Qui veut la guerre contre la Russie?

par le Professeur Eberhard Hamer, Mittelstandsinstitut Niedersachsen e.V.

Ursula von der Leyen préconise de détourner 300 milliards de fortunes russes confisquées et les verser à l’Ukraine pour prolonger la guerre. Jamais auparavant un gouvernement n’avait osé briser la confiance internationale dans la protection de la propriété. Exproprier les investisseurs internationaux de leurs avoirs constitue tout d’abord un acte illégal à dimension gigantesque. Il est autant plus punissable puisqu’il menace d’ébranler l’ordre juridique international – et tout cela poussé par la pulsion d’éternaliser la guerre d’Ukraine, perdue depuis longtemps.

La guerre sans fin contre la Russie?

Alors que le nouveau Président américain Trump, c’est-à-dire le commandant suprême de l’OTAN et de l’UE, veut mettre fin à une guerre perdue et dénuée de sens, les fanatiques européens va-t-en-guerre mobilisent tout pour qu’elle se poursuive en s’escaladant encore et reprenne les contours d’une guerre européenne contre la Russie. D’où prennent-ils leur optimisme que de tellles ambitions fantaisistes sont partagées de leurs populations européennes? L’option de von der Leyen de continuer à gaspiller les fonds européens dans la guerre en Ukraine est doublement punissable – allant au contraire de la mission de l’UE.
    Parmi les va-t-en-guerre les plus farouches se range par exemple la haute représentante des affaires étrangères de l’UE et vice-présidente de la Commission, MmeKaja Kallas (ancien chef du gouvernement estonien). Cette personne se montre imprégnée d’une haine fondamentale contre tout ce qui est russe, haine inconditionnelle à laquelle elle laisse libre cours à chaque occasion où elle se fait entendre en public, en tout évidence sans mesurer les conséquences de son bellicisme pour toute l’Europe.

Le nouveau Chancelier risquant tout?

Une autre figure de proue de cet entourage, MmeAnnalena Baerbock, n’a certes pas seulement déclaré, en public, la guerre à la Russie, mais a en plus pratiqué le bellicisme comme attitude générale. Cela a été pris, au niveau international, aussi peu sérieux que Baerbock elle-même. Par contre, ce qui est irritant face aux élections, c’est que les Verts ne sont pas les seuls à s’être transformés en parti belliciste (fondé en tant que parti de la paix), mais aussi la CDU avec ses représentants comme Röttgen, Kiesewetter (qui veut bombarder Moscou) et surtout le probable nouveau chancelier, Merz.
    Ceux parmi nous qui ont vécu la dernière guerre mondiale sont horrifiés par la désinvolture irréfléchie comment Merz provoque en toute évidence la prochaine guerre mondiale. Si cet homme pense ce qu’il dit, il constitue un danger public alarmant pour notre pays se révélant ainsi inapte par principe à devenir chancelier. Si ce n’est qu’un masque (rigoler face à la troisième guerre mondiale?) il constituerait d’autant plus le même danger public.
    La guerre en Ukraine déjà a été reprise par le gouvernement tricolore comme «sa guerre à elle». Elle a apporté à nous autres Allemands plus de mal qu’à tous les autres populations européennes, en ayant triplé nos coûts énergétiques, désarmé notre armée fédérale en offrant des armes à l’Ukraine, dépensé plus de 100 milliards d’euros, en transferts d’argent et d’armes vers l’Ukraine ainsi que par l’accueil de réfugiés ukrainiens. Elle nous coûtera encore de multiples milliards d’euros en raison de la politique belliciste de l’UE.

Se battre jusqu’à la «victoire finale»?

