par Patrik Baab
La fin du rêve – ou le réveil brutal de l’Europe
L’entretien téléphonique entre le président américain Donald Trump et le président russe Vladimir Poutine, le 12 février, a été un coup de tonnerre. On se parle à nouveau d’égal à égal, une rencontre est prévue en Arabie saoudite. Le président américain a déclaré qu’il pourrait rencontrer Poutine avant la fin du mois.1 Le 18 février, il a déclaré sur CNN qu’il ne voulait pas les Européens à la table des négociations. Trump mot par mot:
«Je ne négocierai pas avec quelqu’un qui veut prolonger le conflit. Je ne négocierai avec personne qui cherche à envoyer des armes supplémentaires. Je ne négocierai avec personne qui tente d’imposer de nouvelles initiatives en matière de munitions. Je ne négocierai avec personne qui tente de prolonger le conflit. Je négocierai la paix, bien que ce mot soit manifestement censuré dans l’UE.»2
Le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio a rencontré son homologue russe Lavrov à Riyad. Les points les plus importants: 1. un cessez-le-feu, 2. de nouvelles élections en Ukraine, 3. un accord de paix. Par ailleurs, la Russie et les Etats-Unis prévoient des projets énergétiques communs dans l’Arctique. Les sanctions peuvent être levées avec l’accord de paix. Les relations diplomatiques seront normalisées.3 Les deux parties tentent d’éviter une confrontation directe. Rubio a déclaré que les Européens seraient impliqués à un moment ou à un autre, car ce sont eux qui ont imposé les sanctions.4 Pour la levée, il est clair que la pression de Washington est nécessaire, car une décision unanime doit être prise à Bruxelles.
Lors de la conférence sur la sécurité de Munich à la mi-février, les discours ont été réécrits du jour au lendemain, comme me l’a rapporté avec complaisance un participant. Le quotidien suisse «Tages-Anzeiger» parle d’un «changement de cap radical».5 Les médias et les politiciens allemands parlent de «trahison».6
Beaucoup de choses restent encore vagues à l’heure actuelle. Mais une chose est claire: l’Occident a perdu la guerre en Ukraine. Les bellicistes de la politique UE se heurtent à la dure réalité des faits et les médias de propagande dépravés sont tirés de leur hystérie guerrière comme un ivrogne endormi qu’un seau d’eau froide aide à dégriser.
Le secrétaire américain à la Défense Pete Hegseth a mis fin à la folie qui a maintenu la guerre en activité. En voici les points essentiels:
La guerre d’Ukraine se terminera ainsi par la défaite historique de l’Occident. La Fédération de Russie sort victorieuse. Dans le conflit militaire le plus important et le plus sanglant en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, il y a un espoir de paix. Les combats font encore rage partout sur une ligne de front de plus de 1300 kilomètres. Rien que du côté ukrainien, on estime que 600000 soldats sont tombés, et plus de 100000 du côté russe.
Au moins autant de personnes ont été grièvement blessées, ont perdu bras et jambes, ont été aveuglées et mutilées, ont eu la mâchoire arrachée; elles restent estropiées, gravement marquées pour le peu de vie qu’il leur reste. Ces blessés graves sont également soignés à la Charité de Berlin.10 En avez-vous jamais vu de photo?
Il s’agit, là également, de la guerre mentale: cacher au public son vrai visage. La propagande et la censure n’en font que les deux faces d’une même médaille.11 La cloche de la censure, qui a sapé tout processus démocratique de formation de l’opinion citoyenne et ainsi causé des dommages irréversibles à la démocratie, fait partie de la folie et de l’hystérie guerrière dans lesquelles le cartel des partis politiques au pouvoir nous a plongés avec leurs complices dans les médias.
Aujourd’hui, je vais tenter d’évaluer la situation géopolitique. Ce faisant, je jette également un regard en arrière. Car celui qui ne connaît pas le passé ne peut pas en mesurer les conséquences pour l’avenir. C’est l’un des problèmes majeurs de la politique européenne actuelle.
Je ne veux pas cacher que je représente une position minoritaire dans la science politique, du moins dans l’espace germanophone. A l’échelle mondiale, la situation est toutefois un peu différente.12
En effet, la perspective que vous obtenez dans les médias dominants est en grande partie due à la propagande de l’OTAN se limitant majoritairement aux pays de l’OTAN dirigés par les Etats-Unis, à l’UE, au Japon, à l’Australie et à la Nouvelle-Zélande. Cependant, ces pays-ci ne représentent aujourd’hui que moins de 20% de la population mondiale.
Dans mes réflexions, j’ai pourtant suivi les exploîts de scientfiques renommés au niveau international, tels que l’expert en géopolitique Glenn Diesen d’Oslo13, le professeur John J. Mearsheimer14, spécialiste de politique étrangère à l’université de Chicago, et le professeur Jeffrey Sachs15, économiste et politologue américain à l’université Colombia de New York. Je m’appuie également sur l’historien britannique Richard Sakwa16 et l’analyste militaire suisse Jacques Baud17 ainsi que sur l’historien et éthnologue français Emmanuel Todd.18
Je commencerai par examiner la situation actuelle de la guerre en Ukraine, puis d’expliquer le contexte et les conséquences des événements auxquels nous assistons.
La situation militaire
L’Ukraine est actuellement en train d’être dédruite par cette guerre, la plus anéantissante en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le pays a perdu environ 20% de son territoire, son économie est en ruinée tandis que des millions de personnes ont quitté le pays: si le nombre d’habitants à été, en 1991 encore, de 52 millions, l’Ukraine en est aujourd’hui à 28 millions. Le pays compte des centaines de milliers de victimes, et bien sûr des millions de réfugiés et de déplacés à l’intérieur du pays.19
Les pertes territoriales sont douloureuses et rendent la reconstruction difficile, car les ressources du Donbass feront défaut. Mais l’alternative n’est par celle d’ou perdre les territoires inclus dans la Fédération de Russie ou de les reconquérir. L’alternative réelle est celle d’ou perdre ces territoires ou en perdre davantage encore.
Les idées américaines et européennes ayant visé à infliger à la Russie une défaite stratégique, par le biais de la guerre par procuration en Ukraine, prennent actuellement le goût des cendres dans la bouche des hommes politiques occidentaux. Cette guerre par procuration de l’Occident OTAN contre la Russie sur le sol ukrainien, évoquée par l’ancien Premier ministre britannique Boris Johnson20, se termine par la débâcle. Le Kremlin considère l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN comme une menace existentielle, avec une détermination qui égale celles des Etats-Unis refoulant toute base militaire ou existence de missiles russes au Mexique. L’Ukraine restera neutre. Avec ces deux buts primordiaux, Moscou a déjà obtenu gain de cause.
La tentative de défier la plus grande puissance nucléaire révèle de toute évidence la mégalomanie de l’Occident qui va ensemble avec son incapacité à évaluer, de manière réaliste, les rapports de force. Une fois de plus, le sommeil de la raison a engendré des monstres. Si le monde occidental continue à rêver et à refouler la force normative du fait en la réduisant en «propagande russe», cela ne peut qu’aboutir qu’à davantage de destruction encore. En effet, c’est la perte du contact avec la réalité dont ont fait preuve les cercles fanatiques russophobes au sein de l’élite politique et médiatique occidentale qui est la principale raison du lourd tribut de sang qui en a résulté.
Du côté ukrainien, le nombre de tués et de blessés graves, c’est-à-dire de ceux que les Britanniques et les Américains résument du terme «casualties», a dépassé le million, le 1erseptembre 2024. Les chiffres réels sont strictement confidentiels des deux côtés. Mais on peut tirer les conclusions qui s’imposent de l’analyse des avis de décès et des nécrologies. Selon celles-ci, plus de 500000 soldats ukrainiens étaient déjà tombés jusqu’au début de septembre.21 D’autres estimations faisaient état de 650000 tués à la mi-2024 déjà.22Larry Johnson, ancien analyste de la CIA, chiffre le nombre total de tués à 1,2 million, et si l’on ajoute les blessés graves, on arrive à trois millions soit toute une génération de jeunes Ukrainiens.22a
Les chiffres ne sont pas aussi élevés du côté russe. Le portail Mediazona, critique envers le gouvernement et financé par l’oligarque Khodorkovski, a également évalué les nécrologies et les avis de décès. Ses analystes sont arrivés à 69059 morts, le 13 septembre 2024, auxquels il faut ajouter 19547 mercenaires de la société militaire privée Wagner, tués lors du hécatombe de Bakhmout – comme il découle par les statistiques des versements aux survivants.23 Cela aboutit au nombre de morts d’environ 90000; y ajoutés les morts des milices de la DNR (Donetsk) et de la LNR (Lugansk), on arrive à 120000 morts environ.24 La forte disparité au détriment de l’Ukraine s’explique par la suprématie russe en matière d’artillerie, de missiles et de drones, cinq à dix fois supérieure, selon les conditions prévalant dans des différentes sections du front. Les analystes militaires estiment le rapport des tués à 8:1 en défaveur de l’Ukraine.25 Jusqu’à fin décembre 2024, le Haut Commissariat des Nations Unies a recensé au moins 12456 morts parmi la population civile, dont au moins 669 enfants.26
L’offensive de Koursk, qui a commencé avec sa planification par l’OTAN, s’avère être une impasse pour les Américains et leurs satrapes de l’OTAN. Ce qui était inimaginable pour moi, il y a quelques années encore: des chars allemands se trouvent à nouveau sur les lieux d’une guerre d’extermination allemande qui a fait plus de 27 millions de morts parmi les citoyens soviétiques. En avançant vers Koursk, l’Ukraine avait tenté d’ouvrir un nouveau front afin de forcer les Russes à retirer des troupes faisant pression sur Donetsk et de ralentir ainsi l’avancée russe. Deuxièmement, il s’agissait pour Kiev de se doter d’un gage pour d’éventuelles négociations. Troisièmement, le gouvernement oukrainien voulait obtenir un succès en matière de relations publiques montrant à l’Occident que son initiative militaire était intacte encore – tout ce pour mobiliser du nouveau soutien. Quatrièmement, il s’agissait d’une tentative de forcer l’Occident à une participation directe par un jeu de vabanque, afin que le front dans le Donbass ne s’effondre pas et que la voie vers Dnipro soit ouverte pour les Russes.27 Finalement, comme l’estime l’ancien officier supérieur de l’OTAN, le général Harald Kujat, l’offensive ukrainienne visait à prendre la centrale nucléaire de Koursk et à acquérir ainsi un potentiel de chantage nucléaire. Cette tentative a échoué.28 Il en sont restés, selon les estimations, entre 35000 et 55000 morts, à ne compter que ceux du côté ukrainien.29
Le moral des troupes ukrainiennes est au plus bas. Rien qu’au cours des quatre premiers mois de l’année dernière, 19000 procédures pour désertion ont été engagées.30 Le rapprochement entre Trump et Poutine a renforcé la frustration et la résignation au sein des élites, car Kiev, tout comme les Européens, sera, si jamais, au mieux assis à la table des chats lors des pourparlers de paix. D’un autre côté, les espoirs de la population se tournent vers la fin de l’agonie.31
Le front ukrainien distendu est sur le point de s’effondrer lorsque l’armée russe s’aura emparé entièrement du nœud ferroviaire de Pokrovsk, à l’ouest de Donetsk. Car derrière, c’est la steppe – et donc plus rien qui puisse protéger les fantassins ukrainiens des attaques constantes des drones.
On peut résumer ainsi l’évaluation de la situation: L’Ukraine a littéralement été menée à l’abattoir. Sur le plan économique, c’est l’Allemagne le plus grand perdant. Nous autres allemands, nous allons tous payer les pots cassés. Mais en fait, il s’agit de dramatiquement plus encore. Nous assistons, en témoins oculaires, à la catastrophe cruciale du 21e siècle: la nouvelle division ukrainienne; la défaite auto-infligée de l’OTAN; le changement tectonique de la géopolitique intégrale; la guerre économique à échelle mondiale ainsi que l’attaque globale du capitalisme prédateur dirigée avant tout contre les salariés et les classes moyennes. Cette guerre affectera la vie des populations en Europe pendant de nombreuses décennies encore. La paix nous coûtera plus cher encore que la guerre.
Susan Watkins, de l’Université britannique Leeds Becket, a écrit un article intitulé «Five Wars in One» dans le numéro de septembre-octobre 2022 de la New Left Review. Elle y traite des dimensions de la guerre en Ukraine. Elle tire ses outils d’analyse de l’examen de la Seconde Guerre mondiale sous cinq aspects décisifs: en tant que guerre de puissances impérialistes; en tant que lutte défensive de l’Union soviétique contre l’invasion allemande; en guerre de libération anticolonialiste de la Chine contre le Japon et la révolution sociale qui s’en est suivie; comme la lutte de libération anticolonialiste en Indochine, en Birmanie, en Malaisie, en Indonésie, en Inde et aux Philippines; et enfin comme guerre de partisans contre les nazis et la Wehrmacht hitlérienne en Yougoslavie, en Albanie, en Grèce, en Biélorussie, en Ukraine, en France et en Italie.32
Ces réflexions m’ont inspiré une réflexion sur les cinq guerres qui se sont déroulé, ces temps-ci, en Ukraine. Je les articule pourtant différemment de ce qu’a fait Susan Watkins, comme le montre ce tableau:
Quand on ne sait rien, on est réduit à croire ce qu’on vous raconte. En Allemagne, les gens ne savent généralement pas grand-chose de l’Ukraine et c’est justement là qu’intervient la propagande. Commencez donc par oublier la livraison journalière de l’actualité par les médias grand public et suivez-moi un instant dans mes tentatives de séparer la désinformation de la presse de la réalité des faits. Car il existe, comme l’a dit Franz Josef Strauss, «une force normative des faits, mais pas une force de la phraséologie qui remplace le fait».
La guerre civile ukrainienne
Les observateurs occidentaux considèrent les événements survenus à Kiev pendant l’hiver 2013/2014 sur la place du Maïdan comme la charnière entre une dictature calquée sur le modèle biélorusse et la chute du président Ianoukovytch. Pour eux, Maïdan est une révolution, un processus de renouvellement par la base, qui a conduit à une démocratie avec certes quelques défauts, mais dans laquelle « la liberté d’expression était totale».
