La naissance d’une «Europe géopolitique»?

ds. Le 2 avril 2022, les deux «activistes européens et publicistes» Vincent-Immanuel Herr et Martin Speer l’affirment, dans une tribune publiée par la «Neue Zürcher Zeitung» et intitulée «Après la guerre d’agression: la naissance de l’Europe géopolitique»: l’attaque du 24 février contre l’Ukraine marque la fin de l’ancien ordre européen qui était plus ou moins en vigueur depuis 1950. Donc, selon ces auteurs, l’UE doit désormais se transformer en une «superpuissance des valeurs» capable de se défendre par elle-même. Dans leur contribution, ils développent leurs idées dans deux domaines majeurs. Il s’agit des «questions de politique militaire et de sécurité» et du développement d’un «sentiment d’appartenance européenne».

Questions militaires et
questions de politique de sécurité

Pour renforcer la politique militaire et de sécurité, il est nécessaire de «centraliser et d’unir» davantage la politique extérieure, ainsi que celle touchant à la sécurité et la défense européenne. Pour atteindre cet objectif  il faudrait opérer un transfert progressif de «la responsabilité nationale» vers un véritable «niveau européen».

    Le représentant de l’UE pour les affaires étrangères se transformerait «ministre des Affaires étrangères de l’UE avec des compétences élargies». Un nouveau «conseil des affaires étrangères et de la sécurité de l’UE» – qui ne serait pas basé de façon explicite «sur le principe de décisions prises à l’unanimité» – devrait en définir la «stratégie et l’orientation».

    Toujours selon le concept exposé par les deux auteurs ci-dessus, il faudrait que l’Europese dote d’une «force armée européenne autonome», répartie entre armée de terre, armée de l’air et forces navales ainsi que d’un cybercommandement intégré. Il faudrait également envisager de «faire évoluer l’armement nucléaire français vers un écran atomique européen autonome».

    La création d’un «service secret européen commun» complèterait cette panoplie du centralisme exacerbé de la «nouvelle»Europe.

Créer un «sentiment
d’appartenance européenne»

Afin de promouvoir un «sentiment d’appartenance européen», les auteurs proposent d’introduire «l’anglais comme langue officielle supplémentaire dans tous les Etats de l’UE»: en conséquence, par exemple, les formulaires dans les administrations ou les panneaux de trafic seraient automatiquement bilingues, incluant une version en anglais et l’autre en langue locale et ce, sur l’ensemble du territoire européen».

    Dans le domaine des médias, les auteurs prévoient la creation d’une plateforme européenne qui mette à disposition les informations et leurs contenus au travers d’organismes nationaux de radiodiffusion de toutes les régions de l’UE, en ligne et hors ligne, dans différentes langues, plateforme qui soutiendrait ainsi «la formation d’une opinion publique européenne». Cette plateforme médiatique pourrait progressivement être transformée en «chaîne d’information mondiale, en s’inspirant de BBC ou de CNN» et développer ainsi un «rayonnement mondial».

    Afin de promouvoir la cohésion culturelle commune, il faudrait instaurer un «service civil ou militaire européen obligatoire pour tous les jeunes de tous les pays», lequel pourrait être effectué non seulement dans le pays d’origine, mais également dans n’importe quel état membre de l’UE.

«La naissance de l’Europe géopolitique»

En 2018, les deux activistes européens ont reçu le Prix Jean Monnet pour l’intégration européenne. Ils affirment que le nouveau chapitre de l’unification européenne, si l’on se réfère à leurs propositions, pourra transformer l’UE en «superpuissance fondée sur des valeurs communes, géopolitiquement cohérente, responsable et capable de se défendre par elle-même, une grande famille dans laquelle d’autres pays européens pourraient également être à même de s’épanouir».

    Le monde a-t-il en véritablement besoin d’une nouvelle «superpuissance des valeurs»? Quels seraient les états susceptibles de s’y épanouir à l’avenir? Et dans cet univers renouvelé, quelle pourrait bien être la place de, disons … la Suisse …? •

 

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