Intimidations, agressions physiques, arrestations arbitraires et épuration ethnique font partie du quotidien des Serbes du Kosovo et de Métochie, depuis la fin de l’agression de l’OTAN en 1999 jusqu’à aujourd’hui. Il y a eu des fluctuations, mais pas d’interruption. Tout cela s’est produit, y compris la négation du droit aux retours libres et sûrs de quelque 250000 Serbes et autres non-Albanais déplacés, s’est déroulé sous l’égide de la MINUK, de la Kfor et de l’EULEX qui doivent observer la neutralité selon ses «termes de statut».
Alors que la Serbie, dans un souci de réalisme et de paix, remplissait fidèlement toutes ses obligations découlant de la résolution 1244 du Conseil de sécurité de l’ONU et d’une série de documents controversés, le soi-disant Occident collectif, avec son humiliante statégie de la «carotte et du bâton», veillait à repousser continuellement Belgrade et à construire, pas à pas et sous nos yeux, un autre Etat albanais, territoire prévu pour rejoindre, le moment venu, à la soi-disant «Grande Albanie».
Le démantèlement de la Serbie sans fin
Dans une longue série d’accords signés avec l’UE comme médiateur «neutre en termes de statut», chaque nouvel accord a représenté une consolidation additionnelle de l’exploitation de la Serbie, obtenue par l’accord précédent. Dans cette montée du néocolonialisme et de l’hégémonie des centres de pouvoir occidentaux dans les Balkans, les historiens ne mesureront que les «mérites» du Royaume-Uni, de l’Allemagne et des Etats-Unis, de l’UE, de l’OTAN et d’autres, y compris d’une partie des nôtres. L’essentiel réside bien sûr dans la géopolitique de l’expansion de l’Occident dont les étapes sont connues: le soutien au séparatisme albanais pendant des décennies, l’alliance avec l’UÇK terroriste, l’agression armée illégale par l’OTAN en 1999, la confiscation allant de pair avec la reconnaissance du Kosovo et de la Métochie et l’écrasement sans fin de la nation serbe.
Violation ouverte de la Résolution 1244 du Conseil de sécurité
La dernière escalade des tensions au Kosovo et en Métochie a été déclenchée par l’entrée en force de fonctionnaires albanais dans quatre assemblées municipales du nord de la province, élus lors d’élections illégales en avril. Les Serbes ont boycotté ces élections en raison de menaces massives contre leur sécurité, d’arrestations et d’inculpations arbitraires, de l’appropriation de leurs biens, du non-respect de l’obligation de former l’Union des municipalités serbes, de l’installation de bases pour les forces spéciales et d’autres formes d’intimidation généralisée. Le nord de la province est militarisé. Les accords sur la police, les accords avec l’OTAN sur l’interdiction des armes automatiques et la résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations unies ont été violés.
Sollicitation d’une réunion d’urgence
du Conseil de sécurité
Le jeudi, 6 juillet 2023, les médias nationaux et étrangers ont rapporté la déclaration du Président serbe Aleksandar Vučić sollicitant, en raison de l’escalade des tensions et des menaces pour la sécurité des Serbes au Kosovo et en Métochie, la convocation d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU reconnaissant que «la Serbie s’est toujours comportée conformément à la résolution 1244 du Conseil de sécurité de l’ONU et aux normes juridiques internationales». La déclaration a suscité beaucoup d’attention et d’attentes de la part du public, comme le montrent les nombreux commentaires publiés. «Bravo! Enfin un pas concret!» n’en est qu’un exemple de plusieurs messages publics allant dans la même direction.
