Sommet Russie-Afrique à Saint-Pétersbourg

Notre monde est en pleine mutation

par Karl-Jürgen Müller

Les 27 et 28 juillet 2023, s’est tenu à Saint-Pétersbourg le deuxième sommet Russie-Afrique, le premier remontant à 2019. De nombreux médias occidentaux ont tenté de présenter la rencontre de cette année comme un échec pour la Russie – en raison de plusieurs raisons : un nombre présumé peu élevé de participants africains par rapport à celui de 2019, une présupposée critique des Etats africains à l’encontre de l’annulation par la Russie de l’accord sur les céréales, des divergences d’opinion sur la question de l’Ukraine, etc.
    Je ne partage pas cette appréciation. En Occident, tout ce qui ne correspond pas au récit occidental est certes actuellement rejeté comme propagande «ennemie» – mais les prises de position des mondes non occidentaux publiés à la suite du sommet révèlent un autre langage (voir les textes originaux figurant ci-dessous et à la page 2 de cette édition).
    Il serait très souhaitable que les responsables occidentaux commencent à prendre toutes ces voix au sérieux et qu’ils abandonnent leurs objectifs déclarés jusqu’à présent consistant à isoler la Russie, à la «ruiner», à lui infliger une «défaite stratégique» et à la démembrer. Tout cela non pas, en premier lieu, à cause de la Russie, mais comme une étape vers la guérison d’un «patient» occidental souffrant depuis longtemps d’un déni de réalité et ainsi mettant en danger, par son escalade de pouvoir, la paix et l’économie mondiales.

Comment l’Occident a tenté
de perturber le sommet

Ils sont nombreux, les moyens employées des pays occidentaux à tenter de perturber, voire d’empêcher le Sommet Russie-Afrique. Y compris de la tracasserie très concrète. L’«Anti-Spiegel» germanophone, basé en Russie, cite le Président de la République du Congo, Denis Sassou-Nguesso: «Ce sommet s’est déroulé dans un contexte international difficile et a nécessité de gros efforts. Beaucoup voulaient que ce sommet échoue, et nous aussi avons eu de grandes difficultés à nous y rendre. L’avion que nous avions affrété a atterri à Dubaï parce que les compagnies d’assurance en Occident s’opposaient à ce que l’avion atterrisse à Saint-Pétersbourg. Nous avons donc dû affréter un nouvel avion à Dubaï parvenant ici avec un petit jet. Ce n’était pas facile, c’était un vol de cinq heures. Je sais aussi que d’autres délégations ont également rencontré des difficultés, notamment en ce qui concerne le droit de survoler certains pays.»1
    Ce même Président a porté le jugement suivant sur le sommet: «A l’exception de très peu de pays, toutes les délégations africaines étaient là. Cela a été un grand succès.» Et d’y ajouter: «Je pense que la conclusion de ce sommet ouvre des perspectives gigantesques pour la coopération entre la Fédération de Russie et le continent africain.»2

Déclaration finale d’envergure –
et autres accords

La version anglaise autorisée de la déclaration finale3 compte 14 pages. Elle ne peut pas être reproduite ici exhaustivement, mais sa lecture est vivement recommandée. Cette déclaration finale confirme le jugement précité du Président de la République du Congo. Elle s’inscrit dans la continuité du sommet de 2019 et réaffirme les accords qui y ont été conclus. La déclaration de cette année contient des accords sur le «mécanisme de partenariat en dialogue», la «coopération dans les domaines politique et juridique» (qui est la partie la plus volumineuse du document, avec ses 29 sous-points sur un total de 74), la «coopération en matière de sécurité», la «coopération dans les domaines commercial et économique», la «coopération dans les domaines scientifique, technique, humanitaire, culturel, sportif, de la jeunesse, de l’information, de l’éducation et de la santé» ainsi que la «coopération dans le domaine de la protection de l’environnement et du climat». Le résumé de ces titres de chapitre suffit déjà à démontrer l’ampleur des projets de coopération.
    Outre la déclaration finale, quatre autres déclarations et deux mémorandums spéciaux4 ont été adoptés, l’un avec l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD)5, l’autre avec la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC)6. Les quatre déclarations comprennent les accords sur la prévention de course aux armements dans l’espace, sur la coopération dans le domaine de la sécurité de l’information, sur le renforcement de la coopération dans la lutte contre le terrorisme ainsi qu’un plan d’action du Forum de partenariat russo-africain pour les années 2023 à 2026.

