L’ancien rédacteur en chef de la «Tribune de Genève» et membre du Grand Conseil du Canton de Genève, Guy Mettan vient de publier un article fondamental, intitulé «L’Europe trahit ses valeurs» (voir cette édition, p. 1).
Le non-respect des valeurs européennes et universelles par les élites occidentales au pouvoir représente, il faut le dire, un problème persistant depuis longtemps déjà. On avait pourtant toujours pu entendre des voix qui s’y sont opposées. Le groupe de travail international, «Mut zu Ethik»1 par exemple, auquel je participe, fondé il y a déjà presque trente ans, en est un exemple parmi beaucoup d’autres. Regardant les choses de près, on constate qu’en vérité le mépris des valeurs européennes et universelles se manifestait depuis ce que l’on a appelé l’«l’Occident» ait pris forme. Ce n’était qu’occasionnellement, par exemple après la catastrophe de la Seconde guerre mondiale, qu’une partie considérable des élites occidentales d’alors s’en sont rappelées en essayant de donner un nouveau visage à leur politique, en la réorientant selon les principes de l’éthique politique.2
Avec leur présumée «victoire» de la première Guerre froide, après 1990/91 au plus tard, les élites des puissances occidentales haussent le ton pour sauvegarder à nouveau ces valeurs, mais en réalité, elles font exactement le contraire.
Absence de bases éthiques
La guerre des informations, menée par les élites des puissances occidentales contre la Russie n’a donc – contrairement aux prétentions de base de la propagande occidentale – aucune base éthique, mais bien d’autres origines et objectifs. Il faut se détromper: les élites des puissances occidentales mènent cette guerre idéologique contre la Russie de manière si impitoyable non pas dans l’intention de défendre les valeurs occidentales, la démocratie ou les vertus héroïques3.
L’action menée par les puissances occidentales est en effet une guerre dirigée contre la Russie. Une partie essentielle en est menée par la guerre d’information.
Il s’agit de bien plus que
de l’avenir de l’Ukraine
La question des buts que poursuivent les élites occidentales au pouvoir ne s’arrête pas aux frontières de l’Ukraine. Même si l’appel à un cessez-le-feu en Ukraine est compréhensible, cet appel ne doit pas négliger le fait que l’enjeu est bien plus important et que cette guerre menée par le front belliciste occidental ne sera pas terminée au moment où les armes se tairont en Ukraine.
Pour y voir plus clair il faut en effet reprendre la lecture des discours du Président russe des 22 dernières années passées jusqu’à son dernier discours, très détaillé, du 1er octobre 2022 en examinant, sans préjugé, leur contenu réel. Il est vraisemblable que l’on y rencontre maintes réponses à la question du pourquoi et du comment de la guerre implacable menée par les cercles occidentaux bellicistes contre la Russie. Dans ces discours, on apprend que la Russie remet radicalement en question la prétention orientée de ces cercles. Elle l’a fait et continue de le faire en insistant imperturbablement sur la légitimité de ses revendications quant aux garantis de sa sécurité; sur l’égalité du droit de la Russie (ainsi que de tous les autres Etats du monde) à sa sécurité; sur le respect des règles figées dans la Charte des Nations Unies; sur le respect de son droit à sa culture et ses valeurs, notamment en poursuivant leur propre voie russe en matière de famille, de religion et de nation; sur son droit à œuvrer en direction d’une économie mondiale plus juste, liée à la création d’un système financier mondial égal; sur son droit à critiquer les diverses formes privilégiant l’impérialisme et lenéocolonialisme occidentaux.
Comment arrêter la guerre?
La guerre menée par les élites occidentales au pouvoir peut se terminer de différentes manières:
1 cf. Verein zur Förderung der Psychologischen Menschenkenntnis (éd.) Mut zur Ethik. Eine Besinnung auf gesellschaftliche Grundnormen und moralische Grundhaltungen im Individuum (documentation du congrès du 24 au 26. septembre 1993 à Bregenz), ISBN 3-906989-35-6 et en particulier les thèses qui y ont été adoptées aux pages 543 ss.
2 cf. sur les fondements: Sutor, Bernhard. Politische Ethik. Gesamtdarstellung auf der Basis der Christlichen Gesellschaftslehre, (2e édition), ISBN 3-506-79090-0.
3 Les termes se réfèrent à l’article de Guy Mettan dans la Weltwoche du 1/10/22, repris dans cette édition (v. p. 1)
4 Crudopf, Weake. Russland-Stereotypen in der deutschen Medienberichterstattung (Arbeitspapiere des Osteuropa-Instituts der Freien Universität Berlin, Arbeitsschwerpunkt Politik, 29), Berlin 2000, p. 42.
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