A entendre les témoins oculaires du Maïdan avec lesquels j’ai pu m’entretenir, leur seule réaction a été un ricanement sarcastique, la vérité étant en effet bien différente. Toutefois, en Allemagne, vouloir rapporter la vérité sur le Maïdan expose à la censure, à l’interdiction professionnelle et aux menaces des services secrets ukrainiens, avec l’accord implicite des autorités et de la justice allemandes. Je sais de quoi je parle ayant été victime de ces tros sanctions.
Dans mon livre «Auf beiden Seiten der Front», je relate les événements réels. Je fais partie, avec Régis Le Sommier33, des rares personnes à avoir enquêté des deux côtés du front de ce conflit.34 En conséquence, T-Online ainsi que ma propre chaîne, la NDR, m’ont ensuite fait passer pour un observateur électoral de Poutine lors des référendums du Donbass en septembre 2022; la NDR a voulu engager des poursuites judiciaires à mon encontre au titre du droit du travail, et j’ai été inscrit sur la liste des morts «Mirotworez» par les services secrets ukrainiens. Dans l’Allemagne de nos jours, la vérité est punie par la loi et la presse est devenue une simple antenne de propagande de l’OTAN, où la précarité universitaire se fait le relais de la censure.
Pour ceux qui préfèrent se référer à une étude scientifique, je recommande celle d’Ivan Katchanovski de l’université d’Ottawa. Sur la base d’une analyse approfondie des rapports d’autopsie, des procès-verbaux des tribunaux, des témoignages oculaires et des études balistiques, il arrive à la conclusion que les meurtres de Maïdan étaient une mise en scène des fascistes ukrainiens et des gouvernements occidentaux pour renverser un gouvernement démocratiquement élu et provoquer un changement de régime pro-occidental.35 Il interprète les événements de 2014 sur le Maïdan comme étant la cause du début de la guerre civile dans le Donbass, des interventions russes en Crimée et dans le Donbass, du rattachement de la Crimée à la Russie et de l’escalade du conflit entre la Russie et l’Occident, y compris l’invasion de l’Ukraine et la guerre avec celle-ci depuis 2022.
Des ONG américaines et l’ambassade des États-Unis ont entraîné les manifestants à l’organisation de manifestations de masse via les médias sociaux dans des camps baptisés Tech Camps. L’USAID, des fondations américaines et des diplomates polonais et lituaniens ont financé ces organisations non gouvernementales, lesquelles ont à leur tour équipé les manifestants en sous-vêtements thermiques, nourriture, tentes, radiateurs et tables de ping-pong, avant d’être amenés sur le Maïdan, relevés à tour de rôle tous les quinze jours et rémunérés à hauteur de deux fois le salaire moyen. Les armes utilisées sur le Maïdan provenaient du pillage des dépôts d’armes de la police dans l’ouest de l’Ukraine, notamment à Lvov et Ivano-Frankivsk, où le parti d’extrême droite Svoboda était particulièrement puissant. Selon l’historien américain Nikolai N. Petro, les extrémistes de droite et les fascistes de l’Ukraine occidentale avaient planifié le déclenchement d’une guerre civile si le coup d’État de Maïdan n’avait pas débouché sur l’objectif escompté, à savoir la chute du président Ianoukovitch et de son gouvernement.
«Pendant le Maïdan», explique ainsi Nicolai Petro, «le Secteur droit a accumulé un arsenal considérable et rassemblé environ 10000 combattants. La constitution de bataillons de volontaires était loin de répondre à une invasion russe, mais reflétait le raisonnement préalable selon lequel la violence serait nécessaire pour consolider et défendre le renversement du régime. Comme l’a déclaré le porte-parole du Secteur droit juste avant la destitution de Ianoukovitch, «notre groupe est tout à fait capable de mener une guerre civile».36 Ce qui signifie que, même en cas d’échec sur le Maïdan, les ultranationalistes galiciens étaient prêts à imposer un renversement de régime par la force des armes.
Pour preuve de l’ampleur du soutien occidental aux putschistes de Maïdan, il n’y a pas que la conversation téléphonique, interceptée et publiée le 4 février 2014, entre Victoria J. Nuland, Secrétaire d’Etat pour l’Europe et l’Eurasie au département d’Etat américain, et Geoffrey R. Pyatt, l’ambassadeur des Etats-Unis en Ukraine. Outre son mépris manifeste pour les Européens – «Fuck the EU» – cette conversation a clairement montré que Washington œuvrait à un renversement de régime afin de porter au pouvoir le leader de l’opposition Iatseniouk. Le 13 décembre 2013 déjà, devant la Fondation américaine pour l’Ukraine, Nuland avait déclaré que les Etats-Unis avaient investi plus de 5 milliards de dollars en faveur des éléments favorables au renversement. Lors d’un débat au Congrès américain, le 9 mai 2014, Nuland a fourni des informations plus détaillées, évoquant notamment la présence de fascistes sur le Maïdan.37
Selon des sources russes, le Maïdan recevait directement 20 millions de dollars par semaine. Les Etats-Unis et l’UE étaient en contact permanent avec les extrémistes de droite et les fascistes. Ivan Katchanovski rapporte que le nombre d’assassinats estimés nécessaires – on se serait mis d’accord sur une petite centaine – pour convaincre les gouvernements occidentaux de pousser le président élu Ianoukovitch vers la sortie a fait l’objet de négociations de marchands de tapis.38 Une telle ingérence dans les affaires intérieures d’un autre Etat viole l’interdiction d’intervention et est donc contraire au droit international.
C’est ainsi qu’a débuté la première phase de la guerre en Ukraine – la phase de guerre civile. Dès la mi-mars 2014, on trouvait dans le Donbass aux côtés des Ukrainiens des mercenaires américains de la société de sécurité Academi, anciennement Blackwater. Dès le premier instant, les Etats-Unis étaient ainsi présents dans le conflit du Donbass. L’envoi de mercenaires viole l’interdiction du recours à la force selon l’article 2, point 4, de la Charte des Nations unies et donc contraire au droit international.
La vague de violence sur le Maïdan, le renversement violent du régime et les hordes ultra-nationalistes et d’extrême droite qui rôdaient dans toute l’Ukraine ont conduit la population russophone de l’est de l’Ukraine à mettre en place des milices d’autodéfense avec la police locale à laquelle s’étaient joints des soldats ukrainiens ayant quitté l’armée régulière, et à créer leurs propres structures étatiques. A partir de la mi-avril 2014, ils ont été soutenus par des volontaires autour de l’ancien officier du FSB Igor Girkin, surnommé «Strelkov» – 52 hommes au total. Pour contrer la participation de mercenaires américains, l’état-major russe a envoyé des mercenaires du «Slavianski Korps» afin de prêter main forte aux insurgés. Wagner a été créé le 1er mai 2014 à Donetsk, selon l’analyste militaire américain Scott Ritter.39
Dès le mois d’avril, le gouvernement central de Kiev a lancé une opération dite antiterroriste contre les insurgés du Donbass. Le 6avril 2014, le président ukrainien par intérim AleksandrV. Tourtchinov a ordonné la mise en place d’une «cellule anti-crise» afin de «prendre des mesures antiterroristes contre tous ceux qui prennent les armes […].»40 Cette décision faisait suite à l’occupation de bâtiments administratifs à Kharkov, Donetsk et Louhansk par des activistes prorusses. Le 6avril marque donc l’entrée en guerre du gouvernement de Kiev dans le Donbass. Le 2mai et le 8 mai 2014, des massacres ont été perpétrés à Odessa et Marioupol par des paramilitaires d’extrême droite.
Le 7 et le 27 avril 2014, les séparatistes ont revendiqué la création de républiques populaires à Donetsk et à Louhansk. En mai 2014, les insurgés ont organisé des référendums sur l’adoption d’une large indépendance ou de l’autonomie dans les régions qu’ils contrôlaient. Poutine l’avait déconseillé. De telles sécessions sont controversées du point de vue du droit international, mais sont en principe juridiquement possibles par la Charte des Nations unies et par le droit international, même contre la volonté de la mère patrie. Ainsi, le 22 juillet 2010, la Cour internationale de justice de La Haye a pris position à ce sujet sur la déclaration unilatérale d’indépendance du Kosovo: le président a déclaré: «Le droit international ne connaît pas d’interdiction des déclarations d’indépendance»41.
La guerre d’agression, contraire au droit international, n’a donc pas été déclenchée par la Fédération de Russie en février 2022, mais par l’Ukraine en avril 2014. Selon les organisations internationales, on déplorait plus de 14000 décès, dont 3 400 parmi les civils, à la fin de l’année 2021.42 L’OSCE a estimé que 75% des victimes civiles étaient à mettre sur le compte de l’armée ukrainienne.43 Il s’agit donc d’un génocide et d’une infraction pénale au titre de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide de 1948.44
Poutine n’a pas reconnu les républiques de Donetsk et de Louhansk avant février 2022. Manifestement, il ne tenait à s’impliquer davantage dans le conflit. La Russie a toutefois soutenu les séparatistes sur le plan logistique, économique et en leur fournissant des armes. Il n’a pas été possible de clarifier l’ampleur de la participation militaire directe. L’analyste militaire Jacques Baud part du principe qu’il n’y a pas eu d’intervention de troupes régulières russes.45
A l’inverse, l’OTAN a massivement armé l’Ukraine depuis le putsch de Maïdan. Des manœuvres militaires communes et des instructeurs américains devaient permettre d’atteindre l’«inter-opérabilité», le plus rapidement possible. Voici quelques avis sur le sens de ces mesures:
Pierre de Gaulle, petit-fils du président français, le général Charles de Gaulle: La guerre «a été déclenchée par la volonté des Américains et de l’OTAN, et elle est largement maintenue par la Commission européenne».
Alain Juillet, chef du service de renseignement extérieur français (DGSE) sous la présidence de Jacques Chirac, affirme que les Américains ont provoqué la guerre «très clairement.» Depuis 2014, ils avaient tout fait pour que la Russie glisse vers la guerre. L’OTAN s’était alliée à l’Ukraine «pour faire la guerre à la Russie. Sans l’OTAN, l’Ukraine serait morte».
Günter Verheugen, Commissaire européen de longue date et Vice-président de la Commission européenne de 2004 à 2010: «Dans la guerre en Ukraine, «il ne s’agit pas de savoir ce qui est le mieux pour l’Ukraine. Il s’agit plutôt d’affaiblir stratégiquement la Russie».46
Guerre fratricide: le conflit ukraino-russe
Le 21 février 2022, la Russie a reconnu les nouvelles Républiques populaires DNR (Donetskaïa Narodnaïa Respoublika) et LNR (Louhanska narodna respoublika). Ce faisant, Moscou se considérait en accord avec le droit international. Des accords contraignants en droit international peuvent être conclus avec les Etats reconnus, y compris sur des obligations d’assistance mutuelle. Moscou a ainsi renoncé aux accords de Minsk I et Minsk II qui, selon l’ancienne Chancelière allemande Angela Merkel et l’ancien Président français Hollande, n’avaient servi qu’à donner à l’Ukraine le temps de s’armer, en dépit du fait qu’ils étaient contraignants en droit international par décision de l’ONU. L’ancien inspecteur général de l’armée allemande, le général Harald Kujat, parle donc d’une violation manifeste du droit international.47
L’ancien inspecteur en armement américain, le colonel à la retraite Scott Ritter, évalue: «[…] l’Ukraine et ses partenaires occidentaux ont simplement acheté du temps jusqu’à ce que l’OTAN puisse mettre en place une armée ukrainienne capable de s’emparer du Donbass dans son intégralité et de chasser la Russie de la Crimée.»48
Cependant, il y a aussi des causes directes au début de la deuxième phase de la guerre en Ukraine, le 24 février 2022. En 2015, les troupes ukrainiennes dans le Donbass comptaient 121 500 hommes. En février 2022, le nombre de soldats est passé à 209 000 hommes. En comptant les réservistes, l’Ukraine comptait 1198600 hommes sous les armes.49 L’anciensecrétaire d’Etat américain Antony Blinken a clairement indiqué en décembre, dans une interview au New York Times Magazine, que les Etats-Unis s’attendaient à une guerre et ont donc massivement et secrètement réarmé l’Ukraine en septembre et décembre 2021.50 L’administration Biden a ainsi sciemment provoqué la guerre au lieu de répondre à l’offre de négociation du Kremlin. Des militaires ukrainiens rapportent que l’Ukraine a planifié une attaque sur le Donbass.51
Dès le 20 septembre 2018, le Parlement ukrainien a approuvé des modifications constitutionnelles visant à faire de l’adhésion du pays à l’OTAN et à l’UE le principal objectif de sa politique étrangère. Le 7 février 2019, l’adhésion à l’OTAN a été inscrite dans la Constitution – une violation manifeste de la Déclaration d’indépendance de l’Ukraine de 1992 et du «Mémorandum de Budapest» de 1994.51a A partir de 2014, l’Ukraine a adopté des lois linguistiques qui prévoyaient l’interdiction des films russes et de l’importation d’écrits russes, l’instauration de quotas linguistiques pour les chaînes, la suppression progressive de l’utilisation du russe dans les écoles et l’obligation d’utiliser la langue ukrainienne dans tous les domaines de la vie publique et étatique. Toutes ces mesures étaient contraires au droit international.52 Entre-temps, les monuments et les noms de rues des poètes et penseurs russes ont été remplacés par les noms de fascistes comme Stepan Bandera, des livres ont été brûlés.