«Force motrice de la multipolarité: vivre libre de l’hégémonie,
de la domination et de la tutelle»

Le «Berliner Zeitung» est l’un des rares quotidiens mainstream allemands à ouvrir ses colonnes, en divers endroits, à la parole à des opinions divergentes. Le 30 juillet, il a été le cas avec Thomas Fassbender, ayant réalisé des interviews et des commentaires au sein de la chaîne «RT- deutsch» jusqu’à fin février 2022. Il a également publié ce qui est probablement la biographie (en langue allemande) la plus complète sur Vladimir Poutine, parue en 2022. L’extrait suivant de l’article de Fassbender tente d’apporter une réponse à la question de savoir pourquoi de plus en plus d’Etats du monde aspirent à une politique autonome sans la domination occidentale –réponse qui mériterait définitivement de nous faire réfléchir, nous autres Occidentaux:
    «Au centre se trouve la rébellion contre la tutelle, ressentie ou réelle. La force motrice est une nouvelle conscience de soi, résultat d’un demi-siècle de mondialisation. Le progrès et la modernité ne sont plus définis par l’Occident seul. Le monde entier y participe. L’exemple de trois pays BRICS, traditionnellement considérés comme des partisans de l’Occident, le montre clairement: Brésil, Inde et Afrique du Sud. La guerre en Ukraine a montré que ces pays n’adoptent non plus les récits [‹narratives›, angl.] occidentaux sans les remettre en question.
    L’Occident perd sa souveraineté d’interprétation sur le bien et le mal en politique. S’il en était autrement, il n’y aurait pas besoin de sanctions, et encore moins de sanctions secondaires. Celles-ci prouvent justement que l’obéissance ne peut plus être obtenue que par la contrainte.
    Mais le respect ne peut pas être imposé, et la pression entraîne une contre-pression. [...] L’invasion de l’Ukraine par la Russie, suivie de la guerre de sanctions menée par l’Occident contre la Russie, a déclenché une aliénation rapide entre l’Occident et l’Orient. Si, en Europe, la devise officielle résonne ‹ne plus dépendre de la Russie et de la Chine!›, en Chine et en Russie, on dit par contre ‹Ne plus dépendre des Etats-Unis!›. Ce qui est valable notamment envers le dollar américain ainsi que l’infrastructure mondiale dominée par l’Occident.»
    A la fin de l’article, on lit: «Au 21e siècle, il ne s’agit guère du faux antagonisme ‹la démocratie versus l’autocratie›. Il n’y a pas non plus de concurrence entre les systèmes; les formes de pouvoir respectives sont le fruit d’un conditionnement historique, de la constitution de la société et de l’opportunité. Ce qui est déterminant, c’est la lutte menée de toutes parts pour l’autonomie, le véritable moteur de la multipolarité: vivre libre de l’hégémonie, de la domination et de la tutelle.»
    Il me semble que ces affirmations clarifient également le contexte dans lequel se déroulent les événements actuels au Niger, ce qui se passe sur son territoire aussi bien que dans toute la région.