L’Ukraine est en faillite, surendettée à hauteur de plus d’un billion d’euros, partiellement détruite, partiellement dépeuplée et militairement à bout de souffle et de sang. Malgré cela, son gouvernement continue de débiter des concepts fantaisistes comme «plan de victoire» et pareils, proches du style d‘Hitler parlant de «victoire finale» jusqu’au dernier moment.
    Trump sait que la guerre d’Ukraine est perdue, que les Etats-Unis n’y ont plus aucun intérêt militaire et économique, pour la seule raison qu’ils ont entre-temps atteint les leurs:  régler économiquement le rééquipement nécessaire à la guerre moderne des drones, se débarrasser du matériel militaire vieilli en Ukraine (sous l’étiquette «aides à l’Ukraine») en accueillant ensuite des commandes atteignant les 400 milliards de dollars destinés à leur industrie de l’armement. Face à cela où de nouveaux avantages sont hors de vue, à part celui d’essayer de nuire davantage à la Russie, à quoi bon soutenir encore cette guerre d’Ukraine allant se poursuivre, si l’UE réalise ses projets, en effet «jusqu’au dernier Ukrainien» ou alors «chair à canon européenne»? Pour les Etats-Unis, il ne s’agira que de se retirer sans perdre la face, afin de ne pas vivre une nouvelle fuite de l’OTAN comme celle d’Afghanistan.
    Qui ou que se cache-t-il donc derrière le bellicisme de Merz et consorts? Merz était un employé de haut rang, mandaté de défendre les intérêts de BlackRock, le plus grand gestionnaire de fonds dans le monde anglo-saxon. Mis devant un choix décisif, il est probable que leur ancien collaborateur de haut rang essaiera de trouver moyen pour satisfaire ses anciens amis. Or, selon le contrat conclu avec von der Leyen, ces derniers veulent reconstruire l’Ukraine, en tant qu’entrepreneur général, avec une prise en charge par l’Europe d’un montant de 500 milliards d’euros. Ils devraient donc être avant tout intéressés à la fin de la guerre pour leurs affaires de reconstruction que par la poursuite de la guerre.
    Son visage de belliciste est-il donc seulement affiché, alors que, s’affrontant de plus en plus contre son mur coupe-feu, l’AfD et le BSW ainsi que la majorité de la population allemande réclament la fin de la guerre et des négociations de paix? Une chose reste évidente. Tant que Merz voudra poursuivre l’intensification de la guerre en Ukraine, il sera en tout cas inapte à prendre les responsabilités de Chancelier allemand, par le seul fait qu’il constituera un danger existentiel pour l’Allemagne.

(Traduction Horizons et débats)

 

* * *

 

km. Né en 1932, le Professeur Hamer a vécu la Seconde Guerre mondiale en toute connaissance de cause et sait ce que signifie la guerre. Elevé dans un presbytère protestant, il a appris à remplir sa vie de manière active par sa performance, en tant qu’entrepreneur à succès d’entreprise moyenne et comme scientifique de renom. Ce qui plus est, Eberhard Hamer fut témoin oculaire et consciencieux, dès son enfance et son adolescence, du rejet strict du national-socialisme et de la guerre par ses parents. En sa personne il représente donc l’un des rares libéraux-conservateurs éminents de l’Allemagne actuelle à prendre résolument position contre la politique belliciste de la sphère dirigeante allemande. En ce qui concerne le candidat de la CDU à la chancellerie, Friederich Merz, j’aimerais ajouter quelques mots. Merz s’inscrit dans la malheureuse tradition de certaines mouvances au sein de la CDU ayant besoin d’ennemis «notoires» contre lesquels ils espèrent pouvoir se profiler. «Tous les chemins du marxisme mènent à Moscou», a proclamé une affiche de la campagne électorale de la CDU en 1953, et cette affiche n’était pas dirigée contre un quelconque agent d’influence du Parti communiste de l’Union soviétique de l’époque, mais contre le SPD allemand. Le «danger rouge» était un thème récurrent de la guerre froide, de la fin des années 1940 jusqu’aux années 1960, qui servait notamment aux groupes dirigeants de notre pays comme spectre devant garantir leur maintenance du pouvoir politique pendant des décennies.

Il était une fois: la CIA reconnaît
avoir commis des erreurs de jugement

Nous l’avons déjà signalé à plusieurs reprises, mais on ne le dira jamais assez: la politique étrangère et de défense de l’ Union soviétique a été – intentionnellement – mal jugée pendant de nombreuses années lui attribuant fallacieusement un caractère agressif. Willy Wimmer, ancien homme politique de laCDU en charge des affaires étrangères raconte dans son livre intitulé «Die Akte Moskau, 2016»1 (Le dossier Moscou), comment le groupe de travail «Défense» du groupe parlementaire CDU/CSU (il en était membre) s’est rendu à Washington, au début de l’été 1988, pour une visite de travail au quartier général de la CIA à Langley.2 Il écrit:

«Nous y avons écouté avec étonnement les explications qui portaient sur une toute nouvelle politique américaine vis-à-vis de l’Union soviétique: Nous autres Allemands devrions nous détacher – tel le message de choc de la grande table ronde – de ce que nous avons entendu depuis des décennies sur les potentiels et les stratégies militaires dans le conflit entre l’Est et l’Ouest en Europe. Les résultats d’une nouvelle étude au sein de la CIA sur ce thème étaient formels: l’Union soviétique poursuivait des objectifs purement défensifs. Il s’agissait pour elle uniquement de se défendre pour protéger la «petite mère Russie». La stratégie actuelle face au Pacte de Varsovie était en fin de compte une réaction cohérente aux attaques historiques meurtrières de Napoléon et d’Hitler sur son territoire, elle n’a donc absolument rien à voir avec de l’agression soupçonnée des services américains.»

Cette année 1988 fut donc une année de rapprochement supplémentaire entre les deux présidents Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev. Reagan, qui avait encore parlé de «l’empire du mal» à propos de l’Union soviétique dans la première moitié des années 80, avait compris une chose majeure. Avec le nouveau Président soviétique Gorbatchev, il pouvait parvenir à des accords qui auraient pu signifier un véritable «changement d’époque» en matière de politique mondiale reposant sur l’armement massif, vers une coexistence pacifique et prospère tenant compte des intérêts de tous les participants, tout cela à une condition cruciale: à condition que les présidents américains après Reagan poursuivent dans cette voie. Ce qui n’a pas été le cas, comme cela a été évident dans les années suivantes.

Friedrich Merz se veut un nouvel homme fort

Friedrich Merz, l’actuel candidat à la chancellerie de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), a prononcé le 23 janvier 2025 devant un public choisi de la fondation allemande Körber un discours de fond sur sa politique étrangère en cas d’être désigné le prochain chancelier allemand. Ce discours était si aveugle envers l’histoire et si grossier devant provoquer la honte à tout Allemand de bon sens. Il a parlé d’une « rupture d’époque » en évoquant le 24 février 2022. Pourquoi n’a-t-il jamais prononcé ce terme par rapport aux Etats-Unis et à l’OTAN et à leurs «guerres illégales» (Daniele Ganser), des guerres qui ont causé des millions de morts et des destructions incommensurables? Merz se référait à Helmut Kohl, mais en réalité, il défendait des concepts différant radicalement de ceux de l’ancien chancelier allemand, qui – suite à ses propres souvenirs de guerre – était très soucieux de s’entendre avec chaque pays entretenant des rapports avec la Bundesrepublik, y compris avec l’Union soviétique et ensuite avec la Fédération de Russie. Les propositions concrètes de Merz ne contenaient pas une seule graine de détente, elles étaient toutes lamentablement bellicistes (non seulement contre la Russie, mais aussi contre la Chine et les populations tourmentées par Israël) et marquées par une attitude étrangement autoritaire pour notre démocratie: Merz veut être «l’homme fort» défiant l’avenir de l’Allemagne en la retransformant en «première puissance» en Europe.

Que devient-elle, notre Allemagne?

Ce sont les formules de propagande bien connues et plates pour diaboliser la Russie qui constituent la base des diatribes de Merz. Même en les répétant sans cesse, elles ne deviennent pas moins fautives. «Comprendre la Russie», se pencher sérieusement, comme la CIA l’a tenté de faire en 1988 encore, à Langley, sur la question de savoir ce qui a poussé la Russie à intervenir militairement en Ukraine depuis février 2022; c’est-à-dire analyser sérieusement, en partant d’un point de vue historique, les causes de la guerre et les préoccupations de la Russie – tout cela n’a aucunement frôlé les idées répandues de Friedrich Merz. Au lieu de cela, une cacophonie de demi-vérités, de contre-vérités mêmes.
    Il est à plaindre que personne n’ait abordé ces sujets incontournables lors de la discussion qui a suivi avec Merz. Allemagne, où vas-tu?



1 Wimmer, Willy. Die Akte Moskau, 2016, Seite 11f.
2 https://koerber-stiftung.de/mediathek/friedrich-merz-zu-aussen-und-europapolitischen-prioritaeten-fuer-deutschland/

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