Le 24 mars 2021, le Président Zelensky a signé une nouvelle doctrine militaire faisant de la Russie l’ennemi principal et visant à reconquérir la Crimée et le Donbass. En conséquence, la Russie a également rassemblé des forces armées aux frontières de l’Ukraine. Le 31 août 2021, les Etats-Unis et l’Ukraine ont conclu un accord de défense stratégique. Le 10 novembre 2021, un accord bilatéral de partenariat stratégique a suivi, avec une orientation fortement antirusse. Le 15 décembre 2021, Moscou a lancé une dernière tentative pour éviter l’escalade. Concrètement, la Russie a proposé un accord dans un traité international contraignant, partant du principe de la sécurité indivisible, le renoncement à l’utilisation de territoires étrangers pour lancer une attaque contre les Etats-Unis ou la Russie; le renoncement à la réalisation d’actions militaires de l’OTAN en Ukraine, le renoncement à une nouvelle extension de l’OTAN vers l’Est et le renoncement de l’OTAN au déploiement d’armes et de militaires dans les pays qui ont rejoint l’alliance après 1997. Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a déclaré le 7 septembre 2023 devant le Parlement européen que Poutine avait envoyé à l’automne 2021 un projet de traité «qu’ils voulaient faire signer par l’OTAN, promettant de renoncer à de nouvelles extensions de l’OTAN. […] Et c’était une condition pour ne pas envahir l’Ukraine. Nous n’avons bien sûr pas signé cela […]. Il est donc entré en guerre pour empêcher l’OTAN, plus d’OTAN encore, de s’approcher de ses frontières.»53 Stoltenberg désigne donc explicitement la véritable raison de la guerre: l’élargissement à l’Est de l’OTAN en dépit de toutes les promesses du contraire.
Selon le politologue John J. Mearsheimer de l’université de Chicago, ce sont les Etats-Unis et l’OTAN qui ont joué un rôle décisif dans l’invasion russe de février 2022. Il écrit «que les Etats-Unis et leurs alliés ont provoqué la guerre. Il ne s’agit évidemment pas de nier le fait que la Russie a envahi l’Ukraine et a commencé la guerre. Mais la cause principale du conflit est la décision de l’OTAN d’intégrer l’Ukraine dans l’alliance, ce qui est considéré par pratiquement tous les dirigeants politiques russes comme une menace existentielle qui doit être éliminée. L’élargissement de l’OTAN s’inscrit toutefois dans une stratégie plus large visant à faire de l’Ukraine un bastion occidental à la frontière avec la Russie. Faire entrer Kiev dans l’Union européenne (UE) et encourager une révolution de couleur en Ukraine – c’est-à-dire la transformer en une démocratie libérale pro-occidentale – sont les deux autres piliers de cette même politique. Les dirigeants russes craignent tous ces trois piliers, mais c’est l’élargissement de l’OTAN qu’ils redoutent le plus. Pour faire face à cette menace, la Russie a lancé une guerre préventive le 24 février 2022.»54
Il cite sept raisons confirmant cette désignation: (1) il n’existe aucune preuve antérieure au 24 février 2022 que Poutine ait voulu conquérir l’Ukraine; (2) il n’existe aucune preuve qu’il ait voulu mettre en place un gouvernement fantoche à Kiev; (3) il était loin d’avoir assez de troupes – disposant de 190’000 hommes seuls – pour conquérir l’Ukraine entière; (4) Poutine a tenté de trouver une solution diplomatique à la crise dans les mois précédant le début de la guerre, ce que le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a confirmé; (5) immédiatement après le début de la guerre, Moscou s’est tourné vers Kiev pour entamer des négociations visant à mettre fin à la guerre, qui ont ensuite effectivement eu lieu en Biélorussie et à Istanbul, mais ont été stoppées par l’Occident; (6) hormis l’Ukraine, il n’y a pas la moindre preuve que Poutine voulait attaquer d’autres pays d’Europe de l’Est; (7) dans ces longues années ayant précédé cette guerre, personne en Occident n’a affirmé que Poutine avait des ambitions impériales dès son arrivée au pouvoir.
Une fois de plus, il est judicieux de citer l’historien français Emmanuel Todd affirmant que l’Ukraine «a été réarmée dans le but d’attaquer la Russie. L’attaque de Poutine était une invasion défensive […]. Si l’OTAN avait renoncé à faire de l’Ukraine un élément de son dispositif militaire, cette guerre n’aurait pas eu lieu»55. Nous avons donc affaire à une guerre par procuration dont les causes sont géostratégiques et économiques.
La guerre géostratégique pour
le maintien de la suprématie des Etats-Unis
Depuis le début, les Etats-Unis, l’OTAN et l’UE sont impliqués dans la guerre en Ukraine. La participation occidentale aux événements du Maïdan n’est pas la seule à le montrer, la révolution dite «orange» de 2004 l’avait déjà montré. Déjà à l’époque du président Iouchtchenko, le copinage de l’Occident avec les fascistes ukrainiens était frappant.56 Il s’agissait d’attirer par tous les moyens l’Ukraine dans l’orbite occidentale, d’encercler la Russie et de provoquer un changement de régime à Moscou ainsi que d’ouvrir de nouveaux débouchés, des bancs d’usine prolongés et des dépôts de matières premières.57
Pendant des années, les Etats-Unis ont tout tenté pour transformer l’Ukraine en bélier contre la Russie. La présence de la CIA dans le Donbass, avec au moins 12 stations secrètes, en fait partie.58 La montée de l’Ukraine en puissance militaire s’est également poursuiviependant le premier mandat présidentiel de Donald Trump, de 2017 à 2021. Cette guerre a donc été également celle de Trump.
Avec le coup d’Etat du Maïdan, Washington et Londres ont sciemment pris le risque d’une guerre civile, ont accompagné et façonné la guerre contre les républiques séparatistes et, après l’invasion russe, empêché une éventuelle paix qui était à leur portée au printemps 2022.59 Ce qui fait qu’ils sont à considérer d’être coresponsables de centaines de milliers de morts. En fin de compte on aboutit à un résultat amer: la stratégie de l’Occident consistant à sacrifier l’Ukraine pour un changement de régime à Moscou a échoué.
Dans une perspectives plus large, le monde assiste à un changement tectonique concernant la géopolitique. Dans ce contexte, la stratégie du président Donald Trump apparaît paradoxalement comme la poursuite de la politique américaine par d’autres moyens. Les changements au sein de l’administration de Washington déplacent l’accent des stratégies impériales d’exploitation et de domination des concurrents vers les satrapes: l’Ukraine doit être contrainte de céder des terres rares d’une valeur de 500 milliards dollars; l’UE doit payer seule les coûts consécutifs à la guerre; le Danemark doit accepter que Washington accède au Groenland, riche en matières premières et stratégiquement important; Trump envisage publiquement de réoccuper le Panama; l’indépendance nationale du Canada est remise en question; un investisseur proche de Trump annonce qu’il rachètera le gazoduc Nordstream en faillite, ce qui permettrait aux Etats-Unis de contrôler l’approvisionnement énergétique de l’Allemagne. Washington consolide son emprise, renonce au reste du monde et se concentre sur son principal rival, la Chine.
Une rétrospective: Le 9 février 2007, lors de la Conférence sur la sécurité de Munich, Vladimir Poutine a mis en garde contre la mise en place d’un ordre mondial unipolaire de l’Occident sous la direction des Etats-Unis, au détriment de la Russie et de la plupart des autres Etats de la planète: «Je pense que pour le monde d’aujourd’hui, le modèle monopolistique n’est pas seulement inadapté, mais tout à fait impossible. Non seulement parce que les ressources militaires et économiques ne suffisent pas pour un leadership unique dans le monde d’aujourd’hui, précisément dans le monde d’aujourd’hui. Mais ce qui est encore plus important, c’est que le modèle lui-même s’avère impraticable, parce qu’il n’a pas de base et s’exclut d’ être la base morale de la civilisation moderne.»60
Le discours de Poutine, prononcé il y a 18 ans, a marqué le premier rejet clairement formulé du système unipolaire sous domination américaine. Ce concept d’unilatéralisme a été développé après la fin de la guerre froide, avec l’effondrement du système soviétique, Paul Wolfowitz ayant été le premier à le formuler dès 1990.61 A Munich, la Russie a déclenché, en 2007 le début d’une révolution géopolitique. D’autres Etats comme la Chine, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud l’ont rejointe et forment aujourd’hui un groupe qui aspire à un monde multipolaire. Dans cette perspective, la guerre en Ukraine et la défaite de l’Occident ont servi de catalyseur à ce processus.62
En effet, de nombreux historiens consentent que la véritable cause de la guerre est le déclin de l’Occident et surtout des Etats-Unis. Après la Seconde Guerre mondiale, ils représentaient encore 45% de la production industrielle mondiale tandis que celle d’ aujourd’hui atteint à peine les 27%. En 2000, 66% du commerce mondial se déroulaient en dollars tandis qu’en 2022, il se trouvait réduit à 47%. Au premier trimestre 2023, le taux des transferts en dollars se fixait à 40%. En 20 ans, les réserves d’échanges monétaires en dollars ont chuté de 71% à 60%. En 2022, sur 340 millions d’Américains, 140 millions appartenaient aux couches «faiblement rémunérés» ou pauvres.
La situation se présente similaire pour l’ensemble de l’Occident: en 1980, l’Occident représentait 80% de l’économie mondiale et le rest du monde a contribuée à hauteur de 20%. Aujourd’hui, les pays émergents en représentent près de 70%, contre à peine plus de 30% pour l’Occident.63
Emmanuel Todd en arrive aux conclusions suivantes: «Si la Russie gagne [cette guerre], le système impérial des Etats-Unis s’effondre […]. Si la Russie survit, conserve le Donbass et la Crimée, si son économie continue de fonctionner et si elle peut réorganiser ses relations commerciales avec la Chine et l’Inde – alors l’Amérique aura perdu la guerre. Et par la suite, elle perdra ses alliés. C’est pourquoi l’Amérique et l’OTAN continueront. […] Sa cause principale est la crise de l’Occident […] L’Occident a perdu ses valeurs et se trouve dans une spirale d’autodestruction. […] La Russie est en train de se redéfinir en tant que grande puissance culturellement conservatrice et techniquement avancée.»64
L’historien norvégien Glenn Diesen écrit: «La guerre d’Ukraine était une conséquence prévisible d’un ordre mondial non durable, avec une Ukraine se transformant en champ de bataille pour la lutte en quête de l’ordre mondial, oscillant entre une hégémonie globale ou un monde multipolaire selon le concept de la Paix westphalienne de 1648. L’objectif d’abattre la Russie militairement, économiquement ou politiquement par un isolement global a échoué. L’OTAN a réagi par une escalade et des mises en scènes continuelles. Comme il est fait reconnu que l’Ukraine a été de plus en plus détruite par des souffrances inimaginables et que ses objectifs militaires n’ont pas été atteints, la seule solution possible au conflit pour l’Occident est de reconnaître les intérêts légitimes de la Russie en matière de sécurité et de désamorcer ainsi le dilemme de la sécurité. Les difficultés proviennent du fait que cela mettrait fin à l’ère de l’hégémonie libérale.»65
En 2016 déjà, bien avant l’invasion russe et en pleine guerre de l’Ukraine contre les républiques séparatistes, l’historien britannique Richard Sakwa avait déclaré dans son livre «Frontline Ukraine» que la guerre en Ukraine était le «suicide de l’Europe».66 L’intégration européenne s’est avérée être un vœu pieux. Confrontée à la tâche de panser les plaies de la guerre froide et de construire les fondations d’un continent uni, l’UE a échoué de manière spectaculaire. L’Union européenne a dégénéré en machine à collecter des fonds pour l’OTAN. Si elle continue dans ce sillon, elle sera gérante de sa propre faillite.
Entre-temps, aux Etats-Unis, on parle déjà ouvertement du fait que ce seront les Européens qui doivent se charger des conséquences de la guerre. La Banque mondiale estime les coûts de la reconstruction à 411 milliards de dollars.67Bloomberg parle même d’un billion de dollars.68 Selon l’Institut de l’économie allemande, cela chargerait les budgets de l’Union européenne d’une somme dépassant la centaine de milliards: si l’on se réfère au budget pluriannuel actuel de 2021–2027, les experts estiment les coûts engendrés à environ 130 à 190 milliards d’euros; et la guerre n’est pas encore terminée.69 L’Allemagne est le plus grand contributeur net de l’UE. Les coûts de la guerre et les charges de la reconstruction seront donc finalement à la charge des contribuables allemands.
L’Allemagne a déjà dépensé près de 150 milliards d’euros pour la guerre en Ukraine, de l’argent qui manque dans l’éducation, les retraites, la santé, les infrastructures, le logement et le secteur social.70 Des coupes massives dans le secteur social en seront la conséquence. Les milliards nécessaires pour financer les écoles et les universités feront défaut. Le manque de qualifications, en particulier chez les jeunes diplômés, va s’accroître, nous nous dirigeons vers une «ère de l’idiotie», comme l’a appelé mon ami Ramon Schack dans un livre. Les infrastructures se dégraderont insidieusement. Aujourd’hui déjà, des milliers de ponts en Allemagne sont en mauvais état, les investissements dans les routes et les voies ferrées font défaut. Cela augmente les coûts logistiques des entreprises et rend plus difficile la recherche d’une bonne relève.
Ailleurs, Emmanuel Todd réaffirme son point de vue selon lequel la Russie mène une «guerre défensive et préventive»: «Cette guerre est [...] devenue existentielle pour les Etats-Unis. Pas plus que la Russie, ils ne peuvent se retirer de ce conflit, ils ne peuvent pas lâcher prise. C’est pourquoi nous nous trouvons désormais dans une guerre sans fin, dans une confrontation dont le résultat doit être l’effondrement de l’un ou de l’autre.»71
Cependant, le chef du département d’Etat américain Marco Rubio a désormais clairement formulé un changement de cap de Washington, dans une interview que l’on peut également trouver dans son intégralité sur le site du Foreign Office et à laquelle on peut donc attribuer un caractère programmatique:
«Je pense que le système westphalien d’Etats souverains a été perdu à la fin de la guerre froide parce que nous étions la seule puissance dans le monde. Nous avons donc pris cette responsabilité de devenir dans de nombreux cas quelque chose comme le gouvernement mondial, en essayant de résoudre chaque problème. Ainsi, il est normal pour le monde entier d’avoir une seule puissance dirigeante unipolaire. Mais c’était une anomalie. C’était un résultat de la guerre froide. Cependant, il est possible que nous revenions à un monde multipolaire, à plusieurs grandes puissances dans différentes parties du monde. C’est ce que nous voyons aujourd’hui avec la Chine et, dans une certaine mesure, avec la Russie. […] Aujourd’hui plus que jamais, nous devons nous rappeler que la politique étrangère est menée dans l’intérêt national des Etats-Unis et qu’elle devrait, si possible, éviter les guerres.»