https://www.anti-spiegel.ru/2023/wie-der-westen-versucht-hat-den-russland-afrika-gipfel-zu-sabotieren/  du 30/07/23
La prise de position complète du Président de la République du Congo se trouve dans l’article mentionné ci-dessus de l’Anti-Spiegel.
http://en.kremlin.ru/supplement/5972  du 28/07/2023; une traduction en allemand se trouve sur https://www.anti-spiegel.ru/2023/was-auf-dem-russland-afrika-gipfel-beschlossen-wurde/  du 31/07/23.
cf. en.kremlin.ru/supplement/5976, avec les liens vers d’autres sites.
L’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) est une organisation régionale d’Etats d’Afrique du Nord-Est (Communauté économique régionale) dont le siège est à Djibouti. Elle succède depuis 1996 à l’IGADD (Intergovernmental Authority on Drought and Development) ayant été créée en 1986 à l’initiative du Président djiboutien Hassan Gouled Aptidon. Son objectif est de soutenir les Etats membres dans leur développement.
La Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC) est une communauté économique au sein de l’Union africaine visant à promouvoir la coopération économique régionale en Afrique centrale. Son objectif est d’atteindre l’autonomie collective par la coopération, d’augmenter le niveau de vie de la population et de maintenir la stabilité économique.

Face aux chicanes occidentales, la Ministre Pandor insiste à nouveau sur la nécessité d’un commerce mondial équitable

par Siyabonga Sithole

MmeGrace Naledi Pandor, Ministre sudafricaine des relations internationales et de la collaboration, a renouvelé son appel à prendre une attitude ferme vis-à-vis les chicanes issues de certains gouvernements occidentaux à ses concitoyens et au continent africain. Pandor a fait partie de la délégation sud-africaine dirigée par le Président Cyril Ramaphosa, lors du sommet Afrique-Russie qui s’est déroulé à St. Petersbourg le 27 juillet 2023. Elle a précisé qu’il était nécessaire de garantir des échanges commerciaux équitables, afin que le monde ne soit plus pris en otage par un seul système. Elle a réaffirmé que les institutions et les systèmes financiers mondiaux devaient être préservés de toute politisation et que le commerce mondial se devait d’être équitable.
    Pandor […] a déclaré qu’il fallait également garantir la diversité du système financier dans le monde, ajoutant qu’il n’était pas légitime de reprocher au continent ses relations avec la Russie: «L’Afrique a développé sa relation avec la Russie au cours de nombreuses années. Etant donné le rôle que le peuple russe a joué dans notre propre lutte pour la liberté, c’est une relation très importante pour nous, en particulier pour l’Afrique du Sud». Elle ajoute qu’il était arrivé «que les Nations unies aient été malmenées par certains comme une arme contre autrui ou à des fins politiques. Nous devons mettre fin à ce genre de choses. Je pense que la diversité des structures et des mécanismes favorise les processus démocratiques en cours».
    La ministre sud-africaine a également appelé le continent à reconnaître que le moment d’adopter une position ferme sur les questions d’importance internationale était venu pour ses dirigeants: «Pour le continent, le moment de réaliser qu’il a la possibilité de se hisser au rang de partie du monde extraordinairement puissante est venu. Nous devons être maîtres de nos capacités et de nos ressources, et les gérer dans l’intérêt du continent.» Mme Pandor a ajouté que les dirigeants africains devaient se débarrasser de l’idée que le continent devait quelque chose aux pays occidentaux et à leurs dirigeants. Pour elle, cette attitude témoigne de la présence de nouvelles formes de colonisation, ce qu’elle a explique aux micros de «Russia TV» en ces termes: «Je sais que l’idée selon laquelle l’Afrique a une dette envers autrui existe. C’est une idée néo-colonialiste. Nous devons commencer à prendre conscience de notre pouvoir et l’utiliser à bon escient pour l’Afrique tout entière. Réellement, même ceux qui prétendent être nos amis ont exploité les ressources de notre continent. […] Le colonialisme était une question de ressources. Il s’agissait de les exploiter. Aucun oppresseur ne changera à lui seul la situation d’oppression, c’est notre tâche à nous. Je pense que nous devons développer une attitude différente envers nos ressources naturelles».
    La ministre a ajouté que le commerce mondial devait être équitable et diversifié, appelant les dirigeants africains à former des partenariats qui favorisent le continent sans l’exploiter, car ce dernier avait «suffisamment souffert de l’exploitation par les pays occidentaux.» […]

