La faillite morale de l’Union européenne

Editorial de la Jornada, Mexique

La séance plénière du Parlement européen a observé hier une minute de silence en hommage aux victimes des attentats perpétrés par le groupe islamiste Hamas en Israël, le 7 octobre 2023. Dans une série d’attaques éclairs, ses bandes armées ont tué 1 205 personnes, pour la plupart des civils, et en ont fait prisonniers 251 autres, dont 97 sont toujours en captivité et 34 seraient mortes sous les bombes israéliennes dans la bande de Gaza.
    La solennité accordée à l’évènement  ainsi que les déclarations des dirigeants, des fonctionnaires et des personnalités autour de l’anniversaire du 7 octobre a été entachée par son contexte accablant. L’UE a ainsi fait preuve, dans toute son ignominie de partialité évidente, de double langage, d’hypocrisie et d’insensibilité de la part de la direction d’une Europe se targuant d’être un défenseur de la justice et des droits de l’homme. Lors de ces événements, pas un mot pour le deuxième groupe de victimes, les 41870 personnes massacrées à Gaza par les forces armées israéliennes – avec des armes fournies principalement par Washington et les membres de l’Union européenne – au cours de l’année qui a suivi la sanglante incursion du Hamas.
    Il n’a pas non plus été question des milliers de Palestiniens prisonniers en Israël depuis bien avant le 7 octobre, ni des centaines d’autres qui ont été capturées au cours de l’année. Leurs familles n’ont pas été invitées à témoigner de la douleur perpétuelle que représente le fait de ne pas savoir où se trouvent leurs proches ni ce qu’il en est advenu.
    Pour les sociétés qui adhèrent à la Déclaration universelle des droits de l’homme, toute vie humaine doit avoir une valeur égale et, dans ce cas, un groupe de victimes 40 fois plus nombreuses et composées en grande majorité de civils, y compris des nourrissons éliminés quelques jours ou quelques semaines après leur naissance, a été réduit au silence.
    En dressant un mur de silence entre bons et mauvais, victimes à commémorer et victimes qui ne le sont pas, cette manifestation de soi-disant humanité est devenue un affront à tout sentiment humanitaire, un reflet du racisme persistant et de la compulsion colonialiste qui rongent les institutions et les sociétés occidentales.
    La différence de traitement réservée aux morts, aux blessés, aux otages, aux orphelins, aux traumatisés et à ceux qui languissent faute de nourriture et de médicaments – ce dernier groupe étant composé exclusivement de Palestiniens – est également choquante en raison des différences abyssales qui existent entre les auteurs des attentats. Les personnes tuées dans les attaques odieuses du Hamas ont été victimes d’un groupe armé considéré comme illégal par l’Occident tout entier, tandis que les Palestiniens périssent chaque jour sous les tirs d’un Etat qui siège dans des organismes internationaux et qui, sur le papier, adhère aux principes et aux codes reconnus par la communauté internationale.
    On ne peut que souscrire aux paroles de la Présidente du Parlement européen quand elle a dit que rien ne pourrait jamais justifier les meurtres de masse, les viols, les enlèvements et la torture aveugle qui ont eu lieu il y a un an. Mais rien ne pourra non plus légitimer les actes perpétrés depuis un an par le régime de Benjamin Netanyahou. L’absence de compassion pour les victimes civiles palestiniennes n’est pas seulement une asymétrie morale brutale, mais également une incitation à poursuivre ce génocide.

Source: La Jornada, 8 oct. 2024

(Traduction Horizons et débats)

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