«Ensemble, les Américains et l’OTAN ont déclenché cette guerre»

Pierre de Gaulle, petit-fils de Charles de Gaulle, au sujet du mensonge des intellectuels, de l’hypocrisie européenne et de la nécessité des bonnes relations avec la Russie

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Globabridge. Irina Dubois, responsable de l’Association Dialogue Franco-Russe, a interviewé Pierre de Gaulle, le petit-fils du Général de Gaulle, juste avant Noël 2022. Le thème de l’interview était les relations internationales entre la France et l’UE, d’une part, et la Russie de l’autre. Pierre de Gaulle n’a pas mâché ses mots pour dénoncer publiquement les mensonges des Etats-Unis, de l’OTAN et des grands médias européens, en évoquant les problèmes économiques de l’UE auxquels les sanctions occidentales contre la Russie vont désormais conduire.

IIrina Dubois: Bonjour Monsieur De Gaulle. Tout d’abord je voudrais vous remercier d’ê tre venu prendre part aujourd’hui à notre dialogue franco-russe. Laissez-moi faire les présentations: Conseil en stratégie et finance d’entreprise, 15 ans d’expérience en direction de banques privées; en outre, il est inutile de retracer la vie et les actes de votre grand-père, le général de Gaulle, qui sont connus. Nous sommes en 2022, une année hors du commun, d’une grande complexité, spécialement en ce qui concerne les relations franco-russes. Je dirais même – sans aller jusqu’à  parler politique – que nous sommes dans l’année antirusse. Pourtant depuis septembre-octobre, il s’é lève des voix, de plus en plus nombreuses qui, très modestement, se prononcent en faveur de la normalisation des relations entre la France et la Russie, et vous en faites partie. Quelles sont selon vous les raisons d’é viter une séparation entre la France et la Russie?