Source: https://www.iol.co.za/the-star/news/minister-pandor-reiterates-firm-stance-on-fair-trade-and-western-bullying-54fd0cea-7f66-43ae-9347- b254f0a4d21d  du 27=7/23

(Traduction Horizons et débats)

L’Afrique du Sud et la Russie intensifient leurs relations

par Dikeledi Molobela

Lors de la réunion bilatérale avec le Président Cyril Ramaphosa au palais Konstantinovski de Saint-Pétersbourg, le Président Poutine s’est exprimé sur le thème de l’Afrique du Sud et ses relations avec la Russie. En réponse, le président Cyril Ramaphosa a exprimé ses sincères remerciements, soulignant la longévité de la collaboration entre les deux nations.
   Il a rappelé que leur coopération remontait au «G 20», où ils ont collaboré avec succès sur de nombreuses questions cruciales.
    En ce qui concerne le deuxième sommet Russie-Afrique qui vient de s’achever, le Président Ramaphosa a félicité son homologue Poutine d’avoir organisé un sommet fructueux représentant les points de vue de différents pays avec une déclaration «aussi bien négociée que conçue». Il a profité de l’occasion pour exprimer sa gratitude à Poutine pour son accueil: «Nous pensons que ce sommet a été une réussite et qu’il a été parfaitement organisé. Les résultats ont été très positifs, et sa déclaration finale bien conçue et rédigée. Comme le montrent les citations suivantes, Ramaphosa a fait état de différents points forts du Sommet:«Tout en faisant part de vos propres points de vues, cette réunion reflète également ceux des divers pays participants. Avec une telle déclaration finale, je crois que nous disposons d’un document qui peut faire progresser les relations entre l’Afrique et la Russie. […] Ce qui est particulièrement appréciable, c’est que la Russie mène ses relations avec l’Afrique sur un niveau stratégique, dans le respect et la reconnaissance de la souveraineté des Etats africains.»
    Ramaphosa a reconnu qu’à travers le temps, le soutien de la Russie à l’Afrique était demeuré fort, et «ce depuis l’époque de l’Union soviétique». Il a félicité le fait que l’esprit de coopération entre la Russie et l’Afrique perdure.

Relations commerciales

En ce qui concerne les relations bilatérales entre la Russie et l’Afrique du Sud, Ramaphosa a réaffirmé les liens étroits partagés et entretenus par les deux nations. «Il s’agit d’une relation à plusieurs niveaux. Sur le plan de l’investissement, un grand nombre d’entreprises présentes sur le marché sud-africain investissent également sur le marché russe», a-t-il déclaré. Le Président a souligné que l’Afrique du Sud était actuellement confrontée à une crise énergétique et qu’elle pouvait tirer des enseignements précieux de l’expérience de la Russie en la matière. […] Le président a également fait part de son intérêt pour l’exploration de domaines d’avenir, tels l’espace, rappelant l’existence d’un institut spatial en Afrique du Sud. «Vous êtes prédominants dans le domaine spatial, dans lequel nous souhaiterions établir une coopération.»
    «Nous apprécions le soutien que nous avons reçu de la Russie lors de la crise sanitaire du COVID-19. L’innovation dont vous avez fait preuve dans le cadre de la lutte contre le COVID-19 a été une source d’inspiration pour nos propres scientifiques. Je me souviens que vous [le Président Poutine] et moi avons eu une conversation téléphonique après que nos scientifiques aient isolé le variant Omicron. Vous avez envoyé des scientifiques russes en Afrique du Sud pour que nous puissions échanger nos points de vue. Je pense que cela a eu un impact considérable. Nous vous en remercions.»
    En ce qui concerne l’éducation, Ramaphosa a également exprimé la profonde gratitude de l’Afrique du Sud pour le soutien offert par la Russie. Il exprimé son vif désir d’encourager un nombre croissant d’étudiants à poursuivre leurs études en Russie dans diverses disciplines.
    Le Président Ramaphosa a également évoqué la valeur de l’important soutien apporté par le Président Poutine à un grand nombre de Sud-Africains qui ont accompli leurs études en Russie en exprimant son souhait de voir ce soutien se maintenir.
    Enfin, il a salué la position ouverte du président Poutine concernant la représentation de l’Afrique au niveau des Nations unies en ces termes: «Nous aimerions connaître votre position, notamment sur la question de la représentation de l’Afrique au niveau des Nations unies. Notre continent n’est toujours pas suffisamment représenté dans les structures clés de l’ONU. Nous vous remercions de votre soutien à cet égard aussi», a-t-il déclaré.

