Le 11 juillet 2024, les Etats-Unis ont lancé, conjointement avec la France, l’Allemagne, l’Italie et la Pologne, une initiative visant à déployer des missiles de croisière basés au sol d’une portée supérieure à 500 kilomètres. Le chancelier allemand Olaf Scholz a déclaré que le projet de déploiement de ce type d’armes à moyenne portée dans son pays était une excellente décision, étant donné qu’actuellement, la Russie procède à un incroyable réarmement en armes qui menace le territoire européen. La présidente du Sénat russe, Valentina Matvïyenko, a rétorqué que l’Allemagne n’avait pas le droit de détenir ce genre d’armes sur la base des traités qu’elle avait signés après la guerre.
Ces événements, ainsi que l’envoi d’avions de combat F-16 en Ukraine par plusieurs pays de l’OTAN, marquent une nouvelle dimension dans l’escalade des tensions militaires en Europe. Il n’est pas exagéré de dire que les tensions sur le vieux continent ont atteint un niveau proche de l’une des phases les plus dangereuses de la guerre froide dans les années 1980, lorsque l’OTAN et le Pacte de Varsovie avaient déployé des missiles balistiques et de croisière sur les territoires de leurs Etats membres respectifs.
A l’époque, l’OTAN avait réagi au déploiement de missiles à moyenne portée en Europe par l’URSS en positionnant des centaines d’obus largement équivalents. L’élimination de ces armes de part et d’autre a été rendue possible par le traité sur les armes nucléaires à portée intermédiaire [traité FNI], signé en 1987, et leur destruction complète a atteint son apogée trois ans plus tard, dans une atmosphère de dégel et de détente entre Washington et Moscou. Or, aujourd’hui, la confrontation entre l’OTAN et la Russie est dominée par la guerre en Ukraine, dans laquelle les gouvernements occidentaux sont intervenus de leur propre chef et où ils ont trouvé des débouchés considérables pour leur industrie de l’armement. Chaque étape de cette nouvelle spirale d’armement conduit à des mesures très difficilement réversibles tant que le conflit perdure, et tout système militaire mis en place augmente le risque d’une erreur catastrophique qui pourrait déclencher une guerre touchant la totalité de l’Europe et éventuellement le reste du monde.
En se réjouissant de manière irresponsable de la transformation de l’Allemagne en une base militaire américaine – et donc en une cible potentielle pour les attaques russes – Scholz devrait faire réaliser aux habitants d’Allemagne, de Belgique, du Danemark, de France, des Pays-Bas, d’Italie, de Norvège et de Pologne que les livraisons d’armes de leurs gouvernements respectifs à l’Ukraine augmentent le risque que la guerre s’étende à leurs propres pays .
En outre, dans cette nouvelle course aux armements, chaque étape conduit irréversiblement à un niveau plus élevé de tension belliqueuse, des tensions qui avaient pu être résorbées il y a plus de trois décennies – des temps extrêmement menaçants pour l’humanité, qui ne mérite pas aujourd’hui une telle régression. •
Source: https://www.jornada.com.mx/noticia/2024/07/12/editorial/europa-vuelve-a-la-guerra-fria-9127 du 12/07/24
(Traduction Horizons et débats)
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