts matériels – tout à fait compréhensibles – et ceux composés de défenseurs d’un concept de liberté douteux. Les théories selon lesquelles les mesures étatiques auraient pour but premier d’établir une dictature en vue de contrôler tous les citoyens ont enflammé une minorité véhémente y ayant accordé beaucoup d’attention. L’idée, à double tranchant, que la «critique» constitue l’épice de la soupe démocratique a également contribué à cette ambiguïté. Un film comme «Unerhört» (le mot allemand joue sur les deux sens: pas entendu et inouï, ndt), dont la première a eu lieu récemment à Zurich, ne fait qu’alimenter encore la polarisation déjà existante et ne contribue pas ainsi à résoudre les problèmes réels.

La confiance dans les agences officielles n’est pas forcément vaine

Tout cela risque de réconforter ceux qui doutent du bien-fondé de la confiance dans l’Etat et ses fonctionnaires, doute peu justifié face à l’évidence que ces derniers méritent cette confiance, assumant honnêtement et ouvertement leurs responsabilités, dispensant leurs conseils et contribuant ainsi à nous encourager et à tous nous renforcer.

Des enquêtes montrent que les pays où les relations entre les gouvernants et les gouvernés sont bonnes, fondées sur la confiance, sont mieux situés à surmonter la pandémie que ceux où ce n’est pas le cas. Cela ne dépend même pas de la forme de gouvernement, comme cela est évident dans certains pays asiatiques.

La liberté et le pouvoir de l’Etat 
ne sont pas contradictoires

La liberté et le pouvoir de l’Etat ne sont pas non plus des contradictions. Au contraire, la républiquedémocratique libre, en forme d’Etat de droit, est la seule forme d’Etat à garantir la liberté et à empêcher le «droit du plus fort». Elle y parvient grâce au monopole de l’Etat à recourir à la force, grâce à sa garantie des droits fondamentaux et des droits de l’homme, grâce à ses principes de l’Etat de droit, ce qui inclut le lien incontournable de toute action de l’Etat à la loi (ci-inclus la garantie d’un recours juridique à chaque citoyen), grâce à la séparation des pouvoirs et au contrôle des compétences, horizontalement entre les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, mais aussi verticalement grâce à un Etat fédéral, à un ordre fédéral et à la représentation républicaine de l’ensemble du peuple – idéalement accompagnée d’une démocratie directe. 

La liberté ne relève pas de l’arbitraire et de l’insouciance, mais de l’éclosion personnelle respectueuse de la nature sociale du genre humain. La Cour constitutionnelle fédérale allemande l’avait déjà affirmé, en 1954, dans son interprétation du concept de liberté. «La dignité de la personne», selon l’explication d’un commentaire de l’article 1 de la Loi fondamentale allemande, «consiste dans le fait que l’homme, en tant qu’être spirituel-moral, est conçu pour se déterminer dans la liberté et la confiance en soi tout en en ayant de l’influence sur son entourage.» «Etre spirituel-moral» signifie que l’homme est capable de reconnaître et de distinguer le bien du mal, le bon du mauvais, le juste de l’injuste, capable donc de choisir la voie du bien, du droit et du juste. Agir de la sorte est synonyme de servir le bien commun, tandis que s’y abstenir le compromet. Ce n’est pourtant que la première variante qui corresponde à sa nature sociale.

La liberté, voilà ce que Karl Albrecht Schachtschneider met en évidence dans son œuvre fondamentale intitulée «Res publica res populi. Grundlegung einer Allgemeinen Rechtslehre», n’est jamais seulement la liberté de «se libérer» de quelque chose, mais toujours la liberté en quête d’atteindre quelque chose – ce «quelque-chose» se trouvant en correspondance de la loi morale.1 Les titres de chapitre comme «La distinction entre l’Etat et la société contraire à la loi républicaine» ou «Proximité et distance du concept républicain vis-à-vis du concept libéral de la liberté» le soulignent. La protection de la vie et de l’intégrité physique sont des droits fondamentaux qui obligent non seulement l’Etat mais également les citoyens eux-mêmes.

La base émotionnelle de la solidarité humaine existe toujours 

Les citoyens veulent des fonctionnaires qui, comme au printemps 2020, se tiennent debout honnêtement en donnant des directives claires, tout en exprimant que le combat contre une pandémie est liée au fait de travailler tous ensemble sur un pied d’égalité.

L’histoire ne peut pas se répéter, et il est bon que personne n’essaie de le faire. Même si la «cacophonie» a pris de l’ampleur aujourd’hui, nous ne devons pas oublier qu’actuellement, nous savons davantage qu’il y a six mois sur le virus, sur les maladies qui lui sont associées et sur la manière de nous protéger. Ces connaissances doivent être employées au profit de tous. C’est pourquoi il s’agit à nouveau principalement de rester dans la prévention de nouvelles infections et d’autres maladies. La base émotionnelle de la solidarité humaine tant bienfaisante au printemps lorsque la pandémie nous a défié pour la première fois, est en accord avec la nature humaine. C’est pourquoi elle existe toujours, susceptible de déployer tout son potentiel bénéfiqueà nouveau, six mois plus tard. •


Quant à la notion «loi morale» v. l’entrée «Philosophie pratique de Kant» sur le site web https://fr.wikipedia.org/wiki/Philosophie_pratique_de_Kant

Santé et économie

«Y a-t-il un conflit d’intérêt entre la protection de la santé publique et l’économie? Je ne vois pas ce conflit. Quand un virus se propage, l’économie n’est pas en mesure de prospérer. L’idée que l’on pourrait se débarrasser des mesures restrictives de l’Etat et que cela soutiendrait l’économie est une illusion. Il y a cent ans, à l’époque de la grippe espagnole, les évènements montrent que lorsque des mesures sont prises tôt et de manière décisive, les dommages économiques sont moindres en fin de compte.»

