Coexistence pacifique pour un avenir commun

par Mirko Lukovic, membre du conseil exécutif du Forum de Belgrade pour un monde équitable

Comment parvenir à une coexistence pacifique durable dans un monde qui s’achemine vers un conflit global? On pourrait considérer le 21 septembre dernier comme l’ultime occasion de commémorer librement et collectivement la Journée mondiale de la paix. Ainsi va la situation des affaires internationales aujourd’hui. Pourtant, il existe de multiples propositions et solutions qui permettraient de faire sortir sans délai le monde de l’ombre des guerres et des conflits perpétuels.

Cette année, j’ai eu le privilège de participer à la commémoration de la Journée internationale de la Paix organisée par l’Association du peuple chinois pour la paix et le désarmement(CPAPD). Je faisais partie de la délégation serbe qui représentait le Forum de Belgrade pour un monde d’égaux. Fondée en 1985, la CPAPD est en Chine la plus grande organisation de la société civile œvrant pour la paix. Ses objectifs sont la promotion de la compréhension mutuelle, de l’amitié et de la coopération entre le peuple chinois et le monde. Elle le fait au travers d’efforts concertés pour s’opposer à la course aux armements et à la guerre, de prôner le contrôle des armements et le désarmement nucléaire ainsi que d’autres armes de destruction massive, de manière à préserver la paix dans le monde et à promouvoir la construction d’une communauté avec un avenir commun pour l’humanité. La conférence s’est déroulée entre Jinan, capitale de la province de Shandong, et Weifang, la ville des cerfs-volants, dont elle est à la fois le berceau et le principal lieu de production. Ce n’est pas un hasard si ces villes ont été choisies pour accueillir la conférence. Jinan et le Shandong en général sont un des premiers foyers de la civilisation chinoise, là où sont nées la poterie, la production de soie et l’écriture chinoise. Plus important encore, c’est la patrie de Confucius, dont la philosophie constitue une part importante de la culture chinoise, et a en outre profondément influencé le monde entier jusqu’à nos jours. Weifang est une ville culturelle de l’Asie de l’Est et une ville internationale de la paix.

Vers un avenir meilleur pour le monde

C’était mon premier voyage en Chine et ce fut une expérience inoubliable. L’atmosphère générale était énergique et stimulante. En voyageant de l’Europe vers la Chine, la première impression a été de quitter une pièce étouffante pour respirer l’air vivifiant de la montagne par une journée ensoleillée. Il est vrai que tout changement de paysage est un bienfait pour l’âme, mais c’était plus que cela. Pour moi, il s’agissait d’espoir et d’optimisme pour un avenir meilleur dans le monde entier. La Chine a beaucoup à offrir en termes de progrès en matière de civilisation.
    Mais ce n’est pas tout. A l’arrière-plan de ces réalisations se trouve une civilisation millénaire qui œuvre sans relâche avec dévouement, patience et persévérance dans le but de parvenir à une coexistence saine, pacifique et harmonieuse. Le thème de la conférence était «Préserver un avenir commun pour construire un monde de coexistence pacifique» et elle a accueilli près de 180 représentants venus de plus de 80 pays d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine, d’Europe et des Amériques, ainsi que plus de 100 organisations politiques, groupes de paix et groupes de réflexion sur la sécurité participant à cette commémoration.
    M. Han Zheng, vice-président chinois, a pris la parole lors de la cérémonie d’ouverture de l’événement, après quoi M. Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies, a prononcé une allocution vidéo à l’intention des participants. Parmi les autres intervenants à cette conférence figuraient d’éminents hommes d’Etat tels que Sommad Pholsena, vice-président de l’Assemblée nationale du Laos et président du Comité laotien pour la paix et la solidarité,Kgalema Motlanthe, ancien président de l’Afrique du Sud, Ernesto Samper, ancien président de la Colombie, et Ueli Maurer, ancien président de la Confédération helvétique. MmeChen Bo, ancienne ambassadrice de Chine en Serbie, a elle aussi prononcé un discours. Cette grande amie de la Serbie participait à l’événement en sa qualité de Secrétaire générale du Centre d’études sur la pensée de Xi Jinping en matière de diplomatie et de Présidente de l’Institut chinois d’études internationales.