Marco Rubio vient donc d’admettre l’échec de l’unilatéralisme. Il confirme le diagnostic de mon défunt collègue Jonathan Schell qui, en 2003 déjà, avait qualifié le concept d’un monde unipolaire comme rupture avec la voie de la coopération et du partenariat menant contraignement à l’intervention militaire et aux guerres d’agression contraires au droit international – à une politique impérialiste, guidé par Washington qui s’engagerait sur la voie de l’arrogance et de l’ignorance, «préparant ainsi le terrain pour une catastrophe».72
La guerre économique mondiale
Les Etats-Unis et leurs satrapes européens ont cru pouvoir mettre la Russie à genoux en lui imposant des sanctions économiques. Je me souviens encore de la phrase d’Annalena Baerbock: «Ces sanctions vont ruiner la Russie!» L’Occident a gelé les actifs étrangers de la Fédération de Russie à hauteur d’environ 300milliards d’euros, les grandes banques russes se sont vues interdire l’accès au système de paiement SWIFT, les entreprises russes ont été privées de la possibilité d’acheter des équipements de haute technologie ou des biens à double-usage en Occident, des groupes de production d’énergie comme Shell, BP ou des organisations logistiques comme Maersk ont quitté la Russie. Ces sanctions, qui n’ont pas été décidées par l’ONU, sont toutes illégales au regard du droit international.
Entre-temps, tous ces gens ont fait profil bas lorsque les instituts de recherche allemands ont eux aussi réalisé que les sanctions avaient eu un effet boomerang.73 La campagne économique contre la Russie a échoué. Elle a entraîné une hausse des prix de l’énergie, des matières premières et des denrées alimentaires en Occident. Du fait des sanctions, les entreprises américaines ont perdu plus de 300 milliards de dollars. Pour Trump, c’est vraiment trop.74
Avec la destruction du gazoduc Nord Stream, que le chercheur Seymour Hersh attribue à Washington, le piège de l’énergie s’est refermé sur l’Allemagne. La puissance économique de la Russie a été scandaleusement sous-estimée. En matière de production d’acier ou d’aluminium – deux matériaux essentiels à la guerre – la Fédération de Russie a dépassé l’Allemagne et fait jeu égal avec les Etats-Unis.75 En matière de capacités militaires également, Moscou a, selon les analystes militaires américains, une nette avance.76
En Allemagne, près de 40% de la population ne possèdent absolument aucune fortune significative, ce qui les expose à une pression financière considérable dans le cas d’une situation de crise telle que la pandémie du Covid-19, ou de l’explosion des prix de l’énergie consécutive à la guerre en Ukraine et à l’inflation. D’autre part, le patrimoine privé est si étroitement concentré entre les mains d’un petit nombre que les cinq familles d’entrepreneurs allemands les plus riches (Albrecht/Heister, Boehringer/von Baumbach, Kühne, Quandt/Klatten et Schwarz) possèdent à elles seules environ 250 milliards d’euros, soit davantage que la moitié de ce dont disposent les plus pauvre de la population ensemble, c’est-à-dire largement plus de 40millions de personnes. Sur nos quelques 250milliardaires, un seul provient d’Allemagne de l’Est. Or, la pauvreté y est encore plus répandue et la part des salariés travaillant dans le secteur à faible rémunération, environ 30%, est bien plus importante qu’en Allemagne de l’Ouest.77
Par contre, l’économie russe est en pleine croissance sur les nouveaux marchés d’Eurasie et du Sud mondial. Seuls les Etats-Unis, le Canada, les 27 Etats membres de l’UE, le Japon, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, la Suisse, l’Ukraine, le Royaume-Uni, les Bahamas, la Corée du Sud et Taïwan, ainsi que sur certains points la Turquie, sanctionnent la Russie.78 Selon mes calculs, cela représente actuellement 40 Etats. Les Nations unies comptent 193 Etats membres. Les 153 autres entretiennent toujours des liens commerciaux avec la Russie.
L’historien américain Nikolaï Petro de l’université de Long Island a fait remarquer que les sanctions n’ont pas eu l’effet escompté pour deux raisons: premièrement, la Russie a depuis 2014 expériencé la gestion des sanctions et a consolidé sa résilience économique intérieure. Deuxièmement, la Russie compte toujours 153 pays partenaires. On parvient ainsi à contourner globalement les sanctions.79 Il le faut bien, car de nombreux pays d’Afrique dépendent des importations de céréales russes. Les sanctions occidentales contre la Russie ont fait grimper les prix des céréales de 30%, produisant ainsi une montagne de cadavres africains. Ce n’est pas la Russie qui est isolée, mais l’Occident. Le European Council On Foreign Relations (Conseil européen des relations étrangères) a trouvé la formule suivante: «United West, divided from the rest.»80
Fin 2022, la Russie occupait le deuxième rang des fournisseurs de pétrole brut de la Chine. L’Inde est également un important client en matière de pétrole. Le pays ne produit que 10% de ses besoins intérieurs. Mais 34% du reste de la consommation indienne de pétrole en 2023 provenait de Russie.
Dans le même temps, les routes commerciales orientales sont en cours de développement. Dans les chantiers navals de Saint-Pétersbourg, on construit de nouveaux brise-glaces à propulsion nucléaire qui rendront possible le transport de pétrole et de gaz vers la Chine et l’Inde via le Pôle Nord tout au long de l’année. Un contrat entre l’agence russe de l’énergie atomique Rosatom et la société chinoise Hainan Yangpu Newnew Shipping Co. Ltd. régit la construction de nouveaux porte-conteneurs naviguant sur la glace. Selon Rosatom, ce sont plus de 3 millions de tonnes de marchandises en transit qui y transiteront en 2024.
L’extension du North-South Transport Corridor (INSTC), long de 7200 kilomètres, qui reliera Saint-Pétersbourg aux ports du sud de l’Iran et continuera vers Mumbai, avance également. Ces itinéraires de transit contournent l’Europe et réduisent ainsi de moitié les itinéraires standard passant par la Méditerranée et le canal de Suez. Le temps de transport de Moscou à Mumbai passe ainsi de 40 à 60 jours à 25 à 30 jours, ce qui diminue les coûts de transport de 30%. Des progrès ont également été réalisés sur la route occidentale passant par l’Azerbaïdjan. Le fret ferroviaire y a augmenté de 30% en 2023. En juin 2024, on a ouvert une liaison ferroviaire entre la mer Caspienne et le golfe Persique.81 Dans le même temps, les routes de l’Europe vers l’Asie via le canal de Suez deviennent plus dangereuses. Au large du Yémen en Mer Rouge, les rebelles Houthi constituent une menace pour les cargos, sur fond de réponse au génocide perpétré par Israël à Gaza. Moscou s’est imposé dans la guerre commerciale avec l’Occident.
Toutefois, les conséquences de la guerre économique n’ont pas le même impact sur les Etats-Unis et l’Europe. L’Ukraine est le plus grand perdant de cette guerre, tout un pays, des centaines de milliers de personnes sont sacrifiés sur l’autel des intérêts géopolitiques et économiques. Le deuxième perdant est l’Allemagne.
L’institut Ifo de Munich a enregistré une baisse de la confiance des entreprises dans l’industrie automobile en août 2024: elle a chuté de 6,2% à moins 24,7%, un véritable «plongeon» au niveau du moral, comme l’a indiqué Anita Wölfl, experte de l’Ifo. Il y aurait une pénurie de commandes, notamment en provenance de l’étranger.82 Suite à la hausse des prix de l’énergie, 37% des entreprises industrielles ont l’intention de délocaliser leur production dans d’autres pays. Les principaux instituts économiques mettent en garde contre l’affaiblissement des capacités de croissance de l’Allemagne.83 Selon une étude de l’école supérieure suisse IMD, l’économie allemande est en perte de vitesse sur presque tous les facteurs d’implantation.84 Creditreform, agence de crédit et de renseignements, a enregistré le plus grand nombre de faillites d’entreprises depuis près de dix ans.85 L’Institut de l’économie allemande constate d’importantes sorties nettes d’investissements directs d’Allemagne et parle ouvertement de désindustrialisation.86
La Chine et les Etats-Unis sont en train de se libérer du système d’exportation allemand. Le découplage de l’énergie russe bon marché affecte l’industrie allemande. Le Leibnitz Zentrum für Europäische Wirtschaftsforschung und Creditreform ont estimé dans leur rapport sur les fermetures d’entreprises que 176000 d’entre elles avaient mis la clé sous la porte l’année dernière. Ils considèrent que les coûts élevés de l’énergie et des investissements, la rupture des chaînes d’approvisionnement, le manque de personnel et l’incertitude politique en sont les causes principales. Tout cela constitue un «cocktail toxique» pour l’économie.87
Le 28 août 2024, lors de la rencontre de la Eurasien-Gesellschaft qui s’est tenue à l’église orthodoxe russe de Charlottenburg, Michael Schumann, Président du conseil d’administration de l’Association fédérale pour le développement économique et le commerce extérieur (BWA) à Berlin, a déclaré: «Nous travaillons selon le principe de l’arche de Noé: lorsque le déluge anti-russe et les sanctions contre la Russie surviennent, nous entassons les entreprises les plus importantes sur un bateau, nous relevons les cloisons et nous attendons sur l’arche de Noé jusqu’à ce que le tsunami soit passé.» On peut toutefois douter, au vu des données de référence de l’économie nationale, que l’économie allemande se rétablisse aussi rapidement.
Les élites occidentales se sont retrouvées dans une impasse et, au lieu de se reprendre en main, elles ont poussé la population toujours plus loin dans la guerre en Ukraine. Cela aussi pour un nombre de raisons économiques. Lors de sa visite à Kiev, le 6 septembre 2024, le sénateur américain Lindsey Graham a été clair là-dessus: comme il a dit, l’Ukraine est assise sur des matières premières représentant des trillions de dollars américains, qui sont selon lui «bonnes pour l’économie américaine», de sorte que l’Ukraine se bat «pour que les Etats-Unis n’aient pas à combattre eux-mêmes».88Roderich Kiesewetter, député CDU au Bundestag, y met le point sur le i disant: «Si l’Europe veut prendre le tournant énergétique, elle a besoin de ses propres gisements de lithium. Les plus grands gisements de lithium en Europe se trouvent dans la région de Donetsk-Lougansk. […] Ce qui fait que là aussi nous poursuivons, en arrière-plan, de tout autres objectifs encore.»89
Dimitri Medvedev, vice-président du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie, a posté le 30 août 2024: «Selon des données librement accessibles, la valeur totale des anciennes ressources naturelles ukrainiennes est estimée à près de 14,8 billions de dollars, mais 7,3 billions de dollars de cette somme se trouvent désormais dans les républiques populaires de Louhansk et de Donetsk. Cela signifie que près de la moitié de la richesse nationale de l’ancienne Ukraine se trouve dans le Donbass! Les ressources des régions de Crimée, Zaporozhye et Kherson, qui ont également été récupérées par la Russie, sont estimées à 821milliards de dollars supplémentaires. Tout cela représente près de 63% des gisements de charbon de l’ex-Ukraine, 42% des gisements de métaux et 33% des terres rares et autres matériaux importants, y compris le lithium. Pour accéder à ces ressources minières si convoitées, les parasites occidentaux exigent sans vergogne que leurs protégés fassent la guerre jusqu’au dernier Ukrainien».
Mais il ne s’agit pas seulement de ces ressources qui peuvent arrêter la tendance à la baisse de leur taux de profit dans les pays industrialisés occidentaux et soutenir la stratégie de décarbonation.90 Il s’agit en plus de la pérennité de l’économie en dollars. C’est précisément pour cette raison que les Etats-Unis continueront à essayer de maîtriser la Russie. Le dollar est considéré comme une monnaie de réserve mondiale. C’est pourquoi la banque centrale américaine peut émettre des dollars en quantité illimitée. Car chaque nation a besoin de dollars et doit conserver des réserves de dollars pour pouvoir commercer et surtout acquérir des matières premières comme le pétrole et le gaz naturel. C’est la raison pour laquelle les Etats-Unis sont capaples d’exporter leur inflation: le monde entier fonctionne comme une éponge qui absorbe cette inflation et permet au gouvernement américain d’accumuler d’énormes déficits, de financer un budget militaire astronomique et de permettre à une infime partie de la population de s’enrichir sans mesure. Ceux qui veulent sortir de l’économie du dollar subissent le sort de la Libye, de l’Irak, de l’Iran ou du Venezuela. C’est là que la Russie entre en jeu. Car la Russie est une menace pour la prolifération déchaînée du dollar américain. La Russie est devenue étonnamment résiliente au cours des 20 dernières années et ne peut pas être simplement contrainte de se mettre à genoux par une intervention militaire. La Russie garantit de réduire la taille de l’éponge du dollar. Mais plus l’éponge se rétrécit, plus il est difficile pour les Etats-Unis de financer leur déficit et de maintenir leur hégémonie économique.91
On touche là – sous différentes perspectives – aux nerfs qui nourrissent la guerre. Emmanuel Todd part du principe qu’à cet égard, la troisième guerre mondiale a déjà commencé. Mais ce conflit mondial se déroule différemment de ce que souhaiterait l’Occident. Todd énumère dix surprises majeures concernant cette guerre en Ukraine: «La dixième et dernière surprise est en train de se matérialiser. C’est la défaite de l’Occident. On s’étonnera d’une telle déclaration alors que la guerre n’est pas terminée. Mais cette défaite est une certitude, car l’Occident préfère s’autodétruire plutôt qu’il n’est attaqué par la Russie.»92
Les Etats-Unis vont lutter contre ce déclin économique, y compris aux dépens de leurs vassaux. Dans la guerre d’Ukraine, ils n’ont pas réussi à s’imposer militairement face à la Russie. C’est pourquoi Trump a également parlé à Poutine de l’économie en dollars et c’est pourquoi il vise davantage la coopération que la confrontation. Le fait que les Européens passent pour des idiots est un dommage collatéral éminemment souhaitable.