Source: https://www.sanews.gov.za/south-africa/sa-russia-cement-bilateral-relations   du 29 juillet 2023

(Traduction Horizons et débats)

Sommet Russie-Afrique: «La Russie se comporte comme une famille avec nous»

von Sikho Matiwane*

Le Sommet Russie-Afrique qui s’est tenu à Saint-Pétersbourg en Russie a exacerbé les tensions qui déchirent les relations entre l’Occident et l’Afrique.
    Dans ce contexte, il n’est pas étonnant que Les Etats-Unis et la France aient adressé de multiformes menaces à plusieurs délégations africaines participant à cette réunion étant donné leur propension à occuper l’épicentre des conversations annoncées.
    Les propos tenus par MmeNomvula Mokonyane, ce 25 juillet lors de son interview avec Newzroom Africa à Saint-Pétersbourg, révèlent que l’Afrique du Sud a assurément été l’une des nations visées par des interventions issues des Etats-Unis et de la France.
    Interrogée sur ces menaces, Mme Mokonyane a déclaré que l’ANC entretenait des relations durables avec l’ambassade des Etats-Unis en Afrique du Sud et que le Trésorier général de l’ANC s’était rendu aux Etats-Unis pour délibérer sur de nouveaux engagements. [Face à des réactions négatives de l’attitude ouverte de l’Afrique du Sud envers le Sommet de Pétersbourg], Mme Mokonyane a déclaré: «Nous essayons d’éviter d’être piégés dans une seule relation.» Elle ajoute que l’Afrique du Sud souhaite avoir l’occasion de réaffirmer ses positions en matière de recherche d’alternatives et de diversité.
    Lors de son discours d’ouverture, le premier jour du sommet, le Président russe Vladimir Poutine a assuré aux dirigeants africains qu’ils se trouvaient dans un pays ami dont les habitants partageaient les mêmes idées qu’eux.
    Ce jugement est bien étayé par les faits. La Russie et la Chine ont toujours soutenu les pays africains dans les moments difficiles et, contrairement aux Etats-Unis, l’attitude des deux grandes puissances se trouve «dans le camp légitime de l’histoire», formule souvent prononcé ce jour-ci. Il y a un mois, le Président du Kenya a assisté au sommet du Pacte mondial de financement, soulignant dans son discours le fait que les dirigeants africains étaient fréquemment convoqués ou invités à des conférences en Occident où on leur réservait des attitudes hautaines et condescendantes. On utilisait des mesures d’intimidation envers eux, les menaçant d’annuler tout accord ou toute coopération antérieure. Le Président du Kenya a déclaré que les conférences organisées par les pays occidentaux n’étaient rien d’autre qu’un spectacle où on faisait des promesses qui se dissipaient dans l’air.
    Le Président sud-africain, qui faisait partie des intervenants, a fait part de son mécontentement à l’égard de l’Occident, affirmant que ces gouvernements avaient traité les dirigeants africains comme des mendiants pendant la campagne de vaccination contre le Covid-19, concentrant leurs efforts à accumuler un maximum de doses de vaccins pour leur propre compte, tandis que la Chine et la Russie sont allées au-delà de ce qui était nécessaire pour sauvegarder des vies humaines en Afrique. Le président a notamment dit que dans le cadre de cette conférence, la Russie avait beaucoup à offrir à l’Afrique, en particulier en ce qui concernait «l’économie bleue» relative aux activités économiques liées aux océans. Les Etats-Unis et l’Occident devaient reconnaître que la Russie n’était pas et n’avait jamais été un adversaire de l’Afrique; en fait, «la Russie a aidé les pays africains même lorsque cela n’était pas à la mode». Et de conclure en ces termes: «Nous avons des amis en Amérique et en Occident, nous en sommes contents, mais quant à la Russie, elle est comme une famille pour l’Afrique.»

