Le premier instituteur: personne clé pour vaincre la haine

ds. Le livre «Je ne haïrai pas» émeut. Il a été présenté dans Horizon et débats n° 4 du 27février 2024. Le médecin palestinien Izzeldin Abuelaish y raconte son enfance dans un camp de réfugiés palestiniens. En effet, ce n’était pas une véritable enfance, comme c’est le cas pour la plupart des Palestiniens. A l’âge de sept ans, on attendait déjà de lui, le fils aîné, qu’il aide sa famille en gagnant quelques sous. L’auteur décrit la misère dans laquelle il a grandi. La saleté et la pauvreté leur étaient imposées ainsi que la menace constante d’attaques par les armes. Il décrit la vie quotidienne dans la bande de Gaza, son éducation, finalement son travail comme médecin dans un hôpital israélien. Dans un des raids des troupes israéliennes, trois de ses huit enfants ont été tués par des obus de chars israéliens ciblés sur leur maison – par erreur. Mais malgré toutes ces souffrances endurées, il a persisté à dire: «Je ne haïrai pas».
    Selon Abuelaish, la haine est une maladie empêchant autant la guérison que la paix. «Nous avons besoin d’une sorte de programme de vaccination inculquant aux gens les notions de respect, de dignité et d’égalité et les immunisant contre la haine», écrit-il (p. 233). Il est certain que la majorité des Israéliens et des Palestiniens souhaitent vivre côte à côte. Mais comme le décrit l’auteur, les populations sont constamment soumises à des doctrines extrémistes, des deux côtés. Cette situation favorise, face à la misère dans laquelle ils vivaient, l’ incitation à la révolte.
    Pour Abuelaish ce sont avant tout les mères palestiniennes, les vraies héroïnes. Ce sont elles qui rendent la survie possible. Elles donnent à manger à tout le monde avant de se nourrir elles-mêmes et n’abandonnent jamais la famille. «Ma mère», écrit-il, «était comme une lionne lorsqu’il s’agissait de nous protéger, mais elle était également implacable dans ce qu’elle exigeait de nous. De moi elle attendait que je fasse autant d’efforts qu’elle pour améliorer notre situation». (p. 78, indications selon l’édition en allemand, réd.)
    Abuelaish entre à l’école à l’âge de six ans. Très tôt il comprend qu’une bonne éducation pour lui est le seul moyen d’échapper aux circonstances dans lesquelles il vit. Dès le début, il n’esquive aucun effort pour atteindre cet objectif, mais sans des enseignants qui l’encouragent constamment, il n’aurait pas atteint son but. L’auteur revient à maintes occasions sur cette condition décisive pour sa vie qui consistait, pour lui, dans ses premiéres années d’école d’apprendre avec ses enseignants. Et parmi eux, il y avait cet instituteur exceptionnel dont il fait des louanges méritées sur son apprentissage de la lecture. Ainsi écrit-il: «Lors de cette première année scolaire, j’ai eu trois instituteurs différents. L’un était assis sur sa chaise et nous donnait des devoirs, l’autre enseignait la musique, ce que j’aimais beaucoup. Le troisième était un homme se comportant comme s’il avait découvert en moi, le futur étudiant. Il m’a accordé tant d’attention qu’à la fin de l’année, il m’avait complètement convaincu, moi, élève de première année, que je pouvais en effet apprendre tout ce que je voulais. C’était un homme extraordinaire. L’école était surpeuplée. Nous étions trois à nous asseoir à un pupitre, avec soixante enfants dans une classe, mais j’avais hâte de m’y rendre le matin. J’adorais l’école et lorsque mon instituteur me posait une question et que je levais la main pour répondre, j’étais heureux. Les nouvelles connaissances acquises sur le monde étaient de la manne pour moi». (p. 73 ss.)
    Et plus loin: «Grandissant, je me suis rebellé contre de nombreuses injustices, mais aujourd’hui, je regarde en arrière et je suis reconnaissant envers mes enseignants qui étaient persuadée qu’il existait un avenir pour moi. Ce sont eux qui ont semé en moi la confiance nécessaire pour aller de l’avant. Ce sont eux qui m’ont grand-ouvert les portes envers le monde me faisant savoir qu’il y avait un avenir au-delà de la pauvreté oppressante dans laquelle nous vivions». (p. 77)
    Lorsqu’il regarde en arrière et pense à sa mère, il peint le portrait d’une femme résolue et exigeant, avant tout à ce qu’il réussisse sur sa voie, malgré tous les obstacles. Et il repense à Ahmed Al Halaby, son enseignant de première classe qui lui avait donné la confiance que tout était possible. «J’ai appris des deux – autant de ma mère que de mon instituteur – que j’étais sur la bonne voie, ce qui m’a fait les respecter et honorer leur mémoire». (p. 98)                                              •

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