Les bons offices de la Suisse offrent des possibilités bien plus utiles que les sanctions

Le Conseil fédéral ne reprend pas les nouvelles sanctions de l’UE contre l’Iran

mw. Depuis la mort de la jeune iranienne Mahsa Amini le 16 septembre après son arrestation par la police iranienne, des manifestations de protestation ont lieu en Iran et ont été violemment dispersées par la police à plusieurs reprises. Reste à savoir dans quelle mesure les manifestations doivent être étendues à une «révolution de couleur» avec l’aide des services secrets étrangers. Juste une remarque: lors d’un meeting électoral en Californie, le président Joe Biden a dit aux participants qui brandissaient des téléphones portables avec des slogans comme «Free Iran»: «Ne vous inquiétez pas, nous allons libérer l’Iran». Rafraîchissante, la réponse du président iranien Ibrahim Raisi devant des manifestants à Téhéran: «Monsieur le Président (Biden), l’Iran est devenu libre il y a 43 ans et demeure déterminé à ne pas être votre prisonnier. Et nous ne serons jamais une vache à lait». (RT du 4/11/22).
    Des manifestations de solidarité sont désormais organisées dans les villes européennes, comme à Berne le 5 novembre, où les manifestants ont exigé que le Conseil fédéral adopte les sanctions de l’UE. Bruxelles avait sanctionné plusieurs personnes et organisations le 17 et le 20 octobre en rapport avec la mort de Mahsa Amini. Le 2 novembre, le Conseil fédéral a décidé de «ne pas reprendre les sanctions de l’UE à l’encontre de l’Iran édictées dans le cadre des protestations actuelles. Cette décision a été prise en tenant compte de tous les intérêts de la Suisse en matière de politique intérieure et extérieure, dont les bons offices de la Suisse en Iran». (Communiqué de presse du Conseil fédéral du 2 novembre 2022)
    Les «cinq mandats de puissance protectrice (les Etats-Unis en Iran, l’Iran en Arabie saoudite/l’Arabie saoudite en Iran, l’Iran au Canada, l’Iran en Egypte) que la Suisse entretient en relation avec l’Iran» constituent une raison importante de cette décision. Dans son communiqué de presse, le Conseil fédéral montre qu’il sait très bien comment la Suisse peut agir au mieux dans les conflits internationaux: «La Suisse est l’un des rares pays à mener un dialogue bilatéral régulier avec l’Iran sur les questions de droits de l’homme et de justice. Ce dialogue offre à la Suisse la possibilité d’exprimer ses attentes et ses exigences concrètes en matière de liberté d’expression, d’abolition de la peine de mort, de lutte contre la torture, de protection des minorités et de droits des femmes dans un dialogue direct avec les autorités iraniennes». Si le Conseil fédéral couvrait l’Iran de nouvelles sanctions, cette occasion serait perdue.

La médiation est bien plus
précieuse que les sanctions

Deux membres de la Commission de politique extérieure du Conseil national prennent également position dans ce sens à la Radio SRF. Roland Büchel, conseiller national UDC, constate qu’il est certes juste que la Suisse suive les sanctions de l’ONU, mais qu’elle ne devrait pas aller au-delà. Hanspeter Portmann, conseiller national PLR, rappelle les fondements de la politique étrangère de la Suisse: «De telles sanctions contre des personnes ou contre des entreprises individuelles n’apportent en fait rien la plupart du temps, et il est bien plus précieux que la Suisse, avec son mandat [de puissance protectrice], essaie de tester et aussi d’arbitrer de cette manière, afin que les droits de l’homme soient respectés». (Radio SRF, Echo der Zeit du 5 novembre 2022)
    Il est bon que certains politiciens se souviennent à nouveau des tâches essentielles de la Suisse en matière de politique étrangère, qui doivent s’appliquer à tous les Etats du monde. Notre pays aurait d’ailleurs pu assumer un mandat de puissance protectrice pour la représentation des intérêts mutuels entre l’Ukraine et la Russie. L’Ukraine en avait fait la demande à la Suisse cet été, mais la Russie avait refusé, ce qui est compréhensible: «Le gouvernement suisse n’est plus neutre en adoptant les sanctions contre la Russie», écrivait l’ambassade russe à Berne, selon swissinfo.ch. («L’Ukraine veut donner à la Suisse un mandat de puissance protectrice – Moscou freine». Keystone-SDA du 11 août 2022).
    
Swissinfo (plate-forme publique de nouvelles et d’informations de la Suisse, propriété de la Télévision suisse SRF) ajoute: «La Suisse a une longue tradition de puissance protectrice. Pour la première fois, elle a défendu les intérêts du royaume de Bavière et du grand-duché de Bade lors de la guerre franco-allemande de 1870–1871 en France. En tant que puissance protectrice, elle est par exemple le point de contact pour les ressortissants qui vivent dans l’autre pays mais qui n’y ont plus d’ambassade nationale, lorsque l’Etat d’origine et l’Etat d’accueil ont rompu leurs relations. Elle peut également, si nécessaire, transmettre des dépêches diplomatiques et aider en tant que médiateur lors de négociations».
    Il n'y a rien à ajouter, si ce n’est: restons-en là!

Notre site web utilise des cookies afin de pouvoir améliorer notre page en permanence et vous offrir une expérience optimale en tant que visiteurs. En continuant à consulter ce site web, vous déclarez accepter l’utilisation de cookies. Vous trouverez de plus amples informations concernant les cookies dans notre déclaration de protection des données.

Si vous désirez interdire l’utilisation de cookies, par ex. par le biais de Google Analytics, vous pouvez installer ce dernier au moyen des modules complémentaires du présent navigateur.

OK