Pierre De Gaulle: Bonjour Madame. Je vous remercie de votre accueil qui me donne ainsi l’occasion de m’exprimer dans cet endroit spécialement dédié à tout ce qui unit culturellement les peuples russes et français.
    Je crois effectivement qu’il est extrêmement important pour la France de sauvegarder et de promouvoir les relations d’entente et de coopération avec la Russie, tout d’abord au travers des liens historiques par la communauté de nos destins, mais aussi parce que la préservation de ces relations avec la Russie est une garantie de stabilité et de prospérité en Europe et dans le monde. Malheureusement, les conséquences induites par la crise actuelle se répercutent en France, en Europe et dans le monde entier et nous en souffrons tous – ce qui fragilise grandement cet équilibre que mon grand-père lui-même s’é tait toujours efforcé de maintenir, même lors des périodes les plus problématiques de l’histoire, non seulement au long de la guerre froide, mais également lors de la deuxième guerre mondiale. La Russie faisait partie du camp des vainqueurs engagés, comme la France, contre l’occupant nazi et mon grand-père s’est toujours efforcé de garantir cette relation avec la Russie. Toujours, j’insiste là-dessus.
    Et je pense qu’il est de l’intérêt de la France de maintenir cette ligne politique et cet équilibre parce qu’ils sont tous deux essentiels pour la stabilité de l’Europe. Je pense que l’opinion publique commence à prendre conscience du jeu pervers et des mensonges américains et en particulier de l’OTAN, qui tente d’utiliser cette crise ukrainienne dans le but de déstabiliser l’Europe: l’alliance entre l’Europe et la Russie constituerait un bloc de force politique, économique, culturelle et sociale d’environ 500 millions de personnes. Depuis les crises économiques consécutives à la guerre du Vietnam, liées notamment à l’abandon de l’é talon-or en faveur du dollar, les Américains ont toujours tenté, que ce soit par la force, la ruse ou par leur politique, de rattraper cette perte d’influence économique et politique, ainsi que la perte d’influence du dollar comme seul monnaie d’é change mondiale. Cette politique se perpétue.
    Je voudrais vous dire, je suis révolté par cette malhonnêteté intellectuelle à l’œ uvre dans la crise ukrainienne: les véritables facteurs de guerre sont les Américains et l’OTAN, et j’en vois la preuve dans les récentes déclarations de Madame Merkel, qui a dit qu’elle n’avait jamais eu l’intention d’appliquer les accords de Minsk – pourtant négociés et signés en garantie de la sécurité, de l’intégrité et du respect des populations russophones du Donbass. Les Allemands et les Français s’é taient portés garants de ces accords pour l’é quilibre, la stabilité et la protection des populations dans cette région.
    En niant avoir jamais eu l’intention d’appliquer les accords de Minsk, Madame Merkel a tout fait pour laisser l’OTAN armer l’Ukraine et pour poser les bases de ce conflit. C’est grave, je trouve, car des millions de personnes en souffrent.
    En autorisant cette expansion nationaliste ukrainienne, elle a laissé entre 16 et 18 000 personnes se faire tuer, être bombardées. Elle a laissé ces populations ukrainiennes nationalistes annihiler la culture russe et le sentiment même de leur appartenance à la Russie. Elle leur a dénié la possibilité de pratiquer leur langue et a malheureusement rendu ces crimes possibles, en contribuant sciemment à cette guerre et à cette escalade que poursuivent malheureusement les Etats-Unis, et dont les populations ukrainiennes sont les premières à souffrir – ainsi que les populations européennes.
    L’ampleur, le nombre et l’é tendue des sanctions montrent que tout cela a été planifié très longtemps à l’avance et qu’il s’agit en fait d’une guerre économique dont les Américains sont également bénéficiaires. Le prix du gaz américain est 4 à 7 fois plus élevé pour les Européens qu’aux Etats-Unis, ce qui se répercute sur le quotidien des Européens et provoque une crise économique et financière absolument sans précédent. On vous dira que c’est la faute des Russes. Fort bien, mais les Russes se défendent, 11 000 sanctions ont été prises à leur encontre; un neuvième train de sanctions a été décidé hier: il est donc tout à fait légitime et normal que les Russes se défendent.
    Nous sommes actuellement dans ce que j’appellerai un modèle où les qualités fondamentales de patriotisme, amour de la patrie et défense du peuple sont considérées comme anormales, ce qui, je pense, est très grave. Une fois de plus, je suis heureux de voir qu’un certain nombre de personnalités politiques du monde intellectuel, du monde économique et des élites reviennent à des considérations d’é quilibre, à une certaine logique et à ce qui a toujours constitué historiquement les relations entre la France et la Russie, c’est-à-dire la préservation de cet équilibre, cette entente, cette coopération et ce dialogue des civilisations; je pense à l’approche de Noël à tout ce qui nous unit et unira nos destinées communes à l’avenir.
    Pour moi cette nécessité, cet impératif de garder de bonnes relations avec la Russie est non seulement parfaitement légitime mais également un devoir envers l’Europe et la stabilité dans le monde mondiale et européenne.

Vous citez la stabilité: ici, au Dialogue franco-russe, nous parlons beaucoup de souverainisme, de souveraineté des Etats. L’Europe des nations, cette formule bien connue du Général de Gaulle, n’existe pas, ou plus. Comment peut-on construire une relation internationale indépendante dans le monde globalisé d’aujourd’hui?

En ce qui concerne l’Europe, mon grand-père Charles de Gaulle était effectivement partisan d’une Europe des nations c’est à dire d’une coopération à la fois économique et politique de chaque pays en vue d’une Union européenne, mais qui aurait bien sûr inclus également un certain degré d’autonomie politique et décisionnel.
    Or, le système actuel est devenu celui d’une technocratie – malheureusement très corrompue – imposant des directives applicables dans chacun des Etats membres. On l’a oublié, mais la présidente de la Commission européenne avait quand même, lorsqu’elle était ministre de la Défense en Allemagne, laissé derrière elle une ardoise d’environ 100 millions d’euros portant sur l’emploi de consultants extérieurs et de cabinets de conseil.
    Ces questions sont passées sous silence. On a aussi beaucoup parlé des liens unissant les industries pharmaceutiques et la présidente de la Commission européenne, dont je rappelle que le fils travaille pour une entreprise de biotechnologie américaine. Concernant les liens entre Madame von der Leyen et le PDG de Pfizer, ce dernier a récemment été par deux fois appelé à témoigner devant la Commission européenne, ce qu’il a à chaque fois refusé.
    J’aimerais bien qu’il y ait un peu plus d’honnêteté, de transparence au niveau de la Commission européenne qui édicte les lois. Ces gens ne sont pas des élus et n’ont en aucun cas à respecter la parole donnée. C’est malheureusement là où est le mal: les dirigeants européens d’aujourd’hui et où j’aimerais bien voir un peu plus de transparence.
    On l’a vu récemment dans l’affaire du Qatar, des valises de billets ont bizarrement été retrouvées au domicile de l’une des 11 vice-présidentes de la Commission européenne.
    Donc alors que se produit une crise majeure, politique et économique, une fois de plus manifestement orchestrée à dessein par les Américains et par l’OTAN, je souhaiterais là aussi un peu plus de transparence et d’honnêteté dans le dialogue et surtout le respect de la parole donnée. Encore une fois, si l’Allemagne, si la France, si l’OSCE, qui s’é taient portés garants des accords de Minsk avaient respecté leur parole nous ne serions pas dans la situation actuelle.
 