La guerre contre la population
Lorsque je parle d’une guerre contre la population, je m’inspire d’une idée de l’écrivain George Orwell. Dans son roman dystopique «1984», il explique: «La guerre est menée par chaque groupe dominant contre ses propres sujets, et le but de la guerre n’est pas de conquérir des territoires ou de les empêcher, mais de maintenir la structure de la société. Le mot ‹guerre› lui-même est donc devenu trompeur. Il serait probablement plus juste de dire que la guerre a cessé d’exister parce qu’elle est devenue état permanent.»93.
Ailleurs dans son roman prophétique, on lit que toutes les guerres modernes servent en premier lieu à cet «état permanent»94, ce qui signifie que la guerre n’est plus dirigée en premier lieu contre l’ennemi extérieur. Il s’agit par contre de surveiller sa propre population et d’exproprier la classe moyenne et les salariés.
Nous n’avons pas affaire à une lutte pour les valeurs occidentales ou l’ordre fondé sur des règles. Comme l’a expliqué l’analyste économique américain Martin Armstrong, il s’agit d’une urgence politique. Nos élites occidentales au pouvoir ont besoin de la guerre, car elles se sont engagées dans une impasse.
Face à la crise de Corona, par exemple, on peut dire, avec l’historien néerlandais Kees van der Pijl: «Ce qui se déroule sous nos yeux, c’est le remplacement progressif du libéralisme occidental par une structure étatique et sociale autoritaire.» Tout enfreinte à la liberté est due au virus – sur un autre niveau, à la lutte pour les valeurs occidentales contre le dictateur Poutine. «L’état de guerre déclaré au printemps 2020 sert en réalité à garantir l’ordre existant.» Avec la lutte contre la terreur après le 11 septembre déjà, «la promesse du rêve américain s’est rapidement évaporée et a été remplacée par la politique de la peur, une forme de gouvernement basée sur la permanence de l’angoisse publique. Avec le Patriot Act, la démocratie a reculé de plusieurs crans. L’évaluation d’Orwell de la guerre permanente comme moyen de garantir l’ordre social existant s’était vérifiée.»95
Avec la crise sanitaire due au Corona, l’expropriation de la classe moyenne a massivement augmenté. Comme le montrent les fichiers RKI publiés entre-temps [les protocoles de la commission de crise de l’Institut Robert Koch, 2020–2021], les mesures n’étaient pas indiquées sur le plan médical ou virologique, mais sur le plan politique ayant été imposées par des cercles politiques. Les restrictions massives ont eu pour conséquence que de nombreuses petites entreprises ont dû mettre la clé sous la porte. Les services ont été repris par de grandes chaînes ou des groupes numériques. C’est ainsi que sont assurées les marges bénéficiaires des grandes entreprises au détriment des petites. Ce processus va s’accélérer suite à la guerre en Ukraine et aux sanctions de l’Occident. La population s’appauvrit et réduit sa consommation. Les gens sentent qu’ils vont devoir payer le prix de la guerre.
Ceci est particulièrement sensible pour les entreprises de taille moyenne. La situation est différente pour les groupes du DAX (principal indice boursier allemand): l’exonération fiscale des plus-values de cession en 2002 sous le chancelier Schröder a conduit les banques allemandes à céder leurs participations industrielles et à investir dans des titres structurés. Cela a favorisé l’entrée dans la crise financière. Les participations industrielles ont été reprises par des investisseurs financiers étrangers, notamment américains. Les investisseurs financiers américains sont aujourd’hui présents dans presque tous les groupes allemands DAX. Ils participent aux décisions concernant le management et les bonus. Une stratégie de groupe contraire à leurs intérêts n’est donc pratiquement plus possible.
Pour ces multinationales, une délocalisation des capacités de production vers les Etats-Unis ou la Chine n’est qu’une question de calcul. Elles doivent garantir à long terme les dividendes des actionnaires. En revanche, les entreprises de taille moyenne sont davantage liées à leur lieu d’implantation. Elles subiront donc plus durement les conséquences d’une politique erronée.
La guerre en Ukraine ne fait que promouvoir l’industrie de l’armement au détriment de la population. En Allemagne, le SPD et le FDP exigent une augmentation des dépenses d’armement à 3% du produit intérieur brut, soit 135 milliards d’euros. Les Verts demandent une augmentation à 3,5%, ce qui représenterait 160 milliards d’euros et un tiers du budget fédéral. L’AfD demande 5% du PIB pour l’armement, soit la moitié du budget fédéral de 470 milliards d’euros par an. Cela ne peut être financé que par des coupes financières dans le régime des retraites, de la santé, de l’éducation et infrastructures. Parallèlement, nous observons comment les populations de l’Allemagne et l’UE se désintègrent.
Alors que l’UE injecte de nombreux milliards en Ukraine, plus d’un citoyen européen sur cinq est sans domicile fixe, demandeur d’un hébergement d’urgence ou fait la queue pour obtenir une assiette de soupe auprès d’associations caritatives. Plus de 20 pour cent de la population européenne sont touchés par la pauvreté et le sans-abrisme, selon le calcule issu du journal libanais «Al Mayadeen» – soit près de 100 millions de personnes sur 450 millions d’habitants.96 La presse européenne n’a quasiment pas fait état de ces chiffres publiés de la Commission européenne.
Mais le plus dangereux est qu’en juillet 2024, le chancelier allemand Olaf Scholz a signé un contrat pour le déploiement en Allemagne de nouveaux missiles américains de moyenne portée à partir de 2026, et ce en seul pays européen membre de l’OTAN. L’Allemagne se retrouve ainsi de plus en plus dans la ligne de mire des missiles hypersoniques russes comme Oreshnik, capables d’être équipés d’ogives nucléaires. Cela augmente le risque de destruction nucléaire pour la population allemande, car les responsables à Moscou définissent l’Allemagne comme la cible primaire d’une frappe préventive.
Or, la guerre en Ukraine prend les attitudes d’un racket transatlantique des multinationales, dirigé contre leur propre population. On soutire des fortunes directement de la poche des salariés et de la classe moyenne pour les distribuer à des multinationales américaines de l’armement, à des investisseurs financiers et aux groupes agroalimentaires. C’est ainsi qu’ on accélère le processus d’appauvrissement. Pire encore: il prend en otage la population, en particulier celle de l’Allemagne, au nom de la politique erronée des bellicistes.
Perspective d’avenir: la trêve mais non pas la paix
Les Etats-Unis continuent leur lutte pour conserver leur suprématie mondiale. Toutefois, le ton a changé. Ce n’est plus la confrontation avec la Russie qui prévaut, mais une coopération limitée en vue d’ un bénéfice mutuel. Les vassaux ne sont pourtant pas consultés. Trump annonce au Président ukrainien Zelensky qu’il doit accepter des pertes territoriales et organiser de nouvelles élections dans les plus bref délais, ce qui pourrait entraîner son élimination politique, voire physique. Les Etats-Unis laissent donc tomber l’Ukraine selon l’attitude «le Maure a rempli sa mission». Pour eux, le projet ukrainien est venu à ses termes. Pour les Etats-Unis, l’Europe n’est plus une priorité.97 Ils concentrent désormais leurs efforts sur leur principal rival, la Chine. Le développement et les marchés de l’intelligence artificielle doivent être déchaînés.98
La Russie refusera tout cessez-le-feu permettant à l’Ukraine et à l’Occident, après un répit, de reprendre les combats. C’est la conséquence d’une guerre perdue que le vainqueur dicte les conditions. Pour réussir à la table des négociations, il faut d’abord vaincre sur le champ de bataille. Ce que le Kremlin veut obtenir, c’est un ordre de paix paneuropéen qui part du principe d’une sécurité indivisible. Cela se heurte à nombre de difficultés dans un monde unipolaire où la puissance dominante dicte les conditions. La sécurité mutuelle n’est garantie que dans un monde multipolaire.
Les gouvernements de l’UE doivent désormais se charger eux-mêmes de sortir du pétrin dans lequel ils se sont fourrés. Après la conférence de Munich sur la sécurité, ils ont annoncé vouloir déployer des forces armées de maintien de la paix à l’Ukraine. Il est peu probable que Moscou y consente, car le Kremlin considère de facto la Grande-Bretagne et l’UE comme les belligérants.99 Cela signifie que l’Ukraine n’atteindra à aucune garantie de sécurité digne de ce nom.100 Lors des négociations, à l’instar de l’Ukraine elle-même, ils se retrouveront au mieux assis à la table des chats.
Une chose est certaine. Lorsque les hommes politiques européens décideront de soutenir l’Ukraine en faisant cavalier seul, comme l’a laissé entendre le chancelier allemand Olaf Scholz, ils devront le faire sans Washington.101 Ils sont pourtant libres acheter aux Etats-Unis les armes dont ils auront besoin à cet effet. Mais cela impliquerait toutefois la poursuite d’une politique basée sur une morale de façade. La formule de la «guerre d’agression non provoquée» s’est démasquée être un conte de fée de la propagande. Bien au contraire, la Russie a riposté à la guerre d’agression menée en violation du droit international par le gouvernement putschiste de Kiev et ses commanditaires occidentaux.
Ce changement de cap ne signifie pas qu’un retour au droit international aura lieu. L’exemple de Gaza montre que les mesures de politique coercitive ne sont plus habillées de la phraséologie de «l’ordre fondé sur des règles». C’est la loi du plus fort qui s’applique, on fait donc l’économie de la duplicité dans ses paroles. Les stratégies impériales, forme suprême du capitalisme financier, sont tout simplement exécutées. Les alliés sont relégués au rang de sous-fifres, de vassaux qui peuvent être utilisés à volonté pour servir les intérêts des Etats-Unis. Ainsi, le concept allemand de «passager clandestin» de l’impérialisme occidental a également échoué: laisser la place aux Etats-Unis pour ensuite recevoir soi-même une partie du butin.
On assiste donc à la situation qu’en Europe, la servilité des élites à orientation transatlantique aveugle et corrompues se venge douloureusement. Le renoncement à toute indépendance en matière de politique étrangère, ou, comme l’a expliqué Robert Habeck, l’acceptation d’un «championnat de service», s’avère être une impasse. Les politiques responsables doivent désormais faire accepter à leurs propres populations d’être chargées des coûts de la «guerre la plus évitable du monde» (Richard Sakwa). Dans toute l’Europe, mais surtout en Allemagne, s’engagera un processus d’appauvrissement entraînant d’avantage de fractures sociales encore et des luttes pour la répartition des richesses, voire des troubles intérieurs.
Face à cela, l’observateur le plus indifférent devra donc se rendre compte que le cartel des partis au pouvoir a échoué formidablement. Par la suite, l’évolution – attisée par les partisans de Trump – se fera entièrement en faveur de partis du genre AfD (Alternative für Deutschland) en Allemagne. Lors de la Conférence de Munich sur la sécurité, le vice-président J. D. Vance a plaidé pour une chute «du mur coupe-feu» exhortant les politiciens européens à suivre la voix du peuple.102 Il a rappelé que la plus grande menace n’était pas la Russie, mais le démantèlement des droits civils et la destruction de la démocratie.103 En marge de cette Conférence sur la sécurité de Munich, aucune rencontre entre Vance et Olaf Scholz n’était au programme, alors qu’était prévue son entrevue avec Friedrich Merz, candidat à la chancellerie de l’Union.104 Merz a été Président du conseil de surveillance de la succursale BlackRock Asset Management Deutschland AG105, de 2016 à 2020.105 On voit donc clairement où l’on va: avec une AfD alignée sur l’orientation transatlantique aux côtés de la CDU, le capitalisme financier doit se déchaîner avec son vaste démantèlement social. Avec un chancelier Merz, l’Allemagne deviendra le deuxième pays européen après l’Ukraine (où un consortium de BlackRock et JP Morgan gère déjà la dette publique) à se soumettre aux ravages des requins financiers.
Le recul des droits civils et de la démocratie est ainsi incontournable. La guerre a accéléré la marche vers le capitalisme de surveillance. Les comparaisons avec le nazisme sont ici inappropriées. D’une part, la dictature du capital financier n’est pas une stratégie de conquête nationale, mais elle se déploie à l’échelle mondiale. Deuxièmement, il s’agit d’un «conflit bloqué»106: la disponibilité apparemment gratuite des offres en ligne sédimente la population dans le capitalisme de surveillance, et un mouvement ouvrier ou de défense des droits civiques, fort comme sous la République de Weimar, n’existe plus en tant que force politique organisée. La transformation envers une démocratie de façade, en un «totalitarisme inversé», en est un autre phénomène de désintégration de l’Occident.107
L’Europe, et l’Allemagne en particulier, se manœuvre dans le sillage du développement économique. Nous n’évoluons pas seulement en arrière-cour des Etats-Unis, mais aussi en celui d’une Russie qui ne reviendra plus sur sa décision de se tourner vers l’Asie; car il s’agit là d’investissements de plusieurs milliards qui doivent être rentabilisés. Les populations de l’Europe, et surtout celles de l’Allemagne, paieront les frais d’une guerre qu’ils n’ont pas cherché à éviter. Le manque de courage civil, en particulier en Allemagne, l’aveuglement propagandiste et la passivité pesante d’une grande partie de la population ont également leur part de responsabilité dans ce déclin. Car les responsables du désastre ne sont pas seulement ceux qui l’ont provoqué, mais aussi ceux qui ne se sont pas engagés à l’empêcher.