* Sikho Matiwaneest un entrepreneur africain de renom, directeur de Matiwane Diplomatic Consulting.

(Traduction Horizons et débats)

L’Union Africaine appelle au cessez-le-feu en Ukraine

A l’issue du sommet Russie-Afrique de Saint-Pétersbourg, l’Union africaine (UA) a exhorté le président russe Vladimir Poutine à instaurer un cessez-le-feu en Ukraine et à trouver une solution à la guerre des céréales.
    «Nous devons parvenir à un cessez-le-feu (en Ukraine), car la guerre devient de plus en plus incertaine. Plus elle dure, plus elle devient dangereuse. Poutine a montré qu’il était ouvert au dialogue», a déclaré le Président comorien Azali Assoumani, qui assure la présidence tournante de l’UA.
    M. Assoumani, qui a fait référence au plan de paix en dix points présenté à Moscou et à Kiev par les pays africains, a souligné qu’«il s’agissait maintenant pour nous de convaincre la partie adverse». Et d’ajouter: «Notre rôle est celui de médiateur. Nous parlerons aux deux parties. J’espère que nous obtiendrons des résultats positifs.»
    Conformément à la Charte des Nations Unies, ce plan prévoit notamment un règlement pacifique du conflit, des mesures de désescalade des hostilités, des garanties de sécurité pour les deux parties et le respect de leur souveraineté. Les pays africains avaient présenté ce plan à la mi-juin à Moscou et à Kiev sous l’égide du Président sud-africain Cyril Ramaphosa, mais le président ukrainien Volodymir Zelensky a répondu, avec la même attitude irréaliste avec laquelle il avait rétorqué à l’initiative de paix chinoise déjà, que les négociations devaient inclure le retrait total de l’armée russe des territoires occupés.
    Pour sa part Poutine, accusant les Etats-Unis et l’OTAN de refuser le dialogue, a déclaré qu’il discuterait de la situation liée à l’Ukraine «avec les pays africains concernés». En plus, il a réaffirmé l’intention de la Russie de rouvrir ses ambassades en Afrique, fermées après la chute de l’Union soviétique.
    La déclaration de clôture du deuxième Sommet Russie-Afrique ne fait pas explicitement mention de l’Ukraine, mais accuse «le nationalisme agressif», «le néo-nazisme», «le néo-fascisme», ainsi que «l’afrophobie et la russophobie».
    Une cinquantaine de représentants des pays présents à la réunion n’ont pas caché que pour eux, la sécurité alimentaire dépendait en grande partie de la cessation de toute hostilité entre les parties belligérantes.