Le général a toujours été désireux de maintenir en tout temps, comme vous l’avez dit, les relations diplomatiques avec la Russie. Hier encore, juste avant notre rencontre, je relisais dans ses Mémoires de guerre des extraits de son voyage de 1944 en Russie, lorsqu’il a rencontré Staline. Je me permets donc de citer:
    «Je notais à quel point le fait que la Russie et la France s’é taient séparées l’une de l’autre avait influé sur le déchaînement des ambitions germaniques. Face au danger germanique l’action commune de la Russie et de la France était dans la nature des choses.»
    Le général trouvait naturelle la relation franco-russe et il le répète à plusieurs reprises dans différents extraits de ses mémoires.
    J’ai envie de vous demander si vous pensez qu’actuellement le gaullisme est encore vivant en France? A votre avis, quels sont ses héritiers politiques – vous pouvez les nommer ou pas – s’il y en a?

Ecoutez, je ne vais pas prendre parti pour tel ou tel homme politique en particulier en France actuellement. Je suis cependant opposé à la politique actuellement pratiquée par le Président de la République et son gouvernement, notamment en ce qui concerne les relations avec la Russie. Je pense, comme je l’ai dit souvent dans des interviews, qu’on ne fait pas du «en même temps»1 avec des pays aussi forts, aussi entiers, aussi importants que la Russie, que la Chine ou même l’Algérie.
    C’est ne pas comprendre la culture russe et ne pas en comprendre la mentalité. C’est aussi ne pas respecter le sens de l’histoire, la chronologie, la proximité des relations établies avec la Russie.
    Quant au gaullisme, et bien c’est un héritage, c’est un exemple, c’est la capacité en toute chose à promouvoir la grandeur de la France, de la nation et du pays, qui sont des valeurs normales et fondamentales, malheureusement trop décriées aujourd’hui. Votre président justement avait lancé une émission, je crois que ça s’appelait «Valeurs essentielles» ou «Réalités essentielles», vis-à-vis de la de la jeunesse russe, où on honorait la patrie, le lever du drapeau et les valeurs patriotiques et d’amour de la nation. C’est tout à fait normal. J’ai été élevé dans cet environnement.
    Dans beaucoup de pays comme l’Algérie, la Chine, le Royaume-Uni, les Etats-Unis, on célèbre la levée des couleurs, le drapeau, l’amour de la patrie. C’est tout à fait normal, mais c’est de nos jours érigé en anormalité par un système qui tend à déconstruire les valeurs essentielles qui sont la famille, la tradition et la religion. Heureusement dans votre pays le président Poutine maintient ces valeurs et j’aimerais bien qu’en France il y ait un leader politique qui en fasse la promotion ainsi que de la grandeur de la France.
    L’héritage du général de Gaulle, c’est effectivement une certaine idée de la France. La France qui soit présente sur la scène internationale, mais aussi la France qui se donne les moyens de sa politique. C’est aussi l’héritage d’un leader charismatique avec une vision, une véritable stratégie et une légitimité républicaine.
    Je pense que développer des relations à l’international de façon indépendante, c’est évidemment se donner les moyens de sa politique mais aussi la perspective d’anticiper les décisions, d’é laborer une stratégie définie, une vision claire, d’adresser des messages francs et précis, une véritable stratégie pour les Français et pour le peuple, que c’est ce que ces leaders doivent représenter puisqu’ils sont au service du peuple, de la nation, de la patrie: en toute chose, ils doivent promouvoir et porter les valeurs de leur pays.
    Malheureusement je n’entrevois en France aucune figure émergente susceptible de reprendre ce flambeau. Mon grand-père a œuvré toute sa vie pour la grandeur de la France, il a aussi laissé un héritage et cet héritage est entre les mains des Français. Il est écrit par l’histoire et il nous appartient, à chacun, de continuer cette œuvre et de reprendre ce flambeau.