Si l’on essaie d’esquisser une vue d’ensemble, il faut partir de l’évidence que le monde ne correspond plus aux illusions globales de l’Occident. L’hégémonie de Washington n’est tout simplement plus réalisable. La défaite de l’Occident en Ukraine est consommé, le conflit se déplacera peu à peu vers d’autres théâtres. Comme lors de la chute de l’Empire romain, des guerres asymétriques éclatent donc à la périphérie de l’Empire. Dans un contexte de luttes d’usure qui durera des décennies, les Etats-Unis y épuiseront les forces de leurs satrapes et useront peu à peu les leurs jusqu’à les perdre.108
L’analyste géostratégique d’«Asia Times», Pepe Escobar, écrit: «Dans cette situation, la puissance hégémonique se comporte comme un ivrogne dans un bar à qui l’on refuse un énième verre. Le chaos et la violence sont inévitables […] Les Etats-Unis sont un empire qui possède des bases militaires dans le monde entier afin d’imposer ses intérêts économiques et politiques, les armes à la main. Aucune nation n’a mené autant de guerres que les Etats-Unis au cours de ses 248 ans d’histoire. L’exploitation de leurs alliés et du reste du monde par le chantage financier, qui s’appuie sur la définition arbitraire du dollar comme monnaie de réserve mondiale primaire, en tant que moyen de pression financier, est un autre mécanisme de coercition et d’exploitation néocoloniale des ressources. Mais l’hubris américain et l’illusion du pouvoir absolu vont mal finir. L’empire se fragmente et échoue. Cela conduit à une crise existentielle. Les Etats-Unis et leurs alliés ne sont plus la puissance économique qu’ils étaient autrefois. On assiste à un glissement tectonique du contrôle de l’économie mondiale par la minorité occidentale vers un ordre international plus juste et plus pacifique»109.
Dans un premier temps, cela reste toutefois rêveure encore. Donald Trump veut se débarrasser de la guerre en Ukraine en l’européanisant, mais il s’agrippe au concept «Make America great again». Il s’agit donc de la poursuite de la politique impériale américaine par d’autres moyens. Il respecte la transition vers un monde multipolaire et arrondit sa propre zone de pouvoir au détriment de ses vassaux. Mais les conflits auxquels nous assistons n’en sont qu’à leur balbutiement. Ils dépassent les possibilités du président américain en exercice. Car nous nous trouvons face à une lutte à dimensions historique et mondiale. Le fait que Trump ait proposé, en ces temps de bouleversements, de désarmer le nucléaire en collaboration avec la Russie et la Chine pourrait devenir l’initiative la plus importante de ces dernières décennies de la part d’un président américain. Pourvu qu’il parvienne à s’imposer face au complexe militaro-industriel. Peut-être parviendra-t-on ainsi à sauver le monde d’une catastrophe nucléaire.110
Je résume:
Dans les cinq guerres évoquées ici, se déroulant sur le sol ukrainien culmine, dans une collision historique, la lutte pour le déclin de l’Occident. L’OTAN se révèle être un tigre de papier, l’UE va se disloquer. La bataille pour Kiev sera le catalyseur de la chute de la jadis seule puissance mondiale, les Etats-Unis, et de la désintégration de l’Europe – tout cela sous l’hypothèse qu’il existe encore un avenir, face à la menace continuelle en forme du potentiel de destruction nucléaire et à «l’aveuglement apocalyptique» de nos politiques.115 La remarque de Paul Valéry d’il y a cent ans, selon laquelle l’Europe n’était que le «cap de l’Asie», est d’une actualité saisissante.116 Les mauvaises décisions prises par des élites transatlantiques corrompues, prêtes à ruiner leur propre pays pour une tape sur l’épaule en provenance de Washington, ont contribué à ce déclin. Il est temps que ces personnes soient remplacées et qu’elles aient à rendre des comptes. Le moment venu, je m’attendrai à entendre le cliquetis des menottes se refermant sur leurs poignets. •
1 Trump May Meet Putin in February in Stunning Setback for Ukraine, Europa. Newsweek, 16/02/2025, https://www.newsweek.com/trump-meet-putin-february-setback-ukraine-europe-2031967
2 Collinson, Stephen. Trump’s rush for a deal with Putin leaves Ukraine and Europe scrambling. CNN, 18/02/25, https://edition.cnn.com/2025/02/18/politics/trump-putin-deal-ukraine-analysis/index.html
3 Lancaster, Patrick. Russia and the U.S. Hold Peace Negotiations on Ukraine in Saudi Arabia: What You Need to Know. Substack, 19/02/2025, substack.com/@patricklancasternewstoday/note/c-94555937; Russia and US eye joint Arctic energy projects after Saudi talks. Politico, 18/02/2025, https://www.politico.eu/article/russia-us-saudi-arctic-energy-rdif-ukraine-russia-capital/
4 Rubio Says Sanctions to Stay for Now as Trump Eyes Putin Summit. Bloomberg, 18/02/25, https://www.bloomberg.com/news/articles/2025-02-18/rubio-says-us-won-t-lift-russia-sanctions-before-ukraine-deal
5 Burghardt, Peter; Hassel, Florian. Radikaler Kurswechsel: Ukraine soll Gebiete aufgeben, Trump kündigt Verhandlungen mit Putin an. Tages-Anzeiger, 12/02/2025, https://www.tagesanzeiger.ch/ukraine-usa-vollziehen-kurswechsel-380205795846
6 Maier, Michael. Trump und Putin – deutsche Politiker sprechen von «Verrat» und Diktat. Berliner Zeitung, 13/02/2025, https://www.berliner-zeitung.de/politik-gesellschaft/ukraine-trump-und-putin-deutsche-politiker-sprechen-von-verrat-li.2295054; Rüesch, Andreas. Trump und Putin wollen sich einigen, Europa wird übergangen: Der Verrat an der Ukraine nimmt seinen Lauf. Neue Zürcher Zeitung, 13/02/2025, https://www.nzz.ch/meinung/trump-strebt-deal-mit-putin-an-die-ukraine-kommt-unter-die-raeder-ld.1870912
7 «We want, like you, a sovereign and prosperous Ukraine, but we must start by recognizing that returning to Ukraine’s pre-2014 borders is an unrealistic objective. Chasing this illusionary goal will only prolong the war and cause more suffering». Zit. n. Diesen, Glenn: Hegseth replaces Deception with Reality. Substack, 13/02/2025, https://glenndiesen.substack.com/p/hegseth-replaces-deception-with-reality?publication_id=2670149&post_id=157055942&isFreemail=true&r=9vuj8&triedRedirect=true
8 «The United States does not believe that Nato membership for Ukraine is a realistic outcome of a negotiated settlement.» ibid.
9 «Security guarantees must be backed by capable European and non-European troops. If these troops are deployed as peacekeepers at any point, they should be deployed as part of a non-Nato mission and should not be covered under Article 5 […] To be clear: As part of any security guarantee, there will not be U.S. troops deployed to Ukraine.» Ibid.
10 Kriegsverletzte ukrainische Soldaten ziehen in Flüchtlingsunterkunft in Charlottenburg. RBB, 07/04/2024, https://www.rbb24.de/panorama/beitrag/2024/04/berlin-charlottenburg-soldaten-ukraine-fluechtlingsunterkunft-prothesen.html
11 Meyen, Michael. Cancel Culture. Wie Propaganda und Zensur Demokratie und Gesellschaft zerstören. Berlin 2024, p. 9f.
12 Baab, Patrik: Crime and Punishment. The Postil Magazine vom 1.8.2024, https://www.thepostil.com/crime-and-punishment-what-dostoyevsky-can-teach-the-global-south-about-the-ukraine-war/
13 Diesen, Glenn. The Ukraine War and the Eurasian World Order. Atlanta 2024
14 Mearsheimer, John J.. Wer hat den Ukraine-Krieg verursacht? Nachdenkseiten du 31/08/24, www.nachdenkseiten.de; Mearsheimer, John J. Who Caused the Ukraine War? Substack, 5/08/24, https://mearsheimer.substack.com/p/who-caused-the-ukraine-war; Mearsheimer, John J.: Die Ukraine hat schon verloren – und je länger der Krieg dauert, desto schlimmer wird es werden. Weltwoche du 1/03/24, https://weltwoche.ch/daily/geostratege-john-j-mearsheimer-die-ukraine-hat-schon-verloren-und-je-laenger-der-krieg-dauert-desto-schlimmer-wird-es-werden/
15 Sachs, Jeffrey. Ukraine-Krieg: Warum wollen die USA keinen Verhandlungsfrieden? Telepolis, 25.6.2024, https://www.telepolis.de/features/Ukraine-Krieg-Warum-wollen-die-USA-keinen-Verhandlungsfrieden-9776574.html; Sachs, Jeffrey: Der Ukraine-Krieg wurde provoziert: Warum das für den Frieden zentral ist. Telepolis, 29.5.2023, https://www.telepolis.de/features/Der-Ukraine-Krieg-wurde-provoziert-Warum-das-fuer-Frieden-zentral-ist-9066817.html
16 Sakwa, Richard. The Lost Peace. How the West Failed to Prevent a Second Cold War. New Haven u. London 2023; Sakwa, Richard. Frontline Ukraine. Crisis in the Borderlands. London 2016
17 Baud, Jacques. The Russian Art of War. How the West Led Ukraine to Defeat. Paris 2024; Baud, Jacques. Ukraine entre Guerre et Paix. Paris 2023; Baud, Jacques. Opération Z. Paris 2022
18 Todd, Emmanuel. La Défaite de l’Occident. Paris 2023. Todd, Emmanuel: Deutschland entscheidet, ob in der Ukraine Frieden einkehrt. Berliner Zeitung du 21/07/2024, https://www.berliner-zeitung.de/politik-gesellschaft/geopolitik/emmanuel-todd-deutschland-wird-entscheiden-ob-in-der-ukraine-frieden-einkehrt-li.2236539; Todd, Emmanuel. La Défaite de l’OTAN sera une Victoire pour l’Europe. Le Journal du Dimanche, 14/01/24, https://www.lejdd.fr/international/emmanuel-todd-au-jdd-la-defaite-de-lotan-sera-une-victoire-pour-leurope-141189; Todd, Emmanuel. La Troisième Guerre Mondiale a commencé. Le Figaro.13/01/2023, https://www.lefigaro.fr/vox/monde/emmanuel-todd-la-troisieme-guerre-mondiale-a-commence-20230112
19 Mearsheimer, John J.. Wer hat den Ukraine-Krieg verursacht? Globalbridge, 7.9.2024, https://globalbridge.ch/wer-hat-den-ukraine-krieg-verursacht/?utm_source_platform=mailpoet
20https://x.com/Glenn_Diesen/status/1862442226896232805
21 Atkinson, Rodney. The Ukraine Sacrifice – Kursk Invasions Hastens Ukraine Defeat, Boris Johnson’s Disastrous Legacy, War Crimes in Kursk. Freenations vom 09/09/2024, https://freenations.net/the-ukraine-sacrifice-kursk-invasion-hastens-ukraine-defeat-johnsons-disastrous-legacy-war-crimes-in-kursk/; v. les chiffres bas: https://ualosses.org/en/soldiers/; «It will be a shock»: Ukraine lost 500,000 Soldiers in War so far, nearly 30,000 per Month: Lutsenko Claims. The Eurasian Times,07/01/.2024, https://www.eurasiantimes.com/it-will-be-a-shock-ukraine-lost-500000-soldiers-in-war/ Kiews Ex-Generalstaatsanwalt: Schon eine halbe Million Ukrainer im Krieg gefallen. Die Weltwoche, 13/01/2024, https://weltwoche.ch/daily/kiews-ex-generalstaatsanwalt-schon-eine-halbe-million-ukrainer-im-krieg-gefallen-von-selenskyjs-regierung-fordert-er-sie-sollten-sagen-wie-viele-ukrainer-gestorben-sind/
22 Rötzer, Florian. Hat Putin unbeabsichtigt die Zahl der russischen Verluste im Krieg genannt? Overton-Magazin, 8/0/24, https://overton-magazin.de/top-story/hat-putin-unbeabsichtigt-die-zahl-der-russischen-verluste-im-krieg-genannt/
22ahttps://rutube.ru/video/404f1e95d0fdb318d174cd1d48abb0d5/
23 The Prize of Bakhmut. We reveal the staggering toll of Russias’s bloodiest battle since WW2 and Wagner’s inmates recruited to fight it. Mediazona. 10/06/24, https://en.zona.media/article/2024/06/10/wagner; Russian losses in the war with Ukraine. Mediazona count, updated. Mediazona. 13/09/24, https://en.zona.media/article/2022/05/20/casualties_eng; The art of war. The Kremlin is hiding Russia’s death toll in Ukraine – a small regional museum collection helps expose it. Mediazona. 13/08/24, https://en.zona.media/article/2024/08/13/artsalsk
24 Röper, Thomas. Warum die Meldung der Nato, über 600000 Russen seien gefallen oder verwundet, falsch ist, Anti-Spiegel. 30/10/2024, https://anti-spiegel.ru/2024/warum-die-meldung-der-Nato-ueber-600-000-russen-seien-gefallen-oder-verwundet-falsch-ist/
25 Simplicius: SITREP 12/21/24: Things Heat Up in Kherson, Ukriane Losses Update, and More. 22/12/24, https://simplicius76.substack.com/p/sitrep-122124-things-heat-up-in-kherson
26 Ukraine-Krieg: Tote und Verletzte in der ukrainischen Zivilbevölkerung laut Zählungen der UN. Stand: 31/12/2024, https://de.statista.com/statistik/daten/studie/1297855/umfrage/anzahl-der-zivilen-opfer-durch-ukraine-krieg/
27 Batcho, Kevin. Desperately Seeking Nato Intervention. Ukraine is marooned in Russia’s Kursk region’s archipelago of attrition while Russia breaks through the Donbass impasse and into open operational space towards the Dnieper River. Beyond the Waste Land, 29/08/2024, https://www.beyondwasteland.net/p/desperately-seeking-Nato-intervention
28 Kujat, Harald. Die Lage der Ukraine ist kritisch. Nato-General a.D. Harald Kujat über weitreichende Waffen, die Eskalation des Westens und Russlands Toleranzschwelle. Interview avec Roman Zeller. Die Weltwoche, 13/09/2024, https://weltwoche.de/daily/video/die-lage-der-ukraine-ist-kritisch-Nato-general-a-d-harald-kujat-ueber-weitreichende-waffen-die-eskalation-des-westens-und-russlands-toleranzschwelle/
29 Chiffres des différents canaux-Telegram
30 Kujat, Harald. loc.cit ann.28
31 Hett, Felix. Der Ukraine läuft die Zeit davon. Interview IPG-Journal, 13/02/2025, https://www.ipg-journal.de/interviews/artikel/der-ukraine-laeuft-die-zeit-davon-8090/?utm_campaign=de_40_20250213&utm_medium=email&utm_source=newsletter
32 Watkins, Susan. Five Wars in One. The Battle for Ukraine. New Left Review, septembre/octobre 2022, newleftreview.org/issues/ii137/articles/susan-watkins-five-wars-in-one
33 Le Sommier, Régis. To the Last Ukrainian: An American War. The Story of a War Reporter. Paris 2023
34 Baab, Patrik. Auf beiden Seiten der Front. Meine Reisen in die Ukraine. Frankfurt: Fifty-Fifty 2023 (5)
35 Katchanovski, Ivan. The Maïdan Massacre in Ukraine. The Mass Killing that Changed the World. Ottawa 2024, https://link.springer.com/book/10.1007/978-3-031-67121-0
36 Petro, Nikolai N. The Tragedy of Ukraine. What Classical Greek Tragedy Can Teach Us About Conflict Resolution. Berlin et Boston 2023, p. 102
37 Schröter, Lothar. Der Ukraine-Krieg. Die Wurzeln, die Akteure und die Rolle der Nato. Berlin 2024,
p. 117f.
