Du jamais vu en République fédérale! Des dizaines de milliers de tracteurs bloquent les accès aux autoroutes, les échangeurs routiers et les centres-villes! Pas plus le gouvernement que ses médias ne s’attendaient à une telle explosion de la contestation paysanne. La pression permanente, environnementale et bureaucratique, exercée notamment sur nos agriculteurs, a soudainement fait exploser la cocotte-minute. Au lieu de continuer à s’occuper de leurs terres et de leurs animaux, les paysans doivent désormais consacrer près de 40% de leurs activités professionnelles derrière leur bureau à remplir de la paperasse des formulaires de contrôle, des statistiques et des rapports. Témoignage de l’un des manifestants: «Je voulais décidément devenir agriculteur. Maintenant, je suis un tiers bureaucrate et pour les deux autres tiers de mon temps, je dois constamment me débrouiller pour que mes activités agricoles soient en conformité méticuleuse avec les prescriptions de bureaucrates étrangers qui me laissent toujours moins de marge de manœuvre personnelle. Je me sens de moins en moins agriculteur indépendant et de plus en plus employé au service d’une éco-bureaucratie!»
Plus de 6000 manifestants se sont rassemblés à Magdebourg, 4000 d’entre eux étant arrivés sur leur tracteur. Les autres deux mille les ont joints en camions ou dans leurs véhicules personnels parce qu’ils en avaient eux aussi par-dessus la tête des politiques économiques et de la paperasserie des Verts. Un médecin parmi les manifestants s’y est prononcé en public en ces termes: «Je travaille déjà avec des revenus au plus bas pour rester dans les normes, je tourne comme un hamster dans sa roue, avec de plus en plus de patients et en même temps de plus en plus de règlements, de formulaires et de contrôles qui me prennent 40% de mon temps de travail. Pour satisfaire les besoins de mes patients, je dois sacrifier mon temps libre à la paperasserie. Je n’en peux plus!»
Et un entrepreneur en construction ajoute «que le secteur du bâtiment entier est moribond, parce que les charges ont augmenté de façon dramatique à cause des exigences administratives en matière d’environnement tandis que les loyers sont bloqués. Et en plus, les intérêts, les salaires et les coûts des matériaux augmentent, de sorte que je ne peux plus finir les commandes en cours sans devenir toujours plus déficitaire. Jamais je n’aurais cru que c’est la politique idéologique du gouvernement qui me fait le plus de mal, et non pas la loi du marché et de la conjoncture!»
Nombre de discussions avec des manifestants, parmi eux nombreux chefs de petites ou moyennes entreprises, ont été du même acabit. Avec sa gestion calamiteuse, la troupe berlinoise de comédiens amateurs a manifestement réussi, en seulement un an et demi, à se mettre à dos toute la classe moyenne des professinnels indépendants. Cela n’augure rien de bon pour les responsables politiques: actuellement, nos cinq millions d’entrepreneurs – doublant leurs effectifs par leurs conjoints on en arrive donc à 10 millions – emploient 25 millions de salariés réalisant également que leur existence même est menacée par une politique économique idéologique inadaptée. 35 millions (sur 61 millions) de votants en colère, employés de PME et de cabinets médicaux et autres, cela ne peut qu’aboutir à un résultat désastreux pour le gouvernement actuel de la coalition «tricolore» au pouvoir (verts, socialistes et libéraux).
En ce qui concerne les élections, là aussi, le comportement du gouvernement est incompréhensible. Est-ce qu’il croit vraiment que les électeurs allemands sont d’accord avec une performance qui se résume ainsi:
Jusqu’à présent, les gouvernements CDU ont mis à contribution la classe moyenne pour subventionner les banques et les entreprises. Par contre, les gouvernements socialistes ont procédé à une redistribution des revenus depuis la classe moyenne vers les classes inférieures. Mais qu’un gouvernement porte atteinte à l’ensemble des classes moyennes et à tous les électeurs pour faire passer ses idées écologistes, c’est en effet du nouveau.
C’est pourtant par ce choc que la classe moyenne indépendante a réalisé que, malgré toute ses efforts, elle ne pourra pas survivre tant que les conditions régissant le secteur public lui restent pernicieuses.
L’enjeu de la fronde des classes moyennes qui se déroule sous nos yeux, c’est de savoir qui va survivre, la classe moyenne ou ce gouvernement. •
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