Pour un avenir sûr en liberté

par Franz Grüter, Conseiller national, président de la Commission de politique extérieure

Le 1er août, nous fêtons l’anniversaire de la Suisse. Il y a plus de 730 ans, un projet unique de réussite a vu le jour au cœur de l’Europe. Aujourd’hui, nous pouvons affirmer que dans aucun autre pays les citoyennes et citoyens ne disposent d’autant de liberté, d’autodétermination, de sécurité et de prospérité qu’en Suisse.
    La première pierre a été posée par le Pacte fédéral de 1291. Face à la «malice du temps», les vallées d’Uri, de Schwyz et d’Unterwald ont juré de s’entraider. A l’époque, la menace venait de l’extérieur, de baillis fiscaux étrangers et de juges étrangers.
    Aujourd’hui, la malice du temps se cache à l’intérieur: beaucoup ne savent plus que notre prospérité et notre liberté sont tout sauf évidentes. Le 1er août, nous devrions d’autant plus nous souvenir de cette alliance protectrice et des fondements de la Suisse.

Pour une armée forte

Aujourd’hui, l’Etat fait tout ce qui est possible et impossible. Au Parlement, on pourrait parfois penser qu’il n’y a rien de plus d’important à faire que l’aménagement de toilettes non sexistes.
    Pourtant, la majorité du Parlement a laissé pourrir pendant des années le fondement de la sécurité intérieure et extérieure: l’armée. Sans sécurité, il n’y a pas de liberté. Sans liberté, il n’y a pas d’autodétermination. La guerre en Ukraine nous le démontre de manière dramatique.
    En juillet, mon épouse et moi avons parcouru la Scandinavie en camping-car. Nous avons été particulièrement impressionnés par la Finlande: à quel point ce petit pays de 5,5 millions d’habitants prend au sérieux la protection de sa population. En cas de guerre, les Finlandais peuvent mettre sous les armes jusqu’à 520 000 hommes en peu de temps pour défendre l’indépendance du pays.
    Ma conclusion: nous devons résolument nous en tenir au modèle de réussite qu’est  la Suisse. Cela signifie rester neutre et capable de protéger notre pays et notre population de manière autonome. Ces deux aspects sont malheureusement fort menacés.
    Dans l’armée, j’ai appris un principe de commandement important: en cas de crise, il ne faut jamais prendre de décisions précipitées aboutissant à des conséquences à long terme. De telles décisions se révèlent généralement erronées par la suite. Cela a malheureusement été le cas avec l’abandon de la neutralité. Sous la pression de l’étranger, le Conseil fédéral a pris des décisions qui vont à l’encontre des intérêts de notre pays.

Pour une neutralité crédible

C’est aussi ce que nous enseigne l’histoire de la Suisse: nous devons absolument revenir à une neutralité armée. En d’autres termes, notre armée, dénigrée et ruinée pendant des décennies, doit être rendue à nouveau apte à la défense, afin qu’elle puisse protéger le pays et ses habitants. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons continuer à être sûrs et libres, «comme l’étaient les pères». Le message du Pacte fédéral de 1291 est encore valable aujourd’hui pour la Suisse.
    Si la Suisse se porte si bien et si elle a notamment survécu sans dommage à deux guerres mondiales, nous le devons en grande partie à notre neutralité armée perpétuelle. Mais ce pilier de notre Etat et du modèle de réussite suisse vacille lui aussi. Non seulement la gauche, mais aussi de nombreux politiciens bourgeois veulent soudain jeter la neutralité par-dessus bord. Les présidents du centre et du PLR veulent même livrer des armes et des munitions à l’Ukraine – à un Etat en guerre!
    La Suisse n’a rien à perdre non plus au Conseil de sécurité de l’ONU, où les grandes puissances décident de la guerre et de la paix. Nous devons mettre un terme à cette braderie rapide de la neutralité. Sinon, la Suisse perdra toute crédibilité en tant que médiateur neutre et ne pourra plus offrir ses bons offices. Par le passé, elle a ainsi apporté une contribution importante à la stabilité et à la paix dans le monde. Autrement dit: si chaque pays vivait la neutralité de la Suisse, il n’y aurait pas de guerre dans le monde.

