«To heal a world» – 160 ans de photographies de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge

A l’occasion de l’«International Photo Festival Olten», la Maison de la photographie présente six cents pièces d’exposition impressionnantes couvrant 160 ans d’aide humanitaire. Cette exposition offre aux visiteurs un aperçu d’envergure sur un immense patrimoine culturel pourtant peu exploré. On obtient une vue inoubliable des interventions de secours de la Croix-Rouge et du Croissant rouge, constamment confrontés aux souffrances humaines qui animent leurs efforts.

Les 600 photographies ont été prises par des photographes de renom mondial tels que Werner Bischof, René Burri, Susan Meisellas, Henri Cartier-Bresson, Alexis Cordesse ainsi que par des membres du personnel de la Croix-Rouge. Il s’y trouvent également des photos personnelles prises par des migrants et des particuliers, ainsi que celles issues de l’agence Magnum Photos. L’exposition est le résultat de deux ans de recherches dans les collections du Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (MICR), du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et des Fédérations internationales des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR).
    L’Histoire de la photographie commence avec son invention en 1839, elle est essentiellement liée à celle de la Croix-Rouge: ce ne fut que 25 ans plus tard, en 1864, que le Genevois Henry Dunant fonda la Croix-Rouge. Grâce à la photographie, il était possible, dès le début, de montrer des images de la misère dont se trouvait frappé un très grand nombre d’êtres humains dans le monde entier. C’est pour en grande partie grâce à l’image photographique qu’il fut possible, pour la Croix rouge dans ses débuts, d’engager de plus en plus de personnes à faire des dons et à contribuer ainsi à atténuer de grandes souffrances.
    Les photos exposées sont groupées par thèmes selon leur objectif: celles en forme d’appel direct au soutien de la Croix-Rouge, des portraits de personnes en détresse, des images documentant les différentes interventions de secours ainsi que les témoignages visuels poignants de nombreuses victimes de conflits politiques et de catastrophes naturelles.
    L’exposition s’étend sur trois étages: au rez-de-chaussée, on s’arrête face aux photos de la Première et de la Seconde Guerre mondiale visualisant la totalité de détresse et de misère qui y ravageait, ainsi que des affiches appelant aux dons pour les missions d’aide (notamment en faveur des enfants en détresse). Sur un grand écran passent, en alternance, des photographies illustrant l’Histoire de la Croix-Rouge. Aux deux étages supérieures, nous sommes envahis d’une multitude d’images de grande expressivité – des victimes de la Grande famine en Russie (1922), complétées par celles de catastrophes alimentaires de date plus récente en Afrique, des assistants d’aide fabriquant des prothèses, des wagons de chemin de fer avec des enfants réfugiés pendant la Seconde Guerre mondiale, des victimes de tremblements de terre, par exemple en Grèce, en Inde et au Pakistan, ainsi que – manifestations de détresses plus récentes – de camps de réfugiés et de prisonniers de guerre. Et, de l’autre côté, ces photos documentant le travail assidu de délégués du CICR, au Liban, au Yémen, au Libéria, en Haïti, au Soudan, en Iran et ailleurs. Un petit nombre d’images rappelle les bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki illustrant leur puissance destructrice massive, inimaginable jusqu’alors. On se trouve également face aux images provenant de la guerre de Yougoslavie (1991–2001), des victimes des affrontements entre Hutus et Tutsis au Congo (1994) ainsi que des interventions de la Croix-Rouge dans le camp de prisonniers américain de Guantánamo.
    En tant que visiteur, on s’étonne de l’ampleur et de la diversité des interventions humanitaires qui se poursuivent inlassablement aujourd’hui dans le monde entier. «L’exposition met en lumière un riche patrimoine photographique préservé dans notre pays. Elle reflète tous les enjeux du droit international humanitaire nous incitant à reconsidérer notre regard sur les images de conflits et de catastrophes naturelles qui nous inondent, chaque jour, en forme d’actualités», explique Pascal Hufschmid, directeur du musée du CICR à Genève et co-curateur de l’exposition.
    La directrice de la Maison de la photographie, Isabelle Bitterli, guide les visiteurs à travers l’exposition. Elle commence par un aperçu de l’évolution de la photographie et démontre, à l’aide d’exemples, comment les photographies sont conçues, à différentes époques, de manière à informer le spectateur tout en l’interpellant émotionnellement. L’abondant catalogue de l’exposition donne un bon aperçu des nombreuses pièces exposées et de leur contexte historique, en images et en textes.
    L’exposition qui, officiellement, dure jusqu’au 4 mai 2025 sera probablement prolongée jusqu’au 8 mai au moins, date de commémoration de la fin de la Seconde Guerre mondiale. •