Editorial

Le délai de récolte de signatures pour l’initiative populaire fédérale «Micro-impôt sur le trafic des paiements sans espèces» court depuis le 25 février 2020. Cette initiative est présentée plus en détail ci-dessous, dans une interview et dans l’encadré avec de courtes questions et réponses sur le thème d’un micro-impôt. L’initiative mériterait beaucoup plus d’attention qu’elle n’en reçoit actuellement: il s’agit, après tout, d’une approche très bien pensée pour maîtriser l’incroyable disparité entre les performances des économies nationales et les montants incroyables échangés dans l’économie financière mondiale sous la forme de produits financiers pour la plupart opaques. L’argent qui est transféré dans ce domaine, par exemple sous la forme de paris sur les défauts de paiement ou les éventuelles faillites d’entreprises, correspond, même dans notre pays, à un large multiple de la performance économique de l’économie nationale. Cependant, la grande majorité de ces transactions financières échappe manifestement à tous types de contrôles. Ce casino financier mondial ne met pas seulement en danger les économies nationales, car en cas de prochaine crise, c’est bien sûr le citoyen et contribuable «ordinaire» qui devra payer la facture. Les énormes sommes d’argent permettant ici de garantir les intérêts particuliers de quelques individus mettent également en danger la démocratie, car ploutocratie va de pair avec vénalité, corruption, manipulation de l’opinion publique, etc. Un impôt généré automatiquement sur tous les crédits et débits via les transactions électroniques pourrait créer la transparence dans ce domaine. Quiconque souhaite réellement éviter l’évasion fiscale et les paradis fiscaux, et non pas mener seulement une guerre économique dans ce secteur, devrait certainement préconiser un tel impôt. En outre, l’imposition de ces transactions financières serait assurément plus équitable que l’imposition du travail: elle serait prélevée automatiquement et coûterait évidemment plus cher à ceux qui opèrent à grandes vitesses avec des montants plus importants. 
    Il est certain que le casino financier va continuer à exploiter massivement le «business de la peur», comme l’écrit Marc Chesney.Et il continuera à répandre l’argument selon lequel des «postes à responsabilité» tels que la direction d’une grande banque ne devraient être confiés qu’aux «meilleurs», ce qui rendrait nécessaires les salaires (et les primes) correspondants. Dans son livre «La crise permanente»,1 Chesney cite l’exemple de Joseph Cassano,directeur d’AIG, la compagnie d’assurance nord-américaine qui avait parié massivement sur la survie deLehmann Brothers.Après le sauvetage d’AIG par le contribuable américain, Joseph Cassano dut quitter son poste de directeur, mais continua d’être employé comme consultant, pour un salaire mensuel de 1 million de dollars. Dans le film «Inside Job», il est dit qu’avec ce contrat de conseil, on voulait s’assurer qu’AIG puisse continuer de profiter de ses «connaissances intellectuelles» (retain the intellectual knowledge).2 Grâce à ces «capacités intellectuelles»,d’innombrables autres personnes se sont retrouvées sans rien.
    Nous, les humains, avons souvent la mémoire très courte, bien qu’on ne cesse d’entendre des avertissements que cette crise est tout sauf résolue et que, au contraire, la trentaine de grandes banques d’importance systémique, des Hedgefonds, etc. ont au contraire encore renforcé leur position. Ce que l’initiative pourrait en tout cas réaliser dans ce contexte, c’est un débat nécessaire et urgent sur ces questions existentielles, auxquelles nous serons tôt ou tard à nouveau confrontés de manière très concrète – si l’initiative se réalise. Le délai de récolte des signatures (quelque peu repoussé suite aux dispositions liées au Covid-19) est fixé au 5 novembre 2021. A la fin du mois d’avril, environ 50 000 signatures avaient été recuillies. Chaque personne qui veut donner une chance à cette discussion urgente peut, dans le cadre de notre démocratie directe, y apporter sa petite, mais non moins importante contribution:

micro-impot.ch/fr/linitiative/actuel/

Erika Vögeli

1Chesney, Marc. La crise permanente. L’oligarchie financière et l’échec de la démocratie. 3èmeédition revue et actualisée. Presses polytechniques universitaires romandes, Lausanne 2020.

2film Inside Job, vers la min. 79.50 (https://www.youtube.com/watch?v=T2IaJwkqgPk).

«In March of 2008 AIG’s financial products division lost 11 billion Dollars. Instead of being fired Joseph Cassano,the head of AIG FP was kept on as a consultant for a million Dollars a month. (Martin Sullivan, PDG d’AIG Financial Products jusqu’en juin 2008, à ce sujet dans une interview): ‹… and you want to make sure that the key players and the key employees within AIG FP …, we retain that intellectual knowledge.›»[«En mars 2008, la division des produits financiers d’AIG a perdu 11 milliards de dollars. Au lieu d’être licencié, Joseph Cassano, le chef d’AIG FP, a été maintenu en tant que consultant pour un million de dollars par mois. (Martin Sullivan, PDG d’AIG Financial Products jusqu’en juin 2008, à ce sujet dans une interview): «… et vous voulez vous assurer que les personnes clés et les employés clés au sein d’AIG FP..., que nous conservions ces connaissances intellectuelles.›»]

Le comité d’initiative est composé de personnalités spécialisées, avec une expérience professionnelle souvent conséquente dans le domaine de la finance, de la fiscalité et/ou de l’informatique. Il s’agit autant de professeurs honoraires ou encore en activité dans les domaines de l’économie, de la finance et des technologies électroniques et informatiques, que de personnalités expérimentées dans le domaine de la gestion de patrimoine, de l’économie et de l’administration. Des politiciens et anciens politiciens en font également partie. L’initiative se considère comme politiquement indépendante.

Felix Bolliger, lic. oec. HSG, propriétaire de la gestion de fortune Felix Bolliger AG 1987-2017; Prof. hon. Beat Bürgenmeier, prof. d’économie à l’Université de Genève; Prof. hon. Franco Cavalli, ancien conseiller national, chef de l’Institut de recherche en oncologie de Bellinzona; Prof. Dr. Marc Chesney, prof. de finance à l’Université de Zurich et auteur du livre «La crise permanente», EPFL Press, Lausanne, 2020. marcchesney.com; Hélène Gache, politicienne et directrice d’une PME dans le domaine du conseil et de l’informatique; Prof. Dr. Anton Gunzinger, EPFZ, propriétaire de Super Computing Systems (SCS) AG, Zurich; Gérard Jolimay a dirigé une grande entreprise de services et est très impliqué dans le monde politique et associatif; Andrea Lacroix a pratiqué le droit pendant douze ans à l’Ordre des avocats de Genève et occupe actuellement un poste de cadre dans l’administration cantonale genevoise; Dick Marty, ancien Conseiller des Etats, Procureur du Canton du Tessin et ancien membre de la délégation parlementaire au Conseil de l’Europe; Guy Mettan, journaliste et politicien; Jean-Cédric Michel, avocat pratiquant au niveau international en Suisse, en Europe et aux Etats-Unis; Prof. Dr. Sergio Rossi, Ph.D., professeur ordinaire à l’Université de Fribourg (Suisse) en macroéconomie et économie monétaire; Dr. rer. pol. Oswald Sigg, journaliste, a travaillé pour l’ATS et la SSR et dans l’administration fédérale, 2005-2009 porte-parole du Conseil fédéral et vice-chancelier de la Confédération suisse; Dr. iur. Jacob Zgraggen, membre de la direction de la Banque Julius Baer 1981-1993. Depuis 1994, avocat d’affaires indépendant et membre du conseil d’administration de plusieurs PME.

 

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