En France les opinions de la société sont divisées par rapport à la situation du conflit en Ukraine, soit entre ceux qui pensent que de toute façon peu importe ce que fait la Russie, c’est de toute façon une dictature, un pays totalement étranger aux valeurs démocratiques de l’Europe, ou alors les autres, ceux qui pensent que finalement les intérêts économiques de la France ne sont pas en Ukraine et ne se sentent pas concernés par ce conflit, ceux qui, je pense, sont assez indifférents au conflit. Et puis il y a une catégorie de gens qui voient cela comme un conflit de civilisation, quelque chose qui irait plus loin que la guerre elle-même. Vous l’avez évoqué au tout début de cet entretien; pourriez-vous développer un petit peu plus cet aspect?

Effectivement, ce conflit a des répercussions dans le monde et en Europe. Cela vient des Américains et de l’OTAN, et c’est largement entretenu par la Commission européenne. Une crise fondamentale et majeure qui touche notre quotidien à tous.
    Oui, j’ai eu des témoignages de petits artisans, de petits commerçants, de gens qui souffrent de cette situation, de boulangers. A peu près 50 % d’entre eux sont en faillite aussi bien en France qu’en Belgique et en Europe parce que leur facture d’é lectricité est passée de 1 500 à 5 000 euros par mois, ce qui rend la poursuite de leur activité totalement impossible et va mettre au chômage et jeter dans la crise des centaines de milliers de personnes en Europe.
    C’est grave parce que les répercussions vont beaucoup plus loin, ce que malheureusement les journalistes occultent, et la communauté intellectuelle qui, pour empêcher tout dialogue, catégorise les gens entre prorusses ou pro-américains ou pro-Poutine, ou invoque je ne sais quelle dictature. Et bien, il faut savoir que moins de 50 % de l’aide, plus exactement des subventions accordées aux Ukrainiens arrivent réellement aux Ukrainiens. Il faut savoir que 50 % des armes qui leur sont livrées sont revendues sur les marchés internationaux pour alimenter les terroristes, pour alimenter des crises politiques, des conflits, pour alimenter des révolutions. Récemment, le gouvernement ukrainien a publié un catalogue de près de 1 000 pages d’armes destinées à être vendues en Amérique du Sud, en Afrique, dans les pays arabes, et qui vont alimenter le terrorisme partout dans le monde. Il s’agit d’armes lourdes et d’armes légères.
    L’Ukraine est malheureusement l’un des pays les plus corrompus du monde. Je ne critique en aucun cas les Ukrainiens, mais le régime ukrainien, mis en place en 2014 par les Américains suite au coup d’é tat, quand Madame Nuland, qui est d’origine ukrainienne, s’est exprimée en disant «Fuck UE!». Veuillez m’excuser, je la cite textuellement, et cela veut dire qu’au mépris de toute considération, même pour les Ukrainiens, elle a instauré une dictature.
    Je m’insurge et suis scandalisé qu’en France et en Europe on fasse l’apologie d’un bataillon du nom d’Azov, qui utilise les mêmes emblèmes que ceux de la division «Das Reich»!
    Mes parents ont combattu le nazisme, mes grands-parents, ils ont même été déportés pour des faits de résistance et pour moi il est absolument scandaleux que l’on fasse la promotion de gens qui ont massacré, tué, discriminé des populations dans le Donbass.
    En 2019 déjà, les déclarations du plus proche conseiller de celui qui allait devenir le président Zelenski, Arestovitch, disait dans une interview de février 2019 qu’il fallait absolument faire la guerre à la Russie, qu’il la souhaitait et que de toute façon ils allaient recevoir subventions, armement, soutien de l’Europe et de l’Union européenne, soutien de l’OTAN et que l’Ukraine ne pouvait pas perdre.
    Les Américains ont d’ailleurs totalement trompé la population ukrainienne et le gouvernement ukrainien en ce qui concerne la victoire, à mon avis totalement irréaliste, de l’Ukraine dans cette guerre, car le grand perdant de cette guerre sera de toute façon la population ukrainienne elle-même et aussi, par voie de conséquence, l’Europe, au vu de l’ampleur de la crise dans laquelle elle s’est engouffrée de par la volonté des politiques.