Source: https://www.pagina12.com.ar/572317-la-union-africana-pide-alto-el-fuego-en-ucrania  du29 juillet 2023

(Traduction Horizons et débats)

Les Etats africains font preuve de souveraineté – malgré la pression occidentale

globaltimes. Du 27 au 28 juillet, le deuxième sommet Russie-Afrique s’est tenu à Saint-Pétersbourg en présence de 17 chefs d’Etat du continent africain. Eux et les autres participants, qui comprenaient, outre de nombreuses délégations nationales, cinq vice-présidents et quatre chefs de gouvernement, ont fermement résisté aux pressions de l’Occident pour participer à cet événement. Du côté officiel russe, on avait été informé que les Etats-Unis et l’UE avaient tenté de dissuader leurs invités d’y participer. Cette affirmation est étayée par la publication massive d’éditoriaux haineux face au sommet divulgués dans les médias occidentaux.
    En dépit de cela, l’écrasante majorité des pays africains ont participé au sommet de Saint-Pétersbourg, les Etats africains non-participants se trouvaient en nombre de cinq. Si l’on considère le fait que depuis le début de l’opération spéciale en Ukraine, les représentants des Etats africains correspondant à un peu plus de la moitié du continent s’étaient prononcé à l’encontre de la Russie lors des votes des sessions de l’Assemblée générales des Nations unies, on doit constater qu’on a actuellement affaire à des pays africains qui ont décidé d’intensifier leurs relations avec la Russie, malgré leurs désaccords sur la situation en Europe de l’Est.
    La pression politique et médiatique de l’Occident n’a pas empêché le déroulement de l’événement majeur car, de toute évidence, un grand nombre de pays africains apprécient la manière dont la Russie peut les aider à renforcer leur souveraineté en ces temps imprévisibles. L’ancienne Union soviétique avait soutenu maints mouvements de libération africains pour ensuite largement aider nombre d’entre eux à construire leur propre Etat. Malheureusement, la Fédération de Russie a dû faire face à de nombreux défis politiques internes, n’ayant pas pu reprendre le rôle international qu’elle a récemment réintégré.
    Après le premier sommet Russie-Afrique en octobre 2019, le président Vladimir Poutine a tenté de rattraper le temps, mais la pandémie de Covid-19 et la guerre par procuration de l’OTAN contre la Russie en Ukraine semblent avoir entravé la mise en œuvre du plan d’action originaire. Quoi qu’il en soit, les relations russo-africaines ne se sont pas détériorées au cours des presque quatre années qui se sont écoulées depuis leur dernière rencontre multilatérale, et l’on peut même affirmer que la Russie est devenue plus importante pour certains de ses partenaires africains au cours de cette période, et cela à un niveau qui n’avait jamais été atteint depuis 1991.
    Les sanctions antirusses imposées par l’Occident après le début de l’opération spéciale en Ukraine ont causé des problèmes aux partenaires africains. Malgré l’initiative sur les céréales de la mer Noire, initiative que Moscou a récemment refusé de prolonger après avoir accusé l’Occident de ne pas remplir sa part du contrat, aucune solution ne semblait émerger de l’impasse. Lors du sommet qui vient de s’achever, le Président russe a néanmoins promis de fournir des céréales aux régions africaines les plus démunies gratuitement et d’ici la fin de l’année.
    L’analyse du sommet doit encore aborder d’autres aspects de la rencontre. En effet, il ne s’agissait pas seulement de renforcer la coopération russo-africaine dans le domaine de l’agriculture. Conformément au sujet «Paix, sécurité et développement», les relations militaires bilatérales entre les pays intéressés ont été discutées à huis clos, les détails n’ayant pas été rendus publics en raison de leur caractère sensible. En outre, les différentes formes de coopération universitaires, énergétiques, financières, industrielles, institutionnelles, médiatiques et autres figuraient sur l’ordre du jour.
    Ce qui liait le tout, c’est que le développement global des relations russo-africaines, palpables dans chacun de ces domaines, fait promouvoir les perspectives de Poutine dans sa volonté évidente d’aider les partenaires de la Fédération de Russie sur le continent africain, notamment dans le but de «renforcer leur souveraineté nationale et culturelle», comme il l’avait conçu lors des préparatifs du sommet. Depuis le début de l’opération spéciale, il a régulièrement évoqué ce concept, le considérant comme un préalable à un partenariat mutuellement bénéfique.