Clemens Fuest, directeur de l’Institut Ifo de Munich,
dans une interview avec le «Neue Zürcher Zeitung» le 24/10/20

«La semaine dernière, plusieurs économistes d’importantes entreprises et associations se sont clairement prononcés contre de nouveaux confinements. Derrière ces arguments se cache apparemment l’idée qu’il existe un conflit d’intérêt entre la santé publique et l’économie. Cette idée est problématique car les études empiriques et les considérations théoriques (avec toutes les incertitudes que nous avons à vivre dans la pandémie) montrent qu’un tel conflit d’intérêt peut exister à court terme, mais pas à moyen et à long terme. Une économie saine exige des gens en bonne santé.»

Martin Kolmar, professeur et directeur de l’Institut d’éthique économique de l’Université de Saint-Gall, dans un article du
 «Neue Zürcher Zeitung» du 26/10/20

(Traduction Horizons et débats)

 

Nouvelles directives officielles en Suisse et en Allemagne

km. Le 28 octobre 2020, le Conseil fédéral suisse, la chancelière allemande et les premiers ministres des Länder allemands ont adopté de nouvelles mesures pour contenir la pandémie de corona et les ont présentées au public. C’est précisément grâce à ces mesures que le confinement, comme au printemps, doit être évité dans les deux pays.
  La teneur des deux ensembles de mesures consiste en une réduction significative des contacts de loisirs, en Allemagne avec plus de rigueur qu’en Suisse. 
  En Suisse, les discothèques et les salles de danse seront fermées jusqu’à nouvel ordre tandis que les restaurants et les bars doivent limiter les heures d’ouverture de 6h00 à 23h00, sous réserve de conditions de protection. En Allemagne, tous les établissements de restauration restent fermés, à l’exception de ceux offrant l’achat des aliments et des boissons à la consommation à domicile.
  Les restrictions en Allemagne sont également plus strictes concernant les événements et les voyages privés, les possibilités d’hébergement à des fins touristiques restant exclues jusqu’à nouvel ordre. Toutes les institutions et installations liées aux activités de loisirs sont fermées. En Suisse, le nombre de participants à des manifestations de loisirs sera fortement limité.
  En outre, dans les deux pays, l’obligation de porter des masques de protection en public et au travail a été étendue.
  En Allemagne, les mesures sont initialement limitées à la fin novembre 2020; en Suisse, il n’y a pas de date limite.
  Dans les deux pays, les écoles maternelles et les écoles restent ouvertes, ainsi que le commerce de détail et de gros, à condition de respecter les strictes règles de protection. Il en va de même pour toutes les autres entreprises, sollicitées à autoriser davantage de travail à domicile.
  Alors que le Conseil fédéral suisse n’a pris aucun engagement financier envers les entreprises concernées, le gouvernement allemand envisage une aide financière d’un montant total de 10 milliards d’euros en leur faveur. 
  Des sanctions gouvernementales plus strictes face aux violations des nouvelles règles ne sont explicitement mentionnées qu’en Allemagne. Les deux gouvernements sont unanimes à lancer un appel urgent à la responsabilisions de la population.

«Ensemble, nous pouvons empêcher le virus d‘avoir le dernier mot»

Appel des jeunes partis suisses du BPD, PDC, PEV, PLR et PLV adressé aux jeunes

«La pandémie de la corona cause de grands dégâts. Mais avant tout, elle coûte des vies humaines. S’ajoute à cela le fait que de nombreuses personnes, en particulier des jeunes, ont perdu leur emploi ou ont du mal à en trouver un. Personne ne sait quelle sera l’évolution de la crise. Dans cette situation qui s’aggrave, il est donc important que nous, les jeunes, prenions nos responsabilités individuelles et vivions en solidarité avec les autres jeunes et les personnes âgées!

L’Etat peut faire beaucoup dans cette crise. Mais il ne peut pas prescrire la responsabilité et la solidarité. C’est aussi à nous, les jeunes, de respecter les importantes mesures d’hygiène et surtout de porter des masques et de garder nos distances les uns par rapport aux autres. Parce que la Covid-19 ne s’arrête à aucun être humain.

Nous, les jeunes partis, appelons donc les jeunes à suivre sérieusement les règles d’hygiène et de conduite suivantes. Ce n’est qu’ensemble que nous pourrons maîtriser le virus.

  • Porter un masque lorsque cela est nécessaire
  • garder une distance générale, tant pour les jeunes que pour les personnes âgées
  • pas de poignée de main, pas de câlin
  • se laver soigneusement les mains
  • en cas de symptômes de maladie, se faire tester immédiatement et rester à la maison
  • Télécharger l’application de traçage et l’utiliser activement

Ces mesures sont particulièrement importantes maintenant, dans une phase où le nombre de cas augmente rapidement, car elles protègent la vie humaine. Ensemble, nous pouvons faire en sorte que le virus n’ait pas le dernier mot et que la situation n’empire pas. Agissons ensemble de manière responsable et pour le bien de la communauté – maintenant plus que jamais!

Source: https://www.jcvp.ch/2020/10/24/appell-der-schweizerischen-jungparteien-an-die-jungen/ du 24/10/20

(Traduction Horizons et débats)

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