Eh oui, c’est bien triste, toute cette souffrance de l’Europe, c’est la souffrance du peuple …

C’est triste, mais je crois à une réaction, à un retour aux réalités, c’est pour ça qu’il est très important pour moi de dénoncer tous ces mensonges et l’enchaînement de ce qui a conduit à ce conflit, dans lequel on essaie de nous faire croire que la Russie est isolée.
    C’est totalement faux, d’abord parce certaines personnes sont conscientes des enjeux et des réalités, que ce soit en France, en Europe ou dans le monde, parce que ce sont ces personnes qui sont chargées de rétablir les vérités fondamentales, de dénoncer les mensonges et de dénoncer la logique qui a conduit à cette guerre.
    Maintenant je crois aussi au renouveau, à la reconstruction qui s’en suivra, tout simplement parce que je reviens à ce que vous disiez en citant mon grand-père: on ne peut pas se passer de la Russie, on ne peut pas se passer de ce continent en soi. Ce n’est pas tout à fait un continent mais c’est en tout cas le plus grand pays du monde qui par sa géographie, sa culture et son histoire représente un potentiel économique, politique, industriel, géopolitique et culturel absolument considérable.
    Dans cette crise, la Russie tire à mon avis parti à juste titre d’une réorientation des centres d’intérêts politiques, économiques et financiers vers l’Est et deviendra l’un des arbitres de ce qu’on appelle l’Eurasie, c’est-à-dire un continent fantastique qui réunirait à la fois l’Europe et l’Asie et verrait émerger de nouveaux centres de décision.
    Malheureusement l’Europe va rater le train de cette opportunité absolument fantastique, sachant que l’Eurasie est un continent qui se suffit à lui-même.
    Je voudrais donc aussi dénoncer l’hypocrisie présente dans ce régime des sanctions puisqu’on continue à acheter du pétrole russe, dont on ne peut évidemment se passer. On continue à acheter du gaz russe, on continue à acheter des métaux industriels. 60 % des métaux industriels sur les marchés mondiaux sont, je dirais, dominés par la Russie.
    On continue à acheter de l’uranium. Les Américains aussi ont continué à fournir, à acheter des aimants pour les réacteurs nucléaires de nouvelles génération et heureusement on continue dans ce qui nous unit, c’est-à-dire le destin commun historique et tout ce qui fait la communauté scientifique, ce qui fait les échanges de la de la communauté intellectuelle.
    La Station spatiale internationale continue à tourner grâce à cette coopération qui dépasse heureusement ce conflit. C’est ce qui nous unit et c’est ce qu’il faut absolument maintenir.

Justement, il reste des choses qui nous réunissent, notamment culturellement, à la veille des célébrations de Noël. Les Français vont célébrer Noël un petit peu plus tôt, c’est à dire avant le Noël russe orthodoxe, traditionnellement célébré le 7 janvier; ici, au Dialogue franco-russe, nous croyons à des liens historiques et culturels extrêmement forts et donc nous organisons un concert de Noël le 22 décembre prochain. A votre avis, n’y-a-t-il plus que la culture qui nous unisse?

Il y a beaucoup d’autres choses qui nous réunissent. Je vous le disais, mon grand-père le soulignait, la France et la Russie étaient toutes les deux filles de l’Europe, avaient des origines communes et étaient liées par une communauté de destin et d’intérêts. Cela va bien au-delà de la culture. Ceci étant, la culture et les échanges économiques, c’est ce qui rapproche les nations, c’est ce qui nous unit et c’est ce qui demeure au-delà des conflits et des divergences d’intérêts.
    Ce que je voudrais dire aussi, c’est que dans cette histoire commune, il faut tout faire pour la paix, il faut faire la paix et la paix est inévitable. La paix succède à tout conflit. C’est la paix qui relie les hommes.
    Et cette paix passe nécessairement par une restauration du dialogue, puis par une entente et enfin par une coopération économique.
   C’est ce qui a rétabli et je dirais même, maintenu une continuité même au moment de la guerre froide, c’est ce qui constitue la continuité entre les peuples et ce pourquoi je voudrais délivrer un message d’espoir et d’union, parce que je crois en cette communauté de culture et de destin. Je crois que c’est ce qui nous unit, et les relations entre la France et la Russie sont extrêmement anciennes, et tout le monde actuellement ne parle que de paix.
    J’ai été un des premiers à dénoncer les mensonges, l’injustice et la spoliation dont votre pays, dont votre peuple fait l’objet, ce que je trouve absolument scandaleux parce qu’on ne peut pas punir une nation, on ne peut pas punir un peuple en raison d’une crise, sachant que c’est contraire non seulement aux libertés fondamentales, mais encore au droit international et que c’est une très grande injustice.
    Je pense que nulle autre nation, depuis les persécutions antisémites durant la seconde guerre mondiale, n’a subi autant de spoliations que le peuple russe actuellement.
    C’est cette énorme injustice qui me choque. Au-delà de la crise actuelle, je pense qu’il faut considérer l’é quilibre des peuples, l’é quilibre des nations, il faut veiller à l’é quilibre du monde et de l’Europe. Bien évidemment, il est évident que l’une des voies d’é lection, la plus universelle du rapprochement entre les peuples, c’est la culture.
    Je pense que ce qui nous unit, c’est aussi notre histoire commune et tout le reste, comment vous dire, l’amour, l’immense considération que je porte, que ma propre famille porte à la richesse de la culture russe, à la richesse du monde russe.
    Récemment un prix Nobel de physique a déclaré:
    «On veut détruire la culture russe mais comment peut-on détruire un pays qui est responsable de plus de la moitié des découvertes fondamentales en chimie, en physique et en mathématiques?»
    Vous [Madame Dubois, donc la Russie] êtes un grand pays, un pays qui a une histoire fantastique et que malheureusement le modèle néo-néolibéral inspiré des Américains vise à détruire, pour éliminer quelque chose de bien plus fondamental que gérer un équilibre économique et politique. Ce modèle vise aussi à détruire toute une culture et comme je vous l’ai dit, on en sape les fondements, on sape la conscience d’un peuple parce qu’on veut détruire les deux piliers de la civilisation qui sont la religion et la foi pour les remplacer par une culture du court terme, de la satisfaction personnelle.
    Nous venons de voir qu’on s’attaque aux fondamentaux mêmes de l’é ducation, et je pense que c’est quelque chose de grave, qu’il faut édifier ses propres défenses. C’est là ce qui depuis longtemps est la base de nos liens traditionnels avec la culture russe.
    C’est cette notion, je dirais, très légèrement irrationnelle, un petit peu insensée que Dostoïevski décrivait très bien, et qu’on appelle la foi. En fait, la foi est un des piliers de la Russie et je crois que Dostoïevski lui-même le disait:
    «Nul ne peut arracher au Russe sa foi si ce n’est lui-même»
    C’est cela qui fait votre force et votre cohésion, c’est ce qui fait aussi la force des Français, c’est ce qui fait la force de chaque nation, de chaque pays européen, tout comme les notions de patriotisme, d’amour de la nation, de famille et de religion, qui sont malheureusement des valeurs qu’on tend à vouloir détruire pour mieux réduire la capacité des peuples, des individus à s’é manciper, qui vise à détruire leur intégrité et donc à mieux les manipuler, car c’est une façon de détruire leurs repères.

Merci beaucoup pour ce message d’espoir. Nous allons poursuivre nos actions dans les années qui viennent, je dis bien les années, parce qu’on aura besoin de ces relations fortes, stratégiques et cordiales entre la Russie et la France et parce que le dialogue ne doit jamais cesser. Merci beaucoup.

Sachez en tout cas que vous n’ê tes pas seuls, qu’il y a beaucoup de gens dans le monde, encore une fois, au moins deux tiers de la population mondiale, en France et en Europe, qui sont avec vous et qui continueront ce travail avec vous. Vous pourrez compter sur mon soutien et ma coopération pour poursuivre cette reconstruction dans l’espoir et dans le renouveau. Merci Madame.

1Allusion à une formule employée également par Macron. L’auteur tient ses réserves face à cette formule qui cache souvent le double jeu. On fait semblant de considérer les choses dans leur complexité, mais en fait on ne poursuit que ces propres intérêts. (ndr.)

Source transcription:
http://cieldefrance.eklablog.com/urgentissime-nouvelle-intervention-de-pierre-de-gaulle-sur-le-conflit—a213605651 

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