    Dans ce contexte global, il faut noter qu’aucun pays africain ne s’est aligné sur la campagne occidentale des sanctions antirusses bien que la pression pour le faire ait été immense. Cela vaut également pour les délégations africaines à l’Assemblée générale des Nations unies qui ont voté contre la Russie au moins une fois. Jamais auparavant l’Afrique ne s’était montrée aussi unie que lors de cette démonstration. Il est évident que ces Etats voulant se démarquer en tant qu’Etats réellement indépendants face à la communauté internationale, ont décidé de ne plus se voir dicter leur politique par leurs anciens maîtres-coloniaux.
    L’Occident a été choquée par cette démonstration d’authenticité sans précédent, raison pour laquelle ses officiels et ses médias ont lancé un autre assaut dans cette interminable guerre de l’information contre la Russie, et ceci au travers d’une tentative réitérée mais désespérée de convaincre les pays africains de s’aligner sur la guerre économique menée par le biais des sanctions occidentales contre la Russie. Des mensonges ont été propagés selon lesquels les conseillers militaires russes seraient responsables d’atrocités ou encore le fait la Russie aggraverait la famine en Afrique, par exemple. Aucun pays africain ne s’est toutefois laissé reconvaincre de sanctionner la Russie, même pas ceux n’ayant pas participé au sommet actuel.
    Ils savent tous que leurs intérêts nationaux objectifs sont mieux préservés en gardant leurs options stratégiques ouvertes et en ne coupant pas les ponts avec leurs partenaires, quelles que soient les pressions extérieures. La Russie est considérée depuis longtemps déjà en tant que partenaire historiquement fiable, c’est pourquoi les relations sont en cours de se renforcer dans tous les domaines vitaux d’un pays africain, ce qui les encourage dans leur effort à surmonter la dépendance disproportionnée vis-à-vis de l’Occident qui prédomine encore, tout en visant à établir des relations encore plus étroites avec la Chine.
    La Russie n’érige pas de conditions préalables à son aide agricole et militaire et la Chine refuse de conditionner ses investissements en infrastructures et son accès au marché, circonstances qui renforcent leur coopération réelle avec les Etats africains, et avec elle leur souveraineté. En outre, ces grandes puissances souhaitent également améliorer les relations individuelles avec les partenaires, notamment par le biais d’échanges universitaires et de formation de personnel qualifié. Dans l’ordre mondial multipolaire en cours de création, la Russie et la Chine considèrnt l’Afrique dans son ensemble, en tant que pôle indépendant.
    C’est là que réside la principale différence entre les rapports que les Etats-Unis et l’UE entretiennent avec les pays africains et ceux que leur offrent la Russie et la Chine. Les premiers soumettent toutes ces formes d’aide à des conditions, dans le but que l’Afrique leur reste subordonnée, tandis que les secondes renoncent à de telles conditions puisqu’elles souhaite favoriser l’émergence de l’Afrique. Pour les Etats-Unis et l’UE, il est inconcevable d’approuver un ordre international dans lequel ils ne sont pas en position de suprématie, tandis que la Russie et la Chine aspirent à un ordre juste et équitable dans lequel tous les Etats, peu importe leur taille, entrent en rapport avec les autres sur un pied d’égalité.
    Une telle vision plus large permet de mieux comprendre l’importance du deuxième sommet Russie-Afrique, qui se révèle ainsi être la version complémentaire russe du Forum sur la coopération sino-africaine. Ces deux événements continuent à avoir lieu, à plusieurs années d’intervalle, ce qui leur laisse suffisamment de temps pour progresser dans leurs plans d’action. Bien que la Russie se soit réengagée relativement tard en Afrique, elle fait plus que compenser ce retard par le rôle stratégique qu’elle joue, notamment en assurant les besoins agricoles et de sûreté militaire de ses partenaires.

Source: version originale de ce texte sur https://www.globaltimes.cn/page/202307/1295280.shtml  du 29/07/23

(Traduction Horizons et débats)

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