38 Katchanovski, Ivan. Maïdan-Massaker in der Ukraine: Ein Insider-Job? Neutrality Studies, 13/09/2024, https://www.youtube.com/watch?v=rZFgBs2cExs
39 Schröter, op. cit., p. 173. Pour la fondation de Wagner, voir Ritter, Scott: Wagner, I hardly knew ye. Scott Ritter Extra, June 28, 2023, https://www.scottritterextra.com/p/wagner-i-hardly-knew-ye?publicat
40 cité par Schröter, loc. cit, p. 172f.
41 cité par Schröter, loc. cit, p. 169f.
42 Baab, loc. cit, p. 183
43 Schröter loc. cit., p. 175
44 L’article II de la Convention définit le génocide comme «l’un des actes ci-après, commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tels: a) le meurtre de membres du groupe; b) le fait de causer des atteintes graves à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe; c) le fait d’imposer intentionnellement au groupe des conditions d’existence de nature à entraîner sa destruction physique totale ou partielle; d) le fait d’imposer des mesures visant à empêcher les naissances au sein du groupe; e) le fait de transférer de force des enfants du groupe dans un autre groupe.»
45 Baud, Jacques. Putin – Herr des Geschehens? Frankfurt a.M. 2023
46 Schröter, loc. cit, p. 141f.
47 Schröter, loc. cit, p. 185
48 Ritter, Scott. Merkel Reveals West’s Duplicity. Consortium News, 9/12/22, https://consortiumnews.com/2022/12/05/scott-ritter-merkel-reveals-wests-duplicity/
49 Schröter, loc. cit., p. 173
50 «So first, if you look at the trajectory of the conflict, because we saw it coming, we were able to make sure that not only were we prepared and allies and partners were prepared, but that Ukraine was prepared. We made sure that well before the Russian aggression happened, starting in September and then again December, we quietly got a lot of weapons to Ukraine to make sure that they had in hand what they needed to defend themselves, things like Stingers, Javelins that were instrumental in preventing Russia from taking Kyiv, from rolling over the country, erasing it from the map, and indeed pushing the Russians back.» Garcia-Navarro, Lulu. Antony Blinken insists he and Biden made the right calls. New York Times Magazine, 4.1.2025, https://www.nytimes.com/2025/01/04/magazine/antony-blinken-interview.html
51 Staudt, Dieter. Die Ukraine wollte den Krieg mit Russland. Apolut, 11/02/2025, https://apolut.net/die-ukraine-wollte-den-krieg-mit-russland/
51a Varga, György. 30 Jahre Budapester Memorandum: Die nukleare Abrüstung der Ukraine im Rückblick. Nachdenkseiten, 5.12.2024, https://www.nachdenkseiten.de/?p=125695
52 Schröter, loc. cit., p. 188f.
53 Stoltenberg, Jens: North Atlantic Treaty Organization, Opening Remarks, 7. September 2023, https://www.Nato.int/cps/en/Natohq/opinions_218172.htm
54 Mearsheimer, John J. Wer hat den Ukraine-Krieg verursacht? Globalbridge, 07/09/2024, https://globalbridge.ch/wer-hat-den-ukraine-krieg-verursacht/?utm_source_platform=mailpoet
55 cit. Schröter, loc. cit., p. 134f.
56 Diesen, Glenn. Hegseth replaces Deception with Reality. Substack, 13.2.2025, https://glenndiesen.substack.com/p/hegseth-replaces-deception-with-reality?publication_id=2670149&post_id=157055942&isFreemail=true&r=9vuj8&triedRedirect=true; Panchenko, Diana. The Inevitable: The Shocking Truth behind the War in Ukraine. London 2024
57 Rötzer, Florian. Im Ukraine-Krieg geht es weniger um Freiheit als um die Ausbeutung kritischer Bodenschätze. Overton-Magazin, 12.2.2025; https://overton-magazin.de/top-story/im-ukraine-krieg-geht-es-weniger-um-freiheit-als-um-die-ausbeutung-kritischer-bodenschaetze/
58 Entous, Adam; Schwirtz, Michael. The Spy War: How the C.I.A. secretly helps Ukraine fight Putin. The New York Times, 25/02/24, https://archive.ph/p8GVp
59 Selon le journal britannique Guardian du 28 avril, Johnson avait pressé Zelensky de ne pas faire de concessions à Poutine. L’Ukrajinska Prawda a rapporté, le 5 mai 2022, que Johnson avait fait passer deux messages clairs: Poutine est un criminel de guerre et il faut faire pression sur lui, mais pas négocier avec lui. En outre, Johnson a signalé que même si l’Ukraine était prête à conclure des accords, l’Occident ne voulait pas négocier avec Poutine. La primauté de la victoire militaire sur la diplomatie ce manifeste là aussi: le 12 avril, la Neue Zürcher Zeitung a annoncé que le gouvernement britannique sous Johnson misait sur une victoire militaire de l’Ukraine. La ministre britannique des Affaires étrangères de l’époque, Liz Truss, et d’autres députés conservateurs de la Chambre des communes se sont prononcés en faveur d’une extension massive du soutien militaire. Des voix critiques, comme celle de l’éditorialiste du Guardian Simon Jenkins, mettent toutefois en garde contre les risques d’une telle politique et accusent le gouvernement britannique d’utiliser la guerre pour ses propres ambitions politiques. Quant aux Etats-Unis et leurs intérêts stratégiques dans la guerre en Ukraine: la dimension géopolitique du conflit est devenue encore plus évidente lorsque le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a déclaré, après sa visite à Kiev le 25 avril 2022, que les Etats-Unis voyaient dans cette guerre une occasion d’affaiblir la Russie à long terme sur le plan militaire et économique.
60 cit. Schröter, loc. cit., p. 161
61 Wolfowitz, Paul. Planning in a Period of Strategic Change. https://nsarchive2.gwu.edu/nukevault/ebb245/doc01.pdf ; Tyler, Patrick. U.S. Strategy Plan Calls for Insuring No Rivals Develop: A One-Superpower World. New York Times, 08/03/1992; Gellman, Barton. Die USA an erster Stelle halten: Das Pentagon würde eine rivalisierende Supermacht ausschliessen. The Washington Post, 11/03/1992
62 Dugin, Alexander. Putin’s Geopolitical Revolution. Substack, 11/02/24,https://alexanderdugin.substack.com/p/putins-geopolitical-revolution
63 cit. Schröter, loc. cit., p. 142f.
64 cit. Schröter, loc. cit., p. 143f.
65 Diesen, Glenn. The Ukraine War and the Eurasian World Order. Atlanta 2023, p. 349
66 Sakwa, Richard. Frontline Ukraine. Crisis in the Borderlands, London 2016, p. 227
67 Berglöf, Erik; Rashkovan, Vladyslav. Reconstructing and Reforming Ukraine. LSE Public Policy Review, 2023, S. 2, ppr.lse.ac.uk/articles/10.31389/lseppr.95; Ukraine Rapid Damage and Needs Assessment. February 2022 – February 2023. World Bank Group, März 2023, https://documents1.worldbank.org/curated/en/099184503212328877/pdf/P1801740d1177f03c0ab180057556615497.pdf
68 Dudik, Andrea; Safronova, Olesia; Sykes, Patrick; Wass, Sanne. The $1 Trillion Race to Rebuild Ukraine is Slowly Getting Going. Bloomberg, 9.3.2024
69 Warum ein EU-Beitritt der Ukraine teuer werden kann. Upday, 11.12.2023, www.upday.com/de/warum-ein-eu-beitritt-der-ukraine-teuer-werden-kann; Busch, Berthold; Sultan, Samina. Fiskalische Aspekte einer EU-Erweiterung. Folgen eines EU-Beitritts der Ukraine für den Haushalt und die Kohäsionspolitik. IW-Report 63/2023, 11/12/2023, p. 4; https://www.iwkoeln.de/studien/berthold-busch-samina-sultan-folgen-eines-eu-beitritts-der-ukraine-fuer-den-haushalt-und-die-kohaesionspolitik.htm l
70 Röper, Thomas. Was wäre, wenn die EU nicht Krieg, sondern die Menschen als Priorität gehabt hätte […]? Anti-Spiegel, 9/02/25, https://anti-spiegel.ru/2025/was-waere-wenn-die-eu-nicht-krieg-sondern-die-menschen-als-prioritaet-gehabt-haette/
71 Todd, Emmanuel. La Troisième Guerre Mondiale a commencé. Le Figaro, 13/01/23, https://www.lefigaro.fr/vox/monde/emmanuel-todd-la-troisieme-guerre-mondiale-a-commence-20230112
72 «A policy of unchallengeable military domination over the earth, accompanied by a unilateral right to overthrow other governments by military force, is an imperial policy […]. It marks a decisive choice of force and coercion over cooperation and consent as the mainstay of the American response to the disorders of the time. And if the United States continues to pursue an Augustan policy, then the stage will be set for catastrophe […]. The imperial temptation for the United States is the path of arrogance and ignorance.» Schell, Jonathan. The Unconquerable World. Power, Nonviolence, and the Will of the People. New York: Metropolitan 2003, p. 329
74 Russia and US eye joint Arctic energy projects after Saudi talks. Politico, 18.2.2025, https://www.politico.eu/article/russia-us-saudi-arctic-energy-rdif-ukraine-russia-capital/
75 Martyanov, Andrei. America’s Final War. Atlanta 2024, p. 50, 74
76 «Never in the history of warfare has the gap between the capacity of the tools of destruction of opposing forces been as massive as it is today between Nato and Russia. Moreover, this gap concerns not just technology of Russia and Nato, but the operational concepts that give birth to those weapon systems. It is the latter which features so heavily in any assessment of whether Western forces will ever be able to catch up. The carrier-centric navies are in their final days of existence as a viable force on the 21st century global battlefield.» Martyanov, Andrei, America’s Final War. Atlanta 2024, S. 166; «Our probability models for defense against missile attacks show that U.S. THAAD and Aegis systems cannot be relied on to counter Oreshnik and are unlikely to achieve reliability within the next 15 years.» General Herbert McMaster, Former US National Security Advisor. Assessment of Russian Oreshnik missile system, January 9, 2025. Centre for War Studies, 12/01/2025
77 Butterwegge, Christoph. Der Traum vom Fahrstuhl nach oben. Süddeutsche Zeitung, 05/09/2024, https://www.sueddeutsche.de/kultur/ungleichheit-und-afd-christoph-butterwegge-lux.CPCvVkKUHBPVEiGgXQytFk?reduced=true
78https://www.wiwo.de/politik/ausland/ukraine-krieg-infografik-welche-laender-russland-sanktionieren-und-wer-sich-enthaelt/28312140.html; https://de.wikipedia.org/wiki/Sanktionen_gegen_Russland_seit_dem_%C3%9Cberfall_auf_die_Ukraine#T%C3%BCrkei
79 Petro, Nikolai. The Proxy-War is Collapsing. Neutrality Studies, 2/03/24, https://www.youtube.com/watch?v=4bt9sAo8cME
81 Kampmark, Ninoy. Bypassing Sanctions: Russia, Trade Routes and Outfoxing the West. CounterPunch, 12/09/2024, https://www.counterpunch.org/2024/09/12/bypassing-sanctions-russia-trade-routes-and-outfoxing-the-west/
82https://www.ifo.de/pressemitteilung/2024-09-04/stimmung-der-autoindustrie-verschlechtert-sich-erneut
86 Rusche, Christian. Deindustrialisierung – Aktuelle Entwicklungen von Direktinvestitionen. IW-Kurzbericht 15/2024
87 Giese, Gudrun. «Toxischer Cocktail» für die Wirtschaft. Junge Welt, 29.5.2024, https://www.jungewelt.de/loginFailed.php?ref=/artikel/476204.schlie%C3%9Fungsreport-2023-toxischer-cocktail-f%C3%BCr-die-wirtschaft.html
88https://x.com/LindseyGrahamSC/status/1832160396846776710
89 cit. Schröter, loc. cit., p. 147
90 Zum tendenziellen Fall der Profitrate s. Nachtwey, Oliver. Die Abstiegsgesellschaft. Über das Aufbegehren in der regressiven Moderne. Frankfurt a. M. 2016 (3), p. 53–63
91 Penn, Thomas J. Dritter Weltkrieg? Was Washington von Russland wirklich will. rt, 16.2.2025,https://dert.site/international/131335-was-washington-von-russland-wi