Aller vers la paix par le dialogue et de l’échange

Beaucoup de choses ont été évoquées et discutées au cours de la conférence, sur la manière d’œuvrer pour une paix mondiale durable. Les problèmes identifiés étaient liés aux questions de sécurité traditionnelles et non traditionnelles, à l’unilatéralisme, à la mentalité de bloc et au spectre de la politique de guerre froide, à la montée de la menace nucléaire, aux provocations persistantes, au retour du fascisme international, à l’inefficacité des négociations politiques, au ralentissement économique et aux conflits en cours dans le monde, au Moyen-Orient en particulier. Nous sommes confrontés à de multiples problèmes, mais, comme l’ont répété les délégués, nous ne pourrons trouver la voie de la paix que si nous travaillons ensemble dans le cadre d’un dialogue constructif, d’échanges culturels et d’un développement durable garanti pour tous. Ces principes ont déjà été formalisés dans les trois initiatives mondiales présentées par le président Xi Jinping, ce qui montre que, fondamentalement, nous poursuivons tous le même objectif et nous savons tous comment l’atteindre. Ce qui reste à faire, c’est de trouver moyen de travailler ensemble, d’œuvrer pour un nouvel avenir.
    Le consensus sur les moyens de parvenir à l’unité, exprimé par les délégués, peut se résumer ainsi: le développement économique, le renforcement des échanges culturels, le respect mutuel, le rétablissement de l’autorité des Nations Unies et du droit international, la cessation du recours aux sanctions unilatérales, la promotion du sens de la communauté avec un avenir en sécurité et le développement de la diplomatie citoyenne. Par ailleurs, il conviendrait d’accorder plus de responsabilités et d’espace aux jeunes générations.

Les peuples aspirent à une vie normale

Tout au long de nos débats pendant les trois jours de la conférence, le sentiment le plus visible et le plus répandu n’était pas la peur d’une éventuelle guerre mondiale, ni la colère face à la condescendance permanente des pays occidentaux, ni même la frustration due à l’hypocrisie flagrante de l’Occident et à sa politique de deux poids deux mesures. On ressentait au contraire la lassitude de devoir faire face aux pressions, aux menaces et aux sanctions de l’Occident et de devoir supporter l’hystérie occidentale, ainsi que d’afficher perpétuellement l’apaisement nécessaire pour dissuader ce dernier de déclencher une énième guerre. Le «reste du monde» souhaite retrouver une vie normale, améliorer ses conditions de vie et aspirer à la prospérité. C’est là que la Chine est exemplaire. La Chine ne dicte pas aux autres Etats ce qu’ils doivent faire et mène depuis longtemps une politique de non-intervention dans les affaires d’autres pays. Au contraire, elle va de l’avant en accomplissant des actions visibles et tangibles, qui se reflètent dans la prospérité de la population et la croissance économique du pays. Elle a en outre entamé un processus d’implication d’autres pays dans cette voie par le biais de l’Initiative Belt and Road (Nouvelle Route de la Soie). La Chine s’efforce de parvenir à une prospérité commune entre ses citoyens et entre les Etats, ce qui se résume par sa philosophie du «gagnant-gagnant».

Les perspectives de la Serbie dans le monde d’aujourd’hui

Où en sont les Serbes en ces temps difficiles? Nous avons beaucoup à apprendre d’une civilisation comme celle de la Chine. Cela dit, la Serbie est largement sous-estimée et sous-évaluée par les pays occidentaux et l’Europe en particulier. Dans le monde d’aujourd’hui, la Serbie a une perspective bien plus grande que celle lui offerte par les puissances occidentales. A l’heure actuelle, c’est la Serbie qui peut offrir beaucoup à l’Occident, et non l’inverse. Aujourd’hui, la Serbie a la possibilité de faire un pas en avant selon sa propre culture, vers le respect de soi, l’harmonie, la prospérité et une coexistence pacifique.
    Au regard des événements mondiaux actuels, la Chine mérite notre respect et notre collaboration afin qu’elle puisse aider les autres à parvenir à la paix. Je remercie le peuple chinois pour son accueil chaleureux et son hospitalité, ainsi que la CPAPD pour l’organisation de cet événement très important en ces temps difficiles.

(Traduction Horizons et débats)

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