Pour un approvisionnement énergétique sûr

Dans le domaine de l’approvisionnement énergétique, l’alerte est rouge foncé: une pénurie d’électricité pourrait survenir dès cet hiver. Les entreprises ont été informées que l’électricité pourrait tout simplement leur être coupée. Nous serons confinés dans nos appartements et nous aurons froid. L’économie sera à l’arrêt. Notre monde numérique interconnecté s’effondrera si nous manquons d’électricité.
    Un tel scénario aurait été impensable il y a peu de temps encore. Il risque désormais de devenir réalité. Des avertissements ont été balayés par le Conseil fédéral et les autres partis. En 2017, notre parti a mis en garde contre le manque d’électricité et l’explosion des prix de l’énergie avec l’affiche «Douche froide». On s’était alors moqué de nous – aujourd’hui, personne ne rit plus.
    La crise provoquée par nous-mêmes est une défaillance étatique de premier ordre: un pays industrialisé et prospère comme la Suisse n’est-elle pas capable d’assurer suffisamment d’énergie pour sa population et son économie? Cela ressemble à une mauvaise blague.
    La faute revient à la politique de château d’eau du centre-gauche. La stratégie énergétique 2050 a été un échec cuisant. Les interdictions technologiques – énergie nucléaire, interdiction des moteurs à combustion - sont néfastes et freinent le progrès et le développement. L’éolien et le solaire ne peuvent pas remplacer les capacités manquantes. Et encore moins en hiver, lorsque nous avons particulièrement besoin d’énergie. Seuls 5 % de notre électricité proviennent du vent et du soleil – et pourtant, le PS, les Verts et le Centre veulent arrêter les centrales nucléaires, qui fournissent de manière fiable un tiers de l’électricité suisse.
    La sécurité de l’approvisionnement énergétique est une priorité absolue. Le Conseil fédéral doit tout mettre en œuvre pour éviter la menace des black-out. La population et les entreprises sont tributaires d’un approvisionnement énergétique sûr et abordable. Il faut en finir avec les expériences suicidaires de la politique gauche-verte et de la bourgeoisie molle! C’est pourquoi notre parti demande la mise en place d’un «général de l’électricité» chargé d’élaborer toutes les variantes pour un approvisionnement énergétique sûr.

Notre modèle de réussite est en danger

Le Conseil fédéral se dirige également dans la mauvaise direction en matière de politique agricole. Au lieu de renforcer l’agriculture productrice et d’augmenter le taux d’auto-approvisionnement dans la situation de crise mondiale actuelle, il vient de décider que 3,5 % des terres arables devaient devenir «écologique». Cela représente 10 000 hectares de céréales en moins. Nous pourrions ainsi produire du pain pour un million de personnes en Suisse!
    Nous devons également redresser la barre en matière de politique agricole. La production de denrées alimentaires locale doit être augmentée et la dépendance vis-à-vis des importations de l’étranger doit être réduite.
    Le modèle de réussite suisse est en danger! Notre liberté, notre indépendance, notre sécurité intérieure et extérieure, notre neutralité, notre approvisionnement en énergie et en denrées alimentaires, notre prospérité, notre libre entreprise, notre prévoyance – tout cela est gravement menacé. Il est urgent de prendre des contre-mesures.
    Ce que nos ancêtres ont construit pendant des générations peut être détruit en un clin d’œil. Le temps des expériences idéologiques de prospérité est révolu. Le réalisme et la raison sont de mise. Pour que les enfants de nos enfants aient eux aussi un avenir sûr et libre, la Suisse a besoin d’un renouvellement de l’alliance de protection. Engageons-nous ensemble pour un avenir sûr et libre!

(Traduction Horizons et débats)

 

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