92 Todd, Emmanuel: La Défaite de L’Occident. Paris 2023, p. 19, (citation selon l’édition française, 2024, Gallimard)
93 Orwell, George. Nineteen Eighty-Four. A Novel. Harmondsworth: Penguin 1954, p. 160f.
94 Van der Pijl, Kees. Die belagerte Welt. Corona: Die Mobilisierung der Angst – und wie wir uns daraus befreien können, Ratzert 2021, p. 10
95 Van der Pijl, Kees. loc. cit., p. 55
96 EU drowing in poverty while funding Ukraine, «Israel» wars. Al Mayadeen, 26/10/2024, https://english.almayadeen.net/news/Economy/eu-drowning-in-poverty-while-funding-ukraine---israel--wars
97 Ritter, Scott. Trump’s Call with Putin. Project Ukraine is over. Interview for Jamarl Thomas, 14/02/2025, @ScottRitter
98 Kronauer, Jörg. Auf Abstand. Konzentration auf den finalen Kampf gegen China: Die USA drehen Europa den Rücken zu. Dort will man die Reihen schliessen. Junge Welt, 15/02/2025, https://www.jungewelt.de/artikel/494035.weltpolitik-auf-abstand.html ;
99 Ukraine-Friedenstruppe: Starmer prescht vor, Scholz bremst. Wirtschaftswoche, 17/02/2025, https://www.wiwo.de/politik/ausland/ukraine-krieg-ukraine-friedenstruppe-starmer-prescht-vor-scholz-bremst/30215904.html. Der russische Aussenminister Lawrow: «Any appearance by armed forces under some other flag does not change anything. It is of course completely unacceptable.» Debusmann, Bernd; Wright, George; Pomeroy, Gabriela. Trump says Ukraine could have made a deal earlier. BBC Newsm 19/02/25, https://www.bbc.com/news/articles/cd0n5e1pdz9o
100 Diesen, Glenn. Hegseth replaces Deception with Reality. Substack, 13/02/2025, https://glenndiesen.substack.com/p/hegseth-replaces-deception-with-reality?publication_id=2670149&post_id=157055942&isFreemail=true&r=9vuj8&triedRedirect=true
101 Scholz, Olaf. Bundestag soll für Aufrüstung Notlage erklären. NTV, 14/02/2025, https://www.n-tv.de/politik/Olaf-Scholz-will-fuer-Aufruestung-Notlage-im-Bundestag-erklaeren-article25563349.html
102 Pancevski, Bojan; Ward, Alexander. Vance Wields Threat of Sanctions, Military Action to Push Putin into Ukraine Deal. The Wall Street Journal, 14/02/2025, https://www.wsj.com/world/europe/vance-wields-threat-of-sanctions-military-action-to-push-putin-into-ukraine-deal-da9c18ac?mod=hp_lead_pos1
103 «The threat that I worry the most about vis-à-vis Europe is not Russia. It’s not China, it’s not any other external actor. And what I worry about is the threat from within. The retreat of Europe from some of its most fundamental values, values shared with the United States of America. Dismissing people, dismissing their concerns […], shutting down media, shutting down elections […] protects nothing. It is the most surefire way to destroy democracy […]. If you’re running in fear of your own voters, there is nothing America can do for you.» McLeary, Paul; Cienski, Jan; Lynch, Suzanne; Gramer, Robbie. JD Vance attacks Europe over migration, free speech. Politico, 14/02/25, https://www.politico.eu/article/us-vice-president-jd-vance-attack-europe-migration-free-speech/?utm_source=email&utm_medium=alert&utm_campaign=JD%20Vance%20attacks%20Europe%20over%20migration%2C%20free%20speech
104 Affront auf der Münchner Sicherheitskonferenz. JD Vance trifft Merz – nicht aber Scholz. Tagespiegel, 14/02/25, https://www.tagesspiegel.de/internationales/affront-auf-der-munchner-sicherheitskonferenz-jd-vance-trifft-merz--nicht-aber-scholz-13201645.html ; JD Vance attacks Europe over migration, free speech. Politico, 14/02/2025, https://www.politico.eu/article/us-vice-president-jd-vance-attack-europe-migration-free-speech/?utm_source=email&utm_medium=alert&utm_campaign=JD%20Vance%20attacks%20Europe%20over%20migration%2C%20free%20speech
105 Rügemer, Werner. Nato im Kanzleramt? Nachdenkseiten, 13/02/25, https://www.nachdenkseiten.de/?p=128643
106 Staab, Philipp. Digitaler Kapitalismus. Markt und Herrschaft in der Ökonomie der Unknappheit. Frankfurt a. M.: Suhrkamp 2020(2), p. 282–286
107 Wolin, Sheldon S. Umgekehrter Totalitarismus. Faktische Machtverhältnisse und ihre zerstörerischen Auswirkungen auf unsere Demokratie. Frankfurt a. M. 2023
108 Engels, David. Auf dem Weg ins Imperium. Die Krise der Europäischen Union und der Untergang der römischen Republik. Historische Parallelen. Berlin u. München 2023
109 Escobar, Pepe. The crisis-ridden U.S. empire wants to take the world down with it in nuclear flames. Strategic Culture Foundation, 6/09/24, https://strategic-culture.su/news/2024/09/06/crisis-ridden-us-empire-wants-to-take-world-down-with-nuclear-flames/
110 President Trump says he wants to work with China and Russia on the issue of «slowing down, stopping and reducing nuclear weapons». Trump went on to declare that «there’s no reason for us to be building brand-new nuclear weapons […]. We already have so many you can destroy the world 50 times over, 100 times over». He also said he would urge Russia and China to join him in cutting their respective military budgets by half. Ritter, Scott. Disarmament in a time of Chaos. Substack, 14/02/2025
111 Lancaster, Patrick. Russia and the U.S. Hold Peace Negotiations on Ukraine in Saudi Arabia: What You Need to Know. Substack, 19/02/25, https://substack.com/@patricklancasternewstoday/note/c-94555937
112 Berger, Jens. Billionenschulden für Waffen – und der Wähler darf es noch nicht wissen. Nachdenkseiten, 18/02/2025, https://www.nachdenkseiten.de/?p=128869
113 «Nato has lost the proxy war in Ukraine, and the US aims to hand over the pending disaster to the Europeans. Trapped by their own rhetoric and ideology, the Europeans have accepted to go down with the ship.» Diesen, Glenn, X, 19/02/2025, https://x.com/Glenn_Diesen/status/1892101375921623410
114 Baerbock und Merz: Deutschland soll «Taurus» an Kiew liefern. Transition News, 16/02/2025, https://transition-news.org/baerbock-und-merz-deutschland-soll-taurus-an-kiew-liefern
115 Anders, Günter. Die Antiquiertheit des Menschen. Tome 1: Über die Seele im Zeitalter der zweiten industriellen Revolution. Munich: Beck 1983(6), p. 264 suiv., 276, 279
116 «Qu’est-ce donc que cette Europe? C’est une sorte de cap du vieux continent, un appendice occidental de l’Asie.» Valéry, Paul. Note (ou L‘Européen), 1924, https://api.canalacademies.com/sites/default/files/documents/2012-05/L_Europe_vue_par_Paul_Valery.pdf
Patrik Baab est politologue et journaliste. Ses reportages ainsi que ses recherches, sur les services secrets et les facteurs engendrant nos guerres et autres, sont en total désaccord avec la propagande des Etats et des médias corporatifs. Depuis 25 ans, Baab réalise des reportages en Russie, en Grande-Bretagne, dans les Balkans, en Pologne, dans les pays baltes et en Afghanistan. Il a publié plusieurs livres, dont «Im Spinnennetz der Geheimdienste. Warum wurden Olaf Palme, Uwe Barschel und William Colby ermordet? (2017); «Recherchieren. Ein Werkzeugkasten zur Kritik der herrschenden Meinung» (2022); «Auf beiden Seiten der Front» (2023); «Propaganda-Presse. Wie uns Medien und Lohnschreiber in Kriege treiben» (2024). Vous trouverez davantage d’informations sur son site Internet: https://patrikbaab.de . Le texte reproduit dans ces colonnes est la version remaniée d’une conférence du 15 février 2025 devant un groupe de lecteurs de Horizons et débats (photo Patrik Baab, mad.)
par Urs Graf
Depuis l’entrée en fonction de la nouvelle administration à Washington, la confusion règne parmi les élites de l’Europe occidentale orientées vers l’Atlantique. Pendant des décennies, elles ont suivi les instructions plus ou moins discrètes venues d’outre-Atlantique – et maintenant, elles entendent de là-bas le commandement «machine arrière!» Et le nouveau vice-président Vance qui les critique, précisement pour leur docilité .
Il serait trop long de retracer l’évolution de la situation en Europe, depuis la Première Guerre mondiale, critiquée par Vance. On ne peut certainement pas disculper les Européens, mais l’influence américaine est indéniable. Les Etats-Unis, vainqueurs des deux guerres mondiales, se sont hissés au rang de la seule puissance mondiale. Leur récit a été si largement repris en Europe que l’on a presque oublié ce qui s’était passé auparavant. L’OTAN, fondée en 1949, incarnait la pax americana. Depuis lors, «tout poisson venait de Lutèce» (Paris, centrale régionale transalpine de l’Empire romain), comme on le dit dans les bandes dessinées d’Astérix. Le fait que cette situation ne puisse pas être qualifiée de «pax» relève d’un autre débat, la question du droit international public. Ses origines remontent à la tradition de l’humanisme européen, qui s’est joint à l’Antiquité grecque et s’est progressivement développé à partir du début de la Renaissance – malgré toutes les guerres et les actes de violence qui ont façonné l’histoire. Les hommes et les femmes d’Europe ont ainsi obtenu une mesure pour leurs actions, même si celle-ci n’a malheureusement souvent pas été respectée. Les étapes sur ce chemin sont liées à des noms comme Erasme de Rotterdam (1467–1536). Environ 100 ans plus tard, la paix dite de Westphalie a été négociée en 1648 à Münster et Osnabrück. Le congrès unificateur après les guerres napoléoniennes s’est tenu à Vienne en 1815 tandis qu’une autre étape a eu lieu à La Haye en 1907, où le droit à la neutralité a été défini. La Charte des Nations unies de 1945 a constitué un nouveau jalon dans cette longue évolution. Elle contient les principes du droit international qui, en 2003 encore, ont empêché les Etats européens de participer à la guerre en Irak. Le président américain G.W. Bush avait alors crié haro sur les « stinky old Europeans».
La Conditio humana –
une constante de l’histoire culturelle
Les formes de cohabitation et les structures étatiques n’ont cessé d’évoluer au cours de l’histoire. Ce qui perdure depuis la nuit des temps, c’est la condition humaine. Nous autres, Européens, sommes invités à reconnaître la nature humaine et à la faire fleurir par le «deviens qui tu es» de l’Antiquité grecque. Sans l’attention portée aux autres dès les premières communautés de vie, l’humanité n’aurait pas survécu jusqu’à aujourd’hui. L’humanité au-delà de son propre clan permet une cohabitation pacifique et constitue le fondement des communautés coopératives et démocratiques. Les structures et les institutions de nos Etats, qui constituent la culture politique, doivent tenir compte de cet état des faits. C’est de là que l’Etat tire sa légitimité, et c’est aussi de là que découle l’obligation de tous les fonctionnaires de rendre des comptes à leurs mandants, les citoyens.
Il doit (enfin!) s’agir de l’approvisionnement équitable des hommes en biens de premier ordre, et non de la défense de privilèges pour les «élites». Ce serait là une orientation suffisante pour les temps à venir.
Enfin, à tous les niveaux de la vie en commun, il s’agit de savoir si l’on veut s’entendre d’égal à égal et résoudre ensemble les problèmes posés ou si l’on veut s’imposer, évincer les autres de la compétition et/ou les dominer d’une autre manière. Nous connaissons bien ce dernier cas de figure. La situation de l’humanité impose un changement de mentalité. Et de nombreuses voix s’élèvent aujourd’hui qui y insistent.
«Aucun intérêt pour n’importe quelle absurdité»
«Moscou n’a aucun intérêt à un accord qui permettrait aux troupes de l’OTAN, notamment françaises ou britanniques, de s’installer en Ukraine dans n’importe quelles circonstances, que ce soit en tant que forces de maintien de la paix ou autre. Si le Président Trump veut vraiment que cet accord fonctionne, il serait bien conseillé de revoir les paroles de Poutine. Le président Trump doit abandonner l’idée de laisser entrer en Ukraine qui que ce soit qui ne soit pas ukrainien. Parler de transactions sur les terres rares pour nous dédommager d’une manière ou d’une autre d’une guerre que nous avons encouragée et déclenchée de notre mieux, d’une guerre que nous avons subventionnée, d’une guerre qui, en raison de notre influence, a duré bien plus longtemps qu’elle n’aurait dû, est une catastrophe. Je pense que Trump devra plutôt penser aux pertes humaines. Il doit reconnaître que ce pays est désormais détruit, que la Russie, elle aussi, a payé un lourd prix pour sa victoire, et se retirer. Il devrait arrêter de parler de deals qui nous dédommageraient de nos ‹bonnes actions›. Nous n’avons rien fait de bon, nous avons fait le contraire.
En ce qui est de l’affaire de ces terres rares – je ne suis pas sûr de la quantité réelle disponible. J’ai vu plusieurs rapports qui indiquent qu’il y en a très peu. Il y a peut-être d’autres minéraux, peut-être du lithium ou d’autres choses. Je ne sais pas, mais à ce stade, je pense qu’il est à la fois de mauvais goût et mal avisé d’en parler publiquement. Je sais que le président Trump est très fier d’être très orienté vers les affaires, mais là, il l’exagère, même à l’extrême. Les Russes sont des gens sérieux, ils ne bluffent pas. Les Allemands non plus. Je pense qu’en ce moment, les Russes n’ont justement pas intérêt à faire n’importe quoi. Ils ne prendront au sérieux aucun marchandage stratégique que le Président Trump ou qui que ce soit d’autre pense pouvoir mettre en place. Ils veulent en finir. Ils sont prêts à conclure un accord avec nous. Ils sont intéressés par une architecture de sécurité pour l’Europe, la Russie et les Etats-Unis. Nous devons prendre cela très au sérieux. Cela doit être considéré comme un tournant stratégique dans l’histoire de l’Europe et, je le pense, du monde. Nous devons nous asseoir et l’élaborer, peu importe le nombre de mois que cela prendra, car c’est cela, la base réelle de décennies de prospérité, de paix et de stabilité.»
Source : Douglas Macgregor, ancien colonel de l’armée américaine et politologue, dans une interview pour le podcast géopolitique «Judging Freedom» du 26 février 2025;
https://www.youtube.com/watch?v=cC0PQQ4Yn-Y
(Traduction Horizons et débats)
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