A cela suivirent plusieurs entretiens entre le Président Vučić et l’ambassadeur de Chine, Chen Bo, (13 juillet), l’ambassadeur russe Aleksandar Bocan Harchenko (18 juillet) et le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg (19 juillet). Au-delà du calendrier et de la densité de ces rencontres, notamment au regard de l’urgence de la question, ces entretiens ont été perçus par l’opinion publique comme une transition vers des préparatifs concrets et l’exploration du plus grand soutien possible à la position de la Serbie, afin que les résultats de la réunion d’urgence du Conseil de sécurité soient aussi favorables que possible aux Serbes menacés au Kosovo et en Serbie, problème lié inséparablement à la paix, à la sécurité et au développement, autant dans la région qu’en Europe tout court.
Il faut absolument remédier
aux causes de l’escalade!
La tenue d’une réunion d’urgence (extraordinaire) du Conseil de sécurité est un préalable incontournable pour mettre fin à l’escalade et pacifier la situation – et pour éviter le risque d’une autre effusion de sang. La pacification ne peut être atteinte que si les causes connues de l’escalade sont éliminées. Ce faisant, nous ne devons pas perdre de vue que les causes ne résident pas uniquement, ni même principalement, dans les caractéristiques personnelles des dirigeants de Priština, même si l’on sait qu’ils sont animés par la haine et l’idée de la Grande Albanie. En fin de compte, les causes résident dans la politique de double standard des centres de pouvoir occidentaux et des représentants de la soi-disant communauté internationale, y compris les structures chargées du mandat du Conseil de sécurité de l’ONU.
Les droits à la sécurité, les droits
de l’Homme et les libertés doivent être garantis également aux Serbes!
Deuxièmement, la session extraordinaire du Comité de surveillance doit être le lieu et l’occasion de réaffirmer le principe d’équité de la garantie de la sécurité, des droits de l’homme et des libertés pour les Serbes aussi, et sur la totalité du terrain de la province. Il est inacceptable de voir les Serbes réduits à vivre dans des ghettos, constamment expropriés par la force de leurs biens et leurs monuments, leurs églises, leurs monastères et leurs cimetières transformés en ruines, en dépotoirs et en chantiers, tout cela couronné par les reproches systématiques faits aux Serbes qu’ils seraient eux-mêmes, à priori, les responsables de toute cette détresse.
Les bases d’une solution
pour tous les habitants
Troisièmement, la réunion du Conseil de sécurité sera l’occasion de réaffirmer l’intangibilité du Conseil de sécurité en tant que seule instance compétente pour prendre des décisions concernant le Kosovo et la Métochie, ainsi que la valeur permanente de la résolution 1244 du Conseil de sécurité. C’est elle qui exprime la volonté de l’ensemble de la communauté mondiale sans exception, constituant son autorité juridique. Il est dans l’intérêt de la Serbie que la solution pour le Kosovo et la Métochie soit fondée sur la Charte des Nations unies et la résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations unies. Il n’y aura pas de solution juste et durable en dehors ou contre ces documents juridiques et en dehors du Conseil de sécurité en tant qu’organe exclusivement compétent pour les questions de paix et de sécurité. Il est bien connu que la Serbie ne renonce à sa souveraineté et à ses frontières internationales, ce qui a été confirmé par son admission à l’ONU, à l’OSCE et à d’autres organisations internationales. La résolution 1244 du Conseil de sécurité de l’ONU n’est pas un document idéal, mais en vue de la défense de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Serbie, elle est de valeur indéniable et d’importance durable. Si ce n’était pas le cas, ni les centres de pouvoir occidentaux ni Priština ne fermeraient les yeux face à elle ni ne demanderaient que la question du Kosovo soit de facto retirée de l’ordre du jour du Conseil de sécurité de l’ONU.
Quatrièmement, la Serbie a la possibilité, lors de cette session, de lancer une initiative (proposition) visant à remplir les obligations non remplies des autres parties (Kfor, MINUK, OTAN, UE ainsi que les organes d’administration autonome provisoire) conformément à la résolution 1244 du Conseil de sécurité de l’ONU, sollicitant concrètement les points suivants: que soient garanties les conditions d’un retour libre, sûr et digne des quelque 250 000 Serbes et autres non-Albanais déplacés dans leurs maisons et leurs biens; le retour des contingents convenus de l’armée et de la police serbes pour certaines tâches (jusqu’à 2000), y compris leur présence aux principaux points de passage internationaux (vers le nord de la Macédoine, l’Albanie, le Monténégro); le désarmement et la démilitarisation de toutes les formations armées; l’annulation de toutes les décisions et actions contraires à la résolution 1244 du Conseil de sécurité de l’ONU; le principe de l’égalité, de la sécurité, de la liberté de circulation et des droits de l’homme pour toutes les personnes habitant le Kosovo et la Métochie.
Arrêtez de nous instrumentaliser
avec vos ambitions d’hégémonie!
Cinquièmement, il est apparu clairement que l’UE s’est récemment «désengagée» du mandat confié par l’Assemblée générale des Nations unies en 2010, dans le but exclusif d’ainsi «faciliter le dialogue entre les parties». Il est grand temps de dire publiquement que des ultimatums comme le plan Scholz-Macron [cf. Horizons et débat, n° 3, du 10 février 2023] relèvent de tout sauf de la «facilitation du dialogue entre les parties». Les textes et les formules qu’ils imposent ne sont pas fondés ni sur le droit, ni sur des principes ni sur la démocratie, encore moins sur la Charte des Nations unies et la résolution 1244, mais sur la requête de l’hégémonie et donc de la géopolitique promouvant l’expansion de leurs intérêts partisans, au détriment de la Serbie et du peuple serbe. Il est évident qu’en raison des positions connues des membres permanents occidentaux (Grande-Bretagne, Etats-Unis, France), le Conseil de sécurité de l’ONU n’acceptera pas cette vérité en tant que position commune, mais en la présentant lors de la réunion du Conseil de sécurité, elle trouvera pourtant un écho favorable auprès de plusieurs acteurs du monde de la diplomatie et de la politique internationale en les obligeant de réfléchir plus profondément à qui ils accorderont leur confiance. Personne ne peut durablement se substituer de cette question profonde, même ceux qui se croient omnipuissants. En réalité, ils le sont de moins en moins, vu les orientations actuelles en train de transformer notre monde.
Préserver la bonne réputation et la crédibilité de la Serbie sur le plan international
Sixièmement, la mise en œuvre de cette initiative [du Président serbe Vučić] contribuera sans doute à renforcer la réputation et la crédibilité de la Serbie sur la scène internationale, en tant que pays se basant sur ses principes, faisant respecter ses positions publiquement déclarées et sachant se battre pour les défendre. Elle permettra également de réaffirmer la politique étrangère équilibrée, indépendante et militairement neutre de la Serbie, ce qui n’est pas sans importance dans les conditions des changements globaux vers la démocratisation des relations internationales, d’une part, et de toutes sortes de spéculations sur le «changement de paradigme en politique internationale» de l’autre. En recherchant la paix et en sollicitant l’ONU de jouer son rôle dans la désescalade au Kosovo et en Métochie, la Serbie montrera en même temps qu’elle n’est pas favorable à la confrontation, aux conflits ou à l’alignement au niveau mondial, mais à son existence en tant qu’Etat de droit, basé sur ses principes, sur la démocratisation des relations internationales et sur le renforcement du rôle pacifique qui est à la base du système de l’ONU. Au niveau interne, la réalisation de cette initiative permettra de restaurer, au moins dans une certaine mesure, la confiance et l’estime de soi à dimension nationale, ébranlés dans le passé, ainsi que la crédibilité des institutions de l’Etat. Par cette initiative, la population serbe du Kosovo et de Métochie vivra certes un encouragement important, l’encourageant à s’appuyer sur un Etat qui tient sa parole et qui est respecté dans le monde.
Belgrade, le 19 juillet 2023
Première publication: Serbian Weekly «Pecat», n° 772, p. 6 à 8, du 28 juillet 2023
(Traduction